Combien sont les personnes qui vivent décemment ou arrivent à avoir les trois repas du jour ? La pauvreté, ce cancer rampant qui embastille de milliards d’êtres humains dans une prison sociale qui ne dit pas son nom, sévit bien aussi en Côte d’Ivoire. Les visages de cette ‘’maladie’’ qui est la pauvreté sont multiples et multiformes. Nous sommes descendus dans l’arène pour découvrir ses quelques facettes.
Joindre les deux bouts est une perpétuelle mission de commando pour bon nombre de chefs de famille à travers le monde, notamment en Côte d’Ivoire. La classe des prolétaires est la plus frappée par cette ‘’pandémie’’. Tout le monde sait que le Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti) qui tourne autour de trente-sept(37) mille francs depuis plus d’une décennie, demeure un facteur aggravant de la paupérisation. Vu la cherté de la vie, de la crise financière et de ses effets collatéraux, la plupart des ménages tirent le diable par la queue. Ce sont certaines de ces familles que nous avons rencontrées dans les communes d’Abobo, Yopougon, Adjamé, Attécoubé et surtout à Cocody. Elles nous expriment volontiers, leur odyssée de chaque jour. Ibrahim B. chauffeur de ‘’wôro-wôro’’ nous a indiqué qu’il gagne par mois en moyenne la somme de cinquante (50) mille francs. Vivant avec une femme et deux enfants, il dit se voir obligé de louer une maison qui n’excède pas dix (10) mille francs par mois. Puis, il dit jongler avec le reste pour faire face aux autres charges fixes. Quant à Kaboré M., garçon de maison et habitant à Cocody, il nous explique qu’il a décidé d’habiter à côté, dans une bicoque qui lui coûte sept (7) mille francs/mois puisqu’il ne gagne que quarante (40) mille comme salaire sans oublier qu’il doit faire parvenir un peu de pécules au pays. A ‘’Boribana’’, un quartier précaire de la commune d’Attécoubé, les choses ne semblent pas plus reluisantes. Les populations y vivent dans la pauvreté. Jean T., vendeur de friperie au ‘’black market’’ d’Adjamé affirme que ce n’est pas à tout moment que ses activités connaissent une véritable éclosion. Pour pallier les situations de passage à vide, il a préféré habiter dans ce quartier où les maisons d’une seule pièce, selon leur superficie, coûte entre quatre et huit(8) mille francs le mois. Pour la bouffe, dit-il, il peut toujours se débrouiller avec son ‘’garba’’ (couscous de manioc au thon frit). A Abobo derrière- rails, André K., père d’une famille de cinq enfants, dit se débrouiller dans la vie pour sortir de la pauvreté. Aussi a-t-il souligné qu’il loue une maison de deux pièces, qui lui revient à dix (10) mille francs/mois depuis 1997. Vivant avec son épouse et les gosses, André estime que le coût de la vie devient de plus en plus intenable pour lui, tant la pauvreté est endémique. C’est pourquoi, il nous a révélé qu’il lui arrive des jours où avoir un seul repas pour sa maisonnée est un parcours du combattant. Alors, ce sont les prêts qui lui permettent de se tirer d’affaire, et c’est toujours comme ça, nous a-t-il souligné. Comme si la pauvreté était une maladie contagieuse, certaines femmes prennent d’assaut les décharges pour récupérer tout objet qui peut avoir une valeur marchande notamment, les bouteilles, les bidons, les boîtes et bien d’autres. A entendre la plupart de ces femmes, elles sont veuves ou avec des époux frappés par une pauvreté invétérée. Ce sont ces objets de récupération qu’elles vendent moyennant vingt-cinq (25) à trois cents (300) francs selon leur importance ou grandeur pour nourrir la petite famille, tant la pauvreté fait rage. Cette maladie silencieuse qui tue lentement ne sévit pas seulement dans une seule catégorie sociale. La pauvreté, pourrons-nous le dire est aussi relative. Car certains petits fonctionnaires ou agents de l’Etat et municipaux nous ont exprimé leur inquiétude quant à la situation de paupérisation galopante. Pour la plupart, ils soulignent ne pas gagner plus de cent (100) mille francs Cfa par mois. Selon eux, s’il faut payer le loyer, les factures d’eau, d’électricité, les frais de transport, la nourriture, plus rien ne reste. C’est pourquoi, ils se sont dit inquiets pour leurs vieux jours. Car, disent-ils, dès qu’ils apprennent que les virements sont faits à la banque, c’est avec célérité qu’ils vont faire le pied de grue devant les guichets pour se faire servir. Et ce cycle est perpétuel depuis des lustres. Certains charretiers nous ont indiqué que pour gagner leur pain quotidien, ils sont obligés de travailler fort et parfois transporter des