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Sport Publié le samedi 7 mars 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Namama Fadiga Nadège, ex-capitaine des handballeuses de l’équipe nationale ivoirienne - “J’avais souhaité être interprète”

Namama Fadiga Nadège a fait ses preuves en Côte d’Ivoire à l’As Abinader, à l’Africa Sport d’Abidjan et à l’équipe nationale dont elle a été le capitaine. A l’école primaire, elle a très vite su exprimer ses talents de future handballeuse. Ce qui lui a permis d’être l’une des révelations lors des compétitions de l’Office ivoirien des sports scolaire et universitaire (Oissu). Après avoir fait 22 ans de sport de haut niveau, Namama occupe aujourd’hui les fonctions de directrice de la communication, de la documentation et des archives au Ministère de la Jeunesse, des Sports et Loisirs. Elle nous relate sa carrière.

Vous avez fait 22 ans de sport de haut niveau pour aujourd’hui être directrice de communication. Etait-ce cela votre ambition ?

Aujourd’hui, je suis effectivement directrice de communication après 22 ans de sport de haut niveau. J’ai joué de 1980 à 2002. Franchement, c’est ce que je voulais faire. Au départ, quand j’étais encore au premier cycle, j’avais souhaité être interprète, faire de l’anglais, les relations internationales, être en contact avec les gens à l’extérieur. C’était cela mes ambitions. J’ai reçu une formation en communication. Je pense donc que le poste que j’occupe en ce moment, répond à mes aspirations dans la mesure où ce n’est pas loin de ce que j’avais souhaité exercer comme fonction.

Vous avez été scout, mais qui vous a imposé la pratique du sport ?

C’est vraiment par hasard que j’ai été scout. Lorsque j’étais encore à l’école primaire, les scouts sont passés une fois dans l’établissement pour demander les volontaires au scoutisme. Je voudrais préciser que la pratique du scoutisme relève du volontariat. J’ai donc été scout. Mais le scoutisme n’avait rien à avoir avec les activités de l’établissement. En son temps, le sport était imposé à tous les établissements. Surtout avec les compétitions de l’Oissu. Et j’étais dans l’équipe de handball de l’école. A cette époque, le sport était pour moi un loisir et je le pratiquais avec beaucoup de plaisir. C’est après que la chose a pris l’allure d’une passion. Si bien que je me suis retrouvée au lycée des jeunes filles de Bouaké qui était un établissement à vocation sportive et studieuse. J’y ai été suivie par un coopérant français ainsi que toutes celles qui voulaient faire du handball en particulier et du sport en général. C’était M. Michel Baldino. Il nous a ingénieusement encadrées. Voilà comment ma carrière va commencer.

Du lycée des jeunes filles de Bouaké à Abidjan, une belle histoire. Quel souvenir pour vous ?

Beaucoup de souvenirs. Je vous apprends qu’il y a quelques semaines de cela que j’étais à Bouaké alors que depuis 8 ans je n’y avais pas encore mis les pieds. C’était au mois de janvier dernier. Je suis repartie voir le lycée des jeunes filles de Bouaké. C’est avec beaucoup d’émotions que j’ai vu les dortoirs, le terrain de sport où j’ai forgé ma carrière. Et j’en ai profité pour faire des photos afin d’immortaliser cette visite. Vraiment, Bouaké m’a laissé beaucoup de souvenirs parce que c’est là-bas que ma carrière sportive a véritablement commencé.. Je suis née à Bouaké, mes parents y ont vécu environ une quarantaine d’années. Je viens certes de Touba, mais Bouaké c’est aussi chez moi. Je suis très attachée à cette ville. Surtout au lycée des jeunes filles de Bouaké. Et ce lycée m’a vraiment marquée. Sur le plan sportif, nous avons tout gagné avec l’équipe de Bouaké. C’est toujours de beaux souvenirs lorsqu’un athlète a eu du succès dans sa carrière. On formait véritablement une famille au sein du lycée. Et la même famille allait jouer à l’étranger sans oublier le championnat national. C’est un souvenir dont je ne pourrai jamais me défaire.

22 ans de sport de haut niveau, 22 titres africains, comment avez-vous fait pour avoir un tel palmarès ?

22 titres ! Je n’ai pas glané seule ces 22 titres. Vous savez, le handball est un sport collectif. Mes coéquipières et moi, nous y sommes parvenues toutes ensemble, parce que nous avions véritablement une histoire. Nous étions une génération de filles qui avaient pratiquement grandi ensemble au niveau du lycée des jeunes filles de Bouaké. Cette équipe formait déjà l’ossature de l’équipe nationale. Donc nous nous connaissions véritablement. La cohésion s’est créée. Nous avions un esprit de famille parce que nous étions toutes à l’internat. Nous étions pratiquement dans les mêmes classes et étions de la même génération. Tout cela est un apport crucial pour une équipe. Le caractère collectif de la discipline a été un plus. Et puis, nous mettions du sérieux dans le travail. Au lycée, nous étions suivies sur le plan des études et sur le plan alimentaire. La discipline était également de rigueur. Et à tout ça on ajoute l’hygiène de vie. Nous nous entretenions au point de vue de l’hygiène. En dehors du sport et des études, nous n’avions vraiment pas d’autres distractions. Nous ne nous adonnions qu’au sport et aux études. C’est eu égard à tout ça que nous avons pu obtenir tous ces titres. Quand on travaille et qu’on se comporte bien, on peut gagner.

