Deux jours après l’élection du bureau local de la Cei dans l’Hexagone, des voix s’élèvent pour en contester l’irrégularité. Le Pdci et le Rdr ont même introduit un recours en annulation pour invalider le scrutin.
Absence d’urnes, de procès-verbal, mandats de représentants des Forces nouvelles (FN) illégaux. Deux jours à peine, après la réunion d’information qui a débouché sur l’élection du bureau local de la Cei, les contestations font leur apparition. Les délégations du Pdci et du Rdr de France ont formulé et adressé au président de la Cei, Beugré Mambé, un recours en annulation. Objectif : obtenir l’invalidation de Téti Gervais, élu à la suite du vote qui a bel et bien eu lieu le 9 mars à l’annexe de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris, sise au 24 boulevard Suchet. Gesticulations de mauvais perdants ou bataille pour un respect du jeu démocratique ? La polémique ne cesse de prendre des proportions.
En réalité, les partis regroupés au sein du Rhdp (Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix) représentés dans l’Hexagone semblent avoir pêché par excès de confiance et manqué de réalisme politique. De quoi s’agit-il ? Début mars, la Commission électorale informe, via l’ambassade, les partis politiques et associations ivoiriennes de France, de l’arrivée d’une délégation de la Cei en vue d’organiser l’enrôlement. Dès cet instant, les tractations vont bon train au sein des chapelles politiques pour nouer des alliances, dans l’intention de briguer la présidence de la Cei locale. Mathématiquement, les houphouétistes et leurs autres alliés du G7 partaient favoris, comptant bien sûr, sur les voix des représentants de Forces nouvelles. Or, jusqu’à la dernière minute, les six représentants des FN ne sont pas connus du Rhdp. Ce n’est qu’une fois dans la salle que ceux-ci se présentent. « Nous avions joint Affoussy Bamba des Forces nouvelles qui s’occupe du dossier pour connaître leurs représentants. Celle-ci nous a laissé entendre à quelques heures de la réunion qu’elle souhaitait que le poste de président de la Cei-France reviennent aux FN », témoigne Gnizako Gogoua, le délégué du Rdr en France. Le Rhdp avait bâti sa stratégie sur un soutien inconditionnel des membres des FN. C’était sans compter cette nouvelle exigence formulée par Affoussy Bamba. Jusqu’à la réunion du 9 mars, aucune entente n’est trouvée.
Les houphouétistes, favoris sur papier
L’élection se tient, sous la supervision d’Alain Dogou et des autres membres de la délégation de la Cei. En l’occurrence Me Fakih Konaté et Yacouba Bamba. Dans la salle, l’alliance des houphouétiste était confrontée à un dilemme : boycotter le scrutin (en invoquant des irrégularités) ou participer en espérant un miracle. Au finish, le miracle n’a pas eu lieu. Le candidat du Fpi, Téti Gervais est élu à 12 voix contre 10. Leurs adversaires ont même réussi à rafler les postes clés, abandonnant les strapontins au Rhdp. Stupeur dans les rangs des houphouétistes : les voix des FN sont revenues au Fpi et ses alliés.
La pilule passe mal. Les militants du Rhdp et principalement ceux du Rdr ont du mal à comprendre. Dans leur esprit, même si les Forces nouvelles ne sont pas un démembrement du Rdr, en dehors de toutes les suppositions convenues, les ex-rebelles ne peuvent pas non plus s’allier au Fpi qu’ils combattent naturellement.
Il faut trouver les coupables ou boucs-émissaires. On accuse Sylla Mamadou (président de la mouvance républicaine en France, pro Gbagbo) d’avoir manigancé et trompé la vigilance d’Affoussy Bamba. Pour le Rhdp, à en croire, les lettres de recours en annulation, les personnes désignées pour le compte des FN seraient en réalité des militants du FPI. Pour étayer leur accusation, des membres du Rdr et du Pdci présents dans la salle soutiennent mordicus que trois d’entre eux (Lucien Diobo du Mjp, Marc Sakoa du Mpci et Tié Bi Gonin du Mpigo) auraient même répondu à l’appel de leurs noms : « Je suis du FPI », avant de rectifier, s’excusant du lapsus.
Confronté à ses accusations, M. Sylla sort de ses gonds et tance le Rhdp. « Qu’ils démontrent cela s’ils (Ndlr : les membres du Rhdp) ont des preuves tangibles. Ont-ils les cartes de Fpi de ses six membres ? Ils racontent n’importe quoi. Les gens ont adopté un stratagème et on les ont battus. Il faut qu’ils le reconnaissent. Ils n’ont rien appris en politique », se défend-il.
De son côté, Affoussy Bamba que nous avions jointe au téléphone balaie du revers de la main, l’argument phare des contestataires. « Ces six personnes avaient des mandats légaux pour nous représenter. Je trouve même aberrant que le Rhdp dise cela », précise-t-elle. Refusant au passage de se prononcer sur une éventuelle erreur sur le choix des représentants, la conseillère du Premier ministre Guillaume Soro laisse néanmoins toute latitude aux houphouétistes de pérorer sur les personnes choisies. Tout en martelant en outre que le recours ne peut être fait sur la base de « l’illégalité des mandats».
Cependant, une source bien introduite reconnaît que les Forces nouvelles, après enquête sur ces représentants pas comme les autres, pourraient les remplacer. Conformément aux textes qui régissent la Cei. Mais l’éventualité d’une reprise de l’élection demeure très incertaine. La réponse de Mambé Beugré pourrait intervenir dans quelques heures. Il faut espérer que cette guéguerre n’occulte pas l’enjeu principal de l’enrôlement en France : la bataille pour la mobilisation des quelques 23.000 Ivoiriens de France.