charges au-delà de leurs forces réelles. C’est le cas de ce Malien Sacko A. qui dit souffrir toute la journée pour avoir entre deux (2) et trois (3) mille francs. En outre, il précise qu’il y a beaucoup de maladies inhérentes aux efforts physiques qu’il fournit. En ce qui concerne son logis, il nous apprend que c’est avec trois autres frères exerçant la même profession qu’il le partage. Selon lui, le loyer leur coûte dix (10) mille francs par mois. Etant des célibataires endurcis, chacun paie deux mille cinq cents (2500) francs tous les mois. Quant à la nourriture, dit-il, c’est ‘’le sauve-qui-peut’’. Comme pitance de prédilection, ils martèlent consommer le ‘’garba ‘’, ‘’le placali’’ et le haricot. Les repas de luxe tels que les salades et les frites sont proscrits de leurs maigres revenus qu’ils acquièrent au prix de mille efforts musculaires. C’est dans cet environnement de pauvreté que certains hommes d’affaires bâtissent des maisons sur les versants des collines ou à des endroits sujets à des glissements de terrain en cas de pluies diluviennes. Ces maisons sont légion à Abidjan. On en trouve en grand nombre dans la commune d’Attécoubé où les morts se comptent à chaque saison des pluies. Les habitants de ces quartiers précaires affirment reconnaître le danger dans lequel ils vivent, mais vu la pauvreté, ils ne savent pas où aller. C’est Dieu qui nous protège, ont-ils clamé. Pour ce qui est du cas des personnes du troisième âge (à la retraite), les choses sont encore plus dures pour ceux d’entre eux qui ont travaillé au privé. Ils perçoivent, selon eux, des pensions mensuelles misérables. C’est pourquoi, ils affirment placer un espoir sans borne en la Coopec qui leur octroie des prêts en cas d’urgence. Les mille visages de la pauvreté, c’est aussi le transport par les autobus de la Sotra. Pour une distance, Yopougon-Plateau ou Abobo-Plateau, le tarif est de deux (2) cents francs contre six cent cinquante pour les taxis communaux. Combien sont les Ivoiriens qui empruntent encore les taxis-compteurs en ces temps durs pour tout le monde? Difficile de répondre. Cette ‘’maladie endémique’’ pousse les pères de famille sur leur lieu de travail à ‘’se serrer la ceinture tous les midis’’, histoire de garder un peu d’argent pour le petit déjeuner des enfants. La pauvreté a plusieurs visages où les tontines sont devenues la panacée à tout éventuel problème qui pourrait survenir. Ainsi va la vie des populations pour juguler la pauvreté.
M.O
Joindre les deux bouts est une perpétuelle mission de commando pour bon nombre de chefs de famille à travers le monde, notamment en Côte d’Ivoire. La classe des prolétaires est la plus frappée par cette ‘’pandémie’’. Tout le monde sait que le Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti) qui tourne autour de trente-sept(37) mille francs depuis plus d’une décennie, demeure un facteur aggravant de la paupérisation. Vu la cherté de la vie, de la crise financière et de ses effets collatéraux, la plupart des ménages tirent le diable par la queue. Ce sont certaines de ces familles que nous avons rencontrées dans les communes d’Abobo, Yopougon, Adjamé, Attécoubé et surtout à Cocody. Elles nous expriment volontiers, leur odyssée de chaque jour. Ibrahim B. chauffeur de ‘’wôro-wôro’’ nous a indiqué qu’il gagne par mois en moyenne la somme de cinquante (50) mille francs. Vivant avec une femme et deux enfants, il dit se voir obligé de louer une maison qui n’excède pas dix (10) mille francs par mois. Puis, il dit jongler avec le reste pour faire face aux autres charges fixes. Quant à Kaboré M., garçon de maison et habitant à Cocody, il nous explique qu’il a décidé d’habiter à côté, dans une bicoque qui lui coûte sept (7) mille francs/mois puisqu’il ne gagne que quarante (40) mille comme salaire sans oublier qu’il doit faire parvenir un peu de pécules au pays. A ‘’Boribana’’, un quartier précaire de la commune d’Attécoubé, les choses ne semblent pas plus reluisantes. Les populations y vivent dans la pauvreté. Jean T., vendeur de friperie au ‘’black market’’ d’Adjamé affirme que ce n’est pas à tout moment que ses activités connaissent une véritable éclosion. Pour pallier les situations de passage à vide, il a préféré habiter dans ce quartier où les maisons d’une seule pièce, selon leur superficie, coûte entre quatre et huit(8) mille francs le mois. Pour la bouffe, dit-il, il peut toujours se débrouiller avec son ‘’garba’’ (couscous de manioc au thon frit). A Abobo derrière- rails, André K., père d’une famille de cinq enfants, dit se