Aux premières heures de la crise ivoirienne, le général Robert Guéi, ancien chef de l’Etat a été trucidé. Son corps criblé de balles a été retrouvé dans la rue. Il a été dans un premier temps présenté par Affi N’guessan, président du FPI, et Alain Toussaint, militant de la Refondation, comme le commanditaire de l’attaque du 19 septembre 2002. Ceci pourrait sans doute expliquer cela. Mais l’on apprendra plus tard que l’ex-chef de l’ex-junte militaire n’était pas mêlé à l’affaire. Il a donc été une victime collatérale du conflit fratricide qui a opposé les soldats loyalistes aux ex-rebelles. Toujours est-il, cependant, que les parents et la famille politique (UPDCI) du général Robert Guéi, tiennent le FPI responsable, peu ou prou, de l’assassinat de celui-ci.
Faut-il rappeler les péripéties qui ont entouré l’inhumation du corps de l’ex-chef de l’Etat ? Alors que ses parents voulaient l’inhumer dans son village, Franck Guéi, fils de l’illustre disparu, a exprimé le désir de l’enterrer à Abidjan, dans la résidence de celui-ci. Après moult rencontres entre le fils et les parents du village, le corps du défunt a finalement été inhumé dans sa résidence. Mais, si les seconds ont semblé avoir capitulé, il n’est pas moins vrai qu’ils n’ont pas encore dit leur dernier mot. Puisque de loin en loin, la presse se fait l’écho de leurs récriminations. Ils ne se consolent visiblement pas de n’avoir pas enterré le mort dans son village. Et, à l’annonce de la visite de Laurent Gbagbo dans leur région, ils n’ont pas manqué de donner de la voix. Ils ont réclamé le corps de Guéi au chef de l’Etat.
Ce n’est plus le grand amour
Cette demande aurait même été brandie par certains comme une condition de la visite du président Laurent Gbagbo à Kabakouma. A côté de cette question, il y a la situation de la dissidence au sein de l’UDPCI. Il est de plus en plus avéré que le pouvoir FPI fait ‘’son marché’’ à l’UDPCI. Pour preuve, Blon Blaise, président du Conseil général de Man et cacique de l’UDPCI semble de plus en plus prendre ses distances avec le parti du général Robert Guéi. Pis ou mieux (c’est selon), il aurait appelé à voter pour Laurent Gbagbo pour qui il battrait campagne de moins en moins discrètement. Il y a aussi le cas de l’Honorable Noutoua Yodé, président du groupe parlementaire UDPCI à l’Assemblée Nationale. Il est passé, avec armes et bagages, du côté du pouvoir. L’un et l’autre ne clament certes pas leur appartenance au Fpi mais, entre eux et l’UDPCI, ce n’est, semble-t-il, plus le grand amour, pour ne pas dire plus. Et même s’ils soutiennent le contraire, jurant leurs grands dieux qu’ils sont toujours à l’UDPCI, il n’empêche, personne n’est dupe. Chacun sait désormais qu’ils ne regardent plus dans la même direction que l’UDPCI. Ceci constitue, à l’évidence, un casus belli pour l’UDPCI qui a fait de l’ouest son bastion. Il est donc clair, on le voit, que la visite de Laurent Gbagbo à l’Ouest pourrait heurter quelques susceptibilités. Au sein de la famille biologique de Robert Guéi ou à l’UDPCI.
La question de son opportunité se pose donc. Fallait-il que le président Gbagbo aille maintenant à l’Ouest alors que des contentieux l’opposent à la famille et au parti politique de Guéi ? Il est vrai qu’en sa qualité de président de la République, il n’a nullement besoin de ‘’laissez-passer’’ ou de ‘’Ok’’ pour se rendre dans quelque région du pays que ce soit. Mais, il lui faut justement avoir au minimum un consensus ou au maximum une vraie unanimité au sein des populations visitées. Il est douteux que l’Ouest présente un tel cas de figure vu les questions litigieuses pendantes entre le pouvoir et certains ressortissants de la région (la famille et le parti Guéi). Cela dit, les hommes étant ce qu’ils sont, il ne faudrait pas exclure un retournement de situation favorable à Laurent Gbagbo.
