Le conseiller spirituel du président Laurent Gbagbo, de retour d’un séjour au Vénézuela, a annoncé la construction de “la plus grande raffinerie du monde” à San Pedro. Un projet pour le moins invraisemblable.
«Lors de la mission que je conduisais au Venezuela fin février-début mars, nous avons rencontré le président de la société Arevença, M. Francisco Javier Gonzalez Alvarez, pour lui présenter le dossier de la Côte d’Ivoire qui nourrit l’ambition de construire une grande raffinerie dans la zone portuaire de San Pedro. Suite à nos échanges, le dossier ivoirien a été retenu pour l’installation de la plus grande raffinerie du monde», révèle le pasteur Moise Koré, conseiller spirituel du chef de l’Etat. Si généreux soit-il, le majestueux projet du pasteur semble pour le moins irréaliste. Selon certains spécialistes, il sent le roussi au simple regard des dimensions pharaoniques des infrastructures. Le gigantisme est, en effet, partout : plus de 35.000 emplois annoncés, 3,5 millions de barils par jour, au moins 7 milliards de dollars d’investissements prévus soit plus de 3.500 milliards Fcfa.
L’affaire est d’autant, que le moindre effort d’une recherche minimale sur Arevença, en utilisant, tout simplement, les moteurs de recherche classiques de Internet, révèle l’inexistence d’activités pour ou autour de cette prétendue multinationale, exceptés quelques articles de presse et autres détails en ligne, émis par divers organismes ivoiriens, y compris les plus douteux. Mais voici le pire : Arevença n’est pas cotée à la bourse de Caracas. Pas plus qu’à celle de New York. Autant dire que la société Arevença ressemble fort à une société fantôme. D’autres détails importants. Sylvain Niouflé Papillon présenté comme l’assistant de Moise Koré et le principal intermédiaire dans l’opération, est inconnu au palais. Il aurait été coopté pour servir de paravent. Koré, la cheville ouvrière de l’opération est influent auprès du couple présidentiel et respecté du ministre des Mines et de l’Energie en l’occurrence Léon Monnet. Le président est-il informé, comme M. Koré le prétend, ou feint-il seulement la désinformation?
Un projet utopique
Difficile d’en dire davantage. Quoi qu’il en soit, si par extraordinaire cette usine venait à voir le jour, elle dépasserait les capacités des raffineries de la France (2 millions barils/jour), de l’Allemagne (2,3 millions de baril/jour), de l’Italie (2,3 millions barils/jour) etc… pour ne citer que ces cas de pays industrialisés. Quand on sait que la Côte d’Ivoire n’est pas membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la question coule de source. Qui va approvisionner la raffinerie ivoirienne, la plus grande du monde ? Cette nouvelle affaire suscite d’autres d’interrogations. Pourquoi les autorités ivoiriennes ont-elles pu confier la réalisation de ce grand projet de développement et d’exploitation des ressources minières à une personnalité qui, à priori, n’a rien à voir avec le secteur ? A plusieurs reprises déjà, le pays a été victime d’arnaques de ce type. Elles ont permis à des sociétés, aux capitaux modestes voire insignifiants, de construire des fortunes colossales sur le dos des Ivoiriens, par le biais d’échafaudages financiers, dopés par des effets d’annonce triomphalistes. On songe à la sulfureuse affaire cacao de Fulton, où des intermédiaires, Ivoiriens véreux, avaient empoché, entre 2004 et 2005, de substantiels pots de vin.
En fin de compte, sommes-nous en train de payer, une nouvelle fois, la discordance et le dysfonctionnement de notre appareil administratif ? Rappelons accessoirement que l’industrie de raffinage est considérée à hauts risques par les investisseurs et serait même, très souvent, une industrie à perte, selon les spécialistes. Manifestement, le pétrole fait des bulles, dans le landerneau présidentiel ivoirien.
Lanciné Bakayoko
«Lors de la mission que je conduisais au Venezuela fin février-début mars, nous avons rencontré le président de la société Arevença, M. Francisco Javier Gonzalez Alvarez, pour lui présenter le dossier de la Côte d’Ivoire qui nourrit l’ambition de construire une grande raffinerie dans la zone portuaire de San Pedro. Suite à nos échanges, le dossier ivoirien a été retenu pour l’installation de la plus grande raffinerie du monde», révèle le pasteur Moise Koré, conseiller spirituel du chef de l’Etat. Si généreux soit-il, le majestueux projet du pasteur semble pour le moins irréaliste. Selon certains spécialistes, il sent le roussi au simple regard des dimensions pharaoniques des infrastructures. Le gigantisme est, en effet, partout : plus de 35.000 emplois annoncés, 3,5 millions de barils par jour, au moins 7 milliards de dollars d’investissements prévus soit plus de 3.500 milliards Fcfa.
L’affaire est d’autant, que le moindre effort d’une recherche minimale sur Arevença, en utilisant, tout simplement, les moteurs de recherche classiques de Internet, révèle l’inexistence d’activités pour ou autour de cette prétendue multinationale, exceptés quelques articles de presse et autres détails en ligne, émis par divers organismes ivoiriens, y compris les plus douteux. Mais voici le pire : Arevença n’est pas cotée à la bourse de Caracas. Pas plus qu’à celle de New York. Autant dire que la société Arevença ressemble fort à une société fantôme. D’autres détails importants. Sylvain Niouflé Papillon présenté comme l’assistant de Moise Koré et le principal intermédiaire dans l’opération, est inconnu au palais. Il aurait été coopté pour servir de paravent. Koré, la cheville ouvrière de l’opération est influent auprès du couple présidentiel et respecté du ministre des Mines et de l’Energie en l’occurrence Léon Monnet. Le président est-il informé, comme M. Koré le prétend, ou feint-il seulement la désinformation?
Un projet utopique
Difficile d’en dire davantage. Quoi qu’il en soit, si par extraordinaire cette usine venait à voir le jour, elle dépasserait les capacités des raffineries de la France (2 millions barils/jour), de l’Allemagne (2,3 millions de baril/jour), de l’Italie (2,3 millions barils/jour) etc… pour ne citer que ces cas de pays industrialisés. Quand on sait que la Côte d’Ivoire n’est pas membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la question coule de source. Qui va approvisionner la raffinerie ivoirienne, la plus grande du monde ? Cette nouvelle affaire suscite d’autres d’interrogations. Pourquoi les autorités ivoiriennes ont-elles pu confier la réalisation de ce grand projet de développement et d’exploitation des ressources minières à une personnalité qui, à priori, n’a rien à voir avec le secteur ? A plusieurs reprises déjà, le pays a été victime d’arnaques de ce type. Elles ont permis à des sociétés, aux capitaux modestes voire insignifiants, de construire des fortunes colossales sur le dos des Ivoiriens, par le biais d’échafaudages financiers, dopés par des effets d’annonce triomphalistes. On songe à la sulfureuse affaire cacao de Fulton, où des intermédiaires, Ivoiriens véreux, avaient empoché, entre 2004 et 2005, de substantiels pots de vin.
En fin de compte, sommes-nous en train de payer, une nouvelle fois, la discordance et le dysfonctionnement de notre appareil administratif ? Rappelons accessoirement que l’industrie de raffinage est considérée à hauts risques par les investisseurs et serait même, très souvent, une industrie à perte, selon les spécialistes. Manifestement, le pétrole fait des bulles, dans le landerneau présidentiel ivoirien.
Lanciné Bakayoko