Le préavis de grève déposé par la Fédération syndicale des travailleurs de l’eau et de l’électricité (Fesen) ne fait pas du tout l’unanimité au sein de la Sodeci. Si l’on s’en tient aux cris de réprobation, la réussite de la mobilisation sera un véritable défi. De fait, les membres des principaux syndicats du secteur de l’eau, jugeant fantaisistes les revendications qui sous-tendent la grève, ont décidé de se désolidariser de leurs leaders. A cet effet, le Syndicat national des agents de la Sodeci (Synasod) et le Syndicat national des travailleurs du secteur de l’eau (Synatrase) ont chacun de son côté animé jeudi un point de presse pour appeler les populations à la sérénité. «En dehors des problèmes de production (déficit) ou des travaux sur le réseau qui expliquent souvent le manque d’eau dans certains quartiers, toute coupure volontaire de distribution d’eau, devra être traitée comme un acte de vandalisme» prévient Bervelle Joseph Kodjo, secrétaire général du Synasod. Selon Bervelle Kodjo, son organisation ne saurait se reconnaître dans cette grève projetée par des personnes «qui veulent de l’extérieur, imposer des moyens dangereux pour faire aboutir leurs revendications.» «L’eau peut faire plus mal que la guerre. Si dans les zones CNO, les travailleurs de la Sodeci ont continué de vaquer à leurs obligations, même au plus fort de la crise, ce ne sont pas les populations qui paient régulièrement leurs factures qui subiront de tels actes », a rassuré Bervelle Kodjo. Précisant qu’il n’est pas un briseur de grève, il soutient par ailleurs que les populations ne doivent pas être prises en otage et les problèmes à la Sodeci ne doivent pas être traités comme un outil de «marchandage honteux». «Nous sommes en train de nous organiser pour mettre en déroute ceux qui veulent s’attaquer aux équipements de l’entreprise. Nous demandons également à la population d’être vigilante », a insisté le leader syndical. Avant d’ajouter que son groupement s’engage à veiller au respect des clauses du contrat d’affermage concédé par l’Etat à la Sodeci. Pour sa part, le secrétaire général par intérim du Synatrase, Bakary Yao Komenan a expliqué qu’une grève «aussi sauvage » discréditerait les agents aux yeux des clients et surtout mettrait en péril la vie de l’entreprise. «La grève n’est pas à l’ordre du jour parce que nous ne voulons pas nous mettre la population à dos. La Côte d’Ivoire souffre. Notre entreprise aussi. Nous n’allons pas aggraver la situation», a conclu Bakary Yao.
Cissé Cheick Ely
Cissé Cheick Ely