La grève annoncée par la Fédération syndicale des travailleurs de l’eau et de l’énergie (Fesen) provoque des tensions. Plusieurs salariés de l’entreprise issus de différentes catégories, réunis au sein du Collectif des associations et unions de la Compagnie ivoirienne d’électricité, ont énergiquement dénoncé jeudi à Abidjan «le projet criminel de cette soi-disant fédération composée d’individus en mission». Si le porte-parole du collectif, Alexis Kaunan, ne croit pas en la capacité de mobilisation de ceux qui veulent couper l’eau et l’électricité pour faire aboutir leurs revendications, parce que minoritaires, il se déclare tout de même affligé par la psychose que leurs menaces entraînent au sein des populations et des clients. Tout en mettant en garde contre le sabotage des ouvrages de la compagnie, Alexis Kaunan a formellement accusé le ministère des Mines et de l’Energie d’être l’inspirateur du projet de trouble. «Le ministre des Mines et de l’Energie est le commanditaire de cette grève annoncée», dit-il, révélant que c’est dans le cabinet de Léon Monnet que le préavis de grève a été rédigé avec les points de revendications. Ces points sont entre autres, l’arrêt de la procédure de licenciement enclenchée contre certains responsables syndicaux, la gestion des fonds sociaux de l’entreprise, le non-respect des engagements pris par le groupe Bouygues etc. Le Collectif des associations et unions de la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) est d’autant outré que la tutelle aurait pris la fâcheuse habitude de vouloir humilier la hiérarchie de leur entreprise chaque fois qu’un conflit l’oppose aux syndicats. « Le ministre s’est lui-même impliqué personnellement en intimant l’ordre à la Direction générale de la Cie en mission de rentrer immédiatement pour recevoir ses filleuls afin de discuter les préalablement de leur intégration à la Sodeci et à la Cie», a déclaré M. Kaunan. Pour lui, le moins qu’on puisse attendre du ministre des Mines et de l’Energie, c’est moins le mépris à travers le soutien à “un groupuscule” que la reconnaissance des mérites des dirigeants qui ont travaillé à asseoir une entreprise d’une si importante envergure. Contacté le cabinet de Léon Monnet a marqué son étonnement devant de « telles accusations absolument fantaisistes» qui portent atteinte à l’autorité. «Que gagne le ministre Monnet en déstabilisant la Cie», s’est étonné un conseiller. Celui-ci a expliqué que l’intervention de son patron doit être considérée comme une médiation afin d’épargner les populations des conséquences du bras de fer entre les parties.
Lanciné Bakayoko
Lanciné Bakayoko
