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Politique Publié le lundi 30 mars 2009 | Le Nouveau Réveil

Noël Némin (Président du conseil de discipline du Pdci-Rda) : “Ces sanctions sont un message très fort du parti”

Le conseil de discipline du Pdci-Rda a rendu en fin de semaine dernière, son verdict sur l'action intentée contre N'zi Paul David, Gnamien Yao et N'dri Koffi Apollinaire. Dans l'entretien qui suit, M. Noël Némin, son président se prononce sur ces décisions, dresse les motivations et donne son avis sur le processus électoral.

M. le président, le Conseil de discipline du Pdci-Rda, a rendu en fin de semaine dernière son verdict concernant l'affaire N'zi Paul David, Gnamien Yao et N'dri Apollinaire comme il convient de l'appeler. Ces trois personnalités ont été exclues définitivement du Pdci-Rda. Quel est votre commentaire sur cette sentence ?
En principe, il n'y a pas de déclaration particulière à faire. Tous ceux qui sont du Pdci-Rda savent qu'il y a des statuts, un règlement intérieur. S'ils se rapportent à ces statuts et règlement intérieur, ils doivent comprendre d'emblée le pourquoi et le comment des décisions qui sont tombées. Un parti politique, c'est une association des gens libres qui se mettent ensemble pour des objectifs précis, la conquête du pouvoir. Et ayant conquis le pouvoir, faire en sorte à le conserver. C'est cela le parti politique. A partir du moment où vous acceptez d'être membre d'un parti politique, vous êtes parmi les membres éminents qui sont dans les structures, vous avez des obligations impérieuses à respecter. On ne peut pas être et ne pas être à la fois. C'est insensé. Or, quand vous avez de hauts responsables, membres du Bureau politique, du Conseil politique qui acceptent de remplir ces fonctions et qui en même temps crachent sur le parti, ne veulent pas respecter les décisions, c'est inacceptable. Bien sûr que c'est nouveau de voir des décisions sortir comme ça au Pdci-Rda. N'oubliez pas que le Pdci a été le seul parti depuis l'indépendance jusqu'en 1990. Il y a eu des habitudes qui ont été prises, on ne punissait personne, on acceptait tout le monde, même les brebis galeuses. Mais, nous sommes dans le multipartisme aujourd'hui, chacun doit pouvoir compter sur ses membres. Si vous êtes dedans sans être dedans, c'est Balla Kéita qui le disait " un pied dedans, un pied dehors, dehors ". C'était une manière brutale de dire les choses mais ça a un sens quand même. On ne peut pas être dedans et en même temps être hors. Depuis un certain moment, il y a des hauts responsables qui crachent sur le parti. Le parti prend des décisions, le Bureau politique prend des décisions, des gens estiment qu'ils sont plus intelligents que le parti et le Bureau politique. Ils donnent dans un autre sens. Le parti a estimé que ça ne peut pas continuer. Nous avons été saisis pour examiner ces cas. Nous avons pris une décision, celle qu'on a pu lire dans votre journal, l'exclusion définitive.

Que doit-on comprendre par exclusion définitive ? Est-ce la radiation ?
Quand on est exclu définitivement, on n'a pas besoin de dire qu'on est radié. C'est la radiation. Ces décisions sont tombées parce qu'il s'agit de cas graves pour des personnes responsables. On ne pouvait pas continuer.

Y a-t-il M. le président, un recours possible pour ces trois personnalités frappées par ces décisions ?
Dans les statuts, ce n'est pas prévu. Le blâme, l'avertissement sont des sanctions qui sont prévues mais qui ne sont pas prises par le Conseil de discipline du Pdci-Rda mais au niveau des structures. Là, on a prévu des recours en appel. L'appel d'ailleurs devant le conseil de discipline. Mais s'agissant de ces décisions qui ont été prises, si demain un tel veut faire amende honorable, saisir le Président du parti ou le secrétaire général, il peut revenir. On ne les a pas enterrés pour toujours. Mais pour le moment, ils sont hors du parti. S'ils veulent revenir au parti, le parti leur imposera les conditions du retour.

Ces trois personnalités ne sont-elles donc plus habilitées à parler au nom du Pdci ?
C'est prévu dans la décision.

L'un des trois sanctionnés, en l'occurrence M. N'zi Paul David est président du Conseil général de Dimbokro. Il a été élu sous la bannière Pdci-Rda. Y a-t-il des dispositions prévues à ce niveau ?
Moi je serais à sa place, je démissionnerais du Conseil général parce que je porte un mandat Pdci. Si je suis exclu du Pdci-Rda, si je veux être conséquent, je quitte mon poste du Président du Conseil général.

