Une énième opération « Ville propre » a été lancée jeudi dernier à Adjamé par le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Volonté réelle de débarrasser Abidjan de ses ordures ou coup médiatique ? Analyse.
La Banque mondiale a décaissé 6 milliards Fcfa dans le cadre de l'opération « Ville propre » pour débarrasser le district d'Abidjan des dépôts d'ordures sauvages estimés à 500.000 tonnes. Quatre sociétés vont se partager 2,5 milliards Fcfa pour procéder pendant trois mois à « une mise à zéro par la suppression méthodique de tous les sites non autorisés à recevoir les ordures ». Ce sont les sociétés : Clean Bor, Lassire déchets service, Craff-ci et Arom sélectionnées à la suite d'un avis d'appel d'offres international. Le reste du montant alloué par l'institution de Breton Woods (3,5 milliards) va être utilisé pour la réhabilitation du poste de transfert de Williamsville, la sensibilisation des populations sur l'hygiène et la salubrité y compris le Vih/ Sida, l'amélioration des conditions de vie des riverains de la décharge d'Akouédo, l'aménagement des chemins d'accès aux sites des dépôts etc. A cela, il faut ajouter la réalisation des travaux d'aménagement d'un quai spécial, le doublement du matériel et du personnel d'exploitation, les dépenses de renforcement du système de vérification des quantités de déchets transportés, l'équipement en matériel d'éclairage de nuit de la décharge. Concomitamment à l'opération Ville propre destinée spécifiquement à enlever les ordures dans les dépôts sauvages, le ramassage ordinaire des déchets se poursuit. L'objectif visé par le ministère de la Ville et de l'Insalubrité urbaine : nettoyer définitivement Abidjan de ses déchets. L'on pourrait donc penser que les montagnes d'ordures qui ont transformé la capitale économique en « dépotoir à ciel ouvert» vont disparaître à jamais. Mais à regarder de près, cela sera difficile à réaliser. En effet, l'Etat accumule des dettes énormes vis-à-vis des sociétés Lassire déchets et service, Intercor, Siprom et Clean Bor-ci chargées de ramasser les ordures à Abidjan. Ces opérateurs ont maintes fois arrêté leurs prestations à cause du non payement de leurs factures, entraînant un engorgement des poubelles et un amoncellement des déchets dans la capitale économique. Avec les tensions de trésorerie que connait le Trésor public, il est sûr que ces sociétés devront attendre longtemps avant d'être réglées. Ce qui veut dire qu'elles seront inefficaces dans le ramassage des 3.500 tonnes d'ordures produites quotidiennement par les Abidjanais. Avec l'opération Ville propre, des comités locaux sont installés dans les 13 communes du district d'Abidjan. Présidés par les maires, ces comités doivent entre autres tâches : veiller à la propreté des sites, aménager les espaces destinés au groupage des ordures ménagères, faire l'inventaire des pré-collecteurs, sensibiliser les populations, veiller à l'exécution par les concessionnaires dans leurs communes des opérations de salubrité. Le hic, la gestion des ordures a été arrachée aux maires et confiée à l'Agence de la salubrité urbaine (Anasur) par l'ordonnance N°2007-586 du 4 octobre 2007. De quels moyens disposent les communes pour jouer leur partition ? A l'Anasur, on compte sur la sensibilisation des populations. « Nous devons changer de mentalité. Chacun doit se sentir concerné en évitant de jeter les ordures dans la rue », fait remarquer le sous-directeur de la communication, Anin Malgrace. Pour lutter contre l'insalubrité, il propose une participation financière des populations au traitement des ordures et l'application des sanctions contre les pollueurs. Pour rappel, Abidjan a déjà connu plusieurs opérations « Ville propre ». En décembre 1999, le chef de la junte militaire le général Robert a lui-même ramassé les ordures au cours de l'opération « Coup de balai ». Même situation avec le Premier ministre Konan Banny en décembre 2005. Ces actions ponctuelles ont été des coups d'épée dans l'eau, les ordures ont repoussé « sauvagement» comme des champignons.
