“Foémin”. C'est le nom d'un des rares et hypothétiques véhicules qui font la liaison entre les départements de Bloléquin et Toulepleu (extrême Ouest de la Côte d'Ivoire). La traduction littérale en langue Wê de cette appellation signifie : “attend pour mourir dans un instant”. Un autre engin similaire, c'est-à-dire faisant le transport sur le même trajet, lui, se fait appeler “L'imbattable”. Comme pour dire qu'en dehors de lui, aucun autre engin ne peut s'aventurer sur ce tronçon long seulement de 4 km. Evidemment, ce n'est pas la petite longueur de cet axe qui pose problème. Mais, sa praticabilité. C'est pourquoi les noms des véhicules de transport en question sont loin d'être un fait du hasard. Tant l'état de cette voie internationale (Côte d'Ivoire-Liberia) est désastreux. Les véhicules de type 4x4 (tout terrain) relient, les deux villes en 2h 30. Quand les engins moins nantis y passent au moins 3h. S'aventurer donc sur cet axe, pour les usagers de ces engins (eux-mêmes dans un état piteux), est synonyme de prendre rendez-vous avec la mort. Même si Dieu a le dernier mot. “Foémin peut faire 2 voire 3 à 4 jours pour parcourir le tronçon. Parce qu'il tombe facilement en panne ou bien il s'enfonce quelque part” témoigne une usagère du tronçon qui offre ses premières difficultés entre les villages de Yoya et Blêdi Dieya séparés par deux montagnes caillouteuses et glissantes à souhait. Les côtes Golouzouet et Bleditro, en effet, s'imposent à tout moment aux véhicules de petit gabarit. Bien souvent, leur voyage s'arrête là, parce que le cartère contenant l'huile de moteur s'est brisé. Que dire du ruisseau “Konouin” sans pont où les mille kilos viennent s'embourber à la moindre pluie? ce calvaire vécu sur “Konouin”, entre Doké (chef-lieu de sous-préfecture) et Gnanhia (village centre) s'accroît plus sur la rivière N'Zo avec son pont en bois, à la lisière du village de Zomplou. “Les voitures chutent toujours de ce pont. Ce sont les jeunes du village qui l'arrangent quelquefois. Mais les automobilistes refusent de payer nos prestations. Donc, on laisse faire”, raconte un habitant de Zomplou, dans le canton Néao Sud. Dont le dernier village, Guibobly, présente une des côtes les plus périlleuses en saison pluvieuse, tant elle est glissante et émaillée de ravins. Sous l'effet de l'érosion.
Guibobly ne marque pas la fin du calvaire des usagers de cette route. Loin de là. Parce que la deuxième partie de la voie située dans le périmètre administratif de Toulepleu, non plus, n'est pas mieux lotie. Cette seconde moitié qui part de Diahibly jusqu'à Guiélé, en transitant par Pantrokin et Sahibly (périmètre du pont du fleuve Cavally), constitue un véritable parcours de Golgota. Parce que depuis de nombreuses années, ce tronçon n'a pas connu de reprofilage. La forêt et les eaux de ruissellement y sont maîtres. Les croisements de véhicules sont quasiment impossibles. Idem pour les dépassements. Tant la voie est devenue étroite et sinueuse. Conséquence, pour aller d'un bout à un autre, le prix du transport est fixé selon l'humeur du transporteur. Et le voyageur peut débourser entre 2500FCFA et 5000FCFA. Ce n'est pas négociable.
Depuis la création de Toulepleu en 1935, c'est cette misère que les populations de cette ville faisant frontière avec le Liberia voisin, continuent de vivre. A leur corps défendant. Le bitumage de l'axe de “la mort” n'étant toujours pas à l'ordre du jour.
Félix Teha Dessrait: dessrait@yahoo.fr Envoyé spécial à Toulepleu
Guibobly ne marque pas la fin du calvaire des usagers de cette route. Loin de là. Parce que la deuxième partie de la voie située dans le périmètre administratif de Toulepleu, non plus, n'est pas mieux lotie. Cette seconde moitié qui part de Diahibly jusqu'à Guiélé, en transitant par Pantrokin et Sahibly (périmètre du pont du fleuve Cavally), constitue un véritable parcours de Golgota. Parce que depuis de nombreuses années, ce tronçon n'a pas connu de reprofilage. La forêt et les eaux de ruissellement y sont maîtres. Les croisements de véhicules sont quasiment impossibles. Idem pour les dépassements. Tant la voie est devenue étroite et sinueuse. Conséquence, pour aller d'un bout à un autre, le prix du transport est fixé selon l'humeur du transporteur. Et le voyageur peut débourser entre 2500FCFA et 5000FCFA. Ce n'est pas négociable.
Depuis la création de Toulepleu en 1935, c'est cette misère que les populations de cette ville faisant frontière avec le Liberia voisin, continuent de vivre. A leur corps défendant. Le bitumage de l'axe de “la mort” n'étant toujours pas à l'ordre du jour.
Félix Teha Dessrait: dessrait@yahoo.fr Envoyé spécial à Toulepleu