Si tout se passe comme prévu, le Chef de l'Etat ivoirien sera en tournée dans l'ouest du pays du 21 au 24 de ce mois de mars. La randonnée du chef des refondateurs le conduira dans les localités de Biankouma, Zouan-Hounien, Danané, Kouibly et Bangolo. Il terminera son séjour par un meeting géant au stade Léon Robert de Man. Dès son arrivée, il se rendra à Kabacouma, village de son prédécesseur, Robert Guéi, tué aux premières heures de la crise de septembre 2002 et dont le corps ne connaît pas encore le repos éternel dans son village natal.
La réparation des effets directs ou collatéraux de la crise dont l'ouest est l'une des plus grosses victimes et la remise sur les rails du développement de l'ensemble d'une région en pleine déconfiture, sont les principaux défis qui attendent Laurent Gbagbo à l'occasion de cette visite. D'où l'effervescence qui s'est emparée des cadres et élus de la région des Montagnes à l'annonce de son arrivée chez eux. Tous ou presque ont proposé leurs services dans les différentes commissions de travail mises sur pied pour assurer le succès de l'événement. La grande réunion d'information du 21 février dernier a même battu des records de participation en terme de quantité et de qualité des participants.
Mais voilà qu'à seulement onze jours de la grande fête annoncée, rien ne présage dans la ville de Man d'un grand événement. Man reste toujours cette ville fortement marquée par six années de guerre. A commencer par la résidence du préfet de région. Les travaux qui étaient l'affaire du CNPRA (Comité de pilotage du redéploiement de l'administration) ont été stoppés net. L'entreprise en charge de cette réhabilitation s'est essoufflée et le coup de main de l'Etat n'a pas suivi. La relève qui devait être prise par la commission spécialisée de la visite du Chef de l'Etat tarde à voir le jour.
Il y a également la voirie de Man, elle est en l'état, aucun engin n'est visible dans la cité. Les nombreuses crevasses ont encore pignon sur rue montrant avec insolence leurs ventres profonds tant redoutés par les automobilistes. A la faveur de cette visite, il avait pourtant été prévu un grand coup de balai pour non seulement fermer ces nids de poule mais aussi curer les caniveaux et débarrasser la ville des ordures.
Les alentours du stade Léon Robert de Man, théâtre du grand meeting de clôture du 24 mars, sont encore occupés par les petits commerçants de boubous et autres réparateurs de motos, vélos et ferronniers qui devraient avoir plié bagages depuis pour des raisons évidentes de sécurité. " Personne ne nous a demandé de partir d'ici. Nous continuons donc notre travail qui nous donne à manger. Gbagbo vient, on doit manger, il vient pas, on doit manger ", lâche un petit commerçant, à la question de savoir pourquoi il campe encore sur ces lieux à onze jours de l'arrivée du PR.
Les visites d'Etat provoquent inévitablement dans les villes traversées la prise d'assaut des réceptifs hôteliers, par conséquent des réservations longtemps à l'avance. A Man, à l'heure actuelle, les gérants d'hôtels sont très peu bavards sur d'éventuelles réservations. Comme s'ils s'étaient passé le mot, ils s'étonnent tous qu'on leur parle de l'imminence de l'arrivée d'une personnalité comme le Chef de l'Etat dans la zone, tellement les choses tournent au ralenti.
Le comité d'organisation qui ne s'est pas encore officiellement réuni depuis la réunion d'information du 21 février ne communique pas non plus sur les villas réquisitionnées pour héberger certaines délégations. En réalité, tous savent désormais que cette visite est incertaine.
Selon certaines indiscrétions, l'argent, le nerf de la visite, tarde à arriver pour mettre les commissions véritablement au travail.836.369.380 f cfa (huit cent trente six millions trois cent soixante neuf mille trois cent quatre vingts francs ), c'est le budget que le comité régional d'organisation chapeauté par le préfet de région, préfet du département de Man, Amani Yao Michel, a proposé pour cette visite. Un montant qui ne concerne, bien entendu, que l'organisation locale de la visite. " Cet argent, nous ne sommes pas sûr d'en avoir la totalité car cela dépendra des possibilités de l'Etat ", avait prévenu le préfet Amani Yao Michel.
