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Showbizz Publié le jeudi 5 mars 2009 | RFI

Oumou Sangaré, le message positif

RFI Musique : Qu’est-ce qui vous a le plus marqué en 2008 ?

Oumou Sangaré : L’élection d’Obama, sans aucun doute. Je me trouvais en Hollande, en tournée avec Trilok Gurtu, lorsque j’ai appris son élection. Je me suis sentie tellement heureuse à l’annonce du résultat ! J’étais contente récemment de chanter à Boston, à l’université d’Harvard, là où il a étudié. J’ai constaté lors de ce voyage que le regard des gens a changé sur les noirs. Je l’ai senti dès mon arrivée. L’autre chose qui m’a marquée et bouleversée, ce sont tous ces enfants qui quittaient l ‘Afrique pour venir en Espagne et mourraient en mer où qu’on jetait.

Etes-vous une chanteuse rebelle et militante ?

Les mots sont un peu forts. Je dis ce que j’ai envie de dire et je fais les choses comme j’ai envie de les faire. Disons résistante plutôt que militante. Dans ma positon de chanteuse, parce que je suis écoutée, en tant que femme et que mère, je me dois de dénoncer des choses. Je le ferai jusqu’à la fin.

A la pointe de vos "combats", il y a d’abord les femmes…

Mon premier album Moussoulou ("Les Femmes"), enregistré en 1989 à Abidjan, est né des questions que je me posais seule dans ma chambre sur les raisons de la douleur qu’éprouvait ma mère, abandonnée par mon père. Les mentalités ont un peu évolué, mais ce n’est pas fini, il faut continuer à enfoncer le clou. Dans mon nouvel album, je dénonce encore les mariages arrangés et précoces. Un père qui marie sa fille trop jeune brûle la vie de celle-ci.

Pourquoi cette volonté récurrente de chanter dans le style du Wassoulou, une région située au sud du pays, alors que vous êtes née à Bamako ?
Le Wassoulou est la terre de ma mère. Chanter les rythmes de cette région, utiliser le dialecte que l’on y parle, le wassoulou n'ke, une variante du bambara, c’est rendre hommage à celle qui a fait ce que je suis aujourd’hui. Ma mère a toujours été une battante. J’ai appelé l’hôtel que j’ai à Bamako en 2002 "Wassulu", pour que ce nom reste gravé dans la mémoire de tous les Maliens.

Vous avez appelé votre nouvel album Seya, qui signifie "joie". Un message à travers ce titre ?
Absolument ! Un message positif. C’est un titre que j’ai créé en fait au Wassulu, mon hôtel où je chante tous les samedis soirs, sauf si je ne suis pas à Bamako. Quand je l’interprète, tout le monde se lève des tables pour se mettre à danser. Comme par hasard, c’est celui qu’a choisi Nick Gold, le patron de World Circuit, ma maison de disques. Cette chanson parle d’une fille très élégante qui partout où elle passe sème la joie. Je veux transmettre un message positif. Une femme joyeuse rend les gens heureux. Les femmes sont les étoiles de la terre.
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