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Politique Publié le mardi 10 mars 2009 | Notre Voie

Recensement électoral et identification-Emile Kima : "Il y a trop de fraude sur l’identité ivoirienne"

Président du comité de soutien de l’accord de Ouagadougou et du président burkinabé, Blaise Compaoré, en Côte d’Ivoire, Emile Kima entreprend depuis quelque temps, une tournée de sensibilisation contre la fraude sur l’identité ivoirienne. Il en parle dans cet entretien et fait des propositions pour la réunification effective du pays.


Notre voie : Vous entreprenez depuis plusieurs mois, une tournée de sensibilisation auprès des ressortissants des pays de la CEDEAO vivant en Côte d’Ivoire, concernant l’opération de recensement électoral et d’identification. Quel bilan faites-vous à mi-parcours de cette tournée ?

Emile Kima : Le bilan est positif. D’autant que les populations ressortissantes de la CEDEAO ont besoin d’une vraie information relative à l’opération d’enrôlement en Côte d’Ivoire. Le constat, c’est qu’il y a trop de fraude dans cette opération. Et les ressortissants de la CEDEAO en sont majoritairement les auteurs. Au cours des meetings que j’anime, le message tourne autour de l’opération d’enrôlement, de la paix, de la réconciliation et du foncier rural.


N.V. : Votre message est-il bien perçu par les ressortissants de la CEDEAO ?

E.K. : Le message est bien perçu parce que je reçois moins de plaintes que par le passé de la part de nos frères ivoiriens. Nos frères de la CEDEAO me comprennent. Je leur dis ce qu’ils doivent faire et ce qu’ils doivent éviter. Il faut que chacun sache sa place dans ce pays. L’enrôlement est une opération très sensible. Par ignorance, nos frères de la CEDEAO et mes compatriotes burkinabè vont se faire enrôler. Ce qui est mauvais. Mais, j’irai plus loin, il y a beaucoup de fraude.


N.V. : Qu’est-ce qui vous fait dire qu’il y a beaucoup de fraude à l’enrôlement et à l’identification ?

E.K. : Nos frères et sœurs de la CEDEAO se connaissent entre eux. Ils savent qui sont ceux parmi eux ont obtenu la naturalisation ivoirienne ou n’en possèdent pas. Celui qui est devenu Ivoirien de façon légale, tous ses parents, amis et connaissances le sauront.


N.V : La naturalisation est une initiative individuelle pas forcément collective. Vous pouvez avoir obtenu la nationalité ivoirienne sans que les autres en soient informés ?

E.K : C’est exact. Mais chacun doit être face à sa conscience. Et puis, il faut être fier de ses origines. J’ai toujours dit à mes compatriotes que l’opération d’enrôlement ne concerne que les seuls Ivoiriens et les étrangers légalement naturalisés. Je ne peux pas accepter que des individus qui ne sont pas ivoiriens fassent de faux papiers pour se faire enrôler. J’ai dit à ma communauté (burkinabé) de saisir la police lorsqu’elle découvre un fraudeur dans ses rangs.


N.V. : De nombreux fraudeurs ont été arrêtés par la police et croupissent en prison…

E.K. : Tout à fait. Ils sont nombreux les ressortissants de la CEDEAO qui sont incarcérés pour fraude sur l’identité ivoirienne. J’ai mis sur pied des cellules sur toute l’étendue du territoire national qui me donnent des informations liées à l’implication des ressortissants de la CEDEAO dans la fraude sur l’identité ivoirienne. Nous combattons la fraude. Nous voulons que les Ivoiriens choisissent librement leur président. Il faut éviter des élections présidentielles à palabres. Nous sommes en terre ivoirienne où sont en vigueur les lois ivoiriennes. Celui qui ne veut pas les respecter qu’il rentre chez lui. Je demande aux Ivoiriens de nous aider afin qu’ensemble, nous traquions les fraudeurs sur l’identité ivoirienne.


N.V. : Pourquoi n’associez-vous pas à la lutte contre la fraude sur l’identité ivoirienne, les ambassades des pays de la CEDEAO accréditées en Côte d’Ivoire ?

E.K. : Nous ne les associons pas parce que nous trouvons tout simple que leur rôle est beaucoup politique et diplomatique. Elles n’ont rien à voir avec nous.