Le problème aujourd'hui est que les décaissements tardent à se faire donnant le sentiment aux uns et aux autres que la venue de Gbagbo dans la région des Montagnes va encore être reportée.
Cette mise en garde du président régional de la visite de Gbagbo à l'ouest prend tout son sens maintenant dans les retards actuels. En effet, l'Etat de Côte d'Ivoire peut-il se permettre, dans la conjoncture actuelle, d'organiser une telle visite qui ne coûtera pas moins de deux (2) milliards de nos francs ? Les enseignants sont dans la rue pour des revendications salariales alors que les médecins bousculent le gouvernement pour les mêmes raisons. Pendant ce temps, les autres fonctionnaires du pays attendent le moment opportun pour demander à l'Etat employeur de faire le geste qui améliore le quotidien de tous. Vue sous cet angle, la visite budgétivore de Gbagbo à l'ouest s'avère inopportune.
Certaines personnalités politiques qui ne ratent aucune occasion pour inviter les populations à réserver un accueil massif et chaleureux au Chef de l'Etat commencent à s'interroger sur l'effectivité de la visite du moins en ce qui concerne les dates de mars 2009. Elles ont même l'impression d'être tournées en bourrique par ceux qui savent la vérité dans cette affaire. C'est ainsi que l'une d'elles aurait invité samedi le préfet de région à tenir un langage de vérité pour en avoir le cœur net sur cet événement qui cristallise toutes les attentions.
A Man, rien ne confirme ni n'infirme la visite d'Etat des 21,22,23 et 24 mars prochains. A preuve, l'inertie constatée dans la majorité des actes préparatoires contraste avec la réhabilitation accélérée de la résidence du Chef de l'Etat au quartier "Air France". Les ouvriers devraient avoir fini au plus tard le 15 mars, a-t-on appris.
"Qui vivra verra. Le jour où on le voit, on ira l'applaudir. Pour le moment, on ne sent rien. Chacun vaque tranquillement à ses occupations à la recherche de sa pitance quotidienne", résume bien une ménagère de "Kennedy", un quartier pauvre de la cité des Montagnes, Madame Cissé Fatoumata.
JEAN MARC SAHI
La réparation des effets directs ou collatéraux de la crise dont l'ouest est l'une des plus grosses victimes et la remise sur les rails du développement de l'ensemble d'une région en pleine déconfiture, sont les principaux défis qui attendent Laurent Gbagbo à l'occasion de cette visite. D'où l'effervescence qui s'est emparée des cadres et élus de la région des Montagnes à l'annonce de son arrivée chez eux. Tous ou presque ont proposé leurs services dans les différentes commissions de travail mises sur pied pour assurer le succès de l'événement. La grande réunion d'information du 21 février dernier a même battu des records de participation en terme de quantité et de qualité des participants.
Mais voilà qu'à seulement onze jours de la grande fête annoncée, rien ne présage dans la ville de Man d'un grand événement. Man reste toujours cette ville fortement marquée par six années de guerre. A commencer par la résidence du préfet de région. Les travaux qui étaient l'affaire du CNPRA (Comité de pilotage du redéploiement de l'administration) ont été stoppés net. L'entreprise en charge de cette réhabilitation s'est essoufflée et le coup de main de l'Etat n'a pas suivi. La relève qui devait être prise par la commission spécialisée de la visite du Chef de l'Etat tarde à voir le jour.
Il y a également la voirie de Man, elle est en l'état, aucun engin n'est visible dans la cité. Les nombreuses crevasses ont encore pignon sur rue montrant avec insolence leurs ventres profonds tant redoutés par les automobilistes. A la faveur de cette visite, il avait pourtant été prévu un grand coup de balai pour non seulement fermer ces nids de poule mais aussi curer les caniveaux et débarrasser la ville des ordures.
