Au tribunal du Plateau s’ouvre le 27 mars un procès opposant les habitants du quartier "Depôt" de Yopougon-Niangon aux sociétés Warid Telecom et Orange Côte d’Ivoire. Les riverains exigent le départ de deux antennes qu’ils soupçonnent de leur causer des problèmes de santé. Au moins quatre cas de décès constituent la cause de guerre.
Encore une population traumatisée par des antennes téléphoniques. Après les résidents de la cité Sideci des II Plateaux, ce sont les habitants du quartier ‘’Dépôt’’ de Niangon, non loin du terminus du bus 27 à Yopougon qui ont le sommeil troublé par la présence d’antennes dans leur quartier. Ils jurent la main sur le cœur que ces appareils sont à l’origine de leurs problèmes de santé. Plusieurs personnes interrogées sur place ont affirmé souffrir des mêmes maux : céphalées, douleurs dans les yeux ou dans les oreilles etc. Certains malades ayant quitté le quartier ont recouvré leur santé (lire les témoignages). Malheureusement, des sujets présentant les signes précités ont perdu la vie. Moussa Dosso, un des riverains se souvient amèrement du décès de son épouse qui a saigné des oreilles jusqu’à ce que mort s’en suive le 16 juillet 2007, au Chu de Yopougon. « Chaque fois, on lui injectait du sang, mais ça n’allait pas. Un soir, le sang a commencé à couler de ses oreilles. J’ai cru que c’était un furoncle qui était cassé. J’ai pris du coton pour pouvoir nettoyer l’intérieur de son oreille.(…) Arrivée au Chu, son état a continué à s’aggraver et elle est décédée », se lamente le veuf. La dernière perte en vie humaine ne remonte qu’au vendredi dernier : « On a fait toutes les analyses sans savoir ce dont cette femme souffrait », témoigne Anoh Ahizi, doyen du quartier. Il a été l’un des premiers à y arriver en 2000. «Jusqu’en 2005, nous n’avons pratiquement pas connu de décès. Seule une femme est décédée en couche. Mais, depuis 2005, les décès ont commencé à se succéder. Aujourd’hui nous enregistrons au moins quatre cas », déplore-t-il. Au départ, le quartier était presqu’indifférent à la présence d’une antenne relais installée, dit-on, par la société « Orange Côte d’Ivoire » sur le toit du dépôt de boisson qui a donné son nom à la zone. Les familles actuellement soudées par leurs malheurs collectifs ne se connaissaient presque pas encore. Tout partira de la visite du gendre de M. Anoh venu d’Italie : «Depuis mon salon, lorsqu’il a vu les antennes, il s’est écrié : pardi, en Italie, nous avons fait démonter toutes ces antennes parce qu’elles sont nocives. Elles tuent à petit feu. Ne sachant pas que faire dans l’immédiat, je suis resté sans réaction. A partir d’un moment, je n’arrivais plus à dormir : maux de tête, d’yeux etc. Mon état empirait. Ma fille est tombée enceinte et elle a accouché chez moi. L’enfant pleurait chaque nuit. A un certain moment, il a commencé à se sentir mal. On va à l’hôpital, l’on nous dit qu’il n’a rien. Je ne savais plus où donner la tête. Plus tard, on découvre que l’enfant est anémié. Son père est venu le chercher pour l’envoyer dans son quartier.
