« A l’unanimité, le jury officiel du Fespaco décerne l’Etalon d’Or au film Teza Haïlé Gerima ». Après une semaine de cinéma dans la capitale burkinabé, un nom a été trouvé le samedi 7 mars 2009 au stade du 4 août, à Ouagadougou, pour succéder à l’Etalon 2007 le Nigérian Newton Aduaka, réalisateur du film Ezra. Déjà, le film de Haïlé Gerima avait fait sensation dans les salles obscures lors des séances de projection pendant le Fespaco. Et l’on se passait le mot pour inviter celui-là qui n’avait encore découvert Teza pour apprécier le « génie » de création du film qui fait parler de lui. Le vendredi 6 mars déjà, lors de la cérémonie de remise de prix spéciaux, à l’hôtel Azalaï Indépendance, Teza pour sa « grande sensibilité, sa profondeur » et reconnu « meilleur film par le jeu d’acteurs remarquable » rafle trois prix. Celui des Nations Unies pour la lutte contre la pauvreté d’une valeur de 5 millions, celui de la mise en valeur des traditions africaines et la reconnaissance – prix – de la critique du film africain. Les critiques du cinéma sont unanimes. L’Etalon d’Or 2009 se dessine dans l’esprit de beaucoup de personnes. Est-ce possible ? Teza, Tanit d’Or à la 22e édition des Journées cinématographiques de Carthage organisée du 25 octobre au 1er novembre avait reçu le Prix spécial du jury de la Mostra de Venise en septembre 2008. L’adage dit qu’il n’y a jamais deux sans trois. Teza le prouve, à la grande joie du public, à la cérémonie de clôture au Fespaco. De la longue marche couverte d’un tapis rouge - depuis la tribune officielle – jusqu’au podium dressé, le Président Blaise Compaoré du Burkina Faso rejoint, au son de tambour comptant les marches, Solomé Gerima – Directrice de Teza –, sœur de Haïlé Gerima qui le représente. C’est l’émotion. « C’est beau », lâche un participant dans la main courante du stade lorsque les deux personnes – Blaise et Solomé – s’étreignent.. « Salam, paix pour tous les Africains, prospérité pour tous les frères et sœurs africains », lance la récipiendaire qui souhaite « meilleure et longue vie à tous les réalisateurs africains et au Fespaco ». Panafricaniste, Solomé partage son rêve depuis 1997. Celui d’avoir une « cinémathèque pour les films africains ». Teza, film bouleversant, long de plus de deux heures, traite du retour en Ethiopie, à la fin des années 1980. C’est aussi un hommage à tous ceux qui sont morts pour une Ethiopie meilleure. D’une qualité technique loin d’être comparable « à nos bricolages » - selon le témoignage d’une Burkinabè à sa sortie le vendredi 6 mars de l’espace, à ciel ouvert, du Centre Culturel Français Petit Melies à Ouagadougou, où Teza était à sa dernière projection avant samedi – la composition des scènes du film du réalisateur né en 1946 est appuyé d’un sous titrage qui permet de se rapprocher de l’Amharique – langue d’Ethiopie - et l’anglais pour se plonger dans le film dont il est difficile, au départ, de baigner là dedans. Les troubles de mémoire de l’acteur principal, formé en Occident, est le croisement du présent et du passé. La beauté est sur le grand écran. L’Etalon de Bronze de Yennega a été remporté par l’Algérien Lyes Salem, pour son long-métrage - compétition officielle - Mascarades. Prix d’une valeur de 2,5 millions de F CFA. Avec Nothing the Truth, le Sud-Africain John Kani fait sien l’Etalon d’Argent et empoche 5 millions de F CFA.
Koné Saydoo, envoyé spécial au Burkina Faso
Koné Saydoo, envoyé spécial au Burkina Faso