Ainsi, comme cela s’est déjà vu ailleurs, excipant de la qualité du visiteur, des cadres pourraient appeler les populations hostiles à la visite à ravaler leurs rancœurs et ressentiments pour l’accueillir. Il est sûr que l’UDPCI sortirait affaiblie de l’opération puisque ses ‘’dissidents’’ profiteraient de l’occasion pour s’émanciper du parti et afficher leurs libertés retrouvées. Mais, alors, cette visite enregistrerait un succès factice puisqu’elle s’est faite sur la base d’un soutien en trompe-l’œil. Les populations ayant été conditionnées pour réserver un accueil triomphal à l’illustre visiteur. Cependant, au moins, pour celui-ci, les apparences seraient-elles sauves. Mais, sans plus. Etant entendu que la question préjudicielle (‘’rapatriement’’ du corps de Guéi au village) reste en l’état et pourrait, pour longtemps encore, alimenter la ‘’querelle’’ entre lui et la famille du disparu. Sans compter l’autre ‘’cactus’’, le débauchage des responsables de l’UDPCI. Mais ceci a moins d’importance, puisque c’est de bonne guerre. A l’UDPCI de faire en sorte qu’un autre parti ne lui prenne pas ses militants.
La question préjudicielle
En tout état de cause, vu d’un côté, la visite de Laurent Gbagbo à l’Ouest si elle intervenait maintenant, pourrait se faire, on le voit, sur fond de quelques contentieux que le chef de l’Etat gagnerait à liquider avant son déplacement. Singulièrement, la question du corps de Guéi que ses parents voudraient inhumer à Gouessesso, son village natal. Mais, d’un autre côté aussi, peut-on rendre Laurent Gbagbo responsable de l’inhumation de son prédécesseur à Abidjan ?
Franck Guéi, le fils du général défunt a pris la décision d’enterrer son géniteur à sa résidence. Il est vrai, contre l’avis de ses parents. Mais, en quoi le chef de l’Etat est-il comptable de cette situation ? Est-il une seule fois intervenu pour donner son avis sur la question ? Et puis, est-il habilité à intervenir dans cette affaire qui relève exclusivement du domaine privé ?
Au final, on pourrait conclure qu’en réclamant le corps de Guéi à Gbagbo, les parents du défunt se trompent de porte et font, au surplus, un faux procès au chef de l’Etat. C’est pourquoi, in fine, sa visite ne devrait pas être menacée pour une question qui, à la vérité, ne le regarde pas. Il n’y a qu’à Franck Guéi, et à lui seul, que doit être réclamé le corps de l’ancien chef de l’Etat.
A moins que les parents de celui-ci n’aient pas les moyens d’amener leur fils Franck Guéi à revoir sa position afin de permettre au corps de son père de reposer enfin auprès des siens dans la terre qui l’a vu naître. Pour les Africains, cela n’a pas de prix.
En définitive, la visite de Laurent Gbagbo devrait se faire sans anicroche. Rien de fondamental, on le voit, ne s’y oppose véritablement. Il y a là, manifestement, beaucoup de bruit pour rien.
Par jean Hery Kwahulé
Faut-il rappeler les péripéties qui ont entouré l’inhumation du corps de l’ex-chef de l’Etat ? Alors que ses parents voulaient l’inhumer dans son village, Franck Guéi, fils de l’illustre disparu, a exprimé le désir de l’enterrer à Abidjan, dans la résidence de celui-ci. Après moult rencontres entre le fils et les parents du village, le corps du défunt a finalement été inhumé dans sa résidence. Mais, si les seconds ont semblé avoir capitulé, il n’est pas moins vrai qu’ils n’ont pas encore dit leur dernier mot. Puisque de loin en loin, la presse se fait l’écho de leurs récriminations. Ils ne se consolent visiblement pas de n’avoir pas enterré le mort dans son village. Et, à l’annonce de la visite de Laurent Gbagbo dans leur région, ils n’ont pas manqué de donner de la voix. Ils ont réclamé le corps de Guéi au chef de l’Etat.
Ce n’est plus le grand amour
Cette demande aurait même été brandie par certains comme une condition de la visite du président Laurent Gbagbo à Kabakouma. A côté de cette question, il y a la situation de la dissidence au sein de l’UDPCI. Il est de plus en plus avéré que le pouvoir FPI fait ‘’son marché’’ à l’UDPCI. Pour preuve, Blon Blaise, président du Conseil général de Man et cacique de l’UDPCI semble de plus en plus prendre ses distances avec le parti du général Robert Guéi. Pis ou mieux (c’est selon), il aurait appelé à voter pour Laurent Gbagbo pour qui il battrait campagne de moins en moins discrètement. Il y a aussi le cas de l’Honorable Noutoua Yodé, président du groupe parlementaire UDPCI à l’Assemblée Nationale. Il est passé, avec armes et bagages, du côté du pouvoir. L’un et l’autre ne clament certes pas leur appartenance au Fpi mais, entre eux et l’UDPCI, ce n’est, semble-t-il, plus le grand amour, pour ne pas dire plus. Et même s’ils soutiennent le contraire, jurant leurs grands dieux qu’ils sont toujours à l’UDPCI, il n’empêche, personne n’est dupe. Chacun sait désormais qu’ils ne regardent plus dans la même direction que l’UDPCI. Ceci constitue, à l’évidence, un casus belli pour l’UDPCI qui a fait de l’ouest son bastion. Il est donc clair, on le voit, que la visite de Laurent Gbagbo à l’Ouest pourrait heurter quelques susceptibilités. Au sein de la famille biologique de Robert Guéi ou à l’UDPCI.
