Lors de notre séjour à Ouagadougou dans le cadre du Fespaco, nous avons rencontré Claver César Yaméogo connu sous l'appellation de MC Claver. L'ex-animateur de Fréquence 2 est désormais installé dans la capitale du Burkina Faso. Il y accompli sa mission de pasteur. A côté de son activité de berger pour les enfants de Dieu, le Ministre du Christ a créé sa radio, Jam FM Ouaga, qu'il gère avec munitie. C'est dans les locaux de sa station, située au quartier Pédiatrie, que nous avons eu cet entretien. C'est sans faux fuyant qu'il a répondu à nos questions, pour donner de ses nouvelles aux lecteurs de Prestige Mag.
Pour la nouvelle vie que vous menez, êtes-vous marié ?
Oui, je suis marié. Et le 11 juin dernier, nous avons eu un fils qui est né à Abidjan. Sinon, j'ai eu un premier fils quand j'étais dans le show-biz. Il s'appelle Maurice. Il a 16 ans et se trouve, en ce moment, à Paris, avec ma mère.
Dans quel mouvement êtes-vous aujourd'hui?
Tout le monde connaît le mouvement dans lequel je suis. Le Seigneur m'a appelé pour annoncer la parole de Dieu à la jeunesse. On m'appelle toujours MC Claver. Ce n'est plus maître de cérémonie. Mais le ministre du Christ. Comme si tout cela était prédestiné.
Pendant combien d'années avez-vous vécu en Côte d'Ivoire et depuis quand êtes-vous de retour au Burkina Faso ?
Après mes va-et-vient en occident, je me suis installé en Côte d'Ivoire en 1989. Et je suis rentré au Burkina en décembre 2004.
Pourquoi êtes-vous rentré ?
C'était une mission de Dieu. Tout le monde sait qu'à partir de 2000, mon langage avait changé. Je parlais beaucoup de Jésus. Quelque chose s'était passé dans ma vie. J'en profite pour rendre hommage à celui qui m'a pris à bras le corps, qui m'a guidé. Il s'agit de mon père spirituel, le Bishop Guy Vincent Kodja. C'est un homme qui a bon cœur. Car, dans ce monde où des gens font du mal, ce monsieur m'a fait beaucoup de bien. Je profite de votre canal pour lui adresser mes salutations les plus distinguées. Alors, après 4 ans de vie spirituelle, le Seigneur m'a demandé de retourner vers les miens, pour leur dire ce que Jésus fait pour moi.
C'est donc pour Jésus que vous avez quitté Fréquence 2 ?
Oui, c'est pour Jésus que j'ai quitté la radio.
N'avez-vous pas reçu des menaces auparavant ?
Non, pas du tout. C'est vrai que j'avais souvent des problèmes avec certains patrons. On m'a suspendu plusieurs fois. Mais, on ne pouvait pas me chasser. Parce que lorsque tu es en Jésus et qu'il ne te dit pas de partir, personne ne peut te nuire. Ce n'est pas possible. J'ai fait un courrier pour demander à partir. Les responsables m'ont proposé de prendre une année sabbatique. Mais Dieu n’était pas de cet avis. Il voulait que je me fasse payer mes droits et que je m'en aille. Il a promis de m'élever là où j'irai. Puisqu'il voulait utiliser le talent que j'ai pour sa gloire. C'est dans la foi que j'ai agi ainsi. Le Dieu qui me guide, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu d'Israël, ne ment point. Aujourd'hui, le résultat est là.
Vous avez abandonné la jeunesse du Hip hop. Est-ce Jésus qui vous l'a demandé ?
Il faut, en toute chose, avoir un peu de sagesse. La Bibledéclare que “toute chose concourt au bien de ceux qui aiment Dieu”. Moi-même, j'ai été la première personne blessée. Pensez-vous que c'est facile pour un animateur radio de laisser un mouvement, une culture qu'il a portée à bras le corps ? Il n'était pas facile pour moi de dire au revoir à tous mes frères et de quitter le milieu du show-biz. Dieu m'a demandé si je voulais lui plaire ou plaire aux hommes. Or, si je voulais être serviteur de Dieu, je ne devais pas chercher à plaire aux hommes.
Ça n'a pas été facile…
Effectivement, dans tout service, il y a déchirure. Parce que pour pouvoir partager, il faut que le pain soit rompu. Donc, si le Seigneur me prend et fait de moi un pain avant que les gens se nourrissent, il est obligé de me rompre. Il est obligé de me déchirer. Et la déchirure fait mal. Ça t'attire beaucoup de problèmes. C'est vrai que ce n'était pas facile pour moi à la radio. Et je voulais aussi faire de la télé. Mais, les chemins étaient fermés. Il y avait des obstacles devant moi. Et je devais me battre face à ces écueils. Cela a créé beaucoup de problèmes. Donc, je ne parlais pas. Je ne voulais pas trop parler, parce que je me suis dit que la Côted'Ivoire m'a beaucoup donné. Il y a de nombreuses personnes qui ne voyaient pas en moi un étranger. Pour eux, j'étais un petit ivoirien stylé. Mais beaucoup d'autres savaient qui j'étais. Et pour eux, il était impossible de m'accepter à un poste de responsabilité au sein de la radio. Encore moins de me confier une émission de télévision. Quelles que furent les qualités et la volonté que j'avais de vouloir faire avancer le mouvement hip-hop à son sommun, jamais on ne m'aurait donné les armes de communication nécessaires pour le faire.
