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Politique Publié le vendredi 27 mars 2009 | Le Nouveau Réveil

Francis Wodié : “La Côte d’Ivoire n’est pas débout, elle est à bout de souffle”

Que le Professeur nous dise ce que signifie la voie politique appartient au peuple ?
Que dites vous des dispositions qu'il y a lieu de prendre dans la nouvelle Constitution concernant la parité homme-femme ? Faut-il instituer un quota ?
Vous avez décrit beaucoup de désordres inadmissibles, beaucoup d'injustices, beaucoup de violations de droits humains. Peut-on encore dire que nous sommes dans un Etat de droit ? Si la Côte d'Ivoire est une République ?
Ne pensez vous pas que la Constitution est davantage le révélateur de la crise identitaire, que sa cause ?
Si elle est sa cause comme je le pense, comment régler la crise identitaire ? Faut-il concevoir un Ivoirien nouveau puisque le mot nouveau est à la mode. Si oui, qui aura droit à ce statut ou tout simplement, ne pensez-vous pas qu'étant plus modeste, nous gagnerions à retrouver l'Ivoirien tel qu'il est donné par le code de la nationalité. Ce qui donnerait à l'Ivoirien une citoyenneté unique au lieu de cette multiplicité de citoyenneté qui me parait être à l'origine de cette crise que nous vivons.

Le PIT reçoit 250 millions par an pour son financement. Pourquoi, souhaitez vous une nouvelle Constitution ?
Tous les partis politiques sont focalisés sur les élections. Je voudrais savoir s'il est nécessaire de faire une élection alors que les fondamentaux ne sont pas installés. Est-ce qu'on n'est pas en train de préparer une autre contestation après les élections ? A quel moment faut-il élaborer et adopter une nouvelle Constitution ? Et qui doit prendre l'initiative ?
Pourquoi vouloir écrire aujourd'hui une nouvelle Constitution. Est-ce que cette Constitution sera à même de prendre en compte les réalités, les germes, les facteurs sociologiques, économiques, politiques qui ont contribué à plonger la Côte d'Ivoire dans la crise que nous vivons. N'est-ce pas intéressant d'envisager la troisième république après les élections qui seraient transparentes, donc le fruit de tout un ensemble de processus qui sont déjà en court. Faut-il interrompre ce processus pour rédiger une nouvelle Constitution ?
Nous discutons et chacun donne sa manière de voir. Je commence par le dernier. Les élections pour nous, (là je ne suis pas le professeur mais le responsable de parti politique) doivent permettre de sortir de la crise. Mais de bonnes élections qui permettent aux Ivoiriens de se reconnaître dans les résultats. C'est la question que nous posons. Et les élections ne vont pas régler l'ensemble des problèmes qui sont à l'origine de la crise. Donc après les élections, ces problèmes vont surgir. Et s'il n'y a pas eu d'entente entre les Ivoiriens sur l'ensemble de ces solutions, nous risquons de nous affronter après les élections. De sorte que moi je suis arrivé à me dire qu'il faut que ce débat ait lieu avant les élections pour vider tous les grands et petits contentieux avant d'aller aux élections. Il faut cette nouvelle Constitution qui prendra en compte au moins certaines des préoccupations des Ivoiriens : Les conditions d'éligibilité. Est-ce qu'on reste dans l'article 35, est qu'on en sort. Est-ce que c'est la décision du 4 au 5 avril 2005 qui va s'appliquer à certains candidats et aux autres l'article 35. Qu'est-ce que nous faisons ? Est-ce que le chef d'Etat va reproduire pour 2009, la décision de 2005 comme il l'a fait en 2008. Ce sont donc des mesures exceptionnelles qui sont prises par rapport à la Constitution. Tout cela ne donne pas une vision d'ensemble. On peut dire qu'il n'est pas normal que certains candidats bénéficient d'un certain statut et les autres d'un autre statut. Ce qui est une inégalité entre les candidats. Il faut que nous abordions franchement ces questions. Donc la concertation devrait commencer dès demain selon nous si nous étions d'accord pour voir les