Un ami revenu d’une mission en Haïti m’a inspirée cet article. Il est rentré au pays sans grand-chose en poche mais avec un visage rayonnant et une forme ayant subi une cure de jouvence. Une attitude qui ne collait pas du tout avec ce qui était sa réalité quotidienne. Mais lui en avait cure. La vie même était une chance. « En Haïti, m’a-t-il répondu, la bonne humeur est la chose la mieux partagée ». Un peu comme la mauvaise foi en affaire. Un homme a un vélo, une femme, sa femme, malgré ses difficultés, il garde toujours son SOURIRE. Salue sur son passage et s’enquiert des nouvelles des autres. Après avoir ingurgité une bonne dose de rhum Barbancourt, de clairin ou tafia, une variété d`eau-de-vie de fabrication artisanale, tirée de la canne à sucre ; l’haïtien se trémousse sur des airs de polka et de mazurka. Demain ? C’est demain même qui en décidera mais pour l’heure la bonne humeur illumine sa mine, la rajeunit et l’éloigne de chagrins, cause de maladie mentale, physique ou financière incurable. Et les femmes haïtiennes, drapées d’étoffes légères bon marché avec des couleurs chaudes et qui attisent si bien la candeur de leur peau mate, elles traversent les ruelles avec vigueur. Pauvres, belles mais heureuses de mener une existence paisible. A la différence des ivoiriens qui sont toujours prêts à s’empoigner en ménage. A l’arrêt de bus ou de « warren » ce sont des visages qui se dévisagent. Les premiers prêts à répondre aux seconds qu’ils sont sûrs de gêner. Au marché, c’est encore pire entre vendeuses et clientes. Dans les bureaux ce sont des querelles de leadership qui sabotent le travail les uns des autres. L’agent de police traite sans égard les citoyens dont il doit assurer la sécurité. Les bavures parlent d’elles-mêmes. Un ivoirien a une grosse caisse ? Il pense à s’en offrir une autre, ensuite une 3ème et pourquoi pas tout un parking. Cette fixation devient la source d’un stress qu’il n’arrive pas lui-même à s’expliquer. Ceux qui se font appeler pauvres, ces éternels «ya-rien-en-poche», passent leur temps à s’apitoyer sur leur sort (sic !). Toujours à fatiguer les plus courageux avec leurs pseudo problèmes. La leçon que j’ai retenue moi de cet ami, c’est qu’à la vérité, les problèmes tout le monde en a. Mais il faut juste vivre et bien vivre, avec. Se donner des cernes, se morfondre, se faire des coups bas, parler sous cape ou sous d’énormes couches de rouges à lèvres, n’enlèveront rien aux soucis. Qui à la vérité saupoudrent la vie de tous les humains. Ivoiriens et non ivoiriens aussi.
Par Jocelyne BALLOT
Par Jocelyne BALLOT