“En prélude à la visite du Chef de l'Etat dans l'ouest du pays, TONNERRE fait l'état des lieux… C'est un cadeau de Blé Goudé Charles". Il a suffit de cette annonce qui passe en boucle sur les antennes de la télévision première chaîne pour convaincre beaucoup de Manois que le Président Gbagbo Laurent sera effectivement leur hôte du 21 au 24 mars prochain.
En dehors de ce banal enregistrement d'une émission publique, on ne sait vraiment pas d'où certains tiraient leur foi en l'effectivité de la visite du Chef de l'Etat à l'ouest. Pourtant, les signes d'un énième report ou d'une annulation pure et simple de ce périple du grand refondateur dans cette partie de la Côte d'Ivoire étaient bien visibles dans la ville de Man, la capitale régionale et les autres départements.
A seulement quatre jours de ce grand événement, aucun acte préparatoire, aucune effervescence n'était perceptible à Man. Les choses continuaient de se passer comme si de rien n'était, en somme le train-train quotidien.
A commencer par le comité local mis en place pour préparer l'arrivée de Laurent Gbagbo. Il est présidé par le préfet de Région et comprend de grands noms de la région. Tia Koné, Bleu-lainé, Alphonse Douaty, Blon Blaise, etc… A l'invitation de son président, ce comité s'était réuni le 21 février dernier au complexe audiovisuel de Man pour officiellement annoncer l'événement aux populations.
'Nous devons montrer que nous ne savons pas que nous contredire. Mobilisons-nous pour accueillir ceux qui viennent reconstruire notre terroir' avait déclaré à cette occasion le président de la cour suprême Tia Koné.
Il avait ensuite sommé le président du Conseil général et le maire de rendre la ville de Man propre pour l'occasion. Ainsi, engagement avait été pris de lancer rapidement une opération "Ville propre" qui connaîtrait son lancement officiel le 8 mars dernier à la faveur de la journée dédiée aux femmes.
Mais ces bonnes intentions sont restées lettres mortes depuis. Man n'a pas encore fait sa toilette et ne donne pas du tout l'impression de vouloir se faire belle pour attendre celui qui vient de lancer une opération d'assainissement à Abidjan.
Après cette grande réunion du 21 février, le comité local d'organisation n'avait pas jugé utile de se retrouver. Cette léthargie étonnait plus d'un. Certains présidents de commission clamaient haut et fort qu'ils ne comprenaient rien à rien et qu'il fallait être dans le bois sacré pour avoir les vraies informations.
Le samedi 14 mars dernier, exactement une semaine avant l'arrivée de Laurent Gbagbo, le mouvement TMG "Tout Man pour Gbagbo" faisait son investiture officielle au stade Léon Robert en présence des ministres Douaty Alphonse et Gilbert Bleu Lainé. Occasion rêvée pour tester la capacité de mobilisation de la mouvance présidentielle et surtout pour inviter les militants pro-Gbagbo à réserver un accueil chaleureux et enthousiaste à leur champion. Mais curieusement, ni Bleu Lainé ni Douaty Alphonse n'avaient pris la parole à ce grand rassemblement. Mieux, aucun des quatre discours prononcés à cette fête n'avait fait la moindre allusion à la visite du Chef de l'Etat. Tout simplement bizarre. Surtout que le fédéral FPI de Man, Monsieur Bi Emile s'était longuement exprimé sur le podium.
Ensuite il y a surtout cette mission commanditée par Laurent Gbagbo auprès des parents de feu Robert Guéi à Kabacouma le jeudi 12 mars 2009. Sery Gnoleba et plusieurs autres frères de Laurent Gbagbo étaient allés annoncer la mort du général à sa famille biologique, cette même famille qui, on s'en souvient, avait longuement réclamé le corps de l'ancien chef de la junte militaire pour finalement le voir inhumer à Abidjan dans la cour de sa résidence. La mission par la bouche de Denis Bra Kanon avait blanchi Robert Guéi le déclarant étranger à la rébellion avant d'affirmer que son corps restait sous le contrôle de l'actuel Chef de l'Etat qui le tient à la disposition de sa famille. " Le Président de la République viendra lui-même vous présenter ses condoléances le samedi 21 mars ici à Kabacouma ", avait conclu l'ancien maire de Daloa.
" Nous sommes en deuil, nous voulons le corps de notre fils. Nous allons organiser les funérailles. Après quoi, nous pourrons accueillir Laurent Gbagbo qui est ici chez lui " avait alors répondu en langue locale le porte-parole des sages de tous les cantons Dan réunis à cette cérémonie.
Mais une traduction volontairement "calamiteuse" de ce message avait travesti les propos du chef à la surprise générale. Cependant, la chefferie traditionnelle de Kabacouma n'avait pas voulu se laisser distraire. Une mission, cette fois discrète, avait alors remis les pendules à l'heure pour bien faire comprendre le message aux envoyés de Gbagbo. La palabre serait donc engagée entre les deux camps.
C'est donc sans véritable surprise que l'on apprend que le grand chef a décidé pour la énième fois de reporter sa petite balade à l'Ouest. Malheureusement pour lui, ces incessants reports nous rapprochent de la présidentielle qui devrait se tenir au cours de cette année 2009.
A cette allure, ce n'est plus le chef de tous les Ivoiriens qui foulera le sol Manois mais bien le candidat d'un camp. Il devra alors se passer des moyens de la République qui l'accompagnent à chacune de ses sorties. Les populations de Facobly et Sémian qu'il reçoit bientôt lui offrent une belle tribune pour nous expliquer le costume qu'il entend porter le jour du grand voyage dans la partie occidentale de la Côte d'Ivoire.