Sans doute, se sont-ils certainement dit que vous allez faire encore plus de boucan. D'abord en tant que fils de président, ensuite “petit fils” d'Houphouët-Boigny. Et vu le luxe dans lequel vous viviez, il y a avait de quoi faire des jaloux
Il vaut mieux regarder le talent plutôt que la personne. Si je peux apporter quelque chose au développement de la culture, je ne vois pas pourquoi cela devrait poser des problèmes à quelqu'un. Même Dieu dit : “Que celui qui ne travaille pas, ne mange pas”. Donc, il faut que je travaille. Et si mon travail me permet d'être prospère, gloire à Dieu. Aujourd'hui, il y a beaucoup d'animateurs en France et partout dans le monde qui vivent convenablement de leur travail. Mais je ne vais pas rester derrière le micro jusqu'à 60 ans en train de crier “yo yo yo” et me retrouver avec un salaire de 80 000 F par mois. Celui qui a des ambitions doit bouger. Et Dieu même a voulu me faire bouger de là. Afin que j'aille au-delà de la situation d'un animateur payé à 80 000 F CFA. La preuve, en me faisant bouger, Dieu m'a fait propriétaire d'une radio. Dieu a toujours raison, quand il fait bouger les gens. Moi, je ne suis pas venu pour accompagner quelqu'un. Je suis venu pour prendre possession des bénédictions que Dieu a mises à ma disposition. Je ne suis pas venu pour être en arrière. Mais plutôt à la tête. Je suis venu pour posséder, pour “impacter”. Je suis venu pour apporter un plus à la jeunesse en manifestant la gloire de Dieu dans tous les domaines. Dans ma vie de tous les jours, dans mon habillement, dans mon foyer, dans mes affaires et dans mon culte personnel avec Dieu. Et c'est cela qui est important.
Comment votre conversion s'est-elle opérée ?
Certains connaissent mon témoignage. C'est vrai que je suis passé par beaucoup de difficultés. Notamment deux accidents de la circulation en 1988. J'ai également été atteint d'un cancer en 1998. Des personnes et même des journaux ont annoncé que je ne me relèverais pas. En cette période, plusieurs personnes y compris les médias attendaient que je tire ma révérence. Heureusement, Dieu m'en a délivré. Mais, après le coup d'Etat du général Guéi Robert en 1999, les choses ont encore commencé à se corser. Et un jour, celui qui allait devenir mon père spirituel, le Bishop Guy Vincent Kodja, m'appelle et m'invite à une veillée de prière qu'il organisait. Je suis allé à cette veillée, parce que j'avais besoin de spiritualité. Parce que pour moi, je n'étais pas si mauvais dans ma vie de tous les jours. Bien que je ne comprenais pas pourquoi j'avais tous ces problèmes. Il fallait que Dieu me réponde. Et cette fois-là, Dieu m'a répondu en me disant : “Il faut que tu viennes à Jésus. Et voilà ce que Jésus fera pour toi, si tu as la foi et que tu crois”. Et c'est comme ça qu'en 2000, je me suis accroché à la parole et que je suis rentré dans le ministère.
Je suis quelqu'un qui ne fait pas les choses à moitié. Au bout de deux ans, beaucoup d'hommes de Dieu ont vu un appel en moi. Au début, je ne voulais pas servir le Seigneur. Mais sachez que je ne suis pas venu à Jésus dans le but d'être pasteur par calcul. Ecoutez, j'étais bien. Je suis d'une famille qui a des connexions sur le plan politique. Dans le milieu du show-biz, j'avais quand même une renommée. La preuve, vous m'interviewez actuellement, par rapport au nom que j'avais. Donc, je ne suis pas venu à Jésus pour chercher une quelconque célébrité ou de l'argent. Mais je suis venu à Jésus pour servir véritablement, pour faire l'œuvre de Dieu ; pour annoncer Jésus à ma génération.
Avez-vous fait des études théologiques ?
Le ministère auquel j'appartenais et qui est la Mission EvangéliqueGrâce de vie a un département d'études bibliques dirigé par le bishop lui-même. J'y ai suivi une formation et, au bout de deux ans, j'ai été consacré.
Pourquoi n'avez-vous pas exercé votre ministère à Abidjan ?
C'est vrai que cela aurait été une bonne chose. Mais Dieu m'a dit que : “Si je voulais que tu prêches en Côte d'Ivoire, j'allais te faire naître ivoirien. J'ai trop de fils ivoiriens qui ont la parole et l'onction. Je ne vois pas ce que tu vas apporter de plus. Par contre, vas chez les siens. Je t'ai fait naître Burkinabé, parce que je veux que tu apportes quelque chose à tes frères.
Comment avez-vous été accueilli ? Y a-t-il eu de l'engouement ou avez-vous été combattu ?
A toute œuvre de Dieu, le diable s'oppose (rires). Donc, il y a toujours de l'adversité à vaincre.
Pourquoi cette adversité, selon vous ?
