Notre voie : Quelle est la situation du processus d’enrôlement et d’identification à Toulepleu en général et à Bakpahi-Diollé en particulier ?
Euloge Simi : Je vais d’abord faire l’état des lieux à Toulepleu . A l’instar des régions de l’ouest, Toulepleu a recueilli des réfugiés libériens. Ce qui a entraîné un problème de capacité d’accueil. Ainsi les Yacouba et Guéré libériens se sont retrouvés avec leurs frères Guéré et Yacouba ivoiriens. Le problème issu de cette cohabitation est la prolifération des armes, l’usage de la drogue et la dépravation des mœurs. La sécurité a été mise à mal. Les parents paysans ne pouvaient plus vaquer à leurs occupations. Cette atmosphère a été le fait des rebelles libériens présents en Côte d’Ivoire, à Bazobly et Pekanbly en 1989 et 1990. Le 19 septembre 2002, la crise militaro-politique a accentué la rupture du tissu social. Du fait de cette guerre, tous les villages de Bakpahi-Diollé où je suis DLC ont été détruits par les rebelles qui ont occupé cette région pendant 53 jours. On a alors eu une région sinistrée. Mais il faut dire que la région de Toulepleu est acquise à la cause du président Laurent Gbagbo. Pour preuve, le conseil municipal, le conseil général et le député sont tous FPI. Nous oeuvrons pour la réélection du président Laurent Gbagbo parce qu’aujourd’hui, il faut penser au développement et tourner le dos à la guerre. Au niveau du département de Toulepleu, sur 60.000 pétitionnaires attendus, il n’y a que 14.000 enrôlés à ce jour. Dans la commune de Bakpahi-Diollé, sur 10.000 il n’y a que 4.000 personnes enrôlées. Et une dizaine de villages non encore visités parmi lesquels trois villages de Bakpahi-Diollé. Mais dans les villages qui ont été visités, le processus s’est fait de façon lapidaire avec trois jours de travail au plus. Les agents ont parfois abandonné les parents qui souvent ont difficilement obtenu leurs papiers.
N.V. : Avez-vous d’autres difficultés sur le terrain ?
E.S. : Elles sont de plusieurs ordres. Il y a d’abord celui des registres d’état civil détruits et qui sont en train d’être refaits. Il y a aussi le cas des personnes qui n’ont que les cartes d’identité nationale vertes. Or ces cartes n’ont pas de références dans les registres. A cela s’ajoutent les difficultés techniques. Les agents recenseurs ne disposent pas de moyens de déplacement pour atteindre les localités éloignées. Nous notons aussi les grèves intempestives des agents du fait du non payement de leur pécule.
Un facteur majeur qui n’est pas à négliger : la fraude. Chez nous, nous avons mis sur pied des comités de vigilance par localité pour minimiser la fraude. Les membres de ces comités sont les fils authentiques de nos localités. Donc nos structures de base veillent pour éviter que des non-nationaux participent au processus et fassent le choix de notre président à notre place. Nous souhaitons que tous les partis politiques ivoiriens soient présents pendant la délivrance des papiers qui nécessite un appel à témoin. Pour la clarté de tout ce processus au plan national, nous appelons à la vigilance.
N.V. : Quelle solution préconisez-vous pour booster le processus d’identification et d’enrôlement ?
E.S. : Nous invitons la CEI à sortir déjà les premières cartes des premières personnes enrôlées. Cela va inciter les populations à se faire enrôler.
N.V. : N’avez-vous pas de craintes relativement au dénouement du processus ?
E.S. : Les élections représentent la finalité de toutes ces activités. Donc une défaillance dans ce processus préparatoire des élections risque de conduire à des élections contestées. D’où la nécessité du désarmement. Pour une bonne sortie de crise, il faut des élections transparentes, crédibles, propres et justes. Ces conditions ne seront réunies que si les ex-combattants désarment. Depuis la signature de l’APO, on ne devrait plus parler de “Com-zon” ni de
“Com-secteur”. L’administration en général doit être redéployée sur toute l’étendue du territoire. Donc l’Etat doit être présent partout. Concernant l’organisation des élections, si toutes ces conditions ne sont pas encore réunies, nous pensons qu’il ne faut pas p récipiter les choses et le ciel ne tombera pas sur la Côte d’Ivoire. Comme nous sommes pressés, nous devons alors aller doucement, doucement pour arriver sûrement.
Je souhaite que la direction du parti nous donne des moyens et des mesures d’accompagnement pour être efficaces sur le terrain. Surtout, quand on va vers une population sinistrée. Les membres des comités d’autodéfense, qui ont sauvé la République en appuyant les forces de défense et de sécurité, attendent d’être pris en compte par le service civique. Il faut également prévoir une indemnisation pour les victimes de guerre.
