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Économie Publié le mardi 17 mars 2009 | Le Nouveau Réveil

Situation socio-politique et économique de la Côte d`Ivoire : Une gestion du temps qui appauvrit les Ivoiriens

“84 milliards de francs CFA (160 millions de dollars) pour l`identification et l`enrôlement électoral, 46 milliards de francs (88 millions de dollars) pour l`organisation du scrutin électoral", coût total 130 milliards : "c`est le coût le plus élevé d`une élection présidentielle dans l`histoire du multipartisme en Afrique" ; constate Jeune Afrique dans son édition du 1er au 7 mars 2009.
Ce coût global pour "l`identification élection" de 130 milliards, rapporté aux 9 317 000 personnes concernées par les deux opérations (d`audiences foraines, 652 000 identifiés et d`identification recensement électoral, 8 665 000 personnes), donne un coût de 14 millions par personne identifiée, ce qui est en effet bien au-delà des normes habituelles, même dans le cas des pays sortant de guerre.

Traduit autrement, ce coût équivaut à 29 années de salaire minimum interprofessionnel garanti (SIVIIG) pour 9 317 000 personnes, parmi lesquelles figurent très probablement les 50 % d`Ivoiriens pauvres en 2008.

Si la CEI et le gouvernement respectaient les délais qu`ils se donnent pour réaliser les deux programmes, 90 jours pour les audiences foraines, 45 jours pour l`identification recensement électoral et l`organisation du scrutin (dont on ne connaît ni la durée, ni la date), ce coût faramineux serait nettement moins élevé; il se situerait, proportionnellement à la durée des programmes, autour de 28 milliards de francs CFA. Et de l`économie de 102 milliards ainsi dégagée, l`on pourrait continuer à payer, durant 23 ans, le salaire aux 9 317 000 personnes. Sans compter les effets multiplicateurs que le paiement de ces revenus produirait sur la consommation et la production !

Ce surcoût contraignant dépasse de plus de 3 fois et demis les coûts initiaux des programmes. Cela indique clairement qu`il existe bien une corrélation entre les objectifs des programmes, notamment les délais d`exécution des différents travaux séquences de ces programmes et leurs coûts : plus les délais se rallongent, plus les surcoûts augmentent et alourdissent les budgets. D`où la nécessité de respecter les délais d`exécution des programmes que l`on se fixe ou, dans le cas de dépassement, et surtout de dépassement chronique, comme nous l`a habitué le gouvernement, modifier les stratégies de travail. Il s`agit ici de répondre plus à une exigence de management, qu`à une quelconque filiation à un " fétichisme des dates".

Autrement, l`on est obligé de rechercher de l`argent supplémentaire, avec le risque de s`engager dans des opérations d`endettement inopportunes ; C`est le cas de l`emprunt obligataire levé actuellement par le gouvernement, au moment même où il négocie une remise de la dette de la Côte d`Ivoire auprès de ses partenaires au développement.

A côté de ces emprunts à tempérament, il faut aussi ajouter d`autres conséquences du non respect des délais, qui sont aussi préjudiciables aux Ivoiriens. Ce sont :

1. Le choix inopportun de soumettre à la titrisation, des effets à payer aux PME locales, sachant d`avance l`issue incertaine de cette titrisation.

2. L`existence après deux ans de pouvoir, de deux territoires ivoiriens, le Sud et le Nord, alors même que l`Onuci et Licorne ont quitté la zone de confiance au lendemain de la signature de l`Accord de Ouagadougou du 4 mars 2007 ;

3. L`interruption du programme de restructuration de l`armée ivoirienne (ou nouvelle armée) ;

4. La prolongation infinie (nous sommes au sixième mois) de l`identification recensement électoral qui était programmé pour être terminé au bout de 45 jours ;

5. Le renvoi sine die de la délivrance de la Carte nationale d`Identité, à la fois la cause et la solution déclarées de la guerre du 19 septembre 2002 ;

6. La prolongation infinie de la confiscation de (a date du jugement du Peuple, sur ses dirigeants, par une gouvernance aux objectifs douteux ;