Parce que partout où il y a la vérité, le diable sait qu'on dépeuple son royaume. Parce qu'il sait que qu'on va vider les endroits où il y a des femmes qu'il tient captifs, de la prostitution, de l'alcool, de la cigarette… Satan ne se laisse pas faire sans combattre. Ça ne sera pas facile. C'est pourquoi on a des difficultés, quand on veut prêcher la vérité. On est persécuté quand on veut vivre de façon pieuse. Mais la Bibledit qu'avec Jésus, on est plus que vainqueurs. Et cela prouve que je suis sur la bonne voie. Par exemple, dans des films, quand on cherche à tuer le détective, c'est parce qu'il est sur le chemin de la vérité qu'on veut l'éliminer. Mais, lui, évite les pièges, découvre la vérité et fait arrêter les bandits. C'est à peu près la même chose. Quand tu es sur la voie de Dieu, qu'on t'attaque et que tu as beaucoup de difficultés, c'est parce que tu es en train de toucher au but.
Il nous revient que vous n'êtes pas courtois avec vos fidèles. Est-ce vrai ?
Même quand vous lisez bien la Bible, vous voyez que Jean-Baptiste était dur avec les gens. Il disait : “Race de vipères. Qui vous a appris à fuir la colère à venir ?”. Si, de nos jours, tu dis à tes fidèles : " Race de vipères, qui t'a dit de venir ? ", crois moi, ton église va se vider.
On a l'impression que vous avez le même style que votre père spirituel, le bishop Kodja ?
Le chien ne met pas au monde un chat (rires).
Mais écoutez ! Si tu n'as pas de père, c'est que tu n'as pas de repère. Je suis dans la vérité ; le ministère de la “Gbêyure”, le ministère de la “mal cause” (où on parle les “gbês”). La Bibledit : “Tu connaîtras la vérité et la vérité t'affranchira”. Si tu as peur de la vérité ou si tu as peur qu'on te dise la vérité, tu es perdu. Parce que tu veux qu'on te caresse dans le sens du poil. Il y a des gens qui sont en train de mourir dans le péché et vous voulez qu'on aille doucement avec eux ? On ne peut pas aller doucement avec eux ! Il faut les choquer (il tape du poing dans sa paume), il faut les sortir de l'enfer… Ecoutez, l'évangile de vérité est un évangile révolutionnaire. Dans le livre de Jean au chapitre 8, Jésus lui-même a dit à ceux qui le suivaient : “Vous êtes du diable. Vous avez pour père le diable parce qu'il est menteur”. C'est ainsi qu'il parlait à ceux qui avaient cru en lui et qui le suivaient. Jésus n'était pas tendre. Jésus leur disait simplement la vérité. Or, la vérité blesse mais ne tue pas. C'est pourquoi les gens doivent apprendre à accepter la vérité. Dieu n'a pas voulu cacher les fautes de ses enfants, afin que tout le monde fasse attention. C'est pourquoi, il a mis les défauts de David, de Salomon, d'Abraham dans la Bible. La seule personne qui a été parfaite, c'est Jésus-Christ. Il ne faut pas que les gens soient choqués, quand les prédicateurs donnent des exemples de ce qu'ils vivent. Mais, il ne faut pas dénigrer pour dénigrer et pousser les gens à fuir l'évangile. Ce n'est pas notre objectif. Notre but n'est pas de détruire, mais de construire.
Parlons un peu de MC Claver et de la politique…
Si tu ne fais pas la politique, c'est la politique qui te fera. Ma politique, c'est la politique de Jésus. La politique, pour moi, c'est qu'il faut que les gens se rendent compte qu'on ne peut rien faire sur le plan politique sans Jésus. Je vous dis que le temps est venu pour les politiciens de se tourner vers Jésus. Que les politiciens et tous ceux qui sont appelés au développement du pays comprennent qu'une nation ne peut évoluer que si l'Eternel des armées est avec elle. “Heureuse soit la nation dont l'Eternel est Dieu”. C'est pourquoi je suis l'homme de Dieu de tous les politiques. Si tu es un homme politique et que tu penses que Dieu peut faire quelque chose dans ta vie, viens écouter les paroles prophétiques. A partir de ce moment là, ton règne sera prospère. Tu ne chancelleras point et tu règneras dans la justice. Mais je te dirai la vérité.
N'est-ce pas trop d'audace ?
Je n'ai pas peur de dire la vérité. Même, un président de la Républiquene me fait pas peur. Pourquoi ? Parce que je suis moi-même fils de Président. J'ai vu mon père en caleçon. J'ai vu un président en caleçon, c'était mon papa. J'ai vu le président Houphouët-Boigny en pyjama, parce que j'ai habité chez lui, ok ! Dieu m'a fait la grâce de voir de grands hommes politiques, qui ont marqué des nations, dans leur intimité. Donc aujourd'hui, il n'y a pas de président qui m'effraie. Moi, je suis ministre du Christ. Un ministre qu'on ne révoque pas.
Votre frère aîné est dans la politique. On dit que vos relations ne sont pas au beau fixe…
Bon ! Je n'ai rien contre mon frère. Mais je ne sais pas si lui a quelque chose contre moi. Je suis dans mon coin et je fais l'œuvre de Dieu. Si dans ma famille, les gens ont besoin de conseiller spirituel, je serai toujours ouvert. Mais s'ils n'en n'ont pas besoin, je ne forcerai personne à accepter l'évangile. Jésus est poli par excellence. Il vient et frappe à la porte de ton cœur. Soit, tu lui réponds, soit tu restes fermé. En tout cas, ce que j'avais à faire dans ce domaine, je l'ai fait. En apportant Jésus à tous les membres de ma famille. Ceux qui l'ont voulu l'ont accepté, ceux qui ne l'ont pas voulu, ne l'on pas fait. Mais je laisse les choses ainsi. Tout en priant pour que Dieu leur fasse grâce. Parce que sans Jésus, ont est condamné à la mort éternelle. Alors qu'avec Jésus, on a la vie éternelle. Et c'est plus important. Ca sert à quoi de gagner ce monde si tu dois perdre ton âme ?
