Une partie de l’opinion semble se réjouir d’un désamour éventuel entre le chef de l’Etat et le procureur de la République. Mais, il pourrait tout simplement s’agir d’une illusion optique.
La presse quotidienne s’est donné le mot mercredi pour titrer sur un prochain limogeage du procureur de la République près le tribunal d’Abidjan Plateau. Les plus hardis ont parié sur l’imminence de la signature du décret par le chef de l’Etat.
La confirmation n’était pas encore arrivée hier tard dans la soirée. De quoi alimenter les commentaires autour de ce qui commence à devenir “l’affaire Tchimou”.
Un fait est établi : une certaine opinion est convaincue que Laurent Gbagbo va sacrifier Tchimou Raymond. Il satisferait ainsi une revendication des avocats qui, au cours d’un bras de fer qui a animé le mois de novembre 2008, avaient exigé la démission du procureur favori du chef de l’Etat.
A l’analyse, il convient de prendre cette hypothèse avec beaucoup de prudence. Le procureur Tchimou est en effet devenu au fil des dossiers un très proche collaborateur de Laurent Gbagbo. Il a ainsi été au cœur de l’enquête sur le scandale des déchets toxiques, déversés en plusieurs endroits d’Abidjan par le Probo Koala, en août 2006. Parallèlement à l’enquête de la Commission nationale présidée par la magistrate Fatou Diakité, le procureur avait mené de longues investigations aussi bien à Abidjan qu’en Europe. Il en rendait compte directement au chef de l’Etat. C’est quand il eût bouclé son enquête, qu’un accord à l’amiable a été conclu entre l’Etat ivoirien et Trafigura. L’affréteur du navire pollueur a payé 100 milliards de Fcfa pour clore le dossier. L’argent a été géré directement par la présidence. Au passage, le procès a permis de blanchir des fidèles du chef de l’Etat : Marcel Gossio, Directeur général du Port autonome d’Abidjan, Djédji Amondji Pierre, gouverneur du district d’Abidjan et Gnamien Konan, Directeur général de la Douane.
Tchimou Raymond est aussi l’homme-orchestre de l’affaire des cabinets de placement d’agent. Ces structures financières particulières ont grugé des milliers d’épargnants en proposant des taux d’intérêt de près de 1.000%. Lorsque le scandale a éclaté, les personnes grugées ont mis en cause les liens entre les escrocs et des personnalités proches du pouvoir. Finalement, la plupart des responsables de cabinets ont pu échapper à la justice.
Le scandale de la filière café cacao n’a pas encore livré tous ses secrets. Ici aussi, le procureur Tchimou a enquêté. Il s’est même rendu aux Etats-Unis sur les traces de l’usine « fantôme » de Fulton, rachetée à coup de milliards de Fcfa par le Fonds de régulation et de contrôle (FRC) grâce à l’épargne des planteurs. Tchimou rendait régulièrement compte au chef de l’Etat. A la surprise générale, la procédure s’est accélérée avec la mise en détention de tous les barons de la filière. Tous les ministres de tutelle ont été auditionnés. Et, certaines sources assurent que ceux contre lesquels le procureur a réuni suffisamment d’éléments séjourneront prochainement à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
Selon plusieurs observateurs, le candidat Laurent Gbagbo devrait mettre la lutte contre la corruption au cœur de la prochaine campagne. C’est dans cette optique qu’il a déjà commencé à faire le ménage dans son entourage. Et, le procureur de la République actuel aura été d’un grand secours dans la préparation de cette stratégie. Sa mission est-elle terminée ? Difficile de répondre par l’affirmative.
Car, Laurent gbagbo serait tenté de passer à la vitesse supérieure en formalisant sa lutte contre la corruption. Avec des visées politiques certaines. La presse proche du camp présidentiel évoquait récemment la nomination probable d’un “Monsieur anti-corruption”. Quoi de plus normal que de confier une telle responsabilité à une personne qui a déjà démontré sa loyauté sur plusieurs dossiers sensibles ? Un costume taillé sur mesure pour un certain…Tchimou Raymond.
