Me Roger Ouégnin, président du Conseil d'Administration de l'Asec, n'est pas du content de l'intrusion abusive des agents de joueurs et surtout de la prolifération des pseudo-centres de formation en Côte d'Ivoire. Dans cette interview, l'avocat -président de l'Asec estime que cela constitue un réel danger pour la bonne marche du football ivoirien. Interview.
Depuis la dernière assemblée générale ordinaire, quels ont été les changements majeurs que connaît le club ?
Le changement notoire, c'est qu'on avait fait la promesse de reprendre le chantier de la maison excellence depuis 2007. Nous l'avons pris, la maison excellence est quasiment terminée dans la première phase. Elle n'est pas totalement terminée parce qu'il reste le bâtiment administratif qui n'a même pas encore démarré. Mais dans peu de temps, l'administrateur délégué qui est Lamine Dibo pourra mettre en exploitation la maison excellence elle-même, les chambres, la salle Vip. Donc, tous nos partenaires et certains auront la possibilité de pouvoir utiliser nos installations pour tenir des réunions. Le club avance. Pendant ce temps, la nouveauté sur le plan sportif est la perte de notre titre de champion de Côte d'Ivoire depuis deux ans. Et nous avons fait la promesse, bien que l'on dise, jamais deux sans trois, mais là, il faut absolument qu'on reprenne le titre de champion qu'on égrène depuis de longues années. En 19 ans, nous avons gagné 15 fois. Nous allons essayer de nous organiser après avoir beaucoup investi dans les infrastructures, essayer d'avoir des résultats sportifs plus conséquents, à la mesure du grand club que nous avons et que nous voulons continuer à positionner sur le plan continental.
Le conseil d'administration avait-il fait exprès de négliger " l'aspect sportif " pour se consacrer à la construction ?
Jamais ! L'Asec, c'est le sport d'abord. Tout à l'heure, je vous ai dit qu'on ne peut pas faire exprès. Les matches nuls qu'on a faits, on ne l'a pas fait exprès. Financièrement, ça ne m'a pas trop dérangé, mais sportivement, ça fait mal. Et on a laissé échapper le titre deux (2) fois, je le confirme, même si ça ne plait pas à certains, mais on l'a presque donné cadeau. Il y a plein de choses qui se sont passées. La 1ère année, on a évité une guerre et la seconde année, il y a eu trop de négligence avec des joueurs qui ont la tête ailleurs, dans les compétitions africaines. C'est très dur d'être premier. Les textes de la Fifa leur permettent de partir, s'ils en ont envie… On ne peut pas les retenir… et même si on avait l'envie de les retenir, on ne pourrait pas les retenir. Un moment donné, on a essayé de retenir un joueur, qu'est-ce qui s'est passé ? Soit ils ont fui, soit ils ont joué à contre-scores, soit ils ont marqué un but contre notre camp, soit ils ont laissé passer les gros, on ne peut pas retenir un joueur, ce n'est pas la peine d'insister. Aujourd'hui, il y a d'autres interventions dans le football, des intervenants de toutes sortes, il y a des agents qui sont nécessaires, quand ils jouent leur rôle de conseil mais aujourd'hui ils sont loin de jouer leur rôle et il nous appartient, autorités d'abord locales, puis continentales et ensuite mondiales de mieux préciser le rôle de ces intervenants-là. Vous savez c'est facile d'attendre qu'un joueur ait 18-20 ans et avant de dire ça y est, on le prend, on va le manager… Il fallait le manager beaucoup plus loin avant… Les gens disent c'est du business, non ce n'est pas du business, et même si c'était du business ce n'est pas péjoratif, le business ça doit être fait avec beaucoup de vision. Même dans le business, il y a un peu de moralité, donc il suffit de faire les choses proprement et être sérieux. On n'est pas non plus des enfants de chœur, on ne va pas faire la morale à tout le monde, mais il y a un minimum d'éthique qui doit exister. Si ce minimum n'existe pas et c'est dangereux pour le sport et la jeunesse. Or aujourd'hui, la jeunesse est en danger, alors que tous les moyens sont là pour prendre des mesures pour restaurer, organiser… et curieusement c'est la léthargie. Moi je suis président de club, ce n'est pas à moi de prendre des mesures. Vous savez de quoi je parle. J'ai souvent parlé et j'aimerais bien être entendu. Si tel n'est pas le cas, il faudra que je fasse en sorte qu'on m'entende.
Mais de façon concrète, qu'est-ce qui vous reprochez aux agents ?