problèmes politiques, sociaux et juridiques qui se posent au pays prendre fin. Pour avoir des solutions consensuelles, puisque nous sommes en désaccord les uns avec les autres. Donc allons vers les autres, vers un compromis que nous allons consacrer au niveau de la Constitution. On parle de la crise identitaire. Qu'est-ce que c'est exactement ? Quelle compréhension il en a, que j'en ai et que vous en avez-vous ? Qu'est-ce que ça signifie et quelle solution ? Tous les nationaux ne sont pas éligibles. Quand on parle de suffrage universel, tous les nationaux ne sont pas électeurs non plus. Est-ce là une discrimination qui doit déboucher sur une crise identitaire ? Je ne sais pas mais il faut que nous discutions. A quel âge est-on électeur ? A quel âge est-on éligible ? En bas et en haut. Voilà des questions de fond qui se posent, que nous devons régler avant d'aller aux élections. Mais n'en laissons pas le soin à deux ou à trois personnes. Il faut que nous en parlions. Des partis se précipitent devant les élections, c'est un peu normal. Ils veulent prendre le pouvoir, ces partis-là et c'est la raison d'être des partis politiques. Mais il faut déblayer un peu le terrain avant d'aller aux élections. D'où la nécessité du dialogue. Nous ne voyons pas comment on pourrait faire l'économie de ce dialogue. Parce que la solution n'est pas une solution juridique, c'est une solution politique. Et la solution politique implique l'intervention de l'ensemble des Ivoiriens. C'est un problème qui concerne l'ensemble des Ivoiriens. Ce sont les Ivoiriens qui doivent pouvoir y réfléchir et proposer en conséquence les solutions. Et ce ne seront pas 10 personnes ou 3 personnes ou 2 personnes. Il faut que les solutions soient représentatives de l'opinion nationale, il faut que nous en parlions.

Du financement des partis politiques
Des partis sont subventionnés. D'autres ne le sont pas. Je renvoie la question aux députés. Je ne suis pas député moi. Nous disons pourquoi ? Mais ceux qui ont pris l'initiative du financement, ils vous dirons aussi pourquoi ? Mais le PIT n'a pas 250 millions. Le PIT a 100 millions. Est-ce que c'est juste, est-ce que c'est injuste. Il parait qu'il y en a qui ont 500 millions, 600 millions est-ce que c'est juste, est-ce que c'est injuste, tout cela doit être discuté. Moi je pense que le financement doit tenir compte de deux facteurs. Le facteur de représentativité des partis politiques. Il faut que les partis qui ont des députés, des voix soient financés en conséquence. Mais il faut également que les autres partis qui concourent à la démocratie soient financés pour réaliser cet équilibre nécessaire dont je parlais tout à l'heure. Parce qu'il en va du corps humain que du corps politique. Quand il n'y a pas d'équilibre dans le corps humain, c'est une menace pour l'intégrité du corps. Quand il n'y a pas d'équilibre au sein de l'Etat, c'est une menace pour tout l'Etat. Donc il faut trouver un système qui puisse réaliser l'équilibre. Qui prend l'initiative de la concertation ? C'est nous citoyens qui devront prendre l'initiative de la concertation. Mais peut-être le chef de l'Etat et le Premier ministre.

De l'entente entre le Premier ministre et le chef de l'Etat
Encore qu'ils sont aux commandes. S'ils sont d'accord. Est-ce qu'ils sont d'accord, je ne sais pas. Mais je ne vois pas encore qu'ils sont d'accord. Je ne vois pas. Ils ont leur solution. Leur solution c'est l'accord de Ouagadougou. Est-ce qu'il marche ? Je ne sais pas. Je sais que bientôt, on aura atteint le triple du temps voulu par l'accord de Ouagadougou. C'est un signe de santé ? Je ne sais pas. Quand il y a eu le Premier ministre Seydou Diarra, on a dit 2005. On a dit, ça n'a pas marché, il faut qu'il parte. Il y a eu Banny, il est parti parce que le temps qui était prévu n'a pas permis de régler les problèmes. Ouagadougou a prévu 10 mois. Nous sommes à 24 mois, bientôt 30 mois donc le triple du temps, ça marche on nous dit. Donc tant mieux.

