La crise au sein du royaume Abron connaît un rebondissement. Les dignitaires de la province Pinango ont rejeté dimanche au cours d’une rencontre, à Bondoukou, la légitimité des chefs actuels. Kobenan Tah Thomas, porte-parole de Nanan Bibi 2, chef Pinango, explique.
•Quelle lecture faites-vous des problèmes de succession au sein du royaume Abron ?
Le royaume Bron n’a pas de chef. Il n’y a pas de roi Bron actuellement. Il faut qu’on ait l’humilité, la force et le courage de reconnaître qu’il y a quelques vices de forme. Il faut reprendre les choses, travailler afin de trouver un vrai chef consensuel comme les anciens l’ont toujours fait. Pour l’heure, il y a trois prétendants. Mais il n’y a pas de roi.
•Que faites-vous pour la résolution de cette crise ?
Il s’agit de nous mettre tous à la disposition de la tradition. Nous sommes prêts à toute méditation. Nous avons commencé. Chez nous les Bron, la procédure est simple et à la fois compliquée. Nous disons que le roi des Brons, Nanan Koffi Yeboua, a été enterré. Mais ses funérailles n’ont pas été faites. Avant de faire les funérailles, on montre ce qu’on appelle le kodiadja (le successeur) du défunt roi. Il y a des rites à faire. Au décès de Nanan Koffi Yéboua, cela n’a pas été fait. Ce qui a provoqué les problèmes que nous connaissons aujourd’hui. Nous demandons à ceux qui en ont le droit de faire de véritables funérailles pour notre roi, de sorte qu’on nous présente officiellement et publiquement son vrai successeur. Nous en avons besoin. C’est utile pour nous parce que c’est le facteur d’union de notre région et de notre tradition.
•Est-ce à dire que vous mettez en cause la légitimité de Adingra Kouassi Adjemane d’Amanvi, Appia 1er de Sokouadou et Ababio du village d’Adandia ?
On ne s’autoproclame pas roi. Il y a des rituels. Il y a des cérémonies. Chez nous en pays Bron, on se doit de respecter ces cérémonies, ces règles qui sont décrétées par le roi. Le choix du roi doit passer par ces règles, ces cérémonies dont lui-même est le gardien. Si la procédure n’a pas été respectée, il sera difficile de trouver par consensus un roi.
•Qu’en est-il des sanctions que vous exigez du chef de la province Akidom ?
Nous n’exigeons pas de sanctions particulières. Nous demandons seulement que la tradition fasse son chemin, que les règles soient respectées. Chez les Brons, les provinces sont installées. Mais il n’y a pas de désordre. Chacun connaît sa place. Je suis notable Pinango. L’Akidom connaît sa place. J’ai pour lui beaucoup de respect. J’espère que le chef Akidom se ressaisisse, qu’il suive la vraie tradition.
•Si le mode de succession est à la fois simple et compliqué comme vous le dites, pourquoi ne le mentionnez-vous pas dans un document ?
Je pense qu’on n’a pas forcément besoin de l’écrire. On a besoin d’être loyal et honnête. L’oralité ne donne pas voie à un certain banditisme intellectuel comme on le voit aujourd’hui. On a l’impression d’être l’otage d’un groupe d’individus qui veulent s’autoproclamer et ne veulent pas respecter les règles. Nous avons environ 504 villages dans la province Pinango. Il y a des chefs dans tous ces villages. Ces chefs ont respecté les rîtes décrétés par le roi Bron. Pourquoi est-ce que la succession du roi Bron ne respecterait-elle pas ces rîtes ? Il y a eu déviation. Nous demandons que l’ordre revienne. Et l’ordre va revenir. Nous travaillons pour qu’une solution soit trouvée rapidement. C’est la voie de salut de notre région si nous voulons le développement.
•Croyez-vous aujourd’hui en l’unité du royaume Abron après cette rencontre dans la mesure où des dignitaires de la province Pinango ont décidé de reconnaître seulement le chef Pinango, Nanan Adou Bibi 2 ?
Se reconnaître en Nanan Adou Bibi 2, c’est déjà beaucoup. C’est le deuxième personnage du royaume Bron. Il a le devoir de faire en sorte que la paix revienne au sein du royaume. Il faut que l’unité soit retrouvée. Pour cela, il faut qu’on se dise la vérité. Quand nous parlons de funérailles que ceux qui sont chargés de désigner le successeur du défunt roi le fassent en respectant les rîtes en pays Bron comme il se doit.
•Parlez-nous des attributs du trône portés disparus ?
