x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Showbizz Publié le jeudi 23 avril 2009 |

Brigitte Kobenan, miss à 40 ans

« Et la Mrs Amitié Monde 2008-2009 est… Mrs Côte d’Ivoire ! ». La scène s’est déroulée en juin dernier, en Russie, à l’occasion de la 14e édition de Mrs World (www.mrsworld.com), prestigieux concours de beauté international réservé aux femmes mariées. Brigitte Kobenan, qui étrennait le titre de Mrs Côte d’Ivoire est aux anges. Cette analyste financière installée aux Etats-Unis fêtera l’année prochaine ses noces de cristal (15 ans de mariage). A 40 ans, cette mère de deux enfants a réussi son pari : décrocher un titre pour promouvoir son combat contre l’autisme. Une victoire impulsée par son fils, Vinny (8 ans), atteint de la maladie, une victoire pour la Côte d’Ivoire et une victoire pour l’Afrique. Les ambitions de Brigitte sont africaines. Avec sa fondation, Autism Community of Africa (www.autismcommunityofafrica.org), elle souhaite notamment construire un centre d’accueil à Abidjan.

Afrik.com : Qu’est ce qui motive une femme de 40 ans à participer à un concours de Beauté ?
Brigitte Kobenan : Misses World n’est pas un concours de beauté comme les autres. Il y a, à mon avis, un autre défi et quelque chose d’un peu plus unique que dans les autres concours, surtout à mon âge. Ma première motivation était de défendre une cause pour laquelle je me bats depuis 6 ans : celle de l’autisme. C’est ma sœur qui m’a parlé du concours et qui m’a convaincu que ça pouvait m’offrir une belle tribune internationale pour mes actions en faveur de cette maladie. Ensuite, sans être narcissique, il faut avouer que l’idée de servir d’exemple pour les femmes de mon âge me séduisait également. Après un mariage, beaucoup de femmes se laissent aller et ne s’occupent plus d’elles-mêmes.

Afrik.com : Quelle a été la réaction de votre conjoint quand vous lui avez annoncé que vous vous présentiez au concours ?
Brigitte Kobenan : Au départ, il n’était pas très rassuré. Il a fait des recherches sur Internet pour voir ce qu’était vraiment ce concours et il a fini par me dire : « Si ça te fait plaisir il faut y aller ». Il a fait preuve de beaucoup de confiance. Je crois que d’ailleurs c’est la base de toute relation.

Afrik.com : C’est la première fois que vous participiez à un concours de beauté. S’agit-il d’un exercice difficile ?
Brigitte Kobenan : Il n’y a pas de restriction d’âge pour le concours. La seule obligation est d’être mariée (certaines se marient d’ailleurs juste pour le concours, ndlr). Alors il est vrai que défiler en maillot de bain à côté de filles qui peuvent avoir 20 ans ou des candidates « professionnelles » qui sont rompues à l’exercice des concours de beauté ce n’était, au départ, pas très évident. Je ne me sentais pas franchement à l’aise. Mais une fois que j’ai pu nouer connaissance avec certaines candidates (le voyage en Russie a tout de même duré 3 semaines), j’ai repris confiance en moi. Ce n’était pas un simple concours, ça a également été une véritable aventure humaine où j’ai pu rencontrer beaucoup de monde.

Afrik.com : Il n’y avait aucun esprit de compétition dans le concours ?
Brigitte Kobenan : L’ambiance a été conviviale pendant tout le séjour… jusqu’à l’avant-veille du concours, où là c’était un peu chacune pour soi. Il ne fallait plus compter sur quelqu’une pour vous donner un coup de main.

Afrik.com : Dans quel état d’esprit avez-vous abordé le concours ? Concourriez-vous pour le titre ?
Brigitte Kobenan : Il y a plusieurs prix qui sont remis lors du concours, mais l’élection de Madame Amitié (Mrs. Congeniality) est le deuxième titre le plus attendu après le premier titre qui est Mrs. World. Evidemment je voulais remporter quelque chose. Pour moi, pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique qui n’avait jamais gagné le moindre titre depuis sa longue participation à Mrs World.

Afrik.com : Arrive-t-on à garder la tête froide, en tant que reine de beauté, pendant une campagne de promotion de 3 semaines où vous restez le centre de toutes les attentions ?
Brigitte Kobenan : Pas vraiment, car on vous fait vous sentir star. C’est une fois rentrée à la maison et que la couche vous regarde, ou que vous entendez « Maman j’ai faim ! », que vous retombez directement sur terre (rires).

Afrik.com : Avez-vous reçu beaucoup de témoignages de soutien ?
Brigitte Kobenan : Enormément, via mon site Internet. Beaucoup de femmes de mon âge ou plus m’ont chaudement encouragée et félicitée ou m’ont dit, ce qui m’a beaucoup touchée, qu’elles (re)prenaient conscience de leur féminité.

Afrik.com : Quel message vous a le plus touché justement ?
Brigitte Kobenan : Il y en a beaucoup, mais celui que je préfère c’est cette femme de 50 ans qui m’a confié que depuis que son mari avait vu le concours, il la regardait différemment. Et qu’elle ne se sentait plus comme une femme de 50 ans, mais comme une femme de deux fois 25 ans.