De l'incertitude quant à la tenue des élections aux dates prévues
Mais il faut que ça nous conduise là ou on veut aller. Là où on doit aller, c'est la fin de la crise. Ce sont les élections transparentes avec résultats acceptables et acceptés. Nous ne savons pas quand les élections auront lieu aujourd'hui. Comment ça marche, il faut que nous le sachions. On dit les élections auront lieu avant la fin de 2009, peut être mais on dit aussi après 2009. Peut être en 2010, en 2015 pourquoi pas ? Mais qui va décider ? Est-ce que nous allons rester dans le flou politique et juridique pendant 4, 5 ans encore. Qui a intérêt ? Pas la Côte d'Ivoire en tout cas. Alors si 4 ou 5 y ont intérêt, on ne va pas se plier à leur volonté non plus. Il faut que les Ivoiriens puissent dire ce qui est bon pour le pays. Et ce sont tous les Ivoiriens qui doivent en parler. Donc il faut reconnaître ce qui est positif, ce qui marche, il faut reconnaître ce qui ne marche pas. Et voir comment corriger, comment faire progresser le processus pour que nous sortions au plus tôt et dans l'apaisement de la crise, que nous connaissons depuis très longtemps déjà. Alors d'une manière ou d'une autre, de quelque manière qu'on prenne la question, nous arrivons à la nécessité de ce dialogue et du consensus nécessaire entre les Ivoiriens.

De la nécessité du consensus pour éviter le chaos à la Côte d'Ivoire
A défaut de consensus qu'est-ce qu'on aura ? Nous allons à la force. Ce qu'il faut craindre, c'est que si nous restons trop longtemps dans ce flou, c'est qu'un énergumène nous impose sa solution. Déjà, l'armée nous menace et moi j'ai peur. Je vais me cacher sous la table. Alors ils ont crié fort avec l'accord qui ? Le chef d'Etat ? Et si on donne cette ouverture à l'armée, on l'invite à faire quoi ? A prendre le pouvoir ou quoi ? Donc ce sont des questions extrêmement graves et importantes qu'il faut voir avec la gravité qui s'impose pour trouver au plus tôt les solutions appropriées. Moi je n'ai pas de solutions. La solution appartient aux Ivoiriens. Ma solution reste ma solution. Chacun a un morceau de la solution que nous recherchons. Chacun a un morceau de la vérité que nous recherchons. Mettons ensemble ces vérités pour dégager la vérité pour la Côte d'Ivoire. Voilà ce que nous préconisons. Il n'y a pas d'autres voies.