Douleurs, saignements
Depuis lors, il n’a plus de problème. » L’information a fait le tour du quartier et tous ont compris la nécessité de s’unir pour chercher une solution ensemble. Les jeunes vont entamer des recherches sur les effets probables des antennes sur la santé humaine. Ils découvrent sur plusieurs sites dont ceux l’OMS, et de l’Ong «Robins des toits» que les antennes relais de téléphonie mobile ne doivent pas être installées dans les zones d’habitation parce que leurs radiations peuvent affecter la santé humaine dans un rayon de 600 mètres. Les rayonnements s’attaquent aux globules rouges et peuvent provoquer l’anémie. Ils provoquent également des migraines accompagnées d’insomnie. Les sujets exposés en permanence aux ondes courent des risques de cancer. Les actions vont cependant connaître un début timide. « Nous avons décidé de lever une cotisation pour financer notre action. Beaucoup de personnes ont été réticentes, estimant que ne nous pouvions rien parce que nous avons affaire à de grosses entreprises. Finalement, ce sont de bonnes volontés qui nous ont aidés à saisir un huissier de justice », révèle Mme Ané, une habitante. Sans être reçus par un magistrat, les plaignants vont eux-mêmes faire l’objet d’une action judiciaire intentée par la société Warid Telecom venue avec une seconde antenne dans le quartier. Devant la résistance des résidents, cette compagnie saisit le tribunal de Yopougon pour obtenir la liberté de poursuivre son installation. Bien avant, elle a tenté un forcing avec les forces de l’ordre. « Lorsque le procureur Daleba nous a reçus au tribunal de Yopougon avec Warid, il nous a demandé de fournir les preuves de la dangerosité des antennes. Nous avons présenté toute la documentation que nous avions collectée sur le sujet. Après avoir parcouru ces documents, le procureur a donné la parole aux représentants de Warid. Leur avocat a soutenu que l’antenne n’est pas dangereuse. Le procureur leur a rétorqué que s’ils sont vraiment convaincus que leur antenne n’est pas nocive, pourquoi ne vont-ils pas l’annoncer à la radio nationale. Il leur a aussi demandé de requérir l’avis de l’Atci (Agence des télécommunications en Côte d’Ivoire). Ils disent qu’ils ont consulté l’Atci et que cette structure ne leur a pas donné d’éclairage. Le magistrat a décidé de confier l’enquête à la gendarmerie qui a donné force à notre position. Finalement, le procureur a demandé à Warid de chercher un règlement à l’amiable avec nous », raconte M. Anoh. Il poursuit : « Nous leur avons présenté deux solutions : soit ils maintiennent leurs antennes dans le quartier et nous réinstallent tous sur un autre site, soit ils retirent l’antenne. Ils n’ont pas répondu et nous nous sommes séparés. Un soir aux environs de 18 heures, ils ont demandé à nous rencontrer. M. Béda nous a proposé un arrangement. Nous l’avons ramené aux deux propositions initiales. Alors, il s’est énervé en disant : « Si c’est ainsi, vous verrez de quoi nous sommes capables. Nous sommes une grande société chinoise. Nous avons de gros moyens ». Nous leur avons répondu que nous sommes déjà en danger de mort et que plus rien ne peux nous effrayer. Sont-ils prêts à installer les mêmes antennes à côté de leur lieu d’habitation ? Depuis ce jour nous ne nous sommes plus revus. Nous nous verrons au procès où nous allons demander le retrait des antennes », persiste le doyen. Nous avons joint au téléphone hier en fin de matinée M. Béda qui est un des responsables de Warid. Il a promis nous mettre en contact avec leur avocat qui est, dit-il, « la personne la mieux indiquée pour parler.» Jointe depuis vendredi, les explications de la direction communication d’Orange sont également attendues.
Cissé Sindou
A qui le tour ?
Cette nouvelle révolte contre les antennes est la preuve que le sujet mérite une meilleure attention de la part des autorités. Lorsque la grogne s’est accentuée en 2007 aux II-Plateaux Sideci, l’Atci, la structure étatique qui délivre les agréments aux opérateurs ne disposait d’aucun outil pour mesurer le degré de rayonnement de leurs antennes. Il a fallu que les résidents importent d’Europe des équipements à coût de millions de Fcfa pour que l’on sache que les microondes propagées dans la cité atteignaient les 6 volts par mètre, alors que les normes tolérées au plan international sont de l’ordre de 0,6 V/m. L’Atci va d’abord rejeter ces résultats avant de se pencher sur la question après une forte pression médiatique. L’institution va maintenant s’équiper et organiser un séminaire au cours duquel des experts nationaux et internationaux ont attesté qu’à certain degré de rayonnement, les microondes peuvent affecter la santé en cas d’exposition prolongée. Ils ont déploré l’absence de normes et adopté des avant-projets de décrets sur la réglementation de l’installation des antennes et la fixation de seuil de fréquence infranchissable. Un an après, ces résolutions dorment encore dans les tiroirs. Pendant ce temps, le nombre d’opérateurs téléphoniques se multiplient et les antennes foisonnent dans le pays. A la cité Sideci où les populations continuent de compter leurs morts, l’on vient d’obtenir une décision de justice qui condamne l’opérateur concerné à démonter ses antennes.