Le fait de dire que les attributs du trône ont disparu ou ont été volés, c’est une seconde étape. Une fois que le choix est clair, s’il y a des problèmes pour confirmer ce choix, nous sommes tous Brons. Nous allons nous asseoir et trouver les solutions pour que le peuple Bron continue sa marche.
•Le chef de la province Pinango a été désigné par le chef d’Etat pour apporter une solution à cette crise. Cependant, certains dignitaires du royaume Abron reprochent à Nanan Adou Bibi 2, trop de lenteur dans sa médiation. Quel bilan faites-vous de sa médiation ?
On ne demandera pas à quelqu’un de résoudre en un mois un problème qui a été posé depuis 15 ans. Je remercie le chef de l’Etat pour son geste mais il n’avait pas besoin de le faire pour nous. Il s’agit de notre survie. Nous étions interpellés. Il fallait que nous nous autosaisissions afin d’aider nos frères de clan Yakassé à trouver une solution. Je lance un appel à tous les Brons. Quand sur le plan national, on met une chaise pour un roi Bron et que trois têtes sont représentées, j’avoue que nous sommes frustrés et gênés.
•Des dignitaires du royaume Abron accusent des hommes politiques d’activer la flamme de la division. Quel est votre avis ?
Vous savez, on ne peut pas faire la politique en tordant les règles. Que vous soyez cadre, intellectuel ou politicien, si vous mentez, le mensonge finira par vous rattraper. On ne peut pas tordre le cou à l’histoire. Combien de réunions de réaffirmation de cet arrêté de nomination on essaie de nous faire valoir depuis longtemps ? Ce n’est pas la voie par laquelle le peuple Bron choisit son chef. C’est dire que la tradition est forte, elle vit et elle vivra.
•Certains dignitaires du royaume Abron pensent que le chef Pinango bloque la nomination d’un roi des Abrons, dans la mesure où sa décision ne compte pas quand le roi est issu du clan Yakassé comme c’est le cas actuellement. Qu’en pensez-vous ?
Ils ont un peu tort parce que quand on est deuxième personnage dans un royaume où il y a des problèmes, on est interpellé par devoir de conscience d’y mettre de l’ordre. L’ordre que nous demandons est que ceux qui doivent agir agissent. Seule la vérité ramènera la paix dans notre royaume. Si les choix sont faits selon ce que nous connaissons tous, ce à quoi nous avons tous adhéré, ce qui fait de nous des Brons, il n’y a pas de raison que le peuple Bron ne suive pas.
•Cette crise a incontestablement divisé le royaume Abron. Aujourd’hui quels sont les rapports du chef Pinango avec les autres chefs de provinces?
C’est une division de façade. Nous les Brons, on se connaît. Il y a des gens qui poursuivent des ambitions personnelles et qui utilisent des valeurs traditionnelles pour des fins personnelles. Un fleuve à beau tordre son lit, il finit toujours par redresser et retrouver son cours normal. La normalité va se rétablir. Tous les jeunes Brons de 5 à 10 ans savent comment se fait une succession en pays Bron. Ce n’est pas en prenant un arrêté que vous changerez l’ordre des choses. J’interpelle mes parents intellectuels, politiciens de tous bords, s’ils croient installer un roi dans ces conditions, ils font fausse route.
•Quelles sont vos propositions pour régler de façon définitive cette crise ?
Nous partons du fait que les trois prétendants ne sont que des prétendants. Retenez aussi qu’en pays Bron, on ne peut prétendre au trône que si on est de la famille. C’est dire que tous trois sont de la famille. Ce qui fait la force et le dynamisme du peuple Bron, c’est sa capacité à pouvoir se renouveler. Nous demandons de retourner dans la case, de réécouter la reine mère, de faire le choix comme il se doit et de permettre à ce choix d’organiser d’une manière digne et correcte les funérailles du défunt roi. A partir de ce moment, nous sommes tous derrière lui. Et il sera notre roi à tous.
•Est-ce que la reine mère n’a pas déjà choisi Kouassi Adingra du village d’Amanvi, il y a plus de dix ans ?
Quand le choix a été fait, la procédure n’a pas continué. Avant de faire les funérailles du défunt roi, nous avons des rituels au cours desquels, on badigeonne de noir le kodiadja (le successeur) et on le montre publiquement à tout le monde. A partir de ce moment, les veuves et les orphelins reconnaissent en lui un père. Ce kodiadja est chargé d’organiser les funérailles du roi. Ce préalable a été posé il y a longtemps par le chef Pinango d’alors. Si le choix de la reine mère a été fait, la procédure n’est pas allée jusqu’au bout. Nous demandons à ceux qui en ont la charge de retourner à l’exercice. Nous savons que c’est pénible. Mais il faut que la vérité triomphe.
