Au Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, l’attitude à adopter face aux lenteurs et aux blocages dans l’opération d’identification et d’enrôlement divise les cadres.
D’un côté, il y a ceux qui pensent que Mambé est trop chouchouté par l’opposition. Ce qui n’est pas de nature à favoriser l’objectif : Obtenir des élections avant fin 2009. Les tenants de cette thèse, on en trouve surtout au Rdr et au Mfa. Pour eux, il va falloir «être un peu plus ferme face au président de la Cei pour espérer obtenir le chronogramme électoral le plus tôt possible». De l’autre côté, il y a ceux qui trouvent qu’il serait suicidaire pour l’opposition de «livrer Mambé» à la guillotine. Pour ces cadres que l’on trouve majoritairement au Pdci et à l’Udpci, il faut certes mettre la pression, mais dans un cadre restreint. Nous sommes chez les houphouëtistes. Ici, face à l’équation de la Cei et de son président qui tardent à sortir le chronogramme réclamé depuis de longs mois par l’ensemble des acteurs, deux camps s’affrontent en sourdine. Les arguments sont de poids et se valent. «Tout le monde est dérouté par les lenteurs actuelles. Mais, on ne peut pas parler sans critiquer notre propre camp du Rhdp où chaque parti a sa manière de voir la situation», confie un responsable du Rdr sous le couvert de l’anonymat. Pour lui, l’opposition a effectivement sa part de responsabilité dans la situation actuelle qui fait s’étendre dans la durée l’identification tant au plan national qu’à l’étranger.
Pour une pression sur Mambé
«C’est à croire que nous aussi n’étions pas pressés d’aller aux élections. On sait tous que le pouvoir Fpi fait tout pour retarder ce rendez-vous des urnes. Mais, notre indifférence favorise cela. Il n’y a aucune stratégie au sein du Rhdp pour accélérer les choses. Et c’est grave», charge notre interlocuteur. «Pis, renchérit un responsable du Mfa, nous n’avons aucun timing personnel. On accompagne la Cei. On se laisse aller là ou le courant nous mène. Pourtant, dans un tel contexte nous devrions avoir les moyens de notre stratégie qui est d’aller aux urnes. On doit suivre de près. On doit mettre la pression. On doit pouvoir démontrer que tel problème relevé est réel ou faux. Malheureusement, personne en notre sein, ne peut critiquer Mambé sans s’attirer le courroux du Pdci», dénonce-t-il. Pour lui, l’opposition doit apprendre au moins à dire les vérités au président de la Cei. «Il faut au moins lui reprocher d’annoncer toujours des choses sans jamais en avoir la certitude. Aujourd’hui, nous sommes si conditionnés par les faux rendez-vous de la Cei que lorsque j’ai appris que l’opération devait commencer à l’étranger, j’ai me suis dit que c’est un simple effet d’annonce. Et voilà qu’il n’y a rien eu jusque-là. C’est toujours comme ça depuis le début, il n’y a jamais eu une opération annoncée qui démarre officiellement au moment indiqué”, déploret-til. Avant de poursuivre: ”Pour le démarrage dans les villes du district d’Abidjan comme celles de l’intérieur, les rendez-vous donnés aux populations ont toujours été du faux. On annonce une date, les populations motivées et mobilisées sont par la suite dribblées. Quelques jours après, au moment où plus personne n’y croit, c’est là qu’on démarre pour progresser en dents de scie. C’est pénible. Cela provoque la démobilisation des cibles». Cet autre membre des instances du Rdr se dit sûr que pour les séances de rattrapage annoncé par la Cei pour mi-avril l’on aura droit encore à des retards. «J’ouvre les paris en étant sûr que Mambé ne respectera pas la mi-avril comme il l’a annoncé. Ils sont incapables de respecter un chronogramme à très court terme et personne ne veut le dénoncer. Dans quel programme sérieux des personnes décident de dire qu’une opération est terminée avant de revenir faire des rattrapages plus tard. Je pense que c’est plus logique d’enchainer et de boucler ici avant de se lancer vers l’étranger. Le break qu’on fait et qui provoque la dispersion des hommes et des outils ne peut en aucun cas être utile quand on sait que pour la reprise il faudra encore regrouper tout ce beau monde», analyse-t-il. Au Mfa, certains cadres, que nous avons joints, expliquent qu’à chaque fois qu’ils ont formulé des critiques contre Mambé, le président du Pdci saisit leur leader pour que l’on «mette balle à terre». «Récemment le Premier ministre nous a tous invités pour aller lui dire ce que nous reprochons au processus. Mais, avant d’y aller, Bédié a conditionné tous les autres leaders du Rhdp pour qu’ils aillent parler de la même voix pour dit-il éviter d’affaiblir Mambé. C’est pénible ! Même si la Cei était innocente, ce qui n’est pas vrai, l’opposition devrait pouvoir mettre la pression sur le gouvernement. Or, là encore, elle ne fait rien de peur de perdre ses privilèges au sein des ministères», soutiennent nos interlocuteurs. En face, l’on reconnait les problèmes de lenteur. Mais, pour ce cadre du Pdci, très au fait des questions électorales du parti, il ne faut pas mélanger « adversaires et alliés».