Afrik.com : Les reines de beauté attirent également beaucoup la gent masculine. Quels étaient les types d’approche ou de compliments ?
Brigitte Kobenan : « Vous ne faites pas votre âge ! », « Votre mari est chanceux » ou « Vous êtes toujours mariée ? », … C’est vrai que les reines de beauté attisent souvent la convoitise et, du jour au lendemain, vous voyez votre cote exploser auprès des hommes. Mais je ne prends pas ça au sérieux et je me dis que l’effet couronne va passer. Il y a toujours des agités qui me font directement du rentre-dedans, mais d’une manière générale, puisque les hommes savent que je suis mariée, ceux qui tentent leur chance se montrent plus discrets.

Afrik.com : Et comment a réagi votre mari ?
Brigitte Kobenan : Il ne s’y attendait pas. Il pensait que le fait que je sois mariée arrêterait d’éventuels prétendants. Ceci dit, il est resté très calme. Malgré que certains de ses amis lui mettent un peu la pression. Lui répond : « J’ai épousé une princesse ». J’avoue que ça doit être un peu dur pour lui.

Afrik.com : A-t-il fait quelque chose en particulier pour conserver le cœur de sa belle ou pour rester, disons, « concurrentiel » ?
Brigitte Kobenan : Oui, avant il mettait des jeans « vieux papa », maintenant il met des jeans plus près du corps (rires).

Afrik.com : Votre premier objectif pour le concours était de trouver une tribune pour votre cause : l’autisme. Estimez-vous avoir réussi ?
Brigitte Kobenan : Oui, mon titre m’a permis de rencontrer les plus hauts représentants de l’autisme aux Etats-Unis. Si je suis de passage à Paris, c’est d’ailleurs parce que je reviens de Londres où j’ai été invitée à un gala royal sur l’autisme. Mon titre fait de moi une véritable ambassadrice de la cause.
Qu’est ce que l’autisme ?

Afrik.com : Quels sont vos objectifs dans votre combat ?
Brigitte Kobenan : Avoir un centre pour autistes à Abidjan (Côte d’Ivoire, ndlr) (parce que l’autisme peut se soigner quand on s’y prend tôt) et mener des actions de sensibilisation à travers toute l’Afrique. J’ai fondé d’ailleurs, en 2007, l’ONG Autism Community of Africa pour partager mon expérience et qui est à la fois un centre ressource notamment en matière d’information sur la maladie.

Afrik.com : Il n’existe aucune structure pour accueillir les enfants autistes en Afrique ?
Brigitte Kobenan : Il existe certes des structures, en tout cas en Côte d’Ivoire, mais ce sont des structures type garderies où les autistes sont indistinctement mélangés avec les handicapés. Et ces centres restent réservés aux personnes qui peuvent financièrement se le permettre.

Afrik.com : L’autisme est-il connu en Afrique ?
Brigitte Kobenan : Pas vraiment. Le continent ne (re)connaît pas ce trouble du développement. L’Afrique ne reconnaît pas encore la Journée mondiale contre l’autisme (2 avril, ndlr) décrétée en 2008 par les Nations Unies. Les enfants autistes sont, malheureusement, souvent considérés en Afrique comme des enfants possédés ou des enfants qu’il faut rejeter. Il y a des histoires terribles qui me reviennent, comme celle de cet enfant au Nigeria qu’on a battu toute la journée pour faire sortir les démons et qu’on a finalement envoyé chez le sorcier… Il y a un manque total d’information.

Afrik.com : Votre fils de 8 ans est autiste, il a été diagnostiqué à l’âge de 4 ans. Comment avez-vous réagi quand vous avez appris la nouvelle ?
Brigitte Kobenan : Il n’y a pas de mot pour le décrire. C’est comme rentrer dans une prison atroce. Au départ, quand il est diagnostiqué, vous ne savez pas si votre enfant est du côté des retardés mentaux, auquel cas il aurait fallu épargner pour le placer dans un établissement spécialisé ou du côté des sans déficience intellectuelle (ou autisme de haut niveau). Il se trouve que notre fils est de ce côté. Il est donc potentiellement très intelligent mais c’est toute la sphère sociale qu’il faut développer (se laver, se tenir, se brosser les dents…). Il a des problèmes de concentration qu’il apprend à dépasser à l’aide d’une thérapie. C’est long et laborieux mais ça commence à porter ses fruits. Nous avons mis du temps à trouver nos marques et à dépasser l’angoisse d’avoir un autre enfant. Dieu nous a donné une petite fille et son frère est extrêmement content d’avoir une petite sœur.

Afrik.com : Avez-vous rencontré des parents d’enfants autistes en Afrique ?
Brigitte Kobenan : Oui et la plupart sont empreints de désespoir. Ils attendent beaucoup de moi. J’ai une montagne qui pèse sur mes épaules, mais bon je vais juste y aller un pas après l’autre.
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Showbizz

Toutes les vidéos Showbizz à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