Interview réalisée par Jean Michel Ouattara
•Quelle lecture faites-vous des problèmes de succession au sein du royaume Abron ?
Le royaume Bron n’a pas de chef. Il n’y a pas de roi Bron actuellement. Il faut qu’on ait l’humilité, la force et le courage de reconnaître qu’il y a quelques vices de forme. Il faut reprendre les choses, travailler afin de trouver un vrai chef consensuel comme les anciens l’ont toujours fait. Pour l’heure, il y a trois prétendants. Mais il n’y a pas de roi.
•Que faites-vous pour la résolution de cette crise ?
Il s’agit de nous mettre tous à la disposition de la tradition. Nous sommes prêts à toute méditation. Nous avons commencé. Chez nous les Bron, la procédure est simple et à la fois compliquée. Nous disons que le roi des Brons, Nanan Koffi Yeboua, a été enterré. Mais ses funérailles n’ont pas été faites. Avant de faire les funérailles, on montre ce qu’on appelle le kodiadja (le successeur) du défunt roi. Il y a des rites à faire. Au décès de Nanan Koffi Yéboua, cela n’a pas été fait. Ce qui a provoqué les problèmes que nous connaissons aujourd’hui. Nous demandons à ceux qui en ont le droit de faire de véritables funérailles pour notre roi, de sorte qu’on nous présente officiellement et publiquement son vrai successeur. Nous en avons besoin. C’est utile pour nous parce que c’est le facteur d’union de notre région et de notre tradition.
•Est-ce à dire que vous mettez en cause la légitimité de Adingra Kouassi Adjemane d’Amanvi, Appia 1er de Sokouadou et Ababio du village d’Adandia ?
On ne s’autoproclame pas roi. Il y a des rituels. Il y a des cérémonies. Chez nous en pays Bron, on se doit de respecter ces cérémonies, ces règles qui sont décrétées par le roi. Le choix du roi doit passer par ces règles, ces cérémonies dont lui-même est le gardien. Si la procédure n’a pas été respectée, il sera difficile de trouver par consensus un roi.
•Qu’en est-il des sanctions que vous exigez du chef de la province Akidom ?
Nous n’exigeons pas de sanctions particulières. Nous demandons seulement que la tradition fasse son chemin, que les règles soient respectées. Chez les Brons, les provinces sont installées. Mais il n’y a pas de désordre. Chacun connaît sa place. Je suis notable Pinango. L’Akidom connaît sa place. J’ai pour lui beaucoup de respect. J’espère que le chef Akidom se ressaisisse, qu’il suive la vraie tradition.
•Si le mode de succession est à la fois simple et compliqué comme vous le dites, pourquoi ne le mentionnez-vous pas dans un document ?
Je pense qu’on n’a pas forcément besoin de l’écrire. On a besoin d’être loyal et honnête. L’oralité ne donne pas voie à un certain banditisme intellectuel comme on le voit aujourd’hui. On a l’impression d’être l’otage d’un groupe d’individus qui veulent s’autoproclamer et ne veulent pas respecter les règles. Nous avons environ 504 villages dans la province Pinango. Il y a des chefs dans tous ces villages. Ces chefs ont respecté les rîtes décrétés par le roi Bron. Pourquoi est-ce que la succession du roi Bron ne respecterait-elle pas ces rîtes ? Il y a eu déviation. Nous demandons que l’ordre revienne. Et l’ordre va revenir. Nous travaillons pour qu’une solution soit trouvée rapidement. C’est la voie de salut de notre région si nous voulons le développement.
•Croyez-vous aujourd’hui en l’unité du royaume Abron après cette rencontre dans la mesure où des dignitaires de la province Pinango ont décidé de reconnaître seulement le chef Pinango, Nanan Adou Bibi 2 ?
Se reconnaître en Nanan Adou Bibi 2, c’est déjà beaucoup. C’est le deuxième personnage du royaume Bron. Il a le devoir de faire en sorte que la paix revienne au sein du royaume. Il faut que l’unité soit retrouvée. Pour cela, il faut qu’on se dise la vérité. Quand nous parlons de funérailles que ceux qui sont chargés de désigner le successeur du défunt roi le fassent en respectant les rîtes en pays Bron comme il se doit.
•Parlez-nous des attributs du trône portés disparus ?
Le fait de dire que les attributs du trône ont disparu ou ont été volés, c’est une seconde étape. Une fois que le choix est clair, s’il y a des problèmes pour confirmer ce choix, nous sommes tous Brons. Nous allons nous asseoir et trouver les solutions pour que le peuple Bron continue sa marche.