N.V. : Mais vos actions sont aussi politiques…

E.K. : Oui, mais, les ambassadeurs sont des diplomates et moi, je suis un leader d’opinion. Mon action apporte un plus à leur mission. J’estime que tous les ambassadeurs de la CEDEAO accrédités en Côte d’Ivoire apprécient à juste titre mon action. Je pense qu’ils sensibilisent également leurs différentes communautés résidant en Côte d’Ivoire.


N.V. : Avez-vous le sentiment d’être soutenu dans votre action par ces ambassades ?

E.K. : Eh, bien. Je pense qu’elles me soutiennent moralement. C’est vrai que je n’ai pas reçu de courrier de félicitations mais je crois que les ambassadeurs de la CEDEAO voient ce que je fais. Car, mon action n’arrange pas seulement les Burkinabè, mais toutes les communautés étrangères vivant en Côte d’Ivoire. La suppression de la carte de séjour, par exemple, par le président Laurent Gbagbo a profité à toute la CEDEAO. Je lance un appel aux ambassadeurs de la CEDEAO de dire à leurs ressortissants de se tenir à l’écart de l’opération de recensement électoral. C’est une affaire des Ivoiriens. Nous avons le devoir d’aider nos frères ivoiriens à aller à la paix. Mais, nous ne devons pas nous mêler des élections, ça ne nous regarde pas.


N.V. : Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que vous êtes en campagne subtile pour le président Laurent Gbagbo ?

E.K. : Le président de la République, M. Laurent Gbagbo, n’appartient à aucun parti politique. Il est le président de tous les Ivoiriens ainsi que de étrangers vivant sur toute l’étendue du territoire national. Si les ressortissants de la CEDEAO ont un problème, c’est vers lui que nous irons. Par exemple, c’est à lui que nous avons demandé de supprimer la carte de séjour qui durait depuis 1991.

Pour en revenir à votre question, ceux qui soutiennent ce genre d’opinion, c’est leur problème. Nous, ressortissants de la CEDEAO, nous lui sommes reconnaissants pour avoir supprimé la carte de séjour. Il est aussi l’initiateur de l’accord de Ouagadougou et a choisi son frère Blaise Compaoré pour en être le facilitateur. C’est une bonne chose.


N.V. : Vous ne roulez donc pour aucun candidat, à la présidentielle en Côte d’Ivoire ?

E.K. : Je suis impartial. Il y aura des élections présidentielles en Côte d’Ivoire et les Ivoiriens choisiront librement leur président. Nous vivons dans ce pays et nous voyons comment les Ivoiriens et leur président Laurent Gbagbo ont maintenu le pays debout. Celui ou ceux qui toucheront à la paix dans ce pays, nous trouveront dans les rues. Ce ne sont pas des menaces mais un engagement ferme. Nous organiserons des marches pacifiques de protestation. Les ressortissants de la CEDEAO ne laisseront pas les Ivoiriens s’entre-déchirer.


N.V. : Quel regard portez-vous sur la tenue des élections présidentielles, au vu les obstacles majeurs non encore franchis tels que l’unicité des caisses de l’Etat, le désarmement, le redéploiement de l’administration ?

E.K. : Le plus difficile, c’était la guerre. Aujourd’hui, la guerre est derrière nous. Pour l’unicité des caisses et le redéploiement de l’administration, il est temps que le président Laurent Gbagbo prenne ses responsabilités en tant que Chef de l’Etat. Il n’y a pas deux Etats ni deux présidents.
En Afrique, dès lors que la palabre est finie, tout le monde doit se conformer à la règle. Dans un village, il n’y a qu’un seul chef, pas deux ou trois. S’il n’y a pas de confiance à 100% entre le FDS et les FAFN ( ex-rebelles), l’on pourrait demander au facilitateur Compaoré de dépêcher des contingents de militaires burkinabè en Côte d’Ivoire pour régler la question du désarmement et accompagner le processus de paix.

On ne peut pas parler de tenue des élections tant que les préfets et sous-préfets, les gendarmes, les policiers, etc. ne sont pas redéployés sur l’étendue du territoire national. Il ne faut pas vivre sur des rêves. Pour des élections crédibles, il faut au préalable redéployer l’administration. La Côte d’Ivoire est une et indivisible. Si l’accord de Ouagadougou échoue, ce sera la honte pour la sous- région et l’Afrique.


Entretien réalisé par Didier Depry didierdepri@yahoo.fr
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