C.S
Témoignages de …
Moussa Dosso, époux d’une victime :
« La maladie a commencé par un palu. Je suis allé voir un ami médecin qui m’a dit que ce palu allait passer. Nous avons fait tous les traitements contre le palu. Nous sommes allés à l’hôpital où on nous a dit qu’elle n’avait plus de sang. Chaque fois, on lui injectait du sang, mais ça n’allait pas. Un soir, le sang a commencé à couler de ses oreilles. J’ai cru que c’est furoncle qui était cassé. J’ai pris du coton pour pouvoir nettoyer l’intérieur de son oreille. Une de nos voisines a même dit que ma femme avait été envoûtée par des sorciers. J’ai répondu que ce type de pratique n’existe pas chez nous. Nous l’avons conduite dans une clinique à la Sideci. Lorsque j’ai constaté que le traitement devait me coûter trop cher là-bas, j’ai acheté des calmants pour pouvoir l’envoyer au Chu le lendemain. Arrivée au Chu, son état a continué à s’aggraver et elle est décédée le 16 juillet 2007. Je souffre moi-même de migraines. Je suis toujours obligé de prendre des médicaments contres les maux de tête.
Koffi N’Dri Odette :
« Mon fils a trois ans sept mois. C’est ici que j’ai contracté sa grossesse et c’est ici que j’ai accouché. Lorsque nous sommes rentrés à la maison, sa tête a commencé à prendre du volume. On pensait que c’était un furoncle, mais, ce n’était pas le cas. Lorsqu’il tombe malade, il se met à saigner de partout jusqu’à ce jour. Depuis que l’antenne est venue, je ne fais que perdre des dents. J’habite sous l’antenne.
Adjoua Antoinette :
« J’habite derrière l’immeuble où se trouve l’antenne. Je suis arrivée dans le quartier en 2001 avec mon mari. Souffrant du diabète, il est décédé. En 2005, ma fille a perdu la vue. Mon grand fils est actuellement malade. Il a totalement dépéri. Ma fille qui a perdu la vue a toujours mal à la tête. Moi-même j’ai mal à la tête et aux pieds. »
Yapi Apo Pauline :
«Notre maison est sous l’antenne. Depuis son installation, nous ne nous portons pas bien. Mais, mon mari lui, se porte bien depuis qu’il a été affecté à Rubino. Nous ne pouvons même pas dormir. Chaque nuit, ce sont des maux de tête. Nous avons tant acheté des médicaments que nous n’avons plus d’argent pour en acheter. Ma fille est tombée enceinte dans notre maison. Son bébé est né avec un bras plus gros que l’autre. Mon fils aussi a des maux d’yeux et des maux d’oreilles. Je souffre moi-même de maux d’oreille, maux d’yeux et de cœur. Si vraiment tout cela est causé par les antennes, qu’ils viennent les enlever. Ce sont des antennes vampires.
Encore une population traumatisée par des antennes téléphoniques. Après les résidents de la cité Sideci des II Plateaux, ce sont les habitants du quartier ‘’Dépôt’’ de Niangon, non loin du terminus du bus 27 à Yopougon qui ont le sommeil troublé par la présence d’antennes dans leur quartier. Ils jurent la main sur le cœur que ces appareils sont à l’origine de leurs problèmes de santé. Plusieurs personnes interrogées sur place ont affirmé souffrir des mêmes maux : céphalées, douleurs dans les yeux ou dans les oreilles etc. Certains malades ayant quitté le quartier ont recouvré leur santé (lire les témoignages). Malheureusement, des sujets présentant les signes précités ont perdu la vie. Moussa Dosso, un des riverains se souvient amèrement du décès de son épouse qui a saigné des oreilles jusqu’à ce que mort s’en suive le 16 juillet 2007, au Chu de Yopougon. « Chaque fois, on lui injectait du sang, mais ça n’allait pas. Un soir, le sang a commencé à couler de ses oreilles. J’ai cru que c’était un furoncle qui était cassé. J’ai pris du coton pour pouvoir nettoyer l’intérieur de son oreille.(…) Arrivée au Chu, son état a continué à s’aggraver et elle est décédée », se lamente le veuf. La dernière perte en vie humaine ne remonte qu’au vendredi dernier : « On a fait toutes les analyses sans savoir ce dont cette femme souffrait », témoigne Anoh Ahizi, doyen du quartier. Il a été l’un des premiers à y arriver en 2000. «Jusqu’en 2005, nous n’avons pratiquement pas connu de décès. Seule une femme est décédée en couche. Mais, depuis 2005, les décès ont commencé à se succéder. Aujourd’hui nous enregistrons au moins quatre cas », déplore-t-il. Au départ, le quartier était presqu’indifférent à la présence d’une antenne relais installée, dit-on, par la société « Orange Côte d’Ivoire » sur le toit du dépôt de boisson qui a donné son nom à la zone. Les familles actuellement soudées par leurs malheurs collectifs ne se connaissaient presque pas encore. Tout partira de la visite du gendre de M. Anoh venu d’Italie : «Depuis mon salon, lorsqu’il a vu les antennes, il s’est écrié : pardi, en Italie, nous avons fait démonter toutes ces antennes parce qu’elles sont nocives. Elles tuent à petit feu. Ne sachant pas que faire dans l’immédiat, je suis resté sans réaction. A partir d’un moment, je n’arrivais plus à dormir : maux de tête, d’yeux etc. Mon état empirait. Ma fille est tombée enceinte et elle a accouché chez moi. L’enfant pleurait chaque nuit. A un certain moment, il a commencé à se sentir mal. On va à l’hôpital, l’on nous dit qu’il n’a rien. Je ne savais plus où donner la tête. Plus tard, on découvre que l’enfant est anémié. Son père est venu le chercher pour l’envoyer dans son quartier.
