Le directeur général du groupe de presse ‘‘Le Réveil’’ a accordé une interview à l’I.A après le procès de ses journalistes. Il dénonce le bâillonnement de la presse et la non considération des journalistes par le procureur Diakité.
M. Denis Kah Zion, vous êtes le directeur général du groupe ‘‘Le Réveil’’. Quelles sont vos impressions après le procès de vos journalistes ?
Je voudrais d’abord dire que tous ceux qui étaient au procès ont remarqué que ce que le procureur Diakikté avait dit il y a quelques jours lorsqu’il recevait mes collaborateurs à son bureau, c’est effectivement ce qu’il a mis en œuvre. A savoir un procès exceptionnel avec une note de service qui dit clairement que toutes les audiences prévues pour le même jour à la même heure sont reportées à une date ultérieure. La salle d’audience est restée fermée jusqu’à l’ouverture du procès. Tout le dispositif militaire a été mis en place à l’intérieur et à l’extérieur du Palais. Et le procureur a décidé de mettre dehors aussi des citoyens venus à un procès public. Je pense que le tour était joué pour le procureur Diakité de dire le droit selon lui et de prononcer un réquisitoire qui est contre toute notre corporation. Celle des journalistes de ce pays. Le procureur Diakité a fait une autre lecture de la loi sur la presse. Pour lui et sûrement pour le procureur Tchimou chez qui il prend les ordres - la loi qui dit clairement qu’il y a deux catégories de journalistes -il n’y a qu’une seule catégorie de journalistes : ceux qui sont détenteurs de la carte d’identité de journaliste professionnel. Celle qu’a commencé à signer Mme Sautier qui est la présidente de la commission paritaire depuis novembre 2008. Donc, cette carte qui est valable de novembre 2008 à novembre 2009, tous ceux qui ne détiennent pas cette carte - pour le procureur Diakité - ne sont pas des journalistes. En d’autres termes, en Côte d’Ivoire il y a seulement 129 journalistes sur les milliers de journalistes que nous sommes. Des plumes bien connues comme Jean Baptiste Akrou directeur général de Frat-Mat, Alfred Dan Moussa qui est le président de l’Union de la presse francophone, comme Brou Amessan directeur général de la Rti, Eloi Oulaï, directeur de la radio et bien d’autres, pour le procureur Diakité, tous ceux-là ne doivent être considérés comme des journalistes. Et que le jour où l’un d’eux aura un procès, il ne sera pas jugé comme un journaliste ayant commis un délit de presse. Mais, il sera jugé comme un citoyen ordinaire ayant commis un délit par voie de presse. Pour lui, tous ceux-là ne sont pas protégés par la loi de 2004. J’estime que c’est grave, que c’est une pierre que le procureur vient de lancer dans le jardin de tous les journalistes de Côte d’Ivoire. Mais au-delà, dans le jardin du ministère de la Communication dont l’autorité vient d’être bafouée par le procureur, et celui du Conseil national de presse qui régule nos entreprises de presse et nos journaux qui a toujours considéré que la loi précise qu’il y a deux catégories de journalistes. Egalement, dans le jardin de la commission paritaire de la carte d’identité de journaliste professionnel qui a juste eu le temps de siéger à une seule session et qui n’a délivré aujourd’hui que 129 cartes. Mais aussi, dans le jardin de l’Union nationale des journalistes de Côte d’ Ivoire qui s’apprête à aller à un congrès où on parle de renouvellement des instances. Or, selon le procureur Diakité, sont journalistes les 129 qui ont vu leurs cartes signées par Mme Sautier qui vont se retrouver à ce congrès. Je m’interroge. C’est un procès qui a eu lieu, c’est un procès qui appelle beaucoup de commentaires de la part de chacun de nous et c’est un procès qui interpelle toute la presse.
Qu’est-ce que vous pensez du réquisitoire du procureur Diakité ?