Karim Wally
Correspondant permanent à Paris
Absence d’urnes, de procès-verbal, mandats de représentants des Forces nouvelles (FN) illégaux. Deux jours à peine, après la réunion d’information qui a débouché sur l’élection du bureau local de la Cei, les contestations font leur apparition. Les délégations du Pdci et du Rdr de France ont formulé et adressé au président de la Cei, Beugré Mambé, un recours en annulation. Objectif : obtenir l’invalidation de Téti Gervais, élu à la suite du vote qui a bel et bien eu lieu le 9 mars à l’annexe de l’ambassade de Côte d’Ivoire à Paris, sise au 24 boulevard Suchet. Gesticulations de mauvais perdants ou bataille pour un respect du jeu démocratique ? La polémique ne cesse de prendre des proportions.
En réalité, les partis regroupés au sein du Rhdp (Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix) représentés dans l’Hexagone semblent avoir pêché par excès de confiance et manqué de réalisme politique. De quoi s’agit-il ? Début mars, la Commission électorale informe, via l’ambassade, les partis politiques et associations ivoiriennes de France, de l’arrivée d’une délégation de la Cei en vue d’organiser l’enrôlement. Dès cet instant, les tractations vont bon train au sein des chapelles politiques pour nouer des alliances, dans l’intention de briguer la présidence de la Cei locale. Mathématiquement, les houphouétistes et leurs autres alliés du G7 partaient favoris, comptant bien sûr, sur les voix des représentants de Forces nouvelles. Or, jusqu’à la dernière minute, les six représentants des FN ne sont pas connus du Rhdp. Ce n’est qu’une fois dans la salle que ceux-ci se présentent. « Nous avions joint Affoussy Bamba des Forces nouvelles qui s’occupe du dossier pour connaître leurs représentants. Celle-ci nous a laissé entendre à quelques heures de la réunion qu’elle souhaitait que le poste de président de la Cei-France reviennent aux FN », témoigne Gnizako Gogoua, le délégué du Rdr en France. Le Rhdp avait bâti sa stratégie sur un soutien inconditionnel des membres des FN. C’était sans compter cette nouvelle exigence formulée par Affoussy Bamba. Jusqu’à la réunion du 9 mars, aucune entente n’est trouvée.
Les houphouétistes, favoris sur papier
L’élection se tient, sous la supervision d’Alain Dogou et des autres membres de la délégation de la Cei. En l’occurrence Me Fakih Konaté et Yacouba Bamba. Dans la salle, l’alliance des houphouétiste était confrontée à un dilemme : boycotter le scrutin (en invoquant des irrégularités) ou participer en espérant un miracle. Au finish, le miracle n’a pas eu lieu. Le candidat du Fpi, Téti Gervais est élu à 12 voix contre 10. Leurs adversaires ont même réussi à rafler les postes clés, abandonnant les strapontins au Rhdp. Stupeur dans les rangs des houphouétistes : les voix des FN sont revenues au Fpi et ses alliés.
La pilule passe mal. Les militants du Rhdp et principalement ceux du Rdr ont du mal à comprendre. Dans leur esprit, même si les Forces nouvelles ne sont pas un démembrement du Rdr, en dehors de toutes les suppositions convenues, les ex-rebelles ne peuvent pas non plus s’allier au Fpi qu’ils combattent naturellement.
Il faut trouver les coupables ou boucs-émissaires. On accuse Sylla Mamadou (président de la mouvance républicaine en France, pro Gbagbo) d’avoir manigancé et trompé la vigilance d’Affoussy Bamba. Pour le Rhdp, à en croire, les lettres de recours en annulation, les personnes désignées pour le compte des FN seraient en réalité des militants du FPI. Pour étayer leur accusation, des membres du Rdr et du Pdci présents dans la salle soutiennent mordicus que trois d’entre eux (Lucien Diobo du Mjp, Marc Sakoa du Mpci et Tié Bi Gonin du Mpigo) auraient même répondu à l’appel de leurs noms : « Je suis du FPI », avant de rectifier, s’excusant du lapsus.
Confronté à ses accusations, M. Sylla sort de ses gonds et tance le Rhdp. « Qu’ils démontrent cela s’ils (Ndlr : les membres du Rhdp) ont des preuves tangibles. Ont-ils les cartes de Fpi de ses six membres ? Ils racontent n’importe quoi. Les gens ont adopté un stratagème et on les ont battus. Il faut qu’ils le reconnaissent. Ils n’ont rien appris en politique », se défend-il.
De son côté, Affoussy Bamba que nous avions jointe au téléphone balaie du revers de la main, l’argument phare des contestataires. « Ces six personnes avaient des mandats légaux pour nous représenter. Je trouve même aberrant que le Rhdp dise cela », précise-t-elle. Refusant au passage de se prononcer sur une éventuelle erreur sur le choix des représentants, la conseillère du Premier ministre Guillaume Soro laisse néanmoins toute latitude aux houphouétistes de pérorer sur les personnes choisies. Tout en martelant en outre que le recours ne peut être fait sur la base de « l’illégalité des mandats».
Cependant, une source bien introduite reconnaît que les Forces nouvelles, après enquête sur ces représentants pas comme les autres, pourraient les remplacer. Conformément aux textes qui régissent la Cei. Mais l’éventualité d’une reprise de l’élection demeure très incertaine. La réponse de Mambé Beugré pourrait intervenir dans quelques heures. Il faut espérer que cette guéguerre n’occulte pas l’enjeu principal de l’enrôlement en France : la bataille pour la mobilisation des quelques 23.000 Ivoiriens de France.
Karim Wally
Correspondant permanent à Paris