Je ne reproche rien aux agents. Je leur demande de faire leur travail, de ne pas dépasser leur limite. Il y a une union qui est née, qui s'appelle " Union agents Fifa " C'est interdit. Il faut rapidement qu'ils enlèvent agents Fifa. Ils ne le sont pas. Je pense que le président de la Fédération va leur demander dans peu de temps, je l'espère, de ne plus s'appeler " Union agents Fifa ". Ce sont des agents licenciés et agréés par la Fif. La preuve, c'est qu'aucun de ces agents ne peut exercer en France. Pourquoi ? Parce que les Français ont des agents qui exercent en France. Quand ils veulent exercer en Belgique, ils sont obligés de s'adresser aux agents agréés par la Fédération belge. Ils veulent aller en Angleterre, ils s'adressent aux agents agréés par la Fédération anglaise avec les règlements de la Fifa, parce que les règlements de la Fifa s'appliquent à tout le monde. Mais quand on dit agréé par la Fifa, on a l'impression que c'est la Fifa qui les agrée. Alors que ce n'est pas le cas. Je leur demande de faire leur travail, d'être discrets car un agent n'est pas une vedette. Or aujourd'hui, ils se comportent comme des vedettes " On va faire ça, on va règlementer ceci… " Ils n'ont rien à réglementer, ils ne sont pas les décideurs.
L'Asec ne mobilise plus comme par le passé. Quelles sont les nouvelles stratégies que vous allez mettre en place pour la mobilisation ?
On va se remettre au travail. Il y a beaucoup de choses qui ont été cassées à l'Asec. On a perdu de notre popularité. C'est dû à l'environnement sociopolitique aujourd'hui. Les gens se battent pour essayer de restaurer la confiance entre les décideurs. Alors imaginez ceux qui ne décident pas et qui ont été opprimés pendant des mois et des mois sans qu'ils puissent dire un mot, c'est officiel. Il y a beaucoup de travail à faire et la vie continue. On va essayer de relancer la machine, on va mettre en place des sections, ça va être dur, très dur parce que la plupart des présidents de comité qui étaient là, Koné leur a dit, je vous défends d'être malades parce qu'ils ont beaucoup souffert. Ils ont peu de moyens, de possibilités. Aujourd'hui, il n'y a pas de monde parce que les gens ont des problèmes. Tous ceux qui avaient des moyens ont perdu leur emploi, ils ont beaucoup de charges familiales et autres. Aujourd'hui, le cœur est donc à autre chose que de venir à une AG écouter Me Ouégnin.
Cette année, avec la trop grande jeunesse de votre équipe, est-ce que vous n'avez pas peur de ne pas accéder à un palier supérieur ?
Tout est défi dans la vie, on se bat. J'ai toujours peur. En 1999, quand je mettais l'équipe de jeunes formés par Jean Marc Guillou en Super coupe pour défier l'Espérance de Tunis, j'avais peur, c'était des gamins. Mais quand on prend des risques, on a toujours peur. Il n'y a que ceux qui ne prennent pas de risques qui ne risquent rien. Donc la jeunesse, c'est mon effectif et on va les pousser, les aguerrir et j'espère qu'ils rendront service au club pendant longtemps et demain l'équipe nationale, pourquoi pas..
L'Asec est une équipe de formation et elle va rechercher des éléments ailleurs. Ça paraît paradoxal ?
C'est une question qui revient souvent. On a laissé ces centres de formation, d'animation prospérer à tout vent. Ça fait très mal au football parce qu'il y a de très bons joueurs en Côte d'Ivoire mais ils sont totalement éparpillés avec des formateurs qui ont besoin d'être formés car ils déforment les jeunes. A l'époque, on avait réussi à regrouper les meilleurs de la première promotion qu'on a eus. Et avec le succès de cette promotion, tout le monde a eu envie de faire à tel point qu'il y a eu une prolifération de centres de formations. Et ça fait qu'on ne peut plus concentrer au même endroit les meilleurs. On est donc obligé d'aller chercher parce que le talent, il est là, il existe mais il est dispersé. A l'époque, on avait réussi à concentrer Kolo, Aruna, Romaric, Baky…, pour gagner sa place, il fallait passer à la vitesse supérieure au-delà du talent. Donc il faut réglementer le football car il est en danger en Côte d'Ivoire parce qu'on laisse trop faire et on disperse les talents alors qu'il faut bien canaliser tout cela. La fédération a les moyens de faire ça, je ne parle pas du ministère car je ne connais pas ses moyens. Mais la Fif si, car les règlements de la Fifa, de la Caf, avec l'aide de ces structures, il y a des moyens de pouvoir verrouiller son environnement au niveau du football. Donc l'Asec est obligé, malgré la formation, d'aller chercher à d'autres endroits, quelques bons joueurs pour les ramener.