JEAN-MARC SAHI
En dehors de ce banal enregistrement d'une émission publique, on ne sait vraiment pas d'où certains tiraient leur foi en l'effectivité de la visite du Chef de l'Etat à l'ouest. Pourtant, les signes d'un énième report ou d'une annulation pure et simple de ce périple du grand refondateur dans cette partie de la Côte d'Ivoire étaient bien visibles dans la ville de Man, la capitale régionale et les autres départements.
A seulement quatre jours de ce grand événement, aucun acte préparatoire, aucune effervescence n'était perceptible à Man. Les choses continuaient de se passer comme si de rien n'était, en somme le train-train quotidien.
A commencer par le comité local mis en place pour préparer l'arrivée de Laurent Gbagbo. Il est présidé par le préfet de Région et comprend de grands noms de la région. Tia Koné, Bleu-lainé, Alphonse Douaty, Blon Blaise, etc… A l'invitation de son président, ce comité s'était réuni le 21 février dernier au complexe audiovisuel de Man pour officiellement annoncer l'événement aux populations.
'Nous devons montrer que nous ne savons pas que nous contredire. Mobilisons-nous pour accueillir ceux qui viennent reconstruire notre terroir' avait déclaré à cette occasion le président de la cour suprême Tia Koné.
Il avait ensuite sommé le président du Conseil général et le maire de rendre la ville de Man propre pour l'occasion. Ainsi, engagement avait été pris de lancer rapidement une opération "Ville propre" qui connaîtrait son lancement officiel le 8 mars dernier à la faveur de la journée dédiée aux femmes.
Mais ces bonnes intentions sont restées lettres mortes depuis. Man n'a pas encore fait sa toilette et ne donne pas du tout l'impression de vouloir se faire belle pour attendre celui qui vient de lancer une opération d'assainissement à Abidjan.
Après cette grande réunion du 21 février, le comité local d'organisation n'avait pas jugé utile de se retrouver. Cette léthargie étonnait plus d'un. Certains présidents de commission clamaient haut et fort qu'ils ne comprenaient rien à rien et qu'il fallait être dans le bois sacré pour avoir les vraies informations.
Le samedi 14 mars dernier, exactement une semaine avant l'arrivée de Laurent Gbagbo, le mouvement TMG "Tout Man pour Gbagbo" faisait son investiture officielle au stade Léon Robert en présence des ministres Douaty Alphonse et Gilbert Bleu Lainé. Occasion rêvée pour tester la capacité de mobilisation de la mouvance présidentielle et surtout pour inviter les militants pro-Gbagbo à réserver un accueil chaleureux et enthousiaste à leur champion. Mais curieusement, ni Bleu Lainé ni Douaty Alphonse n'avaient pris la parole à ce grand rassemblement. Mieux, aucun des quatre discours prononcés à cette fête n'avait fait la moindre allusion à la visite du Chef de l'Etat. Tout simplement bizarre. Surtout que le fédéral FPI de Man, Monsieur Bi Emile s'était longuement exprimé sur le podium.
Ensuite il y a surtout cette mission commanditée par Laurent Gbagbo auprès des parents de feu Robert Guéi à Kabacouma le jeudi 12 mars 2009. Sery Gnoleba et plusieurs autres frères de Laurent Gbagbo étaient allés annoncer la mort du général à sa famille biologique, cette même famille qui, on s'en souvient, avait longuement réclamé le corps de l'ancien chef de la junte militaire pour finalement le voir inhumer à Abidjan dans la cour de sa résidence. La mission par la bouche de Denis Bra Kanon avait blanchi Robert Guéi le déclarant étranger à la rébellion avant d'affirmer que son corps restait sous le contrôle de l'actuel Chef de l'Etat qui le tient à la disposition de sa famille. " Le Président de la République viendra lui-même vous présenter ses condoléances le samedi 21 mars ici à Kabacouma ", avait conclu l'ancien maire de Daloa.
" Nous sommes en deuil, nous voulons le corps de notre fils. Nous allons organiser les funérailles. Après quoi, nous pourrons accueillir Laurent Gbagbo qui est ici chez lui " avait alors répondu en langue locale le porte-parole des sages de tous les cantons Dan réunis à cette cérémonie.
Mais une traduction volontairement "calamiteuse" de ce message avait travesti les propos du chef à la surprise générale. Cependant, la chefferie traditionnelle de Kabacouma n'avait pas voulu se laisser distraire. Une mission, cette fois discrète, avait alors remis les pendules à l'heure pour bien faire comprendre le message aux envoyés de Gbagbo. La palabre serait donc engagée entre les deux camps.
C'est donc sans véritable surprise que l'on apprend que le grand chef a décidé pour la énième fois de reporter sa petite balade à l'Ouest. Malheureusement pour lui, ces incessants reports nous rapprochent de la présidentielle qui devrait se tenir au cours de cette année 2009.
A cette allure, ce n'est plus le chef de tous les Ivoiriens qui foulera le sol Manois mais bien le candidat d'un camp. Il devra alors se passer des moyens de la République qui l'accompagnent à chacune de ses sorties. Les populations de Facobly et Sémian qu'il reçoit bientôt lui offrent une belle tribune pour nous expliquer le costume qu'il entend porter le jour du grand voyage dans la partie occidentale de la Côte d'Ivoire.
JEAN-MARC SAHI