Douleurs, saignements
Depuis lors, il n’a plus de problème. » L’information a fait le tour du quartier et tous ont compris la nécessité de s’unir pour chercher une solution ensemble. Les jeunes vont entamer des recherches sur les effets probables des antennes sur la santé humaine. Ils découvrent sur plusieurs sites dont ceux l’OMS, et de l’Ong «Robins des toits» que les antennes relais de téléphonie mobile ne doivent pas être installées dans les zones d’habitation parce que leurs radiations peuvent affecter la santé humaine dans un rayon de 600 mètres. Les rayonnements s’attaquent aux globules rouges et peuvent provoquer l’anémie. Ils provoquent également des migraines accompagnées d’insomnie. Les sujets exposés en permanence aux ondes courent des risques de cancer. Les actions vont cependant connaître un début timide. « Nous avons décidé de lever une cotisation pour financer notre action. Beaucoup de personnes ont été réticentes, estimant que ne nous pouvions rien parce que nous avons affaire à de grosses entreprises. Finalement, ce sont de bonnes volontés qui nous ont aidés à saisir un huissier de justice », révèle Mme Ané, une habitante. Sans être reçus par un magistrat, les plaignants vont eux-mêmes faire l’objet d’une action judiciaire intentée par la société Warid Telecom venue avec une seconde antenne dans le quartier. Devant la résistance des résidents, cette compagnie saisit le tribunal de Yopougon pour obtenir la liberté de poursuivre son installation. Bien avant, elle a tenté un forcing avec les forces de l’ordre. « Lorsque le procureur Daleba nous a reçus au tribunal de Yopougon avec Warid, il nous a demandé de fournir les preuves de la dangerosité des antennes. Nous avons présenté toute la documentation que nous avions collectée sur le sujet. Après avoir parcouru ces documents, le procureur a donné la parole aux représentants de Warid. Leur avocat a soutenu que l’antenne n’est pas dangereuse. Le procureur leur a rétorqué que s’ils sont vraiment convaincus que leur antenne n’est pas nocive, pourquoi ne vont-ils pas l’annoncer à la radio nationale. Il leur a aussi demandé de requérir l’avis de l’Atci (Agence des télécommunications en Côte d’Ivoire). Ils disent qu’ils ont consulté l’Atci et que cette structure ne leur a pas donné d’éclairage. Le magistrat a décidé de confier l’enquête à la gendarmerie qui a donné force à notre position. Finalement, le procureur a demandé à Warid de chercher un règlement à l’amiable avec nous », raconte M. Anoh. Il poursuit : « Nous leur avons présenté deux solutions : soit ils maintiennent leurs antennes dans le quartier et nous réinstallent tous sur un autre site, soit ils retirent l’antenne. Ils n’ont pas répondu et nous nous sommes séparés. Un soir aux environs de 18 heures, ils ont demandé à nous rencontrer. M. Béda nous a proposé un arrangement. Nous l’avons ramené aux deux propositions initiales. Alors, il s’est énervé en disant : « Si c’est ainsi, vous verrez de quoi nous sommes capables. Nous sommes une grande société chinoise. Nous avons de gros moyens ». Nous leur avons répondu que nous sommes déjà en danger de mort et que plus rien ne peux nous effrayer. Sont-ils prêts à installer les mêmes antennes à côté de leur lieu d’habitation ? Depuis ce jour nous ne nous sommes plus revus. Nous nous verrons au procès où nous allons demander le retrait des antennes », persiste le doyen. Nous avons joint au téléphone hier en fin de matinée M. Béda qui est un des responsables de Warid. Il a promis nous mettre en contact avec leur avocat qui est, dit-il, « la personne la mieux indiquée pour parler.» Jointe depuis vendredi, les explications de la direction communication d’Orange sont également attendues.