La question de son opportunité se pose donc. Fallait-il que le président Gbagbo aille maintenant à l’Ouest alors que des contentieux l’opposent à la famille et au parti politique de Guéi ? Il est vrai qu’en sa qualité de président de la République, il n’a nullement besoin de ‘’laissez-passer’’ ou de ‘’Ok’’ pour se rendre dans quelque région du pays que ce soit. Mais, il lui faut justement avoir au minimum un consensus ou au maximum une vraie unanimité au sein des populations visitées. Il est douteux que l’Ouest présente un tel cas de figure vu les questions litigieuses pendantes entre le pouvoir et certains ressortissants de la région (la famille et le parti Guéi). Cela dit, les hommes étant ce qu’ils sont, il ne faudrait pas exclure un retournement de situation favorable à Laurent Gbagbo.
Ainsi, comme cela s’est déjà vu ailleurs, excipant de la qualité du visiteur, des cadres pourraient appeler les populations hostiles à la visite à ravaler leurs rancœurs et ressentiments pour l’accueillir. Il est sûr que l’UDPCI sortirait affaiblie de l’opération puisque ses ‘’dissidents’’ profiteraient de l’occasion pour s’émanciper du parti et afficher leurs libertés retrouvées. Mais, alors, cette visite enregistrerait un succès factice puisqu’elle s’est faite sur la base d’un soutien en trompe-l’œil. Les populations ayant été conditionnées pour réserver un accueil triomphal à l’illustre visiteur. Cependant, au moins, pour celui-ci, les apparences seraient-elles sauves. Mais, sans plus. Etant entendu que la question préjudicielle (‘’rapatriement’’ du corps de Guéi au village) reste en l’état et pourrait, pour longtemps encore, alimenter la ‘’querelle’’ entre lui et la famille du disparu. Sans compter l’autre ‘’cactus’’, le débauchage des responsables de l’UDPCI. Mais ceci a moins d’importance, puisque c’est de bonne guerre. A l’UDPCI de faire en sorte qu’un autre parti ne lui prenne pas ses militants.
La question préjudicielle
En tout état de cause, vu d’un côté, la visite de Laurent Gbagbo à l’Ouest si elle intervenait maintenant, pourrait se faire, on le voit, sur fond de quelques contentieux que le chef de l’Etat gagnerait à liquider avant son déplacement. Singulièrement, la question du corps de Guéi que ses parents voudraient inhumer à Gouessesso, son village natal. Mais, d’un autre côté aussi, peut-on rendre Laurent Gbagbo responsable de l’inhumation de son prédécesseur à Abidjan ?
Franck Guéi, le fils du général défunt a pris la décision d’enterrer son géniteur à sa résidence. Il est vrai, contre l’avis de ses parents. Mais, en quoi le chef de l’Etat est-il comptable de cette situation ? Est-il une seule fois intervenu pour donner son avis sur la question ? Et puis, est-il habilité à intervenir dans cette affaire qui relève exclusivement du domaine privé ?
Au final, on pourrait conclure qu’en réclamant le corps de Guéi à Gbagbo, les parents du défunt se trompent de porte et font, au surplus, un faux procès au chef de l’Etat. C’est pourquoi, in fine, sa visite ne devrait pas être menacée pour une question qui, à la vérité, ne le regarde pas. Il n’y a qu’à Franck Guéi, et à lui seul, que doit être réclamé le corps de l’ancien chef de l’Etat.
A moins que les parents de celui-ci n’aient pas les moyens d’amener leur fils Franck Guéi à revoir sa position afin de permettre au corps de son père de reposer enfin auprès des siens dans la terre qui l’a vu naître. Pour les Africains, cela n’a pas de prix.
En définitive, la visite de Laurent Gbagbo devrait se faire sans anicroche. Rien de fondamental, on le voit, ne s’y oppose véritablement. Il y a là, manifestement, beaucoup de bruit pour rien.
Par jean Hery Kwahulé