Il paraît que vous avez de grandes richesses ici au Burkina, grâce à votre église. Est-ce le cas ?
(Rires)... Celui qui a dit cela est mal informé. Regardez, il n'y a pas de climatiseur dans mon bureau. Je n'ai par ailleurs qu'un ventilateur. La chaise sur laquelle tu es assis est en bois. Une chaise d'école et non un fauteuil. Les gens t'ont mal renseigné. C'est avec de petits moyens que j'essaie de me battre. J'ai fait tout cela sans grands moyens. Je n'avais rien. Pour la radio Jam que vous voyez là, Dieu seul sait qui m'a donné le coup de pouce.
Comment avez-vous fait pour implanter radio Jam à Ouagadougou ?
Mon père spirituel, le Bishop Kodja Guy Vincent, m'a mis en connexion avec son père, Papa Konian. Et Radio Jam pour moi est un modèle. J'avais une radio qui était fermée. Et je me suis dit que le jour où j'aurai, à nouveau, ma radio à Ouaga, elle sera dans le style de Jam FM à Abidjan. Avec mon feeling à moi qui est la musique branchée, la musique hip-hop. Il a trouvé que c'était un honneur qu'une radio dans un autre pays porte le nom de sa radio. On s'est entendu et le projet a démarré au Burkina. Aujourd'hui, nous sommes en passe de devenir numéro 1. Si nous ne le sommes pas déjà. Tout cela, je le dois à notre Seigneur Jésus-Christ.
Parlez-nous de vos actions dans la chaîne de télé SMTV ?
Cette télévision appartient à un ami, Ismaël Lignon. Je collabore avec lui, en lui donnant un coup de main en matière de programmes destinés à la jeunesse. Je produis une émission qui s'appelle “hit express”. Elle intéresse la jeunesse en matière de culture Hip-hop. Dieu a fait que j'ai eu mes locaux dans le même immeuble que sa télé. Du coup, il m'a permis de mettre mon antenne sur son mât, ce qui m'a fait économiser près de 5 millions de Francs CFA. Voyez-vous, Dieu a suscité pas mal de connexions, pour me permettre de démarrer, avec le peu de moyens que j'avais. En outre, je reconnais que le Bishop Kodja Guy Vincent m'a soutenu financièrement, parce qu'il savait que je repartais à zéro. Le travail que j'ai fait en France et mes connexions m'ont permis d'avoir un peu de sous. C'est de là que Radio Jam Ouaga est née, le 24 juin 2008.
Quels sont vos rapports avec les rappeurs burkinabè ?
J'ai une vision beaucoup plus large aujourd'hui. Parce que, ce n'est plus une émission que je dirige, mais une radio. Et cette radio est pour la jeunesse. Il faut donc que cette jeunesse s'y retrouve. Cette jeunesse est heureuse parce qu'il lui fallait une radio qui lui ressemble. Une radio qui parle ghetto. C'est vrai qu'il y a certaines personnes qui n'ont pas besoin de nos services.
Vous boudent-elles ?
Oui, c'est normal. Parce qu'elles n'ont pas attendu que je sois au Burkina pour devenir stars. La logique voudrait que ce soit moi qui court après elles. Ecoutez, je ne me vois pas en train de courir après mes petits frères stars au Burkina Faso. Ok ! Parce que j'ai assez poursuivi les snoop Doggy Dog, Notorious Big… pour me mettre à ce niveau. Mais je respecte leur point de vue. Ces jeunes ne m'ont jamais manqué de respect.
Vous avez sorti récemment un album en hommage à votre père. Comment se comporte-t-il ?
C'est un maxi single. J'ai vu des gens au Burkina Faso chanter pour Sankara. On chante pour les autres présidents. Mais aucun artiste ne chantait pour le premier président, le père de l'indépendance. Donc, je suis rentré en studio, je n'ai pas rappé longtemps. Mais j'ai fait parler Alain Focard (journaliste à RFI) qui retraçait l'histoire de mon père, de son règne à sa chute. Il y a un voile que je voulais lever. Car, il y a des rumeurs qui ont laissé croire que mon père avait donné l'ordre au général Sangoulé Lamizana de tirer sur la foule. Alain Focard avait joint, en son temps, les différents protagonistes et Lamizana a démenti formellement cette information. Il a dit que mon père ne lui a jamais donné l'ordre de tirer sur la foule. Parce que s'il avait reçu cet ordre, il l'aurait fait. Et beaucoup de jeunes, dans les collèges et lycées, ne connaissaient pas ce volet de l'histoire.
Quels sont vos projets et à quand le retour à Abidjan ?
J'y vais souvent, incognito. Mais, pour le boulot, je me rends à Abidjan chaque année ou chaque deux ans. Parce que lorsque tu montes un business, il faut le suivre de près. Et là, je suis en train de travailler sur un projet de partenariat avec Air Ivoire. Vous me verrez régulièrement à Abidjan. Nous sommes en train de positionner Radio Jam Ouaga dans le domaine de la communication au Burkina. A côté de cela, nous avons bâti un petit temple en finition. Néanmoins, les gens viennent nous voir ici. Au travers de nous, Dieu fait de grandes choses, des choses formidables.