Interview réalisée par De Bouaffo
Collaboration : Joëlle M. Monnet
Depuis la dernière assemblée générale ordinaire, quels ont été les changements majeurs que connaît le club ?
Le changement notoire, c'est qu'on avait fait la promesse de reprendre le chantier de la maison excellence depuis 2007. Nous l'avons pris, la maison excellence est quasiment terminée dans la première phase. Elle n'est pas totalement terminée parce qu'il reste le bâtiment administratif qui n'a même pas encore démarré. Mais dans peu de temps, l'administrateur délégué qui est Lamine Dibo pourra mettre en exploitation la maison excellence elle-même, les chambres, la salle Vip. Donc, tous nos partenaires et certains auront la possibilité de pouvoir utiliser nos installations pour tenir des réunions. Le club avance. Pendant ce temps, la nouveauté sur le plan sportif est la perte de notre titre de champion de Côte d'Ivoire depuis deux ans. Et nous avons fait la promesse, bien que l'on dise, jamais deux sans trois, mais là, il faut absolument qu'on reprenne le titre de champion qu'on égrène depuis de longues années. En 19 ans, nous avons gagné 15 fois. Nous allons essayer de nous organiser après avoir beaucoup investi dans les infrastructures, essayer d'avoir des résultats sportifs plus conséquents, à la mesure du grand club que nous avons et que nous voulons continuer à positionner sur le plan continental.
Le conseil d'administration avait-il fait exprès de négliger " l'aspect sportif " pour se consacrer à la construction ?
Jamais ! L'Asec, c'est le sport d'abord. Tout à l'heure, je vous ai dit qu'on ne peut pas faire exprès. Les matches nuls qu'on a faits, on ne l'a pas fait exprès. Financièrement, ça ne m'a pas trop dérangé, mais sportivement, ça fait mal. Et on a laissé échapper le titre deux (2) fois, je le confirme, même si ça ne plait pas à certains, mais on l'a presque donné cadeau. Il y a plein de choses qui se sont passées. La 1ère année, on a évité une guerre et la seconde année, il y a eu trop de négligence avec des joueurs qui ont la tête ailleurs, dans les compétitions africaines. C'est très dur d'être premier. Les textes de la Fifa leur permettent de partir, s'ils en ont envie… On ne peut pas les retenir… et même si on avait l'envie de les retenir, on ne pourrait pas les retenir. Un moment donné, on a essayé de retenir un joueur, qu'est-ce qui s'est passé ? Soit ils ont fui, soit ils ont joué à contre-scores, soit ils ont marqué un but contre notre camp, soit ils ont laissé passer les gros, on ne peut pas retenir un joueur, ce n'est pas la peine d'insister. Aujourd'hui, il y a d'autres interventions dans le football, des intervenants de toutes sortes, il y a des agents qui sont nécessaires, quand ils jouent leur rôle de conseil mais aujourd'hui ils sont loin de jouer leur rôle et il nous appartient, autorités d'abord locales, puis continentales et ensuite mondiales de mieux préciser le rôle de ces intervenants-là. Vous savez c'est facile d'attendre qu'un joueur ait 18-20 ans et avant de dire ça y est, on le prend, on va le manager… Il fallait le manager beaucoup plus loin avant… Les gens disent c'est du business, non ce n'est pas du business, et même si c'était du business ce n'est pas péjoratif, le business ça doit être fait avec beaucoup de vision. Même dans le business, il y a un peu de moralité, donc il suffit de faire les choses proprement et être sérieux. On n'est pas non plus des enfants de chœur, on ne va pas faire la morale à tout le monde, mais il y a un minimum d'éthique qui doit exister. Si ce minimum n'existe pas et c'est dangereux pour le sport et la jeunesse. Or aujourd'hui, la jeunesse est en danger, alors que tous les moyens sont là pour prendre des mesures pour restaurer, organiser… et curieusement c'est la léthargie. Moi je suis président de club, ce n'est pas à moi de prendre des mesures. Vous savez de quoi je parle. J'ai souvent parlé et j'aimerais bien être entendu. Si tel n'est pas le cas, il faudra que je fasse en sorte qu'on m'entende.
Mais de façon concrète, qu'est-ce qui vous reprochez aux agents ?