Voulez-vous dire que les militants du Pdci-Rda de Dimbokro ne doivent plus se reconnaître en n'zi Paul David ?
Tout à fait. Tu étais notre berger et on te suivait. Tu as disparu, qui doit-on suivre ? Un zombi ? Les militants du Pdci-Rda de Dimbokro ou de Yamoussoukro ne doivent plus se reconnaître en ces gens-là.

M. le président, hormis ces trois, y a-t-il d'autres cas qui vont suivre ?
Quand on vit on marche. Et quand on marche, tout peut arriver. Vous pouvez tomber. Il suffit que demain, la direction du parti nous saisisse d'autres cas, on les examinera en toute responsabilité, en toute objectivité. Il n'y a pas la chasse aux sorcières au Pdci. Comme j'ai eu à le dire à tous les membres du Conseil, nous sommes 25. Je leur ai dit que nous n'avons pas l'auto-saisine. C'est-à-dire que nous ne pouvons pas nous saisir nous-mêmes. On attend la saisine par le Président du parti ou son Secrétaire général qui reçoit des instructions. Une fois que nous sommes saisis, nous statuons d'une manière autonome.

Plusieurs cadres du Pdci-Rda ont eu la même attitude que les trois qui viennent d'être sanctionnés. Pourtant, ils n'ont pas été convoqués. Pourquoi ?
Je vous ai parlé de responsables. Voyez quand on est responsable, on a des obligations. Sinon le militant lambda qui commet une faute n'a pas la même responsabilité que le militant Némin Noël. La direction du parti peut ne pas poursuivre le militant lambda mais poursuivre celui qui est responsable. Quand on est responsable, les actions qu'on mène ont des répercussions plus grandes. Nous n'avons pas le droit de laisser pourrir la situation par des gens qui sont présumés être responsables de la marche du parti.

Mais, il n'en demeure pas moins que ces individus lambdas par leur comportement empoisonnent la vie du parti
Ils empoisonnent moins que les responsables. Si, moi, à Katiola, je vois un des militants du PDCI qui dit qu'il milite dans un autre parti, je vais sourire parce que sa position ne va pas emporter l'adhésion des militants du PDCI-RDA de Katiola. Par contre, si moi Nemin Noël ou le Général Ouassénan prend une position et fait des déclarations contre le parti, la conséquence est bien plus grave.

Les militants du PDCI-RDA à travers ces trois exemples doivent-ils comprendre que vous avez sonné la fin de la recréation ?
Ce n'est pas la "Gestapo". On n'est pas pour dire qu'on va poursuivre des gens. Le PDCI-RDA est un parti de dialogue. Tu peux commettre une faute, on peut te pardonner. Mais si tu persistes et tu signes, il faut qu'on prenne une décision sinon tu deviens un danger pour le parti. Sinon, on ne va pas poursuivre tout le monde parce qu'un tel a dit tel mot. C'est un parti de dialogue. C'est cela la ligne que le père fondateur nous a donnée.

Quelle a été la réaction du président du PDCI-RDA ? A-t-il été saisi ?
Ça a été publié. Si on a publié, c'est que le président du parti est au courant. Le président ne peut pas ne pas être favorable à la décision. D'ailleurs, si vous lisez bien les statuts, vous verrez bien que le Conseil de discipline statue sous l'autorité du président du parti. Si on statue sous son autorité, ce qu'on décide c'est lui qui a décidé.

A travers les décisions de la semaine dernière, est-ce que vous avez un message à lancer à l'ensemble des militants du PDCI-RDA ?
Si on est intelligent et qu'on voit tomber des décisions de telles importances, on doit entrer en soi-même pour savoir si la position qu'on a est conforme ou pas. Donc c'est un message très fort. Les responsables ou les militants en général doivent savoir qu'ils ont un comportement à avoir, un comportement digne. Je vous ai défini le parti comme une association des gens libres. A partir du moment où on a accepté d'être membre d'un parti politique, on doit se conformer aux statuts, au règlement intérieur et aux décisions de ce parti. Parce que l'objectif c'est de conquérir le pouvoir et de le conserver. Donc chaque militant doit savoir qu'il a une obligation. Il ne s'agit pas d'être dans une association où chacun fait ce qu'il veut.