De la parité homme-femme dans les institutions de la République
La parité homme et femme. Je crois qu'il faut bien comprendre la question. Dans le temps, les femmes étaient données comme le sexe faible. Aujourd'hui, ce sont les hommes qui sont le sexe faible. Et quand on parle de parité, de genre, on ne voit plus les hommes. Quand on parle de genre, c'est nécessairement le genre féminin. Mais le genre masculin existe aussi non ? Alors mettons ensemble le genre féminin et le genre masculin. Les 30%, quand il y a 30%, ils sont réservés aux femmes. Les hommes sont exclus. Et la compétition va porter sur les 70% entre homme et femme. Voilà ce que ça peut signifier. Alors on peut l'inscrire dans la Constitution pour garantir cette parité. Au niveau des élections, j'y réfléchissais il y a quelques jours. Je dis que les partis politiques ne sont pas des organisations philanthropiques. Ils vont aux élections pour gagner les élections. Donc pour le charme des femmes, ils ne vont pas présenter de candidates. Ils ne présenteront de femmes que quand ils seront certains que les femmes vont gagner. Alors si les femmes ne sont pas vraiment présentes, ils ne pourraient pas gagner, la parité ne sera pas appliquée. Or un droit qui n'est pas appliqué n'a pas d'intérêt. Il fini par s'étioler et par disparaître. Pour les élections, je pense que le scrutin uninominal, est plus difficile à appliquer. En revanche s'il y a un scrutin de liste, il y a une circonscription qui comporte 5 sièges. Les partis seront prêts peut être plus facilement, à désigner peut être sur les 5, deux femmes, trois femmes même. Dès lors que la tête de liste est bien en vue, elle peut faire gagner la liste. Il faut du point de vu technique penser à ce genre de solution. Mais je crois que c'est un départ. Il faut chercher à résoudre ces problèmes là. Il faut faire en sorte que les femmes aient le même niveau de formation que les hommes. Il faut faire disparaître les discriminations qui sont d'ordre politique, d'ordre culturelle et d'ordre historique également. Et puis ensuite, que les femmes elles mêmes s'intéressent à la politique. Ne faites pas croire aux hommes que la politique c'est l'affaire des hommes. C'est l'affaire des hommes et des femmes parce qu'il n'y a pas de femmes à part, il n'y a pas d'hommes à part. Mais l'inverse aussi bien sûr. S'il n'y a pas d'homme, il n'y a pas de femme. Donc ce sont des situations qui sont difficiles et tout cela on doit discuter. Donc vous voyez qu'on a des motifs de nous rencontrer pour parler des problèmes qui préoccupent les Ivoiriens. Si les Ivoiriens ne se parlent pas, ils ne trouveront jamais de solutions appropriées aux aspirations des Ivoiriens. Quand deux décident pour tous, les risques d'erreurs s'en trouvent multipliés. Quand c'est dix, on réduit les risques d'erreurs, quand c'est 500 on réduit davantage, quand c'est dix milles, on réduit et on fait coïncider ceux qui décident et ceux à qui doivent s'appliquer les décisions. D'où le consensus nécessaire. Donc là aussi on peut dire que les femmes doivent jouer un rôle important parce que la voix des femmes compte. On connaît la formule. Ce que femme veut, homme veut. Je ne dirai pas Dieu veut, mais c'est homme veut. D'abord homme veuille et Dieu voudra avec nous.

La Côte d'Ivoire,
un Etat de droit ?
Est-ce que la Côte d'Ivoire est un Etat de droit ? Un Etat de droit, c'est un Etat qui fonctionne selon le droit. Un Etat qui est soumis au droit. Nous ne sommes pas en monarchie, nous sommes en république. Mais comme je l'ai indiqué tout à l'heure, il y a ce que font les gouvernants et il y a ce que ne font pas les gouvernés. Alors dans ces conditions, l'espace ouvert au pouvoir s'élargie quand recule celui des gouvernés. Quand se rétrécie le champ des libertés, s'étale le champ du pouvoir de l'autorité donc les menaces sur les libertés. Donc s'il n'y a pas de citoyens, il n'y a pas de liberté et le pouvoir devient une menace réelle pour les libertés. Il faut donc que le pouvoir soit vraiment voulu par les gouvernés. Les élections sont souvent banalisées chez nous. On vote pour le père, on vote pour le parent, on vote pour la tribu, pour le clan, pour la famille. Mais rarement pour le pays en tant que tel. Donc le pouvoir qui est issu de telles élections conserve son caractère clanique ou ethnique. Il faut en sortir. Et on vote pour 1000f, même pour 500f on est prêt à voter un candidat. Et cela se voit surtout parmi les étudiants qui sont l'élite de demain, nous dit-on. Donc si nous n'avons pas conscience de nos responsabilités, nous ne nous en sortirons jamais. Donc il ne faut pas seulement accuser les gouvernants. Il faut voir la part de responsabilité des gouvernés que nous sommes, que vous êtes. C'est comme ça que les choses pourront progresser.

