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Société Publié le lundi 6 avril 2009 | Notre Voie

Conflit SICOR-Avikam: Les populations chargent le député Lakpa Amessan

Plus d’un demi-millier de manifestants, venus de douze villages de l’île avikam du département de Grand-Lahou, ont investi, samedi dernier, le monument de la paix de cette localité pour protester. Ils ont exprimé leur colère au député Lakpa Amessan, demandé le départ de Grand-Lahou de la SICOR pour violation du protocole signé avec l’Etat, la rétrocession des 4930 hectares qu’occupe cette société et qui appartiennent à ces villages. Le député de Grand-Lahou et la SICOR étaient pratiquement au centre de cette marche de protestation, qui est partie du stade de football jusqu’au monument de la paix, soit environ trois kilomètres. Les manifestants pour la plupart, brandissaient des pancartes hostiles au député et aux responsables de la SICOR. Le sit-in des manifestants, qui a duré environ 30 minutes, s’est déroulé dans l’ordre et la discipline, en présence des forces de l’ordre, armées de kalachnikovs et de gaz lacrymogènes. Il n’y a eu aucun débordement, au cours de cette marche pacifique et de ce sit-in où les manifestants ont exposé leurs griefs.
Ils reprochent à l’honorable Lakpa Amessan d’avoir mal géré le dossier de la SICOR en se rangeant du côté des responsables de cette société malgré le non respect du protocole d’accord signé entre l’Etat de Côte d’Ivoire et cette entreprise privée de coco râpé, le 26 juin 1996. Pour le peuple Avikam, il est inconcevable que l’élu d’un peuple sacrifie les intérêts de douze villages pour des intérêts personnels. Boni Simplice, responsable du Forum des jeunes lagunaires (FOJEL), soutenu par les autres manifestants, dit ne pas comprendre pourquoi Lakpa Amessan, qui fait pourtant partie du comité de suivi de ce protocole d’accord, pose des actes qui vont contre les intérêts des propriétaires des terres occupées par la SICOR. “Notre député est pratiquement le directeur général de la SICOR. Il s’est fait, et c’est le cas de le dire pratiquement acheté par M. Saheg, le responsable de cette entreprise. Il nous a aujourd’hui complètement tourné le dos au profit des responsables de cette société. Il fait croire aux autorités que tout se passe bien, tout est réglé alors que la SICOR n’a respecté aucun des engagements contenus dans le cahier de charges. Il fait également croire que des autorités sont actionnaires dans cette société pour intimider le peuple avikam. Il a également tout fait pour faire partir de Grand-Lahou le préfet de ce département, Agouh René, qui n’a pas voulu contourner la vérité. Ce préfet n’a pas voulu marcher dans les combines de cet opérateur économique, lui qui a choisi notre camp, le camp de la vérité. C’est nous qui avons élu Lakpa Amessan pour défendre nos intérêts et non pour nous mener la vie dure, en permettant à une société d’agir dans l’illégalité”, soutient E.P un autochtone avikam sous le sceau de l’anonymat.
Krigbo Séhico, président national des propriétaires terriens de Côte d’Ivoire, a exigé que la SICOR purge les droits coutumiers des propriétaires terriens de l’île avikam, estimés à 6.400.000000CFCA, et respecte ses autres engagements. Selon lui, conformément à ce protocole, la SICOR doit, parmi ses nombreux engagements non tenus, ouvrir son capital aux propriétaires terriens, reprendre l’ensemble du personnel des blocs de cocoteraies avec les droits acquis, mettre en place des groupements à vocation coopérative et des ateliers de tissage de la bourre de noix de coco qui génèreront 600 emplois. Le cahier de charges oblige également la SICOR, selon les manifestants à acheter et à collecter dans un rayon de trente kilomètres autour des blocs de cocoteraies, l’ensemble des productions des plantations villageoises à effectuer un programme de replantation portant sur 2529 hectares à Jacqueville et Grand-Lahou, pour un coût de 625 millions FCFA 1072 hectares à Gliké pour un coût de 1.500.000.000FCFA. La majorité de ces engagements, à en croire ces manifestants, n’a pas été respectée par la SICOR qui agit en toute impunité, soutenue par le député Lakpa Amessan. Ces manifestants ont aussi exigé la libération de tous les jeunes emprisonnés pour avoir réclamé leurs terres et l’arrêt de toutes les tracasseries judiciaires à l’encontre des populations de l’île avikam.
Une délégation de la Grande médiature, suite à la saisine de l’association des propriétaires terriens autochtones des villes, villages et communes de Côte d’Ivoire, est attendue demain à Lahou Kpanda pour le règlement définitif et pacifique de ce dossier.


Charles Bédé Envoyé spécial
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