M. le président, considérez vous encore M. Laurent Dona Fologo comme militant du PDCI-RDA ?
Il a créé un parti. Il y a plusieurs qui n'ont pas été poursuivis par la direction du parti. Ils sont partis d'eux-mêmes, ils ont créé leur parti politique. Fologo est sorti des rangs. On n'a pas à s'en inquiéter, il est parti. Fologo était secrétaire général du parti pendant près de vingt ans avec le Président Houphouët et le Président Bédié. Nous nous connaissons bien, même très bien. S'il est parti, on n'a qu'à regretter son départ. Mais je lui souhaite bonne chance.

M. le président, tout le monde aujourd'hui attend les élections. Pensez-vous que ces élections sont possibles en 2009 au regard de l'évolution du processus ?
Les élections c'est pour vous les plus jeunes. Sinon le Président Bédié et moi-même, nous pouvons nous retirer pour aller nous asseoir au village décider de ne plus nous mêler des problèmes. Mais on ne peut pas avoir fait ce qu'on a fait et par la suite d'un coup d'Etat arrêter toute activité pour dire débrouillez-vous. Ce ne serait pas sain de notre part. c'est pourquoi nous nous battons encore. Et nous allons nous battre pour que les choses reviennent à leur place, pour que le pays marche suivant les idées que le président Houphouët avait tracées. Nous sommes en mission. Donc pour l'heure, les élections doivent avoir lieu. Je sais, parce qu'on n'est pas des enfants, on fait tout pour que les élections n'aient pas lieu. Qui a avantage à ce que les élections n'aient pas lieu ? Ce sont ceux qui jouent des rôles éminents, qui ont des avantages colossaux. Plus ça dure, plus ça vaut. Pendant ce temps, le peuple croupit dans la misère. Nous ne pouvons pas accepter cela. C'est pour ça que nous souhaitons vivement que les élections aient lieu.

Quand ?
Nous voulons que ce soit cette année. Tout ce qui se fait, c'est dans une transition négociée. Que le Président Gbagbo soit encore président, c'est une transition négociée. Soro Guillaume est un Premier ministre de la transition. C'était pour apaiser les choses pour qu'on puisse redémarrer. Mais, si on se complait dedans, nous serons des gens de transition éternelle. Or, ce n'est pas ça. Nous souhaitons que les élections aient lieu, que les institutions soient à leur place et que chacun prenne ses responsabilités pour la Côte d'Ivoire.

Au niveau de votre parti, le PDCI, si les élections n'ont pas lieu, est-ce qu'on doit s'attendre à des messages forts ?
N'attendez pas de moi que je vous dise si à telle date, les élections n'ont pas lieu, le PDCI va se mettre dans la rue ou va faire ceci. Il ne m'appartient pas de le dire. Ce ne serait pas sage de ma part de le dire. Mais je pense que ça va de soi si les élections n'ont pas lieu, que la Côte d'Ivoire ne va pas tourner comme tout le monde le souhaiterait. Il y a risques de troubles. Il faut éviter cela. C'est pour cela que de tout mon cœur, je souhaite que chaque responsable de ce pays comprenne que nous devons aller aux élections. Les élections c'est quoi ? C'est demandé au peuple de choisir ses responsables, c'est tout. Or, pour le moment, ce n'est pas le peuple qui a choisi ses responsables. Donc nous attendons les élections et nous souhaitons qu'elles aient lieu en 2009.

La Côte d'Ivoire vient d'être éligible à l'initiative PPTE. Quel est votre commentaire ?
Vous demandez au petit peuple de Côte d'Ivoire de comprendre les mécanismes de la Banque mondiale, de la finance internationale. Ce n'est pas le rôle. C'est nous qui devons expliquer au peuple ce que c'est que le PPTE. Je ne vois pas un pays qui va faire des prières pour être classés parmi les pays endettés, très pauvres pour rentrer dans le clan des mendiants. Aucun pays ne gère ça. Mais c'est la situation qui fait que nous sommes dedans. Si être admis au PPTE permet d'avoir les coudées franches pour obtenir des subsides etc…Bravo. Parce que nous en avons besoin. Quand on va à l'intérieur, on voit bien, la misère devient noire. Si on peut sortir de là par le PPTE, je dis bravo. Je crois que ça ne s'arrêtera pas à ça parce que la Côte d'Ivoire doit rebondir pour être le paye phare de l'Afrique de l'ouest, être le pays envié, le pays où tout le monde vient. On peut, nous le pouvons comme le disait le Président Bédié. Et c'est ce que nous attendons.
Interview réalisée par
Patrice Yao et Paul Koffi
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