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Politique Publié le mercredi 18 mars 2009 | Le Patriote

Visite de Laurent Gbagbo dans l’ouest montagneux - Les raisons d’un voyage lourd et difficile

Le énième report, annoncé hier, du voyage de Laurent Gbagbo à l’ouest de la Côte d’Ivoire – probablement pour la deuxième semaine d’avril – malgré les raisons officielles avancées (tension de trésorerie), laisse assurément une porte ouverte à une foule d’hypothèses dont la principale apparaît comme une réponse à la complexité avérée d’un périple. C’est que, cette région n’est pas n’importe laquelle. Elle est la terre natale d’un certain Robert Guéi, du nom du Général et ex-Président de la République ivoirienne, décédé dans les conditions dramatiques que tout le monde sait et dont les circonstances, pour le moins troubles, ont alimenté bien des commentaires pas toujours en faveur du pouvoir actuel et de son premier garant. Retour sur l’une des tragédies politiques les plus marquantes jamais vécues en Côte d’Ivoire.
19 septembre 2002. Il est 13 heures. Une image défile sur le petit écran des Ivoiriens. Un homme est étendu dans les herbes. Non loin de la Corniche de Cocody. Il porte un tee-shirt gris d’une propreté douteuse et un pantalon jogging de marque Adidas. Le commentateur du jour le présente comme le général Robert Guéi. Il aurait été abattu au moment où il s’apprêtait à prendre le contrôle de la télévision pour un «pronunciamiento». Un coup d’Etat. Quelques heures auparavant, le Premier ministre d’alors, Pascal Affi N’Guessan, le ministre de la Défense Moïse Lida Kouassi et le porte-parole du président de la République Alain Toussaint, lui, depuis l’Italie, annonçaient sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) que l’ancien patron du Comité national de Salut public (CNSP) était «sur le terrain en tenue de combat à la tête des assaillants» qui venaient d’attaquer Abidjan au petit matin. Les Ivoiriens encore sous le choc, s’interrogent. Qu’est-ce qui a bien pu se passer au cours de cette nuit? Les jours passent et «le septembre noir» des Ivoiriens commence à livrer ses secrets. L’ancien chef d’état-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire n’était pas sur le théâtre des opérations avec les insurgés comme tente de le faire croire la version officielle. Pis, il a été cueilli à la cathédrale Saint Paul du Plateau à la barbe du curé de service. Par qui? Par des hommes en armes proches du Palais, selon plusieurs témoignages concordants. Le clergé était-il complice de cette infamie? A-t-il participé à ce sacrilège? La réponse de l’ancien archevêque d’Abidjan, le cardinal Bernard Agré, est impitoyable pour le parti au pouvoir. «Ils sont venus le chercher. Ils l’ont amené et ils sont allés le donner à la mort», a-t-il confié le 2 janvier 2007 à la presse. Une réponse claire qui montre que les assassins de l’ancien chef de l’Etat ne se trouvent nulle part qu’au palais. Même si autour du Président Laurent Gbagbo, l’on tente toujours de faire croire que le fondateur de l’Union pour la Démocratie et la Paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) a été tué dans la confusion par des hommes en arme inconnus. Pour les partisans du général Robert Guéi, le président Laurent Gbagbo est pour beaucoup dans sa mort. Certains n’hésitent pas même à dire qu’il en est le commanditaire. A Kabacouma et dans tout l’ouest montagneux, ce sentiment est largement partagé. C’est pourquoi, à tous les envoyés du chef de l’Etat, la chefferie traditionnelle et la population ne manquent pas de poser ces questions : «Qui a tué Guéi?» et «Comment est-il mort?» Si à la deuxième préoccupation, les missi dominici ont donné une réponse qui d’ailleurs enfonce le chef de l’Etat, ce n’est pas le cas pour la première. Les messagers de Laurent Gbagbo parmi lesquels figuraient Bra Kanon, Séry Gnoléba, ont reconnu que l’ancien chef d’état-major n’est pas un rebelle. Quant à la lumière sur sa mort, ils ont dit à ses parents de Kabacouma que les enquêtes se poursuivaient. Mais la question qui rend le voyage du chef de l’Etat à l’ouest plus lourd et difficile, est incontestablement celle de la dépouille de son prédécesseur. Sur cette question, les parents du général Robert Guéi qui n’ont pas encore digéré l’humiliation qu’ils ont subie à Abidjan, attendent de pied ferme Laurent Gbagbo. On se rappelle que, venus chercher la dépouille de leur frère et fils pour la ramener à Kabacouma, les chefs traditionnels et le chef de la famille, l’oncle du général ont subi une fin de non recevoir. Pire. Humiliation des humiliations, c’est à sa résidence de l’Indénié que l’ancien chef de l’Etat a été inhumé. Avec la complicité de fils aîné Franck Guéi. L’attitude incompréhensive du président Laurent Gbagbo dans cette affaire a choqué plus d’un en pays Dan. Aujourd’hui, le retour de la dépouille du général Robert Guéi est devenu le préalable à toute venue de l’actuel locataire du Palais du Plateau à Kabacouma. Une condition qui semble être insurmontable pour Laurent Gbagbo.
Du coup, le report de ce voyage – le troisième du genre – dont l’intérêt politique semble incontestable pour un Laurent Gbagbo en quête de réhabilitation et de légitimation en cette période préélectorale, trouve une réponse presque limpide.

Jean-Claude Coulibaly
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