Le procureur n’est pas allé jusqu’au bout. Le procureur aurait dit publiquement ‘’je condamne Kah Zion et je ferme son groupe de presse’’. C’est ce courage qu’il n’a pas eu. J’attendais qu’il ait ce courage. Parce que chaque fois qu’il intervenait, il me regardait droit dans les yeux. Comme si à ce procès, lui, Diakité, il voulait manger du Kah Zion. Je sais ce qui a été dit et beaucoup de choses ont été dites avant ce procès. Tous ceux qui ont lu son réquisitoire, qui connaissent le droit ou qui n’en connaissent pas, ne font qu’en rire. 10 millions de Fcfa demandés à un directeur de publication qui doit être payé par l’entreprise. Si c’est le prix à payer pour la liberté de la presse en Côte d’Ivoire, nous sommes prêts à payer ce prix. Si c’est le prix à payer pour que la démocratie soit vivante, nous sommes prêts à payer ce prix. Mais nous disons que dans un pays de droit, le procureur de la République défend l’Etat et il défend les citoyens. Le procureur de la République n’est pas là pour narguer les citoyens pour ironiser les citoyens, pour souhaiter le malheur aux citoyens encore moins pour la disparition d’une entreprise de presse et la mise au chômage des jeunes ivoiriens et des jeunes ivoiriennes. Un procureur qui s’en préoccupe peu, je suis obligé de dire que je ne comprends pas. Le procureur est allé trop fort et il a mis à nu tout ce que les gens pensaient plus bas. C’est un procès juridico-politique. Comme le disait déjà l’avocat Me Blessy ‘‘ nous nous attendions à ce qu’il fasse mentir la rue qui disait que le verdict était déjà connu’’. Je me demande ce que ce procureur a contre la presse. Parce que ce qui a été dit n’est pas seulement contre le groupe ‘‘Le Réveil’’. Mais, c’est contre toute la presse de ne pas reconnaître le statut du journaliste qui possède la carte de presse signée par les responsables desdites entreprises reconnues par l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous sommes prêts à nous soumettre aux décisions de Mme la présidente en tant que citoyen de ce pays respectant les lois. Mais, cela ne va pas pour autant tuer mon entreprise de presse. Il y a d’autres personnes qui attendent derrière pour brandir d’autres menaces comme le ministre Dano Djédjé qui nous demande 100 millions de Fcfa, la fermeture du groupe de presse pour avoir fait l’analyse objective sur une charte qu’il fait publier concernant la cohabitation entre les allogènes et les autochtones dans les zones forestières. Après ce réquisitoire, il y aura d’autres réquisitoires. Après le verdict du 31 mars, il peut avoir d’autres verdicts en plus des 10 millions. Demain, nous pouvons avoir 20, 50 millions. De sorte que nous ne pussions plus tenir et nous fermons notre maison. Mais mieux, que moi Kah Zion, je n’arrive plus à payer, qu’on me mette en prison. Tout est programmé. Par la position que j’avais déjà en tant que journal leader de l’opposition, je ne pouvais que m’attendre à cela. Mais, ces décisions peuvent être prises. Elles seront respectées et elles seront appliquées. Nous avons aussi des avocats et il y a des recours. Nous passerons par ces voies des recours. Ce sont les avocats qui peuvent se prononcer sur ces cas. Je suis mal placé pour me prononcer sur des cas de recours. Mais, je veux dire que nous avons engagé un conseil d’avocats efficace, dynamique qui a déjà prouvé ce qu’il pouvait faire.
Est-ce que le droit a été dit au cours de ce procès ?
Je ne suis pas juriste, mes commentaires, c’est dans la forme. L’acharnement du procureur qui ironisait… il a eu des réactions qui ont surpris tous ceux qui étaient dans la salle. Il regardait le prévenu Gnamantêh comme un sous-homme. Il a lui-même fait des jets de langue et tous ceux qui étaient dans la salle ont compris. Je crois que le procureur Diakité s’acharnait sur Gnamantêh, mais à travers lui, il s’acharnait sur toute la presse. Que les journalistes comprennent cela : ceux que nous avons souvent protégés quand les patriotes vont les bastonner au Tribunal sont ceux-là qui nous traitent aujourd’hui comme des sous-hommes. Ils sont procureurs, ils sont magistrats; nous, nous sommes des journalistes. Nous sommes des moins que rien. Nous sommes pratiquement à leurs yeux des individus sûrement pas comme eux. Il vient de jeter une pierre dans la cour de notre corporation. Que ceux qui entendent, entendent ce qu’il a dit. Et que ceux qui savent lire, lisent ce qu’il a dit et qu’ils comprennent. Après Gnamantêh, si nous ne prenons pas nos dispositions maintenant, ce sera des journalistes qui vont se retrouver en prison. Je précise que dans la démonstration qui a été faite au Tribunal, Gnamantêh est journaliste. J’ai signé une carte professionnelle de Gnamantêh. Le groupe de presse ‘‘Le Réveil’’ est légalement constitué. En France, il y a une commission qui attribue les cartes. Mais, 10% des journalistes français aujourd’hui ont cette carte. Mais les autres exercent parce que la carte signée par ‘‘Le Figaro’’ est valable, la carte signée par ‘‘ Le Monde’’ est valable et la carte signée par ‘‘Rfi’’ est valable. Il n’y a pas de demi-mesure. On ne peut pas nier ma signature. En vertu de quoi on peut m’autoriser à faire sortir un journal et ma signature doit être déconsidérée par un procureur de la République parce qu’il en veut à Kah Zion et son groupe de presse. Je pense que le procureur est allé un peu trop loin. Et il a mis à nu un certain nombre de choses. Tout le monde savait que c’était un procès politique, un procès bien préparé et bien orienté dont le réquisitoire serait aussi bien orienté. Mais, mon frère Diakité doit aussi retenir qu’il joue aussi là sa carrière. La vie est une roue, elle tourne. Elle ne s’arrête pas, elle continue de tourner. Nous prenons acte du réquisitoire qu’il a prononcé et nous attendons le 31 mars pour savoir ce qui va être décidé par Mme la présidente. Et surtout, pour entendre le droit et le vrai droit qui va être dit par Mme la présidente du Tribunal.