7. L`accélération du niveau de pauvreté en Côte d`Ivoire ; 50% d`Ivoiriens sont pauvres en 2008, c`est-à-dire ne disposent pas de 650 F chacun, pour se payer les charges journalières, selon le ministère du plan et du développement;

8. La répartition injuste des recettes issues de la vente des déchets toxiques de 2006 :

les ayants-droits des 15 personnes tuées et les 100 000 intoxiqués de cette vente, ainsi que les victimes de la répression policière des manifestations contre la vie chère et la faim, n`ont perçu que des pécules (25%) sur les 100 milliards encaissés par le gouvernement ;

9. Et pour couronner le tout, le choix étonnant du gouvernement de fonder tout son espoir sur l`admission, le 31 mars, par le FMI et la Banque mondiale (et il compte pour cela sur l`appui de l`ancien DGA du FMI, pour quelle contrepartie ?), à la tête des pays les plus pauvres de la planète, pour recevoir une prime à la pauvreté, l`utiliser pour sortir les ivoiriens de la misère. Le communiqué de son dernier Conseil des ministres du jeudi 5 mars 2009 l`exprime clairement ; " les dérapages budgétaires devront cesser pour atteindre le point de décision de l`initiative PPTE ; initiative qui nous permettra de disposer des ressources nécessaires à l`amélioration des conditions de vie de l`ensemble de nos concitoyens, à la lutte contre la pauvreté grandissante dans notre pays ". Oui ! Vous avez bien lu.

En admettant que la Côte d`Ivoire intègre l`élite PPTE le 31 mars 2009, et qu`elle obtienne la réserve de trésorerie PPTE sur son budget, il se posera une question : qui va gérer les " 3000 milliards " ainsi dégagés ? Car, en confier la gestion à ce gouvernement signifierait que l`on lui accorde une prime à la production de la pauvreté .

Faut-il le rappeler, seul l`accroissement des richesses créés, et mesurées par le produit intérieur brut (PIB), procure des revenues pérennes dont se saisit l`Etat pour financer les besoins de la nation. La suppression de la dette par des prêteurs, surtout dans le cadre PPTE, est très aléatoire, qu`elle n`a jamais vraiment constitué une source principale de revenus ; cependant, l`on peut considérer que les "3000 milliards" de réserve de trésorerie espérée par le gouvernement, seront une vraie bouffée d`oxygène pour la Côte d`Ivoire, si la demande aboutie. Car, rien n`est encore acquis. Le succès de l`aventure dépendant plus de la vertu des décideurs que de la qualité de la demande. Et il en faudra, de la vertu aux décideurs, les 27 et 31 mars pour la Côte d`Ivoire ; son cas est désespéré : souvenez-vous des discours inutilement véhéments et mensongers des néo-africanistes ivoiriens et grands pourfendeurs de certains décideurs, les accusant de néo-colonialisme et de vols des richesses de la Côte d`Ivoire ! Et patati et patata...
Ce qui constitue la source principale des revenus, ce sont les entreprises des secteurs hydrocarbures, caféier-cacaoyer, agro-industries et services. Les entreprises pétrolières sont considérées comme des entreprises systémiques que, lorsqu`elles tournent à plein régime, elles sont pourvoyeuses de revenus considérables au niveau de toute fa chaîne des intervenants, y compris l`Etat. Et c`est ici que se reposent deux questions cruciales : combien rapporte le secteur des hydrocarbures ivoirien à l`Etat et à quoi servent ces revenus ? Combien d`écoles, d`hôpitaux, d`adductions d`eau, de routes a-t-on construits ? La guerre du 19 septembre 2002 n`a duré qu`un mois. Elle n`explique pas tout.

La Banque mondiale et le FMI avaient commencé des audits dans le secteur des hydrocarbures pour connaître précisément le montant des richesses générées par ses entreprises systémiques. Il faudrait publier dans la presse les résultats définitifs de ces audits pour compléter, en temps réel, les informations données aux populations. Et si ces audits n`ont pu être menés jusqu`au bout, il faut aussi le publier en indiquant clairement les raisons des échecs des tentatives d`investigation. Les Ivoiriens ont le droit de connaître, pour chaque année, la situation patrimoniale de la Côte d`Ivoire pour en suivre la gestion.