Cissé Sindou
A qui le tour ?
Cette nouvelle révolte contre les antennes est la preuve que le sujet mérite une meilleure attention de la part des autorités. Lorsque la grogne s’est accentuée en 2007 aux II-Plateaux Sideci, l’Atci, la structure étatique qui délivre les agréments aux opérateurs ne disposait d’aucun outil pour mesurer le degré de rayonnement de leurs antennes. Il a fallu que les résidents importent d’Europe des équipements à coût de millions de Fcfa pour que l’on sache que les microondes propagées dans la cité atteignaient les 6 volts par mètre, alors que les normes tolérées au plan international sont de l’ordre de 0,6 V/m. L’Atci va d’abord rejeter ces résultats avant de se pencher sur la question après une forte pression médiatique. L’institution va maintenant s’équiper et organiser un séminaire au cours duquel des experts nationaux et internationaux ont attesté qu’à certain degré de rayonnement, les microondes peuvent affecter la santé en cas d’exposition prolongée. Ils ont déploré l’absence de normes et adopté des avant-projets de décrets sur la réglementation de l’installation des antennes et la fixation de seuil de fréquence infranchissable. Un an après, ces résolutions dorment encore dans les tiroirs. Pendant ce temps, le nombre d’opérateurs téléphoniques se multiplient et les antennes foisonnent dans le pays. A la cité Sideci où les populations continuent de compter leurs morts, l’on vient d’obtenir une décision de justice qui condamne l’opérateur concerné à démonter ses antennes.
C.S
Témoignages de …
Moussa Dosso, époux d’une victime :
« La maladie a commencé par un palu. Je suis allé voir un ami médecin qui m’a dit que ce palu allait passer. Nous avons fait tous les traitements contre le palu. Nous sommes allés à l’hôpital où on nous a dit qu’elle n’avait plus de sang. Chaque fois, on lui injectait du sang, mais ça n’allait pas. Un soir, le sang a commencé à couler de ses oreilles. J’ai cru que c’est furoncle qui était cassé. J’ai pris du coton pour pouvoir nettoyer l’intérieur de son oreille. Une de nos voisines a même dit que ma femme avait été envoûtée par des sorciers. J’ai répondu que ce type de pratique n’existe pas chez nous. Nous l’avons conduite dans une clinique à la Sideci. Lorsque j’ai constaté que le traitement devait me coûter trop cher là-bas, j’ai acheté des calmants pour pouvoir l’envoyer au Chu le lendemain. Arrivée au Chu, son état a continué à s’aggraver et elle est décédée le 16 juillet 2007. Je souffre moi-même de migraines. Je suis toujours obligé de prendre des médicaments contres les maux de tête.
Koffi N’Dri Odette :
« Mon fils a trois ans sept mois. C’est ici que j’ai contracté sa grossesse et c’est ici que j’ai accouché. Lorsque nous sommes rentrés à la maison, sa tête a commencé à prendre du volume. On pensait que c’était un furoncle, mais, ce n’était pas le cas. Lorsqu’il tombe malade, il se met à saigner de partout jusqu’à ce jour. Depuis que l’antenne est venue, je ne fais que perdre des dents. J’habite sous l’antenne.
Adjoua Antoinette :
« J’habite derrière l’immeuble où se trouve l’antenne. Je suis arrivée dans le quartier en 2001 avec mon mari. Souffrant du diabète, il est décédé. En 2005, ma fille a perdu la vue. Mon grand fils est actuellement malade. Il a totalement dépéri. Ma fille qui a perdu la vue a toujours mal à la tête. Moi-même j’ai mal à la tête et aux pieds. »
Yapi Apo Pauline :
«Notre maison est sous l’antenne. Depuis son installation, nous ne nous portons pas bien. Mais, mon mari lui, se porte bien depuis qu’il a été affecté à Rubino. Nous ne pouvons même pas dormir. Chaque nuit, ce sont des maux de tête. Nous avons tant acheté des médicaments que nous n’avons plus d’argent pour en acheter. Ma fille est tombée enceinte dans notre maison. Son bébé est né avec un bras plus gros que l’autre. Mon fils aussi a des maux d’yeux et des maux d’oreilles. Je souffre moi-même de maux d’oreille, maux d’yeux et de cœur. Si vraiment tout cela est causé par les antennes, qu’ils viennent les enlever. Ce sont des antennes vampires.