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Politique Publié le mercredi 18 mars 2009 | Fraternité Matin

Identification/Nanan N’Douffou 2(Chef de canton des N’Zikpri de Toumodi) : “D’aucuns mentent aux parents”

Le président de l’Union nationale des planteurs de café-cacao, président des chefs centraux baoulé des zones forestières, parle ici de son implication dans le processus en cours et de ses rapports avec le Chef de l’État.

Le processus d’identification va bientôt prendre fin.

Quelle est la situation de vos administrés?

A cause de la guerre, nos parents ont perdu presque toutes leurs pièces. C’est vrai qu’il y a de l’engouement, mais beaucoup restent à faire. Mon souci, c’est comment faire établir leurs extraits de naissance afin qu’ils aillent se faire enrôler. C’est là que se situe le vrai problème. Il y a des campements très éloignés où les gens n’ont pas de moyens pour se déplacer. Parfois, ils n’ont pas la vraie information. C’est une question d’approche. Je pense que la presse et l’audio-visuel dans leur ensemble font leur travail. Mais combien sont-ils qui ont le temps d’écouter ou de lire? Il y a des zones qui n’ont pas de télévision et où la radio est reçue à peine. Ces gens-là sont coupés du reste du monde et il me faut aller jusqu’à eux pour les informer.

Mais d’aucuns estiment que vous faites tout cela parce que vous roulez pour le Président Laurent Gbagbo.

Effectivement, quand on parle de se faire identifier, d’aucuns mentent à nos parents dans certains campements en disant qu’on veut qu’ils aillent voter le Président Gbagbo. Mais non ! Qu’ils arrêtent, parce qu’il s’agit de se faire établir des papiers administratifs. Nul ne peut obliger quelqu’un à voter un candidat contre son gré. Quand vous voyagez et que vous passez votre temps à demander pardon aux forces de l’ordre, c’est humiliant. Il arrive même que le chauffeur vous abandonne sur la route. C’est pour éviter tout cela que nous leur demandons de se faire identifier, pour eux-mêmes. D’autant qu’après cette opération d’envergure nationale, il sera difficile de se faire établir des papiers. En tant que chef, j’ai décidé de me sacrifier pour eux. Je le fais parce que c’est de moi qu’ils relèvent. Je ne suis donc envoyé par personne.

Les 27 décembre 2008 et 24 janvier dernier, vous étiez à la tête de deux importantes délégations de planteurs baoulé des zones forestières du grand ouest, pour rendre visite au Président Gbagbo à Mama. A quel souci obéissait cette démarche qui est, jusqu’à ce jour, diversement interprétée?

Beaucoup de gens ne comprennent rien et font l’amalgame. Quand un homme court bien, il faut le lui reconnaître, même quand on ne l’aime pas. Quand il y a eu cette guerre atroce, nos parents baoulé à l’ouest ont tout perdu. Ils ont tous fui, abandonnant leurs plantations. Dans cette douloureuse circonstance, le Président Laurent Gbagbo a volé à leur secours avec une enveloppe de 1 milliard de Fcfa.

Aujourd’hui, Dieu merci, la crise est en train de prendre fin ; et certains autochtones s’opposent au retour de ces planteurs dans leurs exploitations. Nous les comprenons, ils ont raison parce qu’ils ont fui au lieu de rester avec eux pour résister ensemble. Et les gens leur disent : vous nous avez fui, donc ne revenez plus ici. Mais avec les interventions et bons offices du Chef de l’Etat, ils ont fini par accepter le retour des planteurs. Cette importante oeuvre du Président Gbagbo, aidée en cela par le ministre Amani N’guessan, mérite toute la gratitude de nos parents. Il faut être reconnaissants, d’abord pour l’appui financier de 1 milliard Fcfa et surtout pour les plantations retrouvées. Telles sont les raisons profondes de cette visite au Chef de l’Etat. Il convient cependant de préciser que je n’ai rien imposé à personne. Ce sont les planteurs eux-mêmes qui sont venus me voir pour me faire la proposition, en tant que leur guide. Et j’ai trouvé que cette initiative était louable. Nous l’avons reporté à plusieurs reprises, depuis 2007, jusqu’à ce que cette année soit la bonne. Je tiens à souligner que les Baoulé sont un peuple reconnaissant. A ce titre, je ne puis m’empêcher de dire un grand merci au gouverneur N’dri Appolinaire, dont le concours a été fort appréciable à l’occasion de cette visite historique et mémorable à tous égards.

Quels sont vos rapports avec le Président Gbagbo?

En tant que chef traditionnel, le Président de la République est mon patron puisque je suis un auxiliaire de l’administration, son prolongement. A ce titre, les chefs travaillent avec les préfets et sous-préfets. Je n’ai donc aucune raison de ne pas l’approcher. Mais il faut souligner aussi que le Président est mon ami et nous avons de très bons rapports. C’est un homme généreux, sincère et juste.

Quel est votre rôle dans le retour des planteurs dans leurs exploitations à l’ouest?

Ce serait vraiment long à relater ici, les rôles que j’ai joués. Ce sont des voyages discrets, avec des approches et interventions à tous les niveaux. Soit par l’entremise des chefs avec mes relations de chef, et surtout avec l’appui du ministre Amani N’guessan. Et je continue de le faire jusqu’ici pour lever les quelques blocages, car ce n’est pas facile. Mais mon réseau de chefs traditionnels me sert énormément parce que l’entente est vraiment de mise entre nous les chefs.