Habituellement, c`est avec la richesse que l`on combat la pauvreté. Mais, que l`on lutte contre la pauvreté avec la pauvreté, c`est nouveau !

Comme on le constate, le temps perdu prive de sommeil, de sérénité et coûte beaucoup d`argent. 24 mois n`ont pas le même prix que 10 mois ! Et le prix à payer va encore s`alourdir pour les Ivoiriens, si l`on tient compte qu`il reste encore 22 mois (de mars 2009 à décembre 2010) pour atteindre 2010, objectif de conservation du pouvoir visé par les signataires de l`Accord de Ouagadougou.

L`Accord de Ouagadougou ! Je n`y ai jamais cru. A un ami qui demandait mon avis sur cet accord le lendemain de sa signature, j`ai répondu ceci : " Ces gens-là ce sont associés pour nous plumer jusqu`en 2010. Ils ne feront pas ce qu`ils disent dans cet accord, qui, mis à part qu`ils ont décidé de se partager le pouvoir et ses fastes, il n`y a rien de nou-neau ! Ils n`organiseront pas d`élections avant 2010. Et ils ont bien préparé leur coup qu`ils ont maintenu l`ouverture du gouvernement à l`opposition pour la biberonner avec des miettes, et manger tranquillement". Nous sommes en plein dans l`exécution de ce projet ! Et, aujourd`hui, ils ont élargi la mangeoire à d`autres pour pouvoir tenir jusqu`en 2010 ! Ouvrez les yeux, observez et vous verrez. Puis, comptez-les !

i-La course au classement PPTE montre bien que les Etats africains n`ont pas encore atteint les maturités politique, économique et sociale nécessaires à la création et à la gestion d`une monnaie commune, une "monnaie africaine décrochée" comme ils l`appellent. Tous ces discours que l`on entend ici ou là sur le sujet, ne sont que pour l`instant de la pure spéculation : car, depuis 1984, les différentes dates fixées pour le démarrage d`une monnaie CEDEAO, n`ont jamais été respectées et ont été à maintes fois repoussées.

Cette inconséquence des dirigeants africains de ne point traduire dans les faits leurs propres décisions, et de ne point respecter les dates qu`ils se donnent pour les mettre en œuvre, devrait nous poussera leur demander de s`abstenir de compromettre le développement durable de nos pays, avec des projets de politique monétaire fondée sur des sentiments d`aigreurs, voire de revanche qu`autre chose. Et les inviter à continuer à s`appuyer sur les bases de stabilisation monétaire actuelles (1er niveau) qui ont fait leurs preuves (et que seuls les Africains complexés qualifient encore de "prolongement des systèmes coloniaux"), et établir un deuxième niveau de stabilisation entre!a monnaie CFA et les autres monnaies de la CEDEAO, comme le Cédi ghanéen et le Naira nigérian.

Ce deuxième niveau de stabilisation pourrait être confié à la banque centrale régionale, travaillant avec les banques centrales des zones Franc et autres, pour gérer, en plus de la parité CFA-Euro (1er niveau), la nouvelle parité qui aurait été définie entre le CFA, le Cédi, le Naira... dans la zone CEDEAO.

II s`agit d`imaginer, loin de tout patriotisme complexé, un système cohérent et viable de gestion de la parité des parités. Il s`agit de bâtir sur du roc et non sur du sable. A preuve du contraire, la parité CFA-Euro démontre que c`est du roc. Que vaudra, face à l`Euro, le Dollar, la Livre, le Yen, une monnaie CEDEA assise sur la pauvreté, les coups d`Etat, les pouvoirs illégaux et illégitimes... et sur l`insécurité économique et sociale ?

Si quelqu`un vous dit que l`Accord de Ouaga marche, répondez-lui ceci : oui! Ça marche pour vous, mais pas pour nous. Et retirez-lui toute votre confiance.

Antoine Séry
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