Kesy B. Jacob
La presse quotidienne s’est donné le mot mercredi pour titrer sur un prochain limogeage du procureur de la République près le tribunal d’Abidjan Plateau. Les plus hardis ont parié sur l’imminence de la signature du décret par le chef de l’Etat.
La confirmation n’était pas encore arrivée hier tard dans la soirée. De quoi alimenter les commentaires autour de ce qui commence à devenir “l’affaire Tchimou”.
Un fait est établi : une certaine opinion est convaincue que Laurent Gbagbo va sacrifier Tchimou Raymond. Il satisferait ainsi une revendication des avocats qui, au cours d’un bras de fer qui a animé le mois de novembre 2008, avaient exigé la démission du procureur favori du chef de l’Etat.
A l’analyse, il convient de prendre cette hypothèse avec beaucoup de prudence. Le procureur Tchimou est en effet devenu au fil des dossiers un très proche collaborateur de Laurent Gbagbo. Il a ainsi été au cœur de l’enquête sur le scandale des déchets toxiques, déversés en plusieurs endroits d’Abidjan par le Probo Koala, en août 2006. Parallèlement à l’enquête de la Commission nationale présidée par la magistrate Fatou Diakité, le procureur avait mené de longues investigations aussi bien à Abidjan qu’en Europe. Il en rendait compte directement au chef de l’Etat. C’est quand il eût bouclé son enquête, qu’un accord à l’amiable a été conclu entre l’Etat ivoirien et Trafigura. L’affréteur du navire pollueur a payé 100 milliards de Fcfa pour clore le dossier. L’argent a été géré directement par la présidence. Au passage, le procès a permis de blanchir des fidèles du chef de l’Etat : Marcel Gossio, Directeur général du Port autonome d’Abidjan, Djédji Amondji Pierre, gouverneur du district d’Abidjan et Gnamien Konan, Directeur général de la Douane.
Tchimou Raymond est aussi l’homme-orchestre de l’affaire des cabinets de placement d’agent. Ces structures financières particulières ont grugé des milliers d’épargnants en proposant des taux d’intérêt de près de 1.000%. Lorsque le scandale a éclaté, les personnes grugées ont mis en cause les liens entre les escrocs et des personnalités proches du pouvoir. Finalement, la plupart des responsables de cabinets ont pu échapper à la justice.
Le scandale de la filière café cacao n’a pas encore livré tous ses secrets. Ici aussi, le procureur Tchimou a enquêté. Il s’est même rendu aux Etats-Unis sur les traces de l’usine « fantôme » de Fulton, rachetée à coup de milliards de Fcfa par le Fonds de régulation et de contrôle (FRC) grâce à l’épargne des planteurs. Tchimou rendait régulièrement compte au chef de l’Etat. A la surprise générale, la procédure s’est accélérée avec la mise en détention de tous les barons de la filière. Tous les ministres de tutelle ont été auditionnés. Et, certaines sources assurent que ceux contre lesquels le procureur a réuni suffisamment d’éléments séjourneront prochainement à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).
Selon plusieurs observateurs, le candidat Laurent Gbagbo devrait mettre la lutte contre la corruption au cœur de la prochaine campagne. C’est dans cette optique qu’il a déjà commencé à faire le ménage dans son entourage. Et, le procureur de la République actuel aura été d’un grand secours dans la préparation de cette stratégie. Sa mission est-elle terminée ? Difficile de répondre par l’affirmative.
Car, Laurent gbagbo serait tenté de passer à la vitesse supérieure en formalisant sa lutte contre la corruption. Avec des visées politiques certaines. La presse proche du camp présidentiel évoquait récemment la nomination probable d’un “Monsieur anti-corruption”. Quoi de plus normal que de confier une telle responsabilité à une personne qui a déjà démontré sa loyauté sur plusieurs dossiers sensibles ? Un costume taillé sur mesure pour un certain…Tchimou Raymond.
Kesy B. Jacob