Réalisée par Franck RV
Source: Prestige Mag
Pour la nouvelle vie que vous menez, êtes-vous marié ?
Oui, je suis marié. Et le 11 juin dernier, nous avons eu un fils qui est né à Abidjan. Sinon, j'ai eu un premier fils quand j'étais dans le show-biz. Il s'appelle Maurice. Il a 16 ans et se trouve, en ce moment, à Paris, avec ma mère.
Dans quel mouvement êtes-vous aujourd'hui?
Tout le monde connaît le mouvement dans lequel je suis. Le Seigneur m'a appelé pour annoncer la parole de Dieu à la jeunesse. On m'appelle toujours MC Claver. Ce n'est plus maître de cérémonie. Mais le ministre du Christ. Comme si tout cela était prédestiné.
Pendant combien d'années avez-vous vécu en Côte d'Ivoire et depuis quand êtes-vous de retour au Burkina Faso ?
Après mes va-et-vient en occident, je me suis installé en Côte d'Ivoire en 1989. Et je suis rentré au Burkina en décembre 2004.
Pourquoi êtes-vous rentré ?
C'était une mission de Dieu. Tout le monde sait qu'à partir de 2000, mon langage avait changé. Je parlais beaucoup de Jésus. Quelque chose s'était passé dans ma vie. J'en profite pour rendre hommage à celui qui m'a pris à bras le corps, qui m'a guidé. Il s'agit de mon père spirituel, le Bishop Guy Vincent Kodja. C'est un homme qui a bon cœur. Car, dans ce monde où des gens font du mal, ce monsieur m'a fait beaucoup de bien. Je profite de votre canal pour lui adresser mes salutations les plus distinguées. Alors, après 4 ans de vie spirituelle, le Seigneur m'a demandé de retourner vers les miens, pour leur dire ce que Jésus fait pour moi.
C'est donc pour Jésus que vous avez quitté Fréquence 2 ?
Oui, c'est pour Jésus que j'ai quitté la radio.
N'avez-vous pas reçu des menaces auparavant ?
Non, pas du tout. C'est vrai que j'avais souvent des problèmes avec certains patrons. On m'a suspendu plusieurs fois. Mais, on ne pouvait pas me chasser. Parce que lorsque tu es en Jésus et qu'il ne te dit pas de partir, personne ne peut te nuire. Ce n'est pas possible. J'ai fait un courrier pour demander à partir. Les responsables m'ont proposé de prendre une année sabbatique. Mais Dieu n’était pas de cet avis. Il voulait que je me fasse payer mes droits et que je m'en aille. Il a promis de m'élever là où j'irai. Puisqu'il voulait utiliser le talent que j'ai pour sa gloire. C'est dans la foi que j'ai agi ainsi. Le Dieu qui me guide, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu d'Israël, ne ment point. Aujourd'hui, le résultat est là.
Vous avez abandonné la jeunesse du Hip hop. Est-ce Jésus qui vous l'a demandé ?
Il faut, en toute chose, avoir un peu de sagesse. La Bibledéclare que “toute chose concourt au bien de ceux qui aiment Dieu”. Moi-même, j'ai été la première personne blessée. Pensez-vous que c'est facile pour un animateur radio de laisser un mouvement, une culture qu'il a portée à bras le corps ? Il n'était pas facile pour moi de dire au revoir à tous mes frères et de quitter le milieu du show-biz. Dieu m'a demandé si je voulais lui plaire ou plaire aux hommes. Or, si je voulais être serviteur de Dieu, je ne devais pas chercher à plaire aux hommes.
Ça n'a pas été facile…
Effectivement, dans tout service, il y a déchirure. Parce que pour pouvoir partager, il faut que le pain soit rompu. Donc, si le Seigneur me prend et fait de moi un pain avant que les gens se nourrissent, il est obligé de me rompre. Il est obligé de me déchirer. Et la déchirure fait mal. Ça t'attire beaucoup de problèmes. C'est vrai que ce n'était pas facile pour moi à la radio. Et je voulais aussi faire de la télé. Mais, les chemins étaient fermés. Il y avait des obstacles devant moi. Et je devais me battre face à ces écueils. Cela a créé beaucoup de problèmes. Donc, je ne parlais pas. Je ne voulais pas trop parler, parce que je me suis dit que la Côted'Ivoire m'a beaucoup donné. Il y a de nombreuses personnes qui ne voyaient pas en moi un étranger. Pour eux, j'étais un petit ivoirien stylé. Mais beaucoup d'autres savaient qui j'étais. Et pour eux, il était impossible de m'accepter à un poste de responsabilité au sein de la radio. Encore moins de me confier une émission de télévision. Quelles que furent les qualités et la volonté que j'avais de vouloir faire avancer le mouvement hip-hop à son sommun, jamais on ne m'aurait donné les armes de communication nécessaires pour le faire.