Vous avez, dans une interview, dit que ce procès est un procès de la honte. Qu’est-ce que vous avez voulu dire exactement ?
Quand vous avez tout cet acharnement contre les journalistes, ce n’est pas le procès de la honte ça ? Je considère vraiment cela comme un procès de la honte. A-t-on besoin de donner encore d’autres preuves? Les avocats l’ont bien démontré. Le procureur n’a pas démontré une seule fois quel passage de tout l’article qui est offensant. On dit que vous avez offensé. Voilà ce que vous avez dit qui est offensant. Il ne l’a pas dit. De deux, il dit que ce que dit la loi sur la presse, il ne le reconnaît pas. Ce qu’il sait, c’est qu’il y a une seule catégorie de journalistes. Je ne suis pas juriste, je n’ai pas été formé. Lui au moins, il a été formé. Il sait ce que c’est que la loi. Le Cnp qui travaille en collaboration avec le procureur n’a pas été saisi. Parce qu’avant d’aller au jugement, on prospecte, on investigue auprès d’autres structures. Le Cnp reconnaît Gnamantêh par la voix d’Eugène Diomandé comme journaliste. Même s’il n’est pas encore journaliste professionnel. Mais il a toutes les qualités pour l’être. Parce qu’il a au moins la licence. Le procureur dit qu’il y a une seule catégorie de journalistes. Comment voulez-vous que je qualifie ce procès ? Et puis, avant le procès, quand le procureur se permet de dire au prévenu que ça sera un procès exceptionnel, qu’est-ce que vous voulez que je dise encore ? Si demain il a un problème avec moi, je n’aurai pas la même réaction épidermique que lui. Une réaction qui dénote que monsieur en veut à un groupe de presse. Et je ne sais pour quelles raisons. Je le redis encore que nous sommes les défenseurs des sans voix et les gens en difficulté. Les patriotes sont allés au Tribunal frapper les magistrats. Ils n’ont eu que la presse à leurs côtés pour les défendre. C’est sur cette presse aujourd’hui que crache le procureur Diakité. Il renie au ministre de la Communication toute son autorité, il renie au Cnp toute son autorité qui est une institution et à la commission paritaire toute son autorité. J’estime que c’est profondément grave. Il renie même ce qu’on peut appeler encore la crème, l’Unjci. Pour le procureur, l’Unjci ne peut plus exister parce que nous ne sommes pas 129. Nous sommes près de mille qui constituons l’union. Pour lui, il n’y a que 129 journalistes qui doivent constituer cette union. Le congrès qui doit avoir lieu au mois d’avril ne pourra plus se tenir si nous devons nous en tenir aux 129 journalistes du procureur Diakité. Et pis, le procureur refuse de reconnaître les jeunes journalistes que nous formons et à qui nous donnons des diplômes. Et demain, quand ils seront devant le Tribunal, ils seront traités comme des individus qui ont commis un délit par voie de presse. Le procès est un procès de la honte contre la presse ivoirienne.
Vous êtes le premier vice-président de la commission paritaire. Quelle assurance vous pouvez donner aux journalistes qui ne possèdent pas encore la carte professionnelle de journaliste ?
Allez-y poser cette question à Mme Sautier qui est le président de la commission paritaire d’attribution de la carte d’identité de journaliste professionnel. Je suis en position de victime donc je ne peux pas répondre à cette question.