En tant que président fondateur de l’Union nationale des planteurs de café et de cacao de Côte d’Ivoire (Unpcc-Ci), pouvez- vous donner les raisons qui ont milité en faveur de la création de cette union alors que d’autres structures existaient déjà dans la filière?

Et combien de planteurs revendiquez-vous à ce jour?

Vous voyez que les planteurs dans leur ensemble, ne sont pas unis. En ce qui concerne les planteurs baoulé, ils sont très nombreux dans les zones forestières. Nous ne sommes plus dans nos villages parce que nous n’avons plus de forêts. Il faut donc régulièrement approcher ces parents pour leur donner des conseils parce que chaque région a ses coutumes propres. On ne peut pas aller sur la terre des autres avec ce qu’on faisait chez nous. Il faut donc s’adapter aux coutumes de ceux qu’on a trouvé là-bas. Pour cela, il faut que quelqu’un qui est bien introduit soit auprès d’eux pour leur expliquer ces choses. J’ai grandi à Oumé avec les Gouro et les Gagou et je sais ce qui se passe dans la zone forestière. Mais en plus, mon père étant chef à Toumodi, j’ai vécu également à ses côtés et je connais les mentalités de nos frères. A ce titre-là, j’ai estimé que je pouvais aider mes parents à vivre en symbiose avec les autochtones. Voilà donc les idées qui ont présidé à la naissance de l’Union. Et mes parents planteurs ont épousé rapidement l’esprit de l’union, car ils ont compris que c’est un cadre idéal pour se retrouver, échanger et débattre de tous les problèmes. Avec ma double casquette de président des chefs centraux baoulé de la zone forestière et président de l’Association nationale des chefs coutumiers de Côte d’Ivoire, j’ai des relations avec les chefs coutumiers de toute la Côte d’Ivoire. Et donc à partir de Yamoussoukro où se trouve mon siège, je peux régler des problèmes. Je sais qui est chef autochtone de telle ou telle région. Ainsi, s’il y a un problème qui se pose entre un Baoulé et un Guéré, je sais exactement à quel chef m’adresser pour le régler rapidement que je sois à Abidjan ou à Yamoussoukro. C’est cela qui facilite nos rapports. Aujourd’hui, si la paix est revenue dans nos régions, entre les parents baoulé et les frères autochtones, c’est en grande partie à cause de l’union et de l’association des chefs.

A ce jour, je puis vous dire que je revendique au moins 500 mille membres. Un nombre qui s’est accru depuis la visite au Président Gbagbo à Mama, parce que tous ont compris que je suis dans le vrai et le droit chemin. Avec un seul objectif : la paix et le bien-être de tous.

En tant que vice-président du Conseil national des sages de la filière cacfé/cacao, quel bilan faites-vous à mi-parcours de la mission que le Président de la République vous a confiée?

Ce que je puis vous dire au niveau de ce chapitre, c’est que le Président a fait confiance à certains de nos frères. Ils ont effectivement beaucoup travaillé pour la filière, mais c’est la fin qui n’a pas été bonne. Avec tous les remous dont vous avez largement fait l’écho dans vos journaux. C’est au vu de ce désordre que le Président Gbagbo a cru bon de mettre en place un Comité de gestion, avec à sa tête M. Ano Gilbert, et un conseil des sages dirigé par le doyen Bléhoué Aka Georges. Je pense que le Président a vu juste en portant son choix sur ces personnes. Ano est vraiment à la hauteur vu ce qu’il est en train de faire. Je pense, à mon humble niveau, qu’il va réussir sa mission, après l’avoir vu au cours de nos tournées. Quant au doyen, il n’a plus rien à démontrer sur le plan agricole. C’est pourquoi nous l’avons porté à la tête du conseil des sages à Yamoussoukro, puisque j’étais l’un des ténors de cette réunion. On ne peut pas dire qu’il est riche, mais en tout cas, il se suffit. Quand j’ai parcouru ses plantations, je me suis dis que j’étais encore apprenti. Un tel homme à la tête du conseil des sages ne peut que travailler pour la communauté, pour ramener la paix. Car il reçoit toujours les syndicats. Le Président nous regarde et nous n’avons pas le droit de le décevoir une deuxième fois. Je pense que ces deux feront beaucoup pour le bonheur des planteurs. Notamment les pistes rurales, les forages, l’électricité et surtout les prix d’achat au kg. Le travail a commencé et nous sommes sur la bonne voie. Car notre souci, c’est comment arriver à une nouvelle réforme avec les conditions meilleures, afin qu’il n’ y ait plus de révoltes, de palabres et qu’on gruge les gens ici et là. Chacun sera rangé là où il doit l’être. A ce niveau-là, tout le monde ira vers la paix. Faites confiance aux deux responsables que sont Ano Gilbert et Bléhoué Aka Georges, parce qu’ils sont là pour l’intérêt général. C’est parce que les gens ne les connaissent pas bien, qu’ils les attaquent. Ils verront.

Quels conseils donnez-vous en tant que membres du Conseil national des sages aux responsables de la filière incarcérés à la Maca pour résoudre ce problème?

Le Président Gbagbo a dit qu’il n’a jamais arrêté quelqu’un. Et que c’est le procureur qui a arrêté des gens pour enquête, au vu des dossiers. Personne n’a dit qu’un tel ou un tel a volé. Peut-être qu’ils sont en prison pour nécessité d’enquête. Si au sortir des enquêtes, ils sont innocents, ils seront relâchés. S’ils ont par contre fauté, c’est la justice qui tranchera. Donc c’est le calme que nous conseillons au Chef de l’Etat, au sein de la filière. Et le Président sait comment faire pour ramener ce calme.



Interview réalisée par N’dri Célestin
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