“Ne pas confondre alliés et adversaires”
«Nous ne pouvons pas mettre la pression sur la Cei en l’accusant de bloquer le processus alors qu’elle est innocente. Les structures techniques en charge de l’opération ne dépendent pas de la Cei. Si l’Etat ne paye pas la Sagem et que cette structure ne veut plus rien faire, que peut faire la Cei. Si l’Ins dit qu’il n’a pas d’argent pour payer les groupes électrogènes pour aller dans les villages, que peut faire la Cei? Si la Cnsi dit qu’elle ne peut pas déployer ses équipes parce que son budget n’est pas libéré, qu’est-ce que la Cei peut faire à part informer l’Etat? Nous ne pouvons pas attaquer Mambé, pour le plaisir», affirme-t-il. Un autre responsable du parti doyen croit savoir les causes réelles des lenteurs au plan national comme à l’étranger. «L’Etat doit environ 13 milliards Fcfa à la Sagem pour l’exercice 2009. La Sagem a donc annoncé qu’elle suspend toutes ses activités jusqu’à ce qu’elle soit payée. Donc l’identification était déjà arrêtée avant le 31 mars à l’intérieur du pays. C’est aussi la raison pour laquelle l’opération a été bloquée à l’étranger», explique-t-il. Un militant de L’Udpci, qui pense également qu’il faut mettre la pédale douce avec la Cei, se dit choqué de voir des gens dénoncer le renvoi des séances de rattrapage à la mi-avril. «On est obligé d’attendre mi-avril avant de faire les rattrapages. C’est pour permettre à la reconstitution des registres de l’état civil de s’achever de sorte que nos frères et sœurs qui n’avaient pas de papiers soient prêts. C’est surtout pour eux que ces rattrapages se feront», rappelle-t-il. Pour lui, l’opposition a l’immense chance d’être majoritaire au sein de la Cei. «Nous sommes au cœur de tout. Donc, au lieu de crier dehors, nous multiplions les réunions pour avoir l’état réel de la situation à l’intérieur. On se parle, on se dit des vérités. Mais, on ne crie pas tout dehors», suggère-t-il. Et les cadres du Pdci d’ajouter : « Mettons la pression, mais pas bêtement. Si nous confondons les adversaires et les alliés, nous irons à la faillite politique. L’on peut être très dur avec ses partenaires, mais dans un cadre plus restreint. Si nous ouvrons la brèche entre nous, les adversaires s’engouffreront et ce serait dangereux pour nous», avertissent-ils.
Djama Stanislas
D’un côté, il y a ceux qui pensent que Mambé est trop chouchouté par l’opposition. Ce qui n’est pas de nature à favoriser l’objectif : Obtenir des élections avant fin 2009. Les tenants de cette thèse, on en trouve surtout au Rdr et au Mfa. Pour eux, il va falloir «être un peu plus ferme face au président de la Cei pour espérer obtenir le chronogramme électoral le plus tôt possible». De l’autre côté, il y a ceux qui trouvent qu’il serait suicidaire pour l’opposition de «livrer Mambé» à la guillotine. Pour ces cadres que l’on trouve majoritairement au Pdci et à l’Udpci, il faut certes mettre la pression, mais dans un cadre restreint. Nous sommes chez les houphouëtistes. Ici, face à l’équation de la Cei et de son président qui tardent à sortir le chronogramme réclamé depuis de longs mois par l’ensemble des acteurs, deux camps s’affrontent en sourdine. Les arguments sont de poids et se valent. «Tout le monde est dérouté par les lenteurs actuelles. Mais, on ne peut pas parler sans critiquer notre propre camp du Rhdp où chaque parti a sa manière de voir la situation», confie un responsable du Rdr sous le couvert de l’anonymat. Pour lui, l’opposition a effectivement sa part de responsabilité dans la situation actuelle qui fait s’étendre dans la durée l’identification tant au plan national qu’à l’étranger.