Sans doute, se sont-ils certainement dit que vous allez faire encore plus de boucan. D'abord en tant que fils de président, ensuite “petit fils” d'Houphouët-Boigny. Et vu le luxe dans lequel vous viviez, il y a avait de quoi faire des jaloux
Il vaut mieux regarder le talent plutôt que la personne. Si je peux apporter quelque chose au développement de la culture, je ne vois pas pourquoi cela devrait poser des problèmes à quelqu'un. Même Dieu dit : “Que celui qui ne travaille pas, ne mange pas”. Donc, il faut que je travaille. Et si mon travail me permet d'être prospère, gloire à Dieu. Aujourd'hui, il y a beaucoup d'animateurs en France et partout dans le monde qui vivent convenablement de leur travail. Mais je ne vais pas rester derrière le micro jusqu'à 60 ans en train de crier “yo yo yo” et me retrouver avec un salaire de 80 000 F par mois. Celui qui a des ambitions doit bouger. Et Dieu même a voulu me faire bouger de là. Afin que j'aille au-delà de la situation d'un animateur payé à 80 000 F CFA. La preuve, en me faisant bouger, Dieu m'a fait propriétaire d'une radio. Dieu a toujours raison, quand il fait bouger les gens. Moi, je ne suis pas venu pour accompagner quelqu'un. Je suis venu pour prendre possession des bénédictions que Dieu a mises à ma disposition. Je ne suis pas venu pour être en arrière. Mais plutôt à la tête. Je suis venu pour posséder, pour “impacter”. Je suis venu pour apporter un plus à la jeunesse en manifestant la gloire de Dieu dans tous les domaines. Dans ma vie de tous les jours, dans mon habillement, dans mon foyer, dans mes affaires et dans mon culte personnel avec Dieu. Et c'est cela qui est important.
Comment votre conversion s'est-elle opérée ?
Certains connaissent mon témoignage. C'est vrai que je suis passé par beaucoup de difficultés. Notamment deux accidents de la circulation en 1988. J'ai également été atteint d'un cancer en 1998. Des personnes et même des journaux ont annoncé que je ne me relèverais pas. En cette période, plusieurs personnes y compris les médias attendaient que je tire ma révérence. Heureusement, Dieu m'en a délivré. Mais, après le coup d'Etat du général Guéi Robert en 1999, les choses ont encore commencé à se corser. Et un jour, celui qui allait devenir mon père spirituel, le Bishop Guy Vincent Kodja, m'appelle et m'invite à une veillée de prière qu'il organisait. Je suis allé à cette veillée, parce que j'avais besoin de spiritualité. Parce que pour moi, je n'étais pas si mauvais dans ma vie de tous les jours. Bien que je ne comprenais pas pourquoi j'avais tous ces problèmes. Il fallait que Dieu me réponde. Et cette fois-là, Dieu m'a répondu en me disant : “Il faut que tu viennes à Jésus. Et voilà ce que Jésus fera pour toi, si tu as la foi et que tu crois”. Et c'est comme ça qu'en 2000, je me suis accroché à la parole et que je suis rentré dans le ministère.
Je suis quelqu'un qui ne fait pas les choses à moitié. Au bout de deux ans, beaucoup d'hommes de Dieu ont vu un appel en moi. Au début, je ne voulais pas servir le Seigneur. Mais sachez que je ne suis pas venu à Jésus dans le but d'être pasteur par calcul. Ecoutez, j'étais bien. Je suis d'une famille qui a des connexions sur le plan politique. Dans le milieu du show-biz, j'avais quand même une renommée. La preuve, vous m'interviewez actuellement, par rapport au nom que j'avais. Donc, je ne suis pas venu à Jésus pour chercher une quelconque célébrité ou de l'argent. Mais je suis venu à Jésus pour servir véritablement, pour faire l'œuvre de Dieu ; pour annoncer Jésus à ma génération.
Avez-vous fait des études théologiques ?
Le ministère auquel j'appartenais et qui est la Mission EvangéliqueGrâce de vie a un département d'études bibliques dirigé par le bishop lui-même. J'y ai suivi une formation et, au bout de deux ans, j'ai été consacré.
Pourquoi n'avez-vous pas exercé votre ministère à Abidjan ?
C'est vrai que cela aurait été une bonne chose. Mais Dieu m'a dit que : “Si je voulais que tu prêches en Côte d'Ivoire, j'allais te faire naître ivoirien. J'ai trop de fils ivoiriens qui ont la parole et l'onction. Je ne vois pas ce que tu vas apporter de plus. Par contre, vas chez les siens. Je t'ai fait naître Burkinabé, parce que je veux que tu apportes quelque chose à tes frères.
Comment avez-vous été accueilli ? Y a-t-il eu de l'engouement ou avez-vous été combattu ?
A toute œuvre de Dieu, le diable s'oppose (rires). Donc, il y a toujours de l'adversité à vaincre.
Pourquoi cette adversité, selon vous ?
Parce que partout où il y a la vérité, le diable sait qu'on dépeuple son royaume. Parce qu'il sait que qu'on va vider les endroits où il y a des femmes qu'il tient captifs, de la prostitution, de l'alcool, de la cigarette… Satan ne se laisse pas faire sans combattre. Ça ne sera pas facile. C'est pourquoi on a des difficultés, quand on veut prêcher la vérité. On est persécuté quand on veut vivre de façon pieuse. Mais la Bibledit qu'avec Jésus, on est plus que vainqueurs. Et cela prouve que je suis sur la bonne voie. Par exemple, dans des films, quand on cherche à tuer le détective, c'est parce qu'il est sur le chemin de la vérité qu'on veut l'éliminer. Mais, lui, évite les pièges, découvre la vérité et fait arrêter les bandits. C'est à peu près la même chose. Quand tu es sur la voie de Dieu, qu'on t'attaque et que tu as beaucoup de difficultés, c'est parce que tu es en train de toucher au but.