De la crise identitaire
La crise identitaire, je ne sais très bien en quoi elle consiste parce que l'identité d'un pays c'est comme l'identité d'un individu. Un pays, une personne qui n'a pas d'identité n'existe pas. Est-ce qu'on s'en tient aux nationaux d'origine, ceux qui sont ivoiriens par naissance seulement ? Ou bien est-ce qu'on donne la possibilité d'être éligible aux Ivoiriens par naturalisation. Si oui, au bout de combien de temps seront-ils éligibles sinon comment ? Voilà des questions qu'on doit se poser, qu'on doit régler d'un commun accord. Pas autrement.

Quelle constitution faut-il à la Côte d'Ivoire nouvelle ?
Quel type d'Etat voulons-nous?
Quel serait le meilleur régime qui soit pour la nouvelle Côte d'Ivoire ?
Etes-vous l'auteur de la disposition "Ne s'être jamais prévalu" incérée dans la Constitution de 2000.
Quand et comment est-on d'origine ivoirienne ?
Ne pensez-vous qu'il faut annuler la Constitution de 2000 qui ne respecte pas un certain fondement juridique ?
Est-il possible que deux citoyens nés sur le même territoire de la même famille soient de nationalité différente à cause d'une constitution ?
Que faut-il pour garantir l'indépendance de la justice ?
Où trouver l'argent pour financer la concertation nationale ?
L'article 35 de la Constitution. J'en serais l'auteur. Non ! Je n'en suis pas l'auteur. Je n'étais même pas membre de la commission mise en place par le général Guéi. Le Pit y était représenté. C'est une question qui a été longuement discutée. Mais quelqu'un est mieux placé que moi pour en parler. Lui qui a pu dire pourquoi et contre qui l'article 35 a été adopté. Il faut donc l'interroger. Moi je ne suis pas en état de vous répondre, je ne vais pas polémiquer. Ce sont des dispositions qui posent problème. Il faut notifier des dispositions. Les questions posées par Mme Kouyaté, il y a des aspects de droit, des aspects politiques. Je ne m'attarderai sur les aspects de droit. Je dois seulement dire que la Constitution étant l'acte suprême, lorsqu'une question est considérée comme fondamentale, comme essentielle, pour la faire échapper aux fantaisies des organes constitués, on prend la décision d'insérer cette question dans la Constitution. Or la question de la nationalité est une question extrêmement importante en elle-même. Mais également en rapport avec la question de l'éligibilité, de sorte qu'il est tout à fait indiqué, selon moi, d'inscrire ce point dans la Constitution. Mais ce sont ceux qui seront chargés d'élaborer la Constitution qui pourront prendre une telle décision. Il faut voir la question qui est non seulement juridique mais également politique. On ne doit pas interpréter les dispositions de la loi, comme vous l'avez dit, Mme Kouyaté. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous, parce que le propre des règles ou des normes juridiques c'est la généralité. C'est l'interprétabilité des règles. Or chaque situation est particulière. Le passage du général au particulier entraîne souvent l'interprétation des faits pour pouvoir dire que le texte s'applique ou non à tel cas particulier ou à tel autre cas particulier. Donc il y a toujours une part d'interprétation.