Les alentours du stade Léon Robert de Man, théâtre du grand meeting de clôture du 24 mars, sont encore occupés par les petits commerçants de boubous et autres réparateurs de motos, vélos et ferronniers qui devraient avoir plié bagages depuis pour des raisons évidentes de sécurité. " Personne ne nous a demandé de partir d'ici. Nous continuons donc notre travail qui nous donne à manger. Gbagbo vient, on doit manger, il vient pas, on doit manger ", lâche un petit commerçant, à la question de savoir pourquoi il campe encore sur ces lieux à onze jours de l'arrivée du PR.
Les visites d'Etat provoquent inévitablement dans les villes traversées la prise d'assaut des réceptifs hôteliers, par conséquent des réservations longtemps à l'avance. A Man, à l'heure actuelle, les gérants d'hôtels sont très peu bavards sur d'éventuelles réservations. Comme s'ils s'étaient passé le mot, ils s'étonnent tous qu'on leur parle de l'imminence de l'arrivée d'une personnalité comme le Chef de l'Etat dans la zone, tellement les choses tournent au ralenti.
Le comité d'organisation qui ne s'est pas encore officiellement réuni depuis la réunion d'information du 21 février ne communique pas non plus sur les villas réquisitionnées pour héberger certaines délégations. En réalité, tous savent désormais que cette visite est incertaine.
Selon certaines indiscrétions, l'argent, le nerf de la visite, tarde à arriver pour mettre les commissions véritablement au travail.836.369.380 f cfa (huit cent trente six millions trois cent soixante neuf mille trois cent quatre vingts francs ), c'est le budget que le comité régional d'organisation chapeauté par le préfet de région, préfet du département de Man, Amani Yao Michel, a proposé pour cette visite. Un montant qui ne concerne, bien entendu, que l'organisation locale de la visite. " Cet argent, nous ne sommes pas sûr d'en avoir la totalité car cela dépendra des possibilités de l'Etat ", avait prévenu le préfet Amani Yao Michel.
Le problème aujourd'hui est que les décaissements tardent à se faire donnant le sentiment aux uns et aux autres que la venue de Gbagbo dans la région des Montagnes va encore être reportée.
Cette mise en garde du président régional de la visite de Gbagbo à l'ouest prend tout son sens maintenant dans les retards actuels. En effet, l'Etat de Côte d'Ivoire peut-il se permettre, dans la conjoncture actuelle, d'organiser une telle visite qui ne coûtera pas moins de deux (2) milliards de nos francs ? Les enseignants sont dans la rue pour des revendications salariales alors que les médecins bousculent le gouvernement pour les mêmes raisons. Pendant ce temps, les autres fonctionnaires du pays attendent le moment opportun pour demander à l'Etat employeur de faire le geste qui améliore le quotidien de tous. Vue sous cet angle, la visite budgétivore de Gbagbo à l'ouest s'avère inopportune.
Certaines personnalités politiques qui ne ratent aucune occasion pour inviter les populations à réserver un accueil massif et chaleureux au Chef de l'Etat commencent à s'interroger sur l'effectivité de la visite du moins en ce qui concerne les dates de mars 2009. Elles ont même l'impression d'être tournées en bourrique par ceux qui savent la vérité dans cette affaire. C'est ainsi que l'une d'elles aurait invité samedi le préfet de région à tenir un langage de vérité pour en avoir le cœur net sur cet événement qui cristallise toutes les attentions.
A Man, rien ne confirme ni n'infirme la visite d'Etat des 21,22,23 et 24 mars prochains. A preuve, l'inertie constatée dans la majorité des actes préparatoires contraste avec la réhabilitation accélérée de la résidence du Chef de l'Etat au quartier "Air France". Les ouvriers devraient avoir fini au plus tard le 15 mars, a-t-on appris.
"Qui vivra verra. Le jour où on le voit, on ira l'applaudir. Pour le moment, on ne sent rien. Chacun vaque tranquillement à ses occupations à la recherche de sa pitance quotidienne", résume bien une ménagère de "Kennedy", un quartier pauvre de la cité des Montagnes, Madame Cissé Fatoumata.
JEAN MARC SAHI