Nomel Essis
La Banque mondiale a décaissé 6 milliards Fcfa dans le cadre de l'opération « Ville propre » pour débarrasser le district d'Abidjan des dépôts d'ordures sauvages estimés à 500.000 tonnes. Quatre sociétés vont se partager 2,5 milliards Fcfa pour procéder pendant trois mois à « une mise à zéro par la suppression méthodique de tous les sites non autorisés à recevoir les ordures ». Ce sont les sociétés : Clean Bor, Lassire déchets service, Craff-ci et Arom sélectionnées à la suite d'un avis d'appel d'offres international. Le reste du montant alloué par l'institution de Breton Woods (3,5 milliards) va être utilisé pour la réhabilitation du poste de transfert de Williamsville, la sensibilisation des populations sur l'hygiène et la salubrité y compris le Vih/ Sida, l'amélioration des conditions de vie des riverains de la décharge d'Akouédo, l'aménagement des chemins d'accès aux sites des dépôts etc. A cela, il faut ajouter la réalisation des travaux d'aménagement d'un quai spécial, le doublement du matériel et du personnel d'exploitation, les dépenses de renforcement du système de vérification des quantités de déchets transportés, l'équipement en matériel d'éclairage de nuit de la décharge. Concomitamment à l'opération Ville propre destinée spécifiquement à enlever les ordures dans les dépôts sauvages, le ramassage ordinaire des déchets se poursuit. L'objectif visé par le ministère de la Ville et de l'Insalubrité urbaine : nettoyer définitivement Abidjan de ses déchets. L'on pourrait donc penser que les montagnes d'ordures qui ont transformé la capitale économique en « dépotoir à ciel ouvert» vont disparaître à jamais. Mais à regarder de près, cela sera difficile à réaliser. En effet, l'Etat accumule des dettes énormes vis-à-vis des sociétés Lassire déchets et service, Intercor, Siprom et Clean Bor-ci chargées de ramasser les ordures à Abidjan. Ces opérateurs ont maintes fois arrêté leurs prestations à cause du non payement de leurs factures, entraînant un engorgement des poubelles et un amoncellement des déchets dans la capitale économique. Avec les tensions de trésorerie que connait le Trésor public, il est sûr que ces sociétés devront attendre longtemps avant d'être réglées. Ce qui veut dire qu'elles seront inefficaces dans le ramassage des 3.500 tonnes d'ordures produites quotidiennement par les Abidjanais. Avec l'opération Ville propre, des comités locaux sont installés dans les 13 communes du district d'Abidjan. Présidés par les maires, ces comités doivent entre autres tâches : veiller à la propreté des sites, aménager les espaces destinés au groupage des ordures ménagères, faire l'inventaire des pré-collecteurs, sensibiliser les populations, veiller à l'exécution par les concessionnaires dans leurs communes des opérations de salubrité. Le hic, la gestion des ordures a été arrachée aux maires et confiée à l'Agence de la salubrité urbaine (Anasur) par l'ordonnance N°2007-586 du 4 octobre 2007. De quels moyens disposent les communes pour jouer leur partition ? A l'Anasur, on compte sur la sensibilisation des populations. « Nous devons changer de mentalité. Chacun doit se sentir concerné en évitant de jeter les ordures dans la rue », fait remarquer le sous-directeur de la communication, Anin Malgrace. Pour lutter contre l'insalubrité, il propose une participation financière des populations au traitement des ordures et l'application des sanctions contre les pollueurs. Pour rappel, Abidjan a déjà connu plusieurs opérations « Ville propre ». En décembre 1999, le chef de la junte militaire le général Robert a lui-même ramassé les ordures au cours de l'opération « Coup de balai ». Même situation avec le Premier ministre Konan Banny en décembre 2005. Ces actions ponctuelles ont été des coups d'épée dans l'eau, les ordures ont repoussé « sauvagement» comme des champignons.
Nomel Essis