Je ne reproche rien aux agents. Je leur demande de faire leur travail, de ne pas dépasser leur limite. Il y a une union qui est née, qui s'appelle " Union agents Fifa " C'est interdit. Il faut rapidement qu'ils enlèvent agents Fifa. Ils ne le sont pas. Je pense que le président de la Fédération va leur demander dans peu de temps, je l'espère, de ne plus s'appeler " Union agents Fifa ". Ce sont des agents licenciés et agréés par la Fif. La preuve, c'est qu'aucun de ces agents ne peut exercer en France. Pourquoi ? Parce que les Français ont des agents qui exercent en France. Quand ils veulent exercer en Belgique, ils sont obligés de s'adresser aux agents agréés par la Fédération belge. Ils veulent aller en Angleterre, ils s'adressent aux agents agréés par la Fédération anglaise avec les règlements de la Fifa, parce que les règlements de la Fifa s'appliquent à tout le monde. Mais quand on dit agréé par la Fifa, on a l'impression que c'est la Fifa qui les agrée. Alors que ce n'est pas le cas. Je leur demande de faire leur travail, d'être discrets car un agent n'est pas une vedette. Or aujourd'hui, ils se comportent comme des vedettes " On va faire ça, on va règlementer ceci… " Ils n'ont rien à réglementer, ils ne sont pas les décideurs.
L'Asec ne mobilise plus comme par le passé. Quelles sont les nouvelles stratégies que vous allez mettre en place pour la mobilisation ?
On va se remettre au travail. Il y a beaucoup de choses qui ont été cassées à l'Asec. On a perdu de notre popularité. C'est dû à l'environnement sociopolitique aujourd'hui. Les gens se battent pour essayer de restaurer la confiance entre les décideurs. Alors imaginez ceux qui ne décident pas et qui ont été opprimés pendant des mois et des mois sans qu'ils puissent dire un mot, c'est officiel. Il y a beaucoup de travail à faire et la vie continue. On va essayer de relancer la machine, on va mettre en place des sections, ça va être dur, très dur parce que la plupart des présidents de comité qui étaient là, Koné leur a dit, je vous défends d'être malades parce qu'ils ont beaucoup souffert. Ils ont peu de moyens, de possibilités. Aujourd'hui, il n'y a pas de monde parce que les gens ont des problèmes. Tous ceux qui avaient des moyens ont perdu leur emploi, ils ont beaucoup de charges familiales et autres. Aujourd'hui, le cœur est donc à autre chose que de venir à une AG écouter Me Ouégnin.
Cette année, avec la trop grande jeunesse de votre équipe, est-ce que vous n'avez pas peur de ne pas accéder à un palier supérieur ?
Tout est défi dans la vie, on se bat. J'ai toujours peur. En 1999, quand je mettais l'équipe de jeunes formés par Jean Marc Guillou en Super coupe pour défier l'Espérance de Tunis, j'avais peur, c'était des gamins. Mais quand on prend des risques, on a toujours peur. Il n'y a que ceux qui ne prennent pas de risques qui ne risquent rien. Donc la jeunesse, c'est mon effectif et on va les pousser, les aguerrir et j'espère qu'ils rendront service au club pendant longtemps et demain l'équipe nationale, pourquoi pas..
L'Asec est une équipe de formation et elle va rechercher des éléments ailleurs. Ça paraît paradoxal ?
C'est une question qui revient souvent. On a laissé ces centres de formation, d'animation prospérer à tout vent. Ça fait très mal au football parce qu'il y a de très bons joueurs en Côte d'Ivoire mais ils sont totalement éparpillés avec des formateurs qui ont besoin d'être formés car ils déforment les jeunes. A l'époque, on avait réussi à regrouper les meilleurs de la première promotion qu'on a eus. Et avec le succès de cette promotion, tout le monde a eu envie de faire à tel point qu'il y a eu une prolifération de centres de formations. Et ça fait qu'on ne peut plus concentrer au même endroit les meilleurs. On est donc obligé d'aller chercher parce que le talent, il est là, il existe mais il est dispersé. A l'époque, on avait réussi à concentrer Kolo, Aruna, Romaric, Baky…, pour gagner sa place, il fallait passer à la vitesse supérieure au-delà du talent. Donc il faut réglementer le football car il est en danger en Côte d'Ivoire parce qu'on laisse trop faire et on disperse les talents alors qu'il faut bien canaliser tout cela. La fédération a les moyens de faire ça, je ne parle pas du ministère car je ne connais pas ses moyens. Mais la Fif si, car les règlements de la Fifa, de la Caf, avec l'aide de ces structures, il y a des moyens de pouvoir verrouiller son environnement au niveau du football. Donc l'Asec est obligé, malgré la formation, d'aller chercher à d'autres endroits, quelques bons joueurs pour les ramener.
Interview réalisée par De Bouaffo
Collaboration : Joëlle M. Monnet