Il faut comprendre la règle parce que sous couvert d'interprétés, on peut vouloir créer de nouvelles règles. Ou alors bouleverser complètement le sens de la loi, (…) C'est un problème. Mais si la loi était précise, si elle pouvait se rapporter à chaque cas concret, il n'y aurait pas eu de problème. D'où la généralité. Donc il y a toujours nécessairement une part d'interprétation. Aujourd'hui, on dit le pouvoir présidentiel actuel repose sur la Constitution. C'est ce qu'on nous dit. Non. Les dispositions de la Constitution ne s'appliquent pas. Donc il n'y a pas d'assises dans la Constitution pour ce pouvoir. Pour y répondre, moi personnellement, je dirai qu'on a torturé la Constitution. Là où la Constitution se tait, on la torture. Je suis contre la torture des hommes et des textes. On ne peut pas trouver aujourd'hui de fondement juridique dans la Constitution. D'où la nécessité d'une nouvelle Constitution.

de la necessité d’élaborer une nouvelle constitution
D'où la nécessité de sortir rapidement de ce flou pour aller à de nouvelles élections mais qui seront bien préparées. Alors vous dites que la concertation, le référendum ajoutent aux charges du processus. Mais il faut un processus qui est bien préparé est bien organisé pour régler les problèmes actuels mais pour prévenir également les problèmes qui pourraient se poser. Où prendre l'argent ? Mais là où il est ! Il faut prendre l'argent là où il est. Il faut prendre l'argent avec les pauvres. Si chacun donne 100 francs, ça suffira pour faire face aux charges. Je n'ai pas été compris on dirait. Nous avons dit que dans un Etat, il y a des priorités. Si nous considérons que ces questions sont prioritaires et l'Etat en dépend, le peuple ivoirien en dépend, nous devons pouvoir trouver de l'argent. Et ce pays a des ressources. Pour régler les problèmes fondamentaux, il y a de l'argent. Maintenant, si par extraordinaire, on n'avait pas d'argent il n'y a pas vraiment d'argent, j'avais préconisé que les Ivoiriens concourent, qui 1 milliard, il y en a quelques-uns qui le peuvent ; qui 50 millions ; qui 1 million, qui 10 mille, qui 50 francs pour trouver les sous nécessaires à la sortie de crise. C'est une question de responsabilité nationale. On entend parfois dire par les Ivoiriens, il faut que la communauté internationale prenne ses responsabilités. Il est aberrant qu'on puisse dire que la communauté internationale doit prendre ses responsabilités. Mais ce n'est pas elle qui a déclenché la crise. Ce n'est pas elle qui souffre de la guerre. Donc c'est à nous à notre niveau de prendre nos responsabilités pour régler les problèmes qui sont les nôtres. Et si nous le voulons, nous le pouvons. C'est parce que certains pensent qu'ils n'ont pas intérêt à régler la crise maintenant. Et qu'ils peuvent peser sur le processus qu'on a tous ces problèmes-là. Et parce que nous sommes aussi un peuple amorphe. Et que le champ est ouvert. On dit qu'il n'y a pas d'opposition. Peut-être. Mais s'il n'y a pas d'opposition, on suppose qu'il doit y avoir. Moi je pense que si nous considérons ces problèmes comme importants, il faut que nous en parlions. Que ceux des organisations de la sociale civile qui pensent la même chose, on doit pouvoir se concerter. Et une fois qu'on s'est concerté et qu'on a pris des décisions, on prend l'engagement de chercher à les mettre en œuvre par consensus et par rapport. Je ne désigne personne en particulier, je désigne tout le monde. Donc il y a des choses que nous devons faire pour faire avancer le processus. Nous n'avons pas le droit d'abandonner notre sort et le sort du pays entre les mains de quelques-uns. Notre devoir, c'est de faire en sorte que la Côte d'Ivoire sorte de la crise. Et la Côte d'Ivoire ne pourra en sortir que par la détermination commune des Ivoiriens. Il faut que le processus avance, il doit avancer. Par de propres voies. Nous restons persuadés qu'il y a des dispositions préalables qu'il faut prendre. Et avec ça, nous pourrons