Entretien réalisé par Cissé Moussafa stagiare
Euloge Simi : Je vais d’abord faire l’état des lieux à Toulepleu . A l’instar des régions de l’ouest, Toulepleu a recueilli des réfugiés libériens. Ce qui a entraîné un problème de capacité d’accueil. Ainsi les Yacouba et Guéré libériens se sont retrouvés avec leurs frères Guéré et Yacouba ivoiriens. Le problème issu de cette cohabitation est la prolifération des armes, l’usage de la drogue et la dépravation des mœurs. La sécurité a été mise à mal. Les parents paysans ne pouvaient plus vaquer à leurs occupations. Cette atmosphère a été le fait des rebelles libériens présents en Côte d’Ivoire, à Bazobly et Pekanbly en 1989 et 1990. Le 19 septembre 2002, la crise militaro-politique a accentué la rupture du tissu social. Du fait de cette guerre, tous les villages de Bakpahi-Diollé où je suis DLC ont été détruits par les rebelles qui ont occupé cette région pendant 53 jours. On a alors eu une région sinistrée. Mais il faut dire que la région de Toulepleu est acquise à la cause du président Laurent Gbagbo. Pour preuve, le conseil municipal, le conseil général et le député sont tous FPI. Nous oeuvrons pour la réélection du président Laurent Gbagbo parce qu’aujourd’hui, il faut penser au développement et tourner le dos à la guerre. Au niveau du département de Toulepleu, sur 60.000 pétitionnaires attendus, il n’y a que 14.000 enrôlés à ce jour. Dans la commune de Bakpahi-Diollé, sur 10.000 il n’y a que 4.000 personnes enrôlées. Et une dizaine de villages non encore visités parmi lesquels trois villages de Bakpahi-Diollé. Mais dans les villages qui ont été visités, le processus s’est fait de façon lapidaire avec trois jours de travail au plus. Les agents ont parfois abandonné les parents qui souvent ont difficilement obtenu leurs papiers.
N.V. : Avez-vous d’autres difficultés sur le terrain ?
E.S. : Elles sont de plusieurs ordres. Il y a d’abord celui des registres d’état civil détruits et qui sont en train d’être refaits. Il y a aussi le cas des personnes qui n’ont que les cartes d’identité nationale vertes. Or ces cartes n’ont pas de références dans les registres. A cela s’ajoutent les difficultés techniques. Les agents recenseurs ne disposent pas de moyens de déplacement pour atteindre les localités éloignées. Nous notons aussi les grèves intempestives des agents du fait du non payement de leur pécule.
Un facteur majeur qui n’est pas à négliger : la fraude. Chez nous, nous avons mis sur pied des comités de vigilance par localité pour minimiser la fraude. Les membres de ces comités sont les fils authentiques de nos localités. Donc nos structures de base veillent pour éviter que des non-nationaux participent au processus et fassent le choix de notre président à notre place. Nous souhaitons que tous les partis politiques ivoiriens soient présents pendant la délivrance des papiers qui nécessite un appel à témoin. Pour la clarté de tout ce processus au plan national, nous appelons à la vigilance.
N.V. : Quelle solution préconisez-vous pour booster le processus d’identification et d’enrôlement ?
E.S. : Nous invitons la CEI à sortir déjà les premières cartes des premières personnes enrôlées. Cela va inciter les populations à se faire enrôler.
N.V. : N’avez-vous pas de craintes relativement au dénouement du processus ?
E.S. : Les élections représentent la finalité de toutes ces activités. Donc une défaillance dans ce processus préparatoire des élections risque de conduire à des élections contestées. D’où la nécessité du désarmement. Pour une bonne sortie de crise, il faut des élections transparentes, crédibles, propres et justes. Ces conditions ne seront réunies que si les ex-combattants désarment. Depuis la signature de l’APO, on ne devrait plus parler de “Com-zon” ni de
“Com-secteur”. L’administration en général doit être redéployée sur toute l’étendue du territoire. Donc l’Etat doit être présent partout. Concernant l’organisation des élections, si toutes ces conditions ne sont pas encore réunies, nous pensons qu’il ne faut pas p récipiter les choses et le ciel ne tombera pas sur la Côte d’Ivoire. Comme nous sommes pressés, nous devons alors aller doucement, doucement pour arriver sûrement.
Je souhaite que la direction du parti nous donne des moyens et des mesures d’accompagnement pour être efficaces sur le terrain. Surtout, quand on va vers une population sinistrée. Les membres des comités d’autodéfense, qui ont sauvé la République en appuyant les forces de défense et de sécurité, attendent d’être pris en compte par le service civique. Il faut également prévoir une indemnisation pour les victimes de guerre.
Entretien réalisé par Cissé Moussafa stagiare