Sénégal - Elections locales Ben Ismaël : Comment Abdoulaye Wade a fait perdre Karim Wade… son fils

Karim Wade, le fils du Président sénégalais Abdoulaye Wade, a échoué pour l’accès à la mairie de Dakar. La défaite de Karim Wade fait trembler le palais présidentiel qui avait vu le ‘’petit’’ Karim Wade comme un digne successeur de son père Abdoulaye Wade à la tête de l’Etat sénégalais. Dans ce scénario, Karim Wade crée son mouvement politique : ‘’la génération du concret’’ sous l’œil paternel du père Abdoulaye Wade. Mais certains cadres du parti démocratique sénégalais ont du mal à avaler cette coalition de la ‘’génération du concret’’ avec le PDS du père Abdoulaye Wade. Déjà, malaise! Pendant la campagne électorale, les Sénégalais auraient tout vu : Karim Wade et sa ‘’génération du concret’’ plongent dans une campagne nébuleuse. D’abord, l’utilisation du matériel de l’Etat : voitures, avions, hélicoptères… Un système pervers que Abdoulaye Wade avait dénoncé au temps où il dirigeait l’opposition sénégalaise contre Senghor, ou Abdou Diouf. La défaite de Karim Wade aux élections locales et à la mairie de Dakar est un simple rappel des Sénégalais au couple père et fils que le Sénégal n’est pas un ‘’royaume’’. C’est en cela que la défaite de Karim Wade touche directement le Palais de la République qui avait l’ambition de présenter le fils Wade à la présidentielle 2012. Karim Wade n’était pas suffisamment préparé et était mal accepté au sein du PDS de ‘’Papa Wade’’. Faire de Karim Wade un modèle pour diriger le Sénégal a un peu discrédité Abdoulaye Wade lui-même. Le tremplin de Karim Wade, sans expérience politique, frappé par un verdict de rejet des Sénégalais est un cinglant rappel à Abdoulaye Wade que Senghor, Mamadou Dia, Abdou Diouf, ceux qui ont mis l’Etat sénégalais sur les rails de l’indépendance et de la souveraineté économique n’ont jamais dirigé le Sénégal en ‘’dynastie’’ et en ‘’galaxie’’. Aujourd’hui, Abdoulaye Wade a certainement pris le coup. Abdoulaye Wade s’est fait avoir, quand on sait que Karim Wade n’a aucune préséance au ‘’sommet de l’Etat’’ et nulle part dans la constitution sénégalaise aucun article ne ‘’mentionne’’ que le fils peut succéder au père à la tête de l’Etat sénégalais. Dans ce cas, ce n’est pas Karim Wade qui a échoué, mais Abdoulaye Wade lui-même qui a mis en danger l’avenir du PDS. C’est Abdoulaye Wade qui est discrédité, lui qui a chassé Malick Sall, Idrissa Seck, sérieux et compétents cadres du Parti démocratique sénégalais pour faire place à son fils Karim Wade. De faux pas à l’ordre républicain du Président Abdoulaye Wade qui a même placé Karim Wade au-dessus du président de l’Assemblée nationale. Expériences politiques et démocratiques désastreuses pour Abdoulaye Wade qui n’a pas hésité à ‘’tuer’’ les simples normes de l’Etat de droit au Sénégal. Abdoulaye Wade n’a pas voulu de ‘’l’audit’’ sur les 370 milliards de FCfa octroyés par la conférence des Etats islamiques… Un don à tous les Sénégalais mais géré par Karim Wade. Tous ces gestes ont joué en défaveur de Karim Wade aux élections locales. De toutes les façons, de 2001 à 2009, Abdoulaye Wade s’est trop éloigné de la République en propulsant maladroitement son fils Karim Wade dans un pays comme le Sénégal dont l’histoire démocratique est une référence en Afrique. Abdoulaye Wade a pris le coup après avoir servi tout ce qui est ‘’laid’’ politiquement et démocratiquement à son fils Karim Wade. La réalité est là. Karim Wade n’a pas supporté le verdict des urnes; il aurait quitté le Sénégal avant même la proclamation des résultats. Désormais que vaut le locataire du palais de Dakar ? On peut dire que le pire est là. Les symboles du PDS ont été ‘’touchés’’. Des personnalités influentes, proches de Abdoulaye Wade, ont été ‘’balayées’’ aux élections à Dakar, Thiès, Kaolak. Tout cela explique que Abdoulaye Wade n’a plus de crédibilité dans la gestion de la modernité démocratique de l’Etat sénégalais.