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Société Publié le mercredi 8 avril 2009 | Nord-Sud

Opération ville propre - Sur les traces des camions de ramassage

«L’opération ville propre » a été lancée pour enlever 500.000 T d’ordures dans les dépôts sauvages des 13 communes du district d’Abidjan. Ce reportage relate le travail effectué sur le terrain par les camions de ramassage d’ordures.


Les montagnes d’ordures qui avaient transformé Abidjan, la perle des lagunes, en dépotoir à ciel ouvert sont en train de disparaitre. L’«opération ville propre », lancée de façon solennelle le 12 mars par le chef de l’Etat pour ramasser 500.000 tonnes de déchets sauvages dans les 13 communes du district d’Abidjan, fait son petit bonhomme de chemin. A Abobo « derrière pont » situé sur la voie qui mène à N’dotré, les ordures qui avaient envahi la chaussée sur une distance d’environ 10m ont été enlevées par les pelleteuses. Les camions de la société Arôme qui a décroché l’un des 6 lots de l’opération, ont libéré la voie à la grande satisfaction des véhicules qui se rendent à l’Est du pays et des riverains soulagés de voir le tas d’immondices disparaitre. « Enfin on nous a débarrassés de ces ordures qui dégageaient des odeurs difficiles à supporter. Mais où allons nous jeter les ordures ? », s’interroge une dame devant l’absence de poubelles dans le quartier. Toujours à Abobo, le terre-plein de la voie express a été nettoyé de ses ordures qui avaient formé des monticules en maints endroits. Sur l’esplanade située en face de la mairie, la « guerre » que se livraient les véhicules de transport appelés gbaka et les ordures pour le contrôle de cet espace a pris fin. Le site a été assaini et deux grosses poubelles ont fait leur apparition pour le grand bonheur des passagers en partance pour Adjamé qui étaient obligés de faufiler entre les immondices pour emprunter un gbaka. Mais ici, les ordures ne tardent pas à réapparaitre s’il y a un retard dans la rotation des camions de ramassage. Les usagers qui se rendent à Adjamé en passant par le zoo constatent avec joie que le dépôt d’ordures situé non loin du « carrefour bandji » a totalement disparu. Le site a été proprement nettoyé mais on se demande pour combien de temps. Car c’est un centre de collecte où les pré-collecteurs déversent au quotidien le contenu de leurs charrettes remplies d’ordures. Autre lieu, même réalité. Le boulevard Nangui Abrogoua à Adjamé a reçu le premier coup de balai de l’opération ville propre. Le chef de l’Etat n’a pas manqué de dire ce jour-là que les ordures ont défiguré la commune dirigée par le maire Youssouf Sylla. Cet endroit a renoué avec ses vieux démons. Les ordures ont refait surface sur le site qui avait été « ciré » au lancement de l’opération. Idem à Marcory Anoumabo, place « Tchapalodrome ». Ce dépôt sauvage, traité selon le point focal de Marcory, a été envahi par les ordures. « Il y a quelques jours, nous avons enlevé tous les déchets à cet endroit. Mais les ordures sont revenues au galop », constate amèrement Didi Lambert. « Dès que nous rentrons à la maison à 17h, les femmes viennent déverser les ordures », explique un pré collecteur à notre passage sur le site le 3 avril. Ici aussi, les femmes qui fabriquent le tchapalo, une boisson traditionnelle alcoolisée obtenue à partir du sorgho, évoquent le manque de poubelles. « Nous ne pouvons pas garder nos déchets à la maison alors qu’il n’y a rien où les déverser. C’est pourquoi nous sommes obligés d’utiliser la rue comme poubelle », fait remarquer une dame qui s’adonne à cette activité. Un habitant attire notre attention sur le fait qu’il n’existe qu’un seul centre de collecte des ordures à Anoumabo situé sur le pont. « Il est loin des sous-quartiers de « Sans fil » et de « Setao ». Ceux-là n’ont d’autre choix que de créer des dépôts sauvages à proximité de leur lieu d’habitation », révèle-t-il. Une partie de l’ancien dépotoir a été utilisée par certains pour faire pousser leurs baraques. Non loin, se trouve l’espace Milo où de nombreux obstacles empêchent le travail des camions de ramassage. Après une première opération, ils ont dû arrêter faute de voie de circulation. La solution, selon le responsable technique de la mairie de Marcory, reste de déguerpir les occupants des lieux. « Nous leur avons adressé des mises en demeure depuis le 17 mars. Mais c’est un village, il faut donc avoir l’accord de la chefferie. Il y a aussi le côté social car après un déguerpissement, la mairie est envahie par les occupants », souligne Gnably Roger. A cela, il faut de gros moyens pour déloger les populations, soutient le technicien. En attendant d’avoir ces moyens, des dépôts sauvages renaissent de leurs cendres. L’autre difficulté rencontrée sur le terrain se situe au niveau de la rotation des camions de ramassage. Dans les préavisons, chaque véhicule doit faire 6 tours par jour. Mais à cause de l’embouteillage et de la fermeture de la décharge d’Akouédo entre 16 et 20h, les engins tournent autour de 3 voyages/jour. « A ce rythme, l’opération ira au-delà du délai de 3 mois et va engendrer un surcoût de charges. On a mal apprécié l’ampleur du fléau car de nombreux dépôts sauvages non identifiés apparaissent sur le terrain », fait ressortir un agent de l’Anasur. Partout, se pose l’épineuse question de la gestion des sites traités dans le cadre l’opération ville propre. A l’Agence de la salubrité urbaine, maitre d’ouvrage du projet qui doit durer 3 mois, on envisage une série d’actions pour éviter la recolonisation des anciens dépôts. L’Anasur envisage également un aménagement des sites par le planting de fleurs, le gazonnage, la construction de clôture etc. Pour le succès de cette étape, Didi Lambert conseille d’intéresser les riverains en leur octroyant le contrat de l’aménagement des sites. L’agence n’exclut pas aussi l’usage de la force publique pour punir les pollueurs. « Après la sensibilisation, nous allons passer à la phase de la répression. Nous disposons d’une brigade de salubrité qui sera déployée sur le terrain », prévient le sous-directeur de la communication Ani Malgrace. Mais l’aménagement des sites ne s’effectuant pas concomitamment avec l’opération ville propre, il y a fort à parier que les ordures vont repousser à Abidjan avant même la fin du projet financé par la Banque mondiale à hauteur de 6 milliards FCFA.

Nomel Essis
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