22 titres africains. Normalement vous devriez être à la Confédération africaine de handball (Cahb) ?

Je vous annonce que je viens de faire mon entrée à la Cahb. Je suis membre de la commission communication. Nous gérons la communication de la Cahb. La nouvelle équipe qui vient d’arriver a beaucoup d’ambitions. En ce qui nous concerne, nous essaierons, autant que faire se peut, de donner une belle image à la Cahb. Le nouveau président c’est Arémou qui a été lui-même athlète de haut niveau. Et il veut redonner à la Cahb une autre image. Une image du nouveau millénaire. Je pense qu’ensemble on fera de bonnes choses. Il y a du travail qui a été abattu par le président Yapo. Et M. Arémou va continuer ce travail-là en essayant d’ajouter beaucoup plus d’efficacité et de professionnalisme. C’est vrai que j’ai eu 22 titres en 22 ans. Je dirai à mes jeunes sœurs que ce n’est rien que le travail qui paie.

A quand remonte exactement votre entrée à la Cahb ?

Le dernier congrès de la Cahb a eu lieu en septembre 2008. Et c’est à l’issue de la réunion qui s’est tenue au Maroc en décembre 2008, que j’ai fait mon entrée à la Cahb.

Etre à la Cahb aujourd’hui, qu’est-ce que cela vous fait ?

C’est une fierté car c’est un rêve que j’ai longtemps caressé en ce sens que je me disais qu’après une carrière pleine, l’aboutissement c’était d’entrer dans l’institution. Au nombre de tous ceux qui sont à la Cahb, ne figurent pas beaucoup d’anciens athlètes. Ma présence à la Cahb aujourd’hui, c’est vraiment une fierté pour moi parce que ce n’est pas donné à tout le monde.

De l’As Abinader de Bouaké à l’équpie nationale en passant par l’Africa sport. Que retenez-vous ?

Ce que je retiens, c’est surtout la rigueur dans le travail. La rigueur est la condition du travail bien fait parce que ce n’est pas du tout de l’amusement. Les gens pensent qu’on a gagné des trophées parce qu’on était les plus grandes, les plus corpulentes. Non. Nous étions plutôt les plus travailleuses. C’est surtout ça. Et, c’est ce côté-là qui m’a surtout marquée. On avait un entraîneur français qui ne s’amusait vraiment pas en ce qui concerne le travail. Il nous imposait la rigueur. Nous nous entraînions sans cesse. Nous n’avions vraiment pas de temps de repos, ni de vacances. En dehors des temps d’entraînement, c’étaient les études. Donc ça m’a véritablement marquée. Nous étions liées et soudées. Il nous a appris à nous aimer. C’est le secret du sport collectif. Si vous êtes ensemble que vous ne vous aimez pas, vous ne pouvez pas produire de bons résultats. C’est cet esprit d’amitité, de famille, qui a consolidé ce qu’on a fait.

Aujourd’hui nous constatons beaucoup d’échecs au niveau du handball. C’est dire que de votre temps à maintenant, les choses ne sont plus les mêmes. Y a-t-il une faiblesse de la Fédération ? Un problème de coaching ou est-ce les joueuses qui ne font pas le poids ?

Sachez que le handball est un sport qui se pratique à l’école. C’est à l’Oissu qu’on a pratiquement recruté toutes les figures emblématiques du handball ivoirien. Les sports se pratiquaient à l’école. Mais aujourd’hui, c’est le contraire car certains établissements refusent de faire du sport à l’école. Donc l’Oissu a perdu un peu son lustre d’antan. Il faut réveiller l’Oissu pour que le handball puisse avoir de bonnes graines, de beaux talents. C’est vrai, on peut prendre les enfants dans la rue, dans les quartiers et les former. Mais il y a qu’à l’école, on peut avoir des enfants intelligents sur le terrain. A l’école, nous avons été dans les sections sport et étude qui, malheureusement, n’existent nulle part aujourd’hui. Il faut donc créer ces sections-là. Il faut que nos jeunes sportifs et sportives aient une bonne hygiène de vie. Par exemple, l’alcool et le sport ne peuvent pas faire bon ménage. Il faut accepter d’avoir un niveau d’étude parce qu’on ne peut pas être à la rue et réussir au handball. Il faut un niveau intellectuel pour pouvoir appliquer de façon rigoureuse les consignes des entraîneurs. La réussite au handball passera par une dynamisation des compétitions d’Oissu. Aujourd’hui, le Ministre Banzio est en train de faire un gros travail. Il y a eu les Etats généraux du sport au cours desquels nous avons parlé de l’Oissu.. Lorsque le projet de loi sur le sport sera adopté, beaucoup de choses changeront. Le Ministre a pour ambition de faire découvrir à l’école, les sports de haut niveau.



Interview réalisée par K.Y
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