débrouiller dans la vie pour sortir de la pauvreté. Aussi a-t-il souligné qu’il loue une maison de deux pièces, qui lui revient à dix (10) mille francs/mois depuis 1997. Vivant avec son épouse et les gosses, André estime que le coût de la vie devient de plus en plus intenable pour lui, tant la pauvreté est endémique. C’est pourquoi, il nous a révélé qu’il lui arrive des jours où avoir un seul repas pour sa maisonnée est un parcours du combattant. Alors, ce sont les prêts qui lui permettent de se tirer d’affaire, et c’est toujours comme ça, nous a-t-il souligné. Comme si la pauvreté était une maladie contagieuse, certaines femmes prennent d’assaut les décharges pour récupérer tout objet qui peut avoir une valeur marchande notamment, les bouteilles, les bidons, les boîtes et bien d’autres. A entendre la plupart de ces femmes, elles sont veuves ou avec des époux frappés par une pauvreté invétérée. Ce sont ces objets de récupération qu’elles vendent moyennant vingt-cinq (25) à trois cents (300) francs selon leur importance ou grandeur pour nourrir la petite famille, tant la pauvreté fait rage. Cette maladie silencieuse qui tue lentement ne sévit pas seulement dans une seule catégorie sociale. La pauvreté, pourrons-nous le dire est aussi relative. Car certains petits fonctionnaires ou agents de l’Etat et municipaux nous ont exprimé leur inquiétude quant à la situation de paupérisation galopante. Pour la plupart, ils soulignent ne pas gagner plus de cent (100) mille francs Cfa par mois. Selon eux, s’il faut payer le loyer, les factures d’eau, d’électricité, les frais de transport, la nourriture, plus rien ne reste. C’est pourquoi, ils se sont dit inquiets pour leurs vieux jours. Car, disent-ils, dès qu’ils apprennent que les virements sont faits à la banque, c’est avec célérité qu’ils vont faire le pied de grue devant les guichets pour se faire servir. Et ce cycle est perpétuel depuis des lustres. Certains charretiers nous ont indiqué que pour gagner leur pain quotidien, ils sont obligés de travailler fort et parfois transporter des charges au-delà de leurs forces réelles. C’est le cas de ce Malien Sacko A. qui dit souffrir toute la journée pour avoir entre deux (2) et trois (3) mille francs. En outre, il précise qu’il y a beaucoup de maladies inhérentes aux efforts physiques qu’il fournit. En ce qui concerne son logis, il nous apprend que c’est avec trois autres frères exerçant la même profession qu’il le partage. Selon lui, le loyer leur coûte dix (10) mille francs par mois. Etant des célibataires endurcis, chacun paie deux mille cinq cents (2500) francs tous les mois. Quant à la nourriture, dit-il, c’est ‘’le sauve-qui-peut’’. Comme pitance de prédilection, ils martèlent consommer le ‘’garba ‘’, ‘’le placali’’ et le haricot. Les repas de luxe tels que les salades et les frites sont proscrits de leurs maigres revenus qu’ils acquièrent au prix de mille efforts musculaires. C’est dans cet environnement de pauvreté que certains hommes d’affaires bâtissent des maisons sur les versants des collines ou à des endroits sujets à des glissements de terrain en cas de pluies diluviennes. Ces maisons sont légion à Abidjan. On en trouve en grand nombre dans la commune d’Attécoubé où les morts se comptent à chaque saison des pluies. Les habitants de ces quartiers précaires affirment reconnaître le danger dans lequel ils vivent, mais vu la pauvreté, ils ne savent pas où aller. C’est Dieu qui nous protège, ont-ils clamé. Pour ce qui est du cas des personnes du troisième âge (à la retraite), les choses sont encore plus dures pour ceux d’entre eux qui ont travaillé au privé. Ils perçoivent, selon eux, des pensions mensuelles misérables. C’est pourquoi, ils affirment placer un espoir sans borne en la Coopec qui leur octroie des prêts en cas d’urgence. Les mille visages de la pauvreté, c’est aussi le transport par les autobus de la Sotra. Pour une distance, Yopougon-Plateau ou Abobo-Plateau, le tarif est de deux (2) cents francs contre six cent cinquante pour les taxis communaux. Combien sont les Ivoiriens qui empruntent encore les taxis-compteurs en ces temps durs pour tout le monde? Difficile de répondre. Cette ‘’maladie endémique’’ pousse les pères de famille sur leur lieu de travail à ‘’se serrer la ceinture tous les midis’’, histoire de garder un peu d’argent pour le petit déjeuner des enfants. La pauvreté a plusieurs visages où les tontines sont devenues la panacée à tout éventuel problème qui pourrait survenir. Ainsi va la vie des populations pour juguler la pauvreté.
M.O