sortir de la crise. Je pense avoir répondu à l'ensemble des questions… J'ai le projet de constitution du PIT que vous pourrez avoir. Il faut un système de partage du pouvoir qui conduira à l'équilibre entre les pouvoirs. De sorte qu'un pouvoir ne domine pas les autres. Il y a une tendance naturelle chez nous à la confiscation et à la concentration des pouvoirs. Il faut que la Constitution contienne des mécanismes pour modérer et pour tempérer cette tendance à la concentration des pouvoirs. Il y a les libertés qu'on énonce également. C'est le point de vue du Pit. Le Pdci en a. Le Rdr en a. Le Fpi également. Alors quel point de vue retenir ? Ce serait normal qu'on retienne le point de vue du Pit… On tient le peuple par la propagande. C'est donc l'accessoire qui prend le pas sur le fondamental. Voilà ! Il y a la publicité qui a déformé le consommateur. Nous voudrions maintenant faire une contre-publicité pour le ramener à la réalité de ses besoins. Ce besoin fondamental, c'est le droit pour le peuple de décider. Comme nous devons aller aux élections maintenant, c'est en nous parlant que nous pourrons restituer progressivement au peuple, le pouvoir et le droit qu'il a perdus ou qu'on tend à lui retirer. Ce qui n'a pas marché ailleurs, peut marcher ici. Il suffit que nous le voulions. Ivoiriens, Ivoiriennes, nous partis politiques, nous travailleurs, nous organisations de la société civile, parce que la crise a une dimension politique, sociale et économique, les gens disent que la Côte d'Ivoire est debout. Non, nous disons que la Côte d'Ivoire n'est pas debout mais elle est à bout. A bout de souffle. Il faut que nous en sortions au plus tôt. Mais comme on ne peut pas accepter qu'un seul ou qu'un groupe impose sa volonté à l'ensemble. C'est de manière consensuelle qu'on pourra dégager les meilleures solutions pour le pays. Moi, je l'espère. Je ne vois pas d'autres voies. Sauf à accepter que quelques-uns nous imposent d'autres voies. Mais si nous restons des citoyens libres, notre devoir, c'est de faire en sorte que nous récupérions l'initiative historique, le droit de décider par nous et pour nous. Il n'y a pas d'autres voies. Et nous espérons pouvoir convaincre, avant les prochaines élections, la majorité des Ivoiriens pour que ce dialogue ait lieu, que le consensus se dégage et qu'on ait des élections acceptables pour tous. Si vous permettez, je voudrais avec l'accord de l'organisateur, conclure en vous remerciant sincèrement. M. le Premier ministre (Ndrl : Seydou Diarra), MM les ministres, MM les secrétaires généraux, Mesdames et Messieurs, merci d'avoir accepté de participer à ce débat qui nous paraît fondamental. Un débat qui est profondément de notre pays. Si nous nous parlons, nous trouverons des solutions. Les problèmes viennent des hommes. Les problèmes sont posés par les hommes. Et il n'y a pas de problèmes qui se posent aux hommes, que les hommes ne puissent régler. Les problèmes qui se posent à la Côte d'Ivoire seront réglés par les Ivoiriens eux-mêmes. Les autres pourront appuyer, être un accélérateur, peut-être même un frein parfois. Mais le moteur, c'est bien nous. Et c'est pour faire marcher ce moteur, que nous nous adressons à l'ensemble des Ivoiriens. Prenons-nous en charge. Prenons nos responsabilités pour régler au plus tôt et au mieux des intérêts du pays, les problèmes liés à la crise et qui font obstacle à l'organisation de bonnes élections. Ces problèmes correctement réglés sans parti pris, partisan ou clanique nous pourrons aller à des élections acceptables et nous sortirons de la crise de manière consensuelle et apaisée pour restituer à la Côte d'Ivoire ce qu'elle a tant à faire… Je voudrais pouvoir compter sur vous tous pour que la crise prenne fin au plus tôt. Je remercie les chefs traditionnels qui sont là. Je vous remercie tous et bientôt à la concertation nationale.
Propos recueillis par
Diarrassouba Sory et Marc Koffi
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