Réalisée par C.S
M. Denis Kah Zion, vous êtes le directeur général du groupe ‘‘Le Réveil’’. Quelles sont vos impressions après le procès de vos journalistes ?
Je voudrais d’abord dire que tous ceux qui étaient au procès ont remarqué que ce que le procureur Diakikté avait dit il y a quelques jours lorsqu’il recevait mes collaborateurs à son bureau, c’est effectivement ce qu’il a mis en œuvre. A savoir un procès exceptionnel avec une note de service qui dit clairement que toutes les audiences prévues pour le même jour à la même heure sont reportées à une date ultérieure. La salle d’audience est restée fermée jusqu’à l’ouverture du procès. Tout le dispositif militaire a été mis en place à l’intérieur et à l’extérieur du Palais. Et le procureur a décidé de mettre dehors aussi des citoyens venus à un procès public. Je pense que le tour était joué pour le procureur Diakité de dire le droit selon lui et de prononcer un réquisitoire qui est contre toute notre corporation. Celle des journalistes de ce pays. Le procureur Diakité a fait une autre lecture de la loi sur la presse. Pour lui et sûrement pour le procureur Tchimou chez qui il prend les ordres - la loi qui dit clairement qu’il y a deux catégories de journalistes -il n’y a qu’une seule catégorie de journalistes : ceux qui sont détenteurs de la carte d’identité de journaliste professionnel. Celle qu’a commencé à signer Mme Sautier qui est la présidente de la commission paritaire depuis novembre 2008. Donc, cette carte qui est valable de novembre 2008 à novembre 2009, tous ceux qui ne détiennent pas cette carte - pour le procureur Diakité - ne sont pas des journalistes. En d’autres termes, en Côte d’Ivoire il y a seulement 129 journalistes sur les milliers de journalistes que nous sommes. Des plumes bien connues comme Jean Baptiste Akrou directeur général de Frat-Mat, Alfred Dan Moussa qui est le président de l’Union de la presse francophone, comme Brou Amessan directeur général de la Rti, Eloi Oulaï, directeur de la radio et bien d’autres, pour le procureur Diakité, tous ceux-là ne doivent être considérés comme des journalistes. Et que le jour où l’un d’eux aura un procès, il ne sera pas jugé comme un journaliste ayant commis un délit de presse. Mais, il sera jugé comme un citoyen ordinaire ayant commis un délit par voie de presse. Pour lui, tous ceux-là ne sont pas protégés par la loi de 2004. J’estime que c’est grave, que c’est une pierre que le procureur vient de lancer dans le jardin de tous les journalistes de Côte d’Ivoire. Mais au-delà, dans le jardin du ministère de la Communication dont l’autorité vient d’être bafouée par le procureur, et celui du Conseil national de presse qui régule nos entreprises de presse et nos journaux qui a toujours considéré que la loi précise qu’il y a deux catégories de journalistes. Egalement, dans le jardin de la commission paritaire de la carte d’identité de journaliste professionnel qui a juste eu le temps de siéger à une seule session et qui n’a délivré aujourd’hui que 129 cartes. Mais aussi, dans le jardin de l’Union nationale des journalistes de Côte d’ Ivoire qui s’apprête à aller à un congrès où on parle de renouvellement des instances. Or, selon le procureur Diakité, sont journalistes les 129 qui ont vu leurs cartes signées par Mme Sautier qui vont se retrouver à ce congrès. Je m’interroge. C’est un procès qui a eu lieu, c’est un procès qui appelle beaucoup de commentaires de la part de chacun de nous et c’est un procès qui interpelle toute la presse.
Qu’est-ce que vous pensez du réquisitoire du procureur Diakité ?