Pour une pression sur Mambé
«C’est à croire que nous aussi n’étions pas pressés d’aller aux élections. On sait tous que le pouvoir Fpi fait tout pour retarder ce rendez-vous des urnes. Mais, notre indifférence favorise cela. Il n’y a aucune stratégie au sein du Rhdp pour accélérer les choses. Et c’est grave», charge notre interlocuteur. «Pis, renchérit un responsable du Mfa, nous n’avons aucun timing personnel. On accompagne la Cei. On se laisse aller là ou le courant nous mène. Pourtant, dans un tel contexte nous devrions avoir les moyens de notre stratégie qui est d’aller aux urnes. On doit suivre de près. On doit mettre la pression. On doit pouvoir démontrer que tel problème relevé est réel ou faux. Malheureusement, personne en notre sein, ne peut critiquer Mambé sans s’attirer le courroux du Pdci», dénonce-t-il. Pour lui, l’opposition doit apprendre au moins à dire les vérités au président de la Cei. «Il faut au moins lui reprocher d’annoncer toujours des choses sans jamais en avoir la certitude. Aujourd’hui, nous sommes si conditionnés par les faux rendez-vous de la Cei que lorsque j’ai appris que l’opération devait commencer à l’étranger, j’ai me suis dit que c’est un simple effet d’annonce. Et voilà qu’il n’y a rien eu jusque-là. C’est toujours comme ça depuis le début, il n’y a jamais eu une opération annoncée qui démarre officiellement au moment indiqué”, déploret-til. Avant de poursuivre: ”Pour le démarrage dans les villes du district d’Abidjan comme celles de l’intérieur, les rendez-vous donnés aux populations ont toujours été du faux. On annonce une date, les populations motivées et mobilisées sont par la suite dribblées. Quelques jours après, au moment où plus personne n’y croit, c’est là qu’on démarre pour progresser en dents de scie. C’est pénible. Cela provoque la démobilisation des cibles». Cet autre membre des instances du Rdr se dit sûr que pour les séances de rattrapage annoncé par la Cei pour mi-avril l’on aura droit encore à des retards. «J’ouvre les paris en étant sûr que Mambé ne respectera pas la mi-avril comme il l’a annoncé. Ils sont incapables de respecter un chronogramme à très court terme et personne ne veut le dénoncer. Dans quel programme sérieux des personnes décident de dire qu’une opération est terminée avant de revenir faire des rattrapages plus tard. Je pense que c’est plus logique d’enchainer et de boucler ici avant de se lancer vers l’étranger. Le break qu’on fait et qui provoque la dispersion des hommes et des outils ne peut en aucun cas être utile quand on sait que pour la reprise il faudra encore regrouper tout ce beau monde», analyse-t-il. Au Mfa, certains cadres, que nous avons joints, expliquent qu’à chaque fois qu’ils ont formulé des critiques contre Mambé, le président du Pdci saisit leur leader pour que l’on «mette balle à terre». «Récemment le Premier ministre nous a tous invités pour aller lui dire ce que nous reprochons au processus. Mais, avant d’y aller, Bédié a conditionné tous les autres leaders du Rhdp pour qu’ils aillent parler de la même voix pour dit-il éviter d’affaiblir Mambé. C’est pénible ! Même si la Cei était innocente, ce qui n’est pas vrai, l’opposition devrait pouvoir mettre la pression sur le gouvernement. Or, là encore, elle ne fait rien de peur de perdre ses privilèges au sein des ministères», soutiennent nos interlocuteurs. En face, l’on reconnait les problèmes de lenteur. Mais, pour ce cadre du Pdci, très au fait des questions électorales du parti, il ne faut pas mélanger « adversaires et alliés».
“Ne pas confondre alliés et adversaires”
«Nous ne pouvons pas mettre la pression sur la Cei en l’accusant de bloquer le processus alors qu’elle est innocente. Les structures techniques en charge de l’opération ne dépendent pas de la Cei. Si l’Etat ne paye pas la Sagem et que cette structure ne veut plus rien faire, que peut faire la Cei. Si l’Ins dit qu’il n’a pas d’argent pour payer les groupes électrogènes pour aller dans les villages, que peut faire la Cei? Si la Cnsi dit qu’elle ne peut pas déployer ses équipes parce que son budget n’est pas libéré, qu’est-ce que la Cei peut faire à part informer l’Etat? Nous ne pouvons pas attaquer Mambé, pour le plaisir», affirme-t-il. Un autre responsable du parti doyen croit savoir les causes réelles des lenteurs au plan national comme à l’étranger. «L’Etat doit environ 13 milliards Fcfa à la Sagem pour l’exercice 2009. La Sagem a donc annoncé qu’elle suspend toutes ses activités jusqu’à ce qu’elle soit payée. Donc l’identification était déjà arrêtée avant le 31 mars à l’intérieur du pays. C’est aussi la raison pour laquelle l’opération a été bloquée à l’étranger», explique-t-il. Un militant de L’Udpci, qui pense également qu’il faut mettre la pédale douce avec la Cei, se dit choqué de voir des gens dénoncer le renvoi des séances de rattrapage à la mi-avril. «On est obligé d’attendre mi-avril avant de faire les rattrapages. C’est pour permettre à la reconstitution des registres de l’état civil de s’achever de sorte que nos frères et sœurs qui n’avaient pas de papiers soient prêts. C’est surtout pour eux que ces rattrapages se feront», rappelle-t-il. Pour lui, l’opposition a l’immense chance d’être majoritaire au sein de la Cei. «Nous sommes au cœur de tout. Donc, au lieu de crier dehors, nous multiplions les réunions pour avoir l’état réel de la situation à l’intérieur. On se parle, on se dit des vérités. Mais, on ne crie pas tout dehors», suggère-t-il. Et les cadres du Pdci d’ajouter : « Mettons la pression, mais pas bêtement. Si nous confondons les adversaires et les alliés, nous irons à la faillite politique. L’on peut être très dur avec ses partenaires, mais dans un cadre plus restreint. Si nous ouvrons la brèche entre nous, les adversaires s’engouffreront et ce serait dangereux pour nous», avertissent-ils.
Djama Stanislas