Il nous revient que vous n'êtes pas courtois avec vos fidèles. Est-ce vrai ?
Même quand vous lisez bien la Bible, vous voyez que Jean-Baptiste était dur avec les gens. Il disait : “Race de vipères. Qui vous a appris à fuir la colère à venir ?”. Si, de nos jours, tu dis à tes fidèles : " Race de vipères, qui t'a dit de venir ? ", crois moi, ton église va se vider.
On a l'impression que vous avez le même style que votre père spirituel, le bishop Kodja ?
Le chien ne met pas au monde un chat (rires).
Mais écoutez ! Si tu n'as pas de père, c'est que tu n'as pas de repère. Je suis dans la vérité ; le ministère de la “Gbêyure”, le ministère de la “mal cause” (où on parle les “gbês”). La Bibledit : “Tu connaîtras la vérité et la vérité t'affranchira”. Si tu as peur de la vérité ou si tu as peur qu'on te dise la vérité, tu es perdu. Parce que tu veux qu'on te caresse dans le sens du poil. Il y a des gens qui sont en train de mourir dans le péché et vous voulez qu'on aille doucement avec eux ? On ne peut pas aller doucement avec eux ! Il faut les choquer (il tape du poing dans sa paume), il faut les sortir de l'enfer… Ecoutez, l'évangile de vérité est un évangile révolutionnaire. Dans le livre de Jean au chapitre 8, Jésus lui-même a dit à ceux qui le suivaient : “Vous êtes du diable. Vous avez pour père le diable parce qu'il est menteur”. C'est ainsi qu'il parlait à ceux qui avaient cru en lui et qui le suivaient. Jésus n'était pas tendre. Jésus leur disait simplement la vérité. Or, la vérité blesse mais ne tue pas. C'est pourquoi les gens doivent apprendre à accepter la vérité. Dieu n'a pas voulu cacher les fautes de ses enfants, afin que tout le monde fasse attention. C'est pourquoi, il a mis les défauts de David, de Salomon, d'Abraham dans la Bible. La seule personne qui a été parfaite, c'est Jésus-Christ. Il ne faut pas que les gens soient choqués, quand les prédicateurs donnent des exemples de ce qu'ils vivent. Mais, il ne faut pas dénigrer pour dénigrer et pousser les gens à fuir l'évangile. Ce n'est pas notre objectif. Notre but n'est pas de détruire, mais de construire.
Parlons un peu de MC Claver et de la politique…
Si tu ne fais pas la politique, c'est la politique qui te fera. Ma politique, c'est la politique de Jésus. La politique, pour moi, c'est qu'il faut que les gens se rendent compte qu'on ne peut rien faire sur le plan politique sans Jésus. Je vous dis que le temps est venu pour les politiciens de se tourner vers Jésus. Que les politiciens et tous ceux qui sont appelés au développement du pays comprennent qu'une nation ne peut évoluer que si l'Eternel des armées est avec elle. “Heureuse soit la nation dont l'Eternel est Dieu”. C'est pourquoi je suis l'homme de Dieu de tous les politiques. Si tu es un homme politique et que tu penses que Dieu peut faire quelque chose dans ta vie, viens écouter les paroles prophétiques. A partir de ce moment là, ton règne sera prospère. Tu ne chancelleras point et tu règneras dans la justice. Mais je te dirai la vérité.
N'est-ce pas trop d'audace ?
Je n'ai pas peur de dire la vérité. Même, un président de la Républiquene me fait pas peur. Pourquoi ? Parce que je suis moi-même fils de Président. J'ai vu mon père en caleçon. J'ai vu un président en caleçon, c'était mon papa. J'ai vu le président Houphouët-Boigny en pyjama, parce que j'ai habité chez lui, ok ! Dieu m'a fait la grâce de voir de grands hommes politiques, qui ont marqué des nations, dans leur intimité. Donc aujourd'hui, il n'y a pas de président qui m'effraie. Moi, je suis ministre du Christ. Un ministre qu'on ne révoque pas.
Votre frère aîné est dans la politique. On dit que vos relations ne sont pas au beau fixe…
Bon ! Je n'ai rien contre mon frère. Mais je ne sais pas si lui a quelque chose contre moi. Je suis dans mon coin et je fais l'œuvre de Dieu. Si dans ma famille, les gens ont besoin de conseiller spirituel, je serai toujours ouvert. Mais s'ils n'en n'ont pas besoin, je ne forcerai personne à accepter l'évangile. Jésus est poli par excellence. Il vient et frappe à la porte de ton cœur. Soit, tu lui réponds, soit tu restes fermé. En tout cas, ce que j'avais à faire dans ce domaine, je l'ai fait. En apportant Jésus à tous les membres de ma famille. Ceux qui l'ont voulu l'ont accepté, ceux qui ne l'ont pas voulu, ne l'on pas fait. Mais je laisse les choses ainsi. Tout en priant pour que Dieu leur fasse grâce. Parce que sans Jésus, ont est condamné à la mort éternelle. Alors qu'avec Jésus, on a la vie éternelle. Et c'est plus important. Ca sert à quoi de gagner ce monde si tu dois perdre ton âme ?