Le procureur n’est pas allé jusqu’au bout. Le procureur aurait dit publiquement ‘’je condamne Kah Zion et je ferme son groupe de presse’’. C’est ce courage qu’il n’a pas eu. J’attendais qu’il ait ce courage. Parce que chaque fois qu’il intervenait, il me regardait droit dans les yeux. Comme si à ce procès, lui, Diakité, il voulait manger du Kah Zion. Je sais ce qui a été dit et beaucoup de choses ont été dites avant ce procès. Tous ceux qui ont lu son réquisitoire, qui connaissent le droit ou qui n’en connaissent pas, ne font qu’en rire. 10 millions de Fcfa demandés à un directeur de publication qui doit être payé par l’entreprise. Si c’est le prix à payer pour la liberté de la presse en Côte d’Ivoire, nous sommes prêts à payer ce prix. Si c’est le prix à payer pour que la démocratie soit vivante, nous sommes prêts à payer ce prix. Mais nous disons que dans un pays de droit, le procureur de la République défend l’Etat et il défend les citoyens. Le procureur de la République n’est pas là pour narguer les citoyens pour ironiser les citoyens, pour souhaiter le malheur aux citoyens encore moins pour la disparition d’une entreprise de presse et la mise au chômage des jeunes ivoiriens et des jeunes ivoiriennes. Un procureur qui s’en préoccupe peu, je suis obligé de dire que je ne comprends pas. Le procureur est allé trop fort et il a mis à nu tout ce que les gens pensaient plus bas. C’est un procès juridico-politique. Comme le disait déjà l’avocat Me Blessy ‘‘ nous nous attendions à ce qu’il fasse mentir la rue qui disait que le verdict était déjà connu’’. Je me demande ce que ce procureur a contre la presse. Parce que ce qui a été dit n’est pas seulement contre le groupe ‘‘Le Réveil’’. Mais, c’est contre toute la presse de ne pas reconnaître le statut du journaliste qui possède la carte de presse signée par les responsables desdites entreprises reconnues par l’Etat de Côte d’Ivoire. Nous sommes prêts à nous soumettre aux décisions de Mme la présidente en tant que citoyen de ce pays respectant les lois. Mais, cela ne va pas pour autant tuer mon entreprise de presse. Il y a d’autres personnes qui attendent derrière pour brandir d’autres menaces comme le ministre Dano Djédjé qui nous demande 100 millions de Fcfa, la fermeture du groupe de presse pour avoir fait l’analyse objective sur une charte qu’il fait publier concernant la cohabitation entre les allogènes et les autochtones dans les zones forestières. Après ce réquisitoire, il y aura d’autres réquisitoires. Après le verdict du 31 mars, il peut avoir d’autres verdicts en plus des 10 millions. Demain, nous pouvons avoir 20, 50 millions. De sorte que nous ne pussions plus tenir et nous fermons notre maison. Mais mieux, que moi Kah Zion, je n’arrive plus à payer, qu’on me mette en prison. Tout est programmé. Par la position que j’avais déjà en tant que journal leader de l’opposition, je ne pouvais que m’attendre à cela. Mais, ces décisions peuvent être prises. Elles seront respectées et elles seront appliquées. Nous avons aussi des avocats et il y a des recours. Nous passerons par ces voies des recours. Ce sont les avocats qui peuvent se prononcer sur ces cas. Je suis mal placé pour me prononcer sur des cas de recours. Mais, je veux dire que nous avons engagé un conseil d’avocats efficace, dynamique qui a déjà prouvé ce qu’il pouvait faire.
Est-ce que le droit a été dit au cours de ce procès ?
Je ne suis pas juriste, mes commentaires, c’est dans la forme. L’acharnement du procureur qui ironisait… il a eu des réactions qui ont surpris tous ceux qui étaient dans la salle. Il regardait le prévenu Gnamantêh comme un sous-homme. Il a lui-même fait des jets de langue et tous ceux qui étaient dans la salle ont compris. Je crois que le procureur Diakité s’acharnait sur Gnamantêh, mais à travers lui, il s’acharnait sur toute la presse. Que les journalistes comprennent cela : ceux que nous avons souvent protégés quand les patriotes vont les bastonner au Tribunal sont ceux-là qui nous traitent aujourd’hui comme des sous-hommes. Ils sont procureurs, ils sont magistrats; nous, nous sommes des journalistes. Nous sommes des moins que rien. Nous sommes pratiquement à leurs yeux des individus sûrement pas comme eux. Il vient de jeter une pierre dans la cour de notre corporation. Que ceux qui entendent, entendent ce qu’il a dit. Et que ceux qui savent lire, lisent ce qu’il a dit et qu’ils comprennent. Après Gnamantêh, si nous ne prenons pas nos dispositions maintenant, ce sera des journalistes qui vont se retrouver en prison. Je précise que dans la démonstration qui a été faite au Tribunal, Gnamantêh est journaliste. J’ai signé une carte professionnelle de Gnamantêh. Le groupe de presse ‘‘Le Réveil’’ est légalement constitué. En France, il y a une commission qui attribue les cartes. Mais, 10% des journalistes français aujourd’hui ont cette carte. Mais les autres exercent parce que la carte signée par ‘‘Le Figaro’’ est valable, la carte signée par ‘‘ Le Monde’’ est valable et la carte signée par ‘‘Rfi’’ est valable. Il n’y a pas de demi-mesure. On ne peut pas nier ma signature. En vertu de quoi on peut m’autoriser à faire sortir un journal et ma signature doit être déconsidérée par un procureur de la République parce qu’il en veut à Kah Zion et son groupe de presse. Je pense que le procureur est allé un peu trop loin. Et il a mis à nu un certain nombre de choses. Tout le monde savait que c’était un procès politique, un procès bien préparé et bien orienté dont le réquisitoire serait aussi bien orienté. Mais, mon frère Diakité doit aussi retenir qu’il joue aussi là sa carrière. La vie est une roue, elle tourne. Elle ne s’arrête pas, elle continue de tourner. Nous prenons acte du réquisitoire qu’il a prononcé et nous attendons le 31 mars pour savoir ce qui va être décidé par Mme la présidente. Et surtout, pour entendre le droit et le vrai droit qui va être dit par Mme la présidente du Tribunal.
