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Politique Publié le samedi 11 avril 2009 | Nord-Sud

"Antennes Toxiques" Kla Sylvanus (DG de l`ATCI): "Nous avons découvert 44 sites suspects à Abidjan"

Dans une interview que nous avons publiée mercredi, Zouzoua Edmond, sous-directeur des études d`impact environnemental à l`Agence nationale de l`environnement(Ande) affirmait que les antennes relais installées à Abidjan sans étude préalable pouvaient être nocives pour la santé des Abidjanais. Dans cet entretien, le DG de l`Agence nationale de télécommunication (ATCI) donne la position de sa structure.

•Vous avez décidé de réagir à l`interview que nous accordée mercredi M. Zouzoua Edmond de l`Agence nationale de l`environnement sur les antennes toxiques. Zn quoi vos appréciations diffèrent-elles des siennes ?

Je passerai la parole à un de mes techniciens qui est un spécialiste de cette question. Mais avant cela, je voudrais dire que quand des questions touchent à la santé, il ne faut jamais les occulter. Il faut être sûr que lorsque nous sommes dans une position de responsable d`administration, lorsqu`on en parle, c`est que nous savons de quoi nous parlons. Beaucoup de choses ont été dites sur l`installation des antennes en Côte d`Ivoire. Mais c`est la première fois qu`un représentant de l`administration prend la parole pour dire des choses qui, pour nous, sont très graves et de nature à provoquer des réactions imprévisibles.
•Il a affirmé, entre autres choses, que lorsque son agence a reçu des plaintes de populations dénonçant les nuisances des antennes, n`ayant pas l`expertise nécessaire, elle s`est renseignée auprès de son homologue français qui lui a répondu que les antennes peuvent effectivement avoir des impacts sur la santé. Que dites-vous de cela?
Il y a deux problèmes au niveau des antennes. Il y a le problème environnemental. Dans les pays développés, ils ont également des antennes de télécommunication, mais vous les verrez rarement, parce que l`installation de ces antennes sur le plan environnemental obéit à des règles, qui les font apparaître très peu visibles. Ici, on les voit apparaitre dans nos environnements, géantes et imposantes. Le deuxième problème est le plus délicat. C`est celui de la santé. Et c`est celui qui induit le plus de questionnements. A savoir, notamment si ces antennes sont dangereuses pour la santé. Est-ce que les rayonnements de ces antennes de télécommunications sont néfastes pour notre santé ? C`est sur cet angle que l`Atci aborde cette question.
•Quelle est la réponse de l`Atci à cette question précise : les antennes relais impactent-elles dangereusement notre santé?
Je voudrais déjà vous dire que pour traiter de ce double problème de la santé et de l`environnement, ainsi que les conditions d`installation des antennes, l`Atci a organisé un séminaire. Mais avant ce séminaire proprement dit, de juillet à novembre 2007, un comité scientifique a planché sur le sujet. Suite aux travaux de ce comité scientifique, le séminaire a été organisé sur trois jours, du 20 au 23 décembre 2007. A ce séminaire, beaucoup de ministères ont été invités, y compris le ministère en charge de l`Environnement qui avait envoyé deux représentants. Ces représentants ont fait des exposés très importants. Parmi les conclusions importantes du séminaire il y avait des propositions de textes réglementaires qui devaient être adoptés par les autorités de tutelle. Ces propositions de textes ont été transmises à l`ensemble des ministères qui ont participé au séminaire. Vous voyez donc que depuis novembre 2007, nous sommes dans une démarche prospective et non pas attentiste. Nous faisons des propositions pour mieux réglementer l`installation de ces antennes sur le plan esthétique, environnemental. Mais surtout, définir les limites techniques que ces antennes doivent respecter pour pouvoir faire leur installation. Ce que nous espérions, à partir du moment où nous avions initié le mouvement et transmis les propositions aux autorités concernées, c`est que le gouvernement s`en saisisse pour essayer d`approfondir la question. En attendant que cela se fasse, l`Atci continue de travailler sur la question pour essayer de relever les valeurs d`exposition de ces antennes et les comparer aux valeurs internationales. Je peux vous dire que toutes les mesures que nous avons faites jusqu`à ce jour, ne nous ont pas montré un quelconque dépassement de limite.
•Vous affirmez donc que les rayonnements émis à Abidjan n`ont pas d`effet sur la santé ?
Je souhaite qu`à la fin de l`interview, vous vous rendiez sur le terrain où des équipes de l`Atci sont en train de faire des mesures dans le cadre d`une campagne qui a commencé depuis février 2009. Peut-être que nous allons découvrir des choses. Mais, de février jusqu`à aujourd`hui (jeudi 9 avril, ndlr), nous n`avons pas découvert de dépassement de limite.
•Quand vous parlez de limite, de quoi s`agit-il exactement ?
Il s`agit des limites d`exposition. Les antennes ont une certaine puissance. Cette puissance crée un champ électromagnétique. Il faut donc mesurer les caractéristiques de ce champ électromagnétique en un point donné pour voir si ce qui est mesuré sur le sol n`est pas au-delà des limites autorisées. Depuis février nous n`avons constaté aucun dépassement des limites recommandées par l`Organisation mondiale de la santé.
•Vous dites que vous faites des mesures de champ électromagnétique depuis février, mais la population n`en sait rien. On a surtout l`impression que vous en parlez aujourd`hui parce que vous vous sentez écorché ou mis sur la sellette sur cette question de la toxicité des antennes.