•Le chef de la province Pinango a été désigné par le chef d’Etat pour apporter une solution à cette crise. Cependant, certains dignitaires du royaume Abron reprochent à Nanan Adou Bibi 2, trop de lenteur dans sa médiation. Quel bilan faites-vous de sa médiation ?
On ne demandera pas à quelqu’un de résoudre en un mois un problème qui a été posé depuis 15 ans. Je remercie le chef de l’Etat pour son geste mais il n’avait pas besoin de le faire pour nous. Il s’agit de notre survie. Nous étions interpellés. Il fallait que nous nous autosaisissions afin d’aider nos frères de clan Yakassé à trouver une solution. Je lance un appel à tous les Brons. Quand sur le plan national, on met une chaise pour un roi Bron et que trois têtes sont représentées, j’avoue que nous sommes frustrés et gênés.
•Des dignitaires du royaume Abron accusent des hommes politiques d’activer la flamme de la division. Quel est votre avis ?
Vous savez, on ne peut pas faire la politique en tordant les règles. Que vous soyez cadre, intellectuel ou politicien, si vous mentez, le mensonge finira par vous rattraper. On ne peut pas tordre le cou à l’histoire. Combien de réunions de réaffirmation de cet arrêté de nomination on essaie de nous faire valoir depuis longtemps ? Ce n’est pas la voie par laquelle le peuple Bron choisit son chef. C’est dire que la tradition est forte, elle vit et elle vivra.
•Certains dignitaires du royaume Abron pensent que le chef Pinango bloque la nomination d’un roi des Abrons, dans la mesure où sa décision ne compte pas quand le roi est issu du clan Yakassé comme c’est le cas actuellement. Qu’en pensez-vous ?
Ils ont un peu tort parce que quand on est deuxième personnage dans un royaume où il y a des problèmes, on est interpellé par devoir de conscience d’y mettre de l’ordre. L’ordre que nous demandons est que ceux qui doivent agir agissent. Seule la vérité ramènera la paix dans notre royaume. Si les choix sont faits selon ce que nous connaissons tous, ce à quoi nous avons tous adhéré, ce qui fait de nous des Brons, il n’y a pas de raison que le peuple Bron ne suive pas.
•Cette crise a incontestablement divisé le royaume Abron. Aujourd’hui quels sont les rapports du chef Pinango avec les autres chefs de provinces?
C’est une division de façade. Nous les Brons, on se connaît. Il y a des gens qui poursuivent des ambitions personnelles et qui utilisent des valeurs traditionnelles pour des fins personnelles. Un fleuve à beau tordre son lit, il finit toujours par redresser et retrouver son cours normal. La normalité va se rétablir. Tous les jeunes Brons de 5 à 10 ans savent comment se fait une succession en pays Bron. Ce n’est pas en prenant un arrêté que vous changerez l’ordre des choses. J’interpelle mes parents intellectuels, politiciens de tous bords, s’ils croient installer un roi dans ces conditions, ils font fausse route.
•Quelles sont vos propositions pour régler de façon définitive cette crise ?
Nous partons du fait que les trois prétendants ne sont que des prétendants. Retenez aussi qu’en pays Bron, on ne peut prétendre au trône que si on est de la famille. C’est dire que tous trois sont de la famille. Ce qui fait la force et le dynamisme du peuple Bron, c’est sa capacité à pouvoir se renouveler. Nous demandons de retourner dans la case, de réécouter la reine mère, de faire le choix comme il se doit et de permettre à ce choix d’organiser d’une manière digne et correcte les funérailles du défunt roi. A partir de ce moment, nous sommes tous derrière lui. Et il sera notre roi à tous.
•Est-ce que la reine mère n’a pas déjà choisi Kouassi Adingra du village d’Amanvi, il y a plus de dix ans ?
Quand le choix a été fait, la procédure n’a pas continué. Avant de faire les funérailles du défunt roi, nous avons des rituels au cours desquels, on badigeonne de noir le kodiadja (le successeur) et on le montre publiquement à tout le monde. A partir de ce moment, les veuves et les orphelins reconnaissent en lui un père. Ce kodiadja est chargé d’organiser les funérailles du roi. Ce préalable a été posé il y a longtemps par le chef Pinango d’alors. Si le choix de la reine mère a été fait, la procédure n’est pas allée jusqu’au bout. Nous demandons à ceux qui en ont la charge de retourner à l’exercice. Nous savons que c’est pénible. Mais il faut que la vérité triomphe.
Interview réalisée par Jean Michel Ouattara