Du berger à la bergère. Le Gabon a décidé de donner le change à la France après le gel le 13 février de deux comptes bancaires du président Omar Bongo Ondimba. Le Parti démocratique gabonais - Pdg-, a demandé un réexamen des accords avec Paris, réexamen qui pourrait s'étendre jusqu'aux accords de coopération militaire. Les relations déjà tendues entre la France et le Gabon, ont en effet franchi un nouveau palier ce week-end. La décision du Pdg de demander un réexamen en profondeur des accords avec la France, est significative dans la mesure où ce parti détient une majorité écrasante à l'Assemblée nationale. L'appel du Parti démocratique gabonais est assez flou, même si des responsables affirment que cette révision pourrait concerner tous les accords y compris ceux de défense. Le 13 février, sur décision judiciaire, deux comptes bancaires français au nom du président Omar Bongo ont été bloqués. Cette saisie intervient dans le cadre d’une « procédure diligentée par l’avocat girondin Me Jean-Philippe Le Bail », à la suite d’un arrêt rendu le 29 septembre par la Cour d’appel de Bordeaux. Celle-ci avait condamné Omar Bongo à « restituer la rançon de 457.000 euros exigée pour la libération de René Cardona en 1996 ». M. Cardonna avait été écroué pendant plusieurs semaines à la prison de Libreville à la suite d’un différend financier avec le président gabonais. Auparavant, il avait vendu une pêcherie avec sa flottille à une société contrôlée par Omar Bongo et sa famille. Mais le président gabonais avait ensuite demandé à René Cardona de reprendre son bien. Devant le refus de celui-ci, il avait porté plainte pour escroquerie auprès d’un juge d’instruction, qui était son neveu. Pour obtenir la libération de son père alors qu’une épidémie de fièvre Ebola sévissait à la prison de Libreville, le fils de René Cardona avait alors dû verser 457.000 euros. Les avocats du président Bongo ont toujours affirmé devant la justice française qu’il s’agissait du règlement d’une dette pour « le dédommager pour lui avoir cédé un bateau en mauvais état ». La Cour d’appel de Bordeaux n’a pas admis cette version et sa décision est exécutoire. Selon « Sud-Ouest », la somme, intérêts compris, due aujourd’hui par Omar Bongo à René Cardona s’élève à 1,131 million d’euros.
Bakayoko Youssouf
Bakayoko Youssouf