L`Atci ne se sent pas du tout écorchée. C`est un problème qui concerne la santé et il est important qu`on sache de quoi on parle. Nous, nous connaissons la situation sur le terrain. Mais à partir du moment où un responsable de l`administration dit des choses erronées, il nous parait important de le relever. Ce n`est pas parce qu`il y a eu un article sur le sujet que nous avons commencé la campagne de mesure des champs électromagnétiques. C`est une campagne sur tout Abidjan qui se fait en deux phases. Dans la première phase, nos équipes parcourent la ville pour essayer de voir s`il n`y pas une suspicion de dépassement de limites. On repère les points qui sont suspectés de présenter des dépassements. Et on revient après pour les traiter de façon spécifique avec un équipement qui est beaucoup plus élaboré et plus puissant. Lorsque nous avons fait la première campagne de mesure, nous avons relevé que sur Abidjan, il y avait 44 points qui étaient suspectés.
•Où se situent ces points suspects?
Dans différentes communes. Une fois que l`on a relevé les points qui sont suspects de dépasser les limites imposées par l`Oms, nous mettons en œuvre un appareil qui est beaucoup plus précis, et qui nécessite beaucoup plus de temps de traitement. Une demi-journée à peu près pour traiter et faire une analyse beaucoup plus fine de tous les signaux qui arrivent à ce point, pour voir si effectivement la suspicion est fondée, ou bien si tous les points sont normaux. Sur les 44 points identifiés, nous en avons traités 15. Si nous constatons des dépassements de limites, nous interviendrons pour démonter l`antenne incriminée ou pour la faire régler. Pour le moment, nous n`avons pas encore constaté de dépassement. Toutefois, l`opération continue.
•Il y a certes la réglementation internationale, notamment les normes de l`Oms que vous évoquez. Mais au plan nationale, ne pensez-vous pas à appliquer une réglementation beaucoup plus regardante sur les normes maximales de radiations autorisées, qui protègerait mieux les Ivoiriens ?
Ce n`est pas nous qui signons les textes. Aujourd`hui, notre travail consiste à sensibiliser les autorités sur tout ce qui peut devenir un problème. Et cette sensibilisation s`est faite à travers ce séminaire auquel tous les ministères ont participé. Les représentants de ces ministères sont repartis avec nos propositions. Ils ont forcément rendu compte à leurs ministres. Mais, par la suite, nous avons écrit de façon officielle à ces ministères pour les informer des propositions concrètes qui sont sorties de ce séminaire. Que pouvons-nous faire de plus ?
•Que disent ces textes issus de votre séminaire?
Comme je l`ai déjà dit, il y a deux problèmes très importants : celui de la santé et celui du respect de l`environnement. La question qui se posait par rapport à ces textes, c`était de savoir si la Côte d`Ivoire, à l`instar d`autres pays dans le monde entier, va reprendre les restrictions recommandées par l`Oms, ou bien va adopter des limites plus restrictive comme l`ont fait certains pays. Car il y a des pays qui ont des limites plus drastiques que celles recommandées par l`Oms. Dans l`ensemble, les propositions du séminaire ont été de s`aligner sur les recommandations de l`Oms. Comme ce sont des recommandations internationales, avant que des textes spécifiques à la Côte d`Ivoire ne soient pris, notre travail est de vérifier que les antennes respectent ces normes-là. L`inexistence donc de textes nationaux ne perturbe pas le travail de l`Atci pour ce qui concerne l`aspect relatif à la santé publique. Quant à l`aspect environnemental, nous estimons qu`il faut faire en sorte que ces antennes soient plus discrètes et moins nombreuses. Si une société a déjà installé une antenne et qu`une autre société a besoin d`en installer une au même endroit, la première société a l`obligation de permettre à la seconde d`installer ses équipements sur la même antenne. De façon à ce qu`on n`ait pas deux ou trois antennes dans la même zone comme on le voit à Abidjan. Aujourd`hui, ce qui nous pénalise c`est uniquement l`aspect environnemental, pour lequel des textes n`existent pas encore.
•Vu les nombreuses plaintes sur la nocivité supposée des antennes, n`était-il pas judicieux de rassurer la population par rapport au travail de veille que vous faite?
La première fois que la population a commencé à s`inquiéter des antennes, c`était aux Deux-Plateau-Sideci (Commune de Cocody). Nous sommes intervenus pour présenter les résultats de nos mesures aux habitants. Ils n`ont pas accepté nos compétences. Nous avons fait appel à un cabinet extérieur qui a effectué des mesures. Nous avons encore mis ces mesures à leur disposition. Ils ne les ont pas acceptées. Nous avons demandé au juge d`instruction de choisir un cabinet international pour venir faire des mesures, aux frais de l`Atci. Le juge a effectivement sélectionné un cabinet. Nous avons payé et le cabinet a fait son travail et le lui a remis.
•Mais cependant, à votre détriment, au vu de ce rapport d`expertise, le tribunal de première instance d`Abidjan a demandé que la société propriétaire des antennes incriminée, suspende le fonctionnement de celles-ci. Et la Cour d`appel est allée dans le même sens…
L`Atci intervient pour mettre les informations à la disposition des autorités. Nous ne sommes pas partie au procès, donc nous ne savons pas ce qui a fondé la décision du juge. Mais il est évident que lorsqu`une population se plaint d`un danger et que cela peut donner lieu à des crises, le juge en tient compte forcément. Mais chaque fois qu`on nous interrogera par rapport à cela, nous serons toujours là pour faire les enquêtes, ou bien nous ferons toujours appel à un autre cabinet beaucoup plus outillé pour faire les enquêtes. Parce que nous ne sommes pas des scientifiques de génie pour soutenir bec et ongle que ces antennes ne sont pas dangereuses pour la population. Nous sommes-là pour faire des mesures. Si on se rend compte que les limites autorisées sont dépassées, nous agirons. Si elles ne sont pas dépassées, nous n`agirons pas. C`est notre position.

Interview réalisée Cissé Sindou, Col : S.S
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