Il paraît que vous avez de grandes richesses ici au Burkina, grâce à votre église. Est-ce le cas ?
(Rires)... Celui qui a dit cela est mal informé. Regardez, il n'y a pas de climatiseur dans mon bureau. Je n'ai par ailleurs qu'un ventilateur. La chaise sur laquelle tu es assis est en bois. Une chaise d'école et non un fauteuil. Les gens t'ont mal renseigné. C'est avec de petits moyens que j'essaie de me battre. J'ai fait tout cela sans grands moyens. Je n'avais rien. Pour la radio Jam que vous voyez là, Dieu seul sait qui m'a donné le coup de pouce.
Comment avez-vous fait pour implanter radio Jam à Ouagadougou ?
Mon père spirituel, le Bishop Kodja Guy Vincent, m'a mis en connexion avec son père, Papa Konian. Et Radio Jam pour moi est un modèle. J'avais une radio qui était fermée. Et je me suis dit que le jour où j'aurai, à nouveau, ma radio à Ouaga, elle sera dans le style de Jam FM à Abidjan. Avec mon feeling à moi qui est la musique branchée, la musique hip-hop. Il a trouvé que c'était un honneur qu'une radio dans un autre pays porte le nom de sa radio. On s'est entendu et le projet a démarré au Burkina. Aujourd'hui, nous sommes en passe de devenir numéro 1. Si nous ne le sommes pas déjà. Tout cela, je le dois à notre Seigneur Jésus-Christ.
Parlez-nous de vos actions dans la chaîne de télé SMTV ?
Cette télévision appartient à un ami, Ismaël Lignon. Je collabore avec lui, en lui donnant un coup de main en matière de programmes destinés à la jeunesse. Je produis une émission qui s'appelle “hit express”. Elle intéresse la jeunesse en matière de culture Hip-hop. Dieu a fait que j'ai eu mes locaux dans le même immeuble que sa télé. Du coup, il m'a permis de mettre mon antenne sur son mât, ce qui m'a fait économiser près de 5 millions de Francs CFA. Voyez-vous, Dieu a suscité pas mal de connexions, pour me permettre de démarrer, avec le peu de moyens que j'avais. En outre, je reconnais que le Bishop Kodja Guy Vincent m'a soutenu financièrement, parce qu'il savait que je repartais à zéro. Le travail que j'ai fait en France et mes connexions m'ont permis d'avoir un peu de sous. C'est de là que Radio Jam Ouaga est née, le 24 juin 2008.
Quels sont vos rapports avec les rappeurs burkinabè ?
J'ai une vision beaucoup plus large aujourd'hui. Parce que, ce n'est plus une émission que je dirige, mais une radio. Et cette radio est pour la jeunesse. Il faut donc que cette jeunesse s'y retrouve. Cette jeunesse est heureuse parce qu'il lui fallait une radio qui lui ressemble. Une radio qui parle ghetto. C'est vrai qu'il y a certaines personnes qui n'ont pas besoin de nos services.
Vous boudent-elles ?
Oui, c'est normal. Parce qu'elles n'ont pas attendu que je sois au Burkina pour devenir stars. La logique voudrait que ce soit moi qui court après elles. Ecoutez, je ne me vois pas en train de courir après mes petits frères stars au Burkina Faso. Ok ! Parce que j'ai assez poursuivi les snoop Doggy Dog, Notorious Big… pour me mettre à ce niveau. Mais je respecte leur point de vue. Ces jeunes ne m'ont jamais manqué de respect.
Vous avez sorti récemment un album en hommage à votre père. Comment se comporte-t-il ?
C'est un maxi single. J'ai vu des gens au Burkina Faso chanter pour Sankara. On chante pour les autres présidents. Mais aucun artiste ne chantait pour le premier président, le père de l'indépendance. Donc, je suis rentré en studio, je n'ai pas rappé longtemps. Mais j'ai fait parler Alain Focard (journaliste à RFI) qui retraçait l'histoire de mon père, de son règne à sa chute. Il y a un voile que je voulais lever. Car, il y a des rumeurs qui ont laissé croire que mon père avait donné l'ordre au général Sangoulé Lamizana de tirer sur la foule. Alain Focard avait joint, en son temps, les différents protagonistes et Lamizana a démenti formellement cette information. Il a dit que mon père ne lui a jamais donné l'ordre de tirer sur la foule. Parce que s'il avait reçu cet ordre, il l'aurait fait. Et beaucoup de jeunes, dans les collèges et lycées, ne connaissaient pas ce volet de l'histoire.
Quels sont vos projets et à quand le retour à Abidjan ?
J'y vais souvent, incognito. Mais, pour le boulot, je me rends à Abidjan chaque année ou chaque deux ans. Parce que lorsque tu montes un business, il faut le suivre de près. Et là, je suis en train de travailler sur un projet de partenariat avec Air Ivoire. Vous me verrez régulièrement à Abidjan. Nous sommes en train de positionner Radio Jam Ouaga dans le domaine de la communication au Burkina. A côté de cela, nous avons bâti un petit temple en finition. Néanmoins, les gens viennent nous voir ici. Au travers de nous, Dieu fait de grandes choses, des choses formidables.
Réalisée par Franck RV
Source: Prestige Mag