Vous avez, dans une interview, dit que ce procès est un procès de la honte. Qu’est-ce que vous avez voulu dire exactement ?
Quand vous avez tout cet acharnement contre les journalistes, ce n’est pas le procès de la honte ça ? Je considère vraiment cela comme un procès de la honte. A-t-on besoin de donner encore d’autres preuves? Les avocats l’ont bien démontré. Le procureur n’a pas démontré une seule fois quel passage de tout l’article qui est offensant. On dit que vous avez offensé. Voilà ce que vous avez dit qui est offensant. Il ne l’a pas dit. De deux, il dit que ce que dit la loi sur la presse, il ne le reconnaît pas. Ce qu’il sait, c’est qu’il y a une seule catégorie de journalistes. Je ne suis pas juriste, je n’ai pas été formé. Lui au moins, il a été formé. Il sait ce que c’est que la loi. Le Cnp qui travaille en collaboration avec le procureur n’a pas été saisi. Parce qu’avant d’aller au jugement, on prospecte, on investigue auprès d’autres structures. Le Cnp reconnaît Gnamantêh par la voix d’Eugène Diomandé comme journaliste. Même s’il n’est pas encore journaliste professionnel. Mais il a toutes les qualités pour l’être. Parce qu’il a au moins la licence. Le procureur dit qu’il y a une seule catégorie de journalistes. Comment voulez-vous que je qualifie ce procès ? Et puis, avant le procès, quand le procureur se permet de dire au prévenu que ça sera un procès exceptionnel, qu’est-ce que vous voulez que je dise encore ? Si demain il a un problème avec moi, je n’aurai pas la même réaction épidermique que lui. Une réaction qui dénote que monsieur en veut à un groupe de presse. Et je ne sais pour quelles raisons. Je le redis encore que nous sommes les défenseurs des sans voix et les gens en difficulté. Les patriotes sont allés au Tribunal frapper les magistrats. Ils n’ont eu que la presse à leurs côtés pour les défendre. C’est sur cette presse aujourd’hui que crache le procureur Diakité. Il renie au ministre de la Communication toute son autorité, il renie au Cnp toute son autorité qui est une institution et à la commission paritaire toute son autorité. J’estime que c’est profondément grave. Il renie même ce qu’on peut appeler encore la crème, l’Unjci. Pour le procureur, l’Unjci ne peut plus exister parce que nous ne sommes pas 129. Nous sommes près de mille qui constituons l’union. Pour lui, il n’y a que 129 journalistes qui doivent constituer cette union. Le congrès qui doit avoir lieu au mois d’avril ne pourra plus se tenir si nous devons nous en tenir aux 129 journalistes du procureur Diakité. Et pis, le procureur refuse de reconnaître les jeunes journalistes que nous formons et à qui nous donnons des diplômes. Et demain, quand ils seront devant le Tribunal, ils seront traités comme des individus qui ont commis un délit par voie de presse. Le procès est un procès de la honte contre la presse ivoirienne.
Vous êtes le premier vice-président de la commission paritaire. Quelle assurance vous pouvez donner aux journalistes qui ne possèdent pas encore la carte professionnelle de journaliste ?
Allez-y poser cette question à Mme Sautier qui est le président de la commission paritaire d’attribution de la carte d’identité de journaliste professionnel. Je suis en position de victime donc je ne peux pas répondre à cette question.
Réalisée par C.S