x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Showbizz Publié le jeudi 23 avril 2009 | L’intelligent d’Abidjan

Entretien Dothy Z, artiste chanteuse ivoirienne : “Dans le milieu du show-biz, j’ai reçu des frustrations”

Aussi belle que serviable. Dorothée Lydie Zerbo alias Dothy Z a le cœur dans la main. Après avoir vécu 32 ans dans l’Hexagone, la fille Bété de Gagnoa veut résolument se mettre au service de son pays. Lors de la cérémonie commémorative de ses 25 ans de carrière et de ses 50 ans d’âge, le samedi 18 avril dernier à l’hôtel Ivoire, l’artiste a dévoilé – un projet d’envergure à base communautaire – et surtout déballé les soubresauts d’une carrière « peu radieuse ».

Dans quel registre musical, peut-on vous ranger ?
Etre artiste pour moi, c’est un métier. Je travaille et à la fin j’attends des deniers. Moi, je me place dans ce registre-là. Je ne suis pas people, je ne suis pas showbiz non plus. J’ai encore des contacts avec des promotionnaires du Lycée des Jeunes Filles de Yamoussoukro 1972 à 1980. J’avais un autre plan, je devais faire autre chose. Mais, j’ai embrassé par passion ce métier, par un coup d’œil de Bamba Yang. Au départ, je suis venue à la musique un peu comme par hasard et je me suis retrouvée devant des choses qui ne me plaisaient pas. Je suis très belle ; ce qui a fait que j’étais la proie de certains Showmakers. En plus de ça, on ne m’a jamais demandé, est-ce que tu chantes bien ? Qu’est-ce que tu chantes ? Ou qu’est-ce que tu as écrit comme chanson ? Quand on me voit, on me dit : « dis donc tu as de belles jambes ou tu as de belles cuisses ! ». Alors que tout ça ne me plaisait pas. Et souvent les gens ne prenaient pas le temps de m’écouter. Ils s’attardaient plutôt sur ce que je représentais comme créature. Finalement, j’ai décidé de faire de la musique un métier. Il me fallait trouver les rouages et entrer dans les réseaux pour que je puisse en vivre. Je ne fais pas la grosse tête. Je fais partie d’un réseau d’associations qui me trouve des petits contrats pour payer mon loyer à la fin du mois. Je ne cours pas après les gens pour quémander. Au niveau de la France, j’ai un manager qui travaille.

Dans votre chanson ‘’SMS’’, vous dénoncez les méfaits des messages écrits par les hommes pour séduire les femmes. Est-ce pour vous une manière d’attirer l’attention sur la cybercriminalité qui fait rage en ce moment en Côte d’Ivoire ?
Une fois, j’ai suivi un reportage sur la Côte d’Ivoire par rapport à la cybercriminalité. C’était désolant ! La honte de la Côte d’Ivoire sur Canal 6, une chaîne française ! Des Ivoiriens qui utilisaient Internet pour exproprier ou extorquer des fonds à des femmes. Celles-ci tombaient amoureuses des Ivoiriens et elles leur apportaient des Western Union ou des mandats. Le lendemain dans les rues, les gens regardaient les Ivoiriens d’un mauvais œil. Ce n’est pas bon pour la Côte d’ Ivoire. Aujourd’hui, il y a des gens qui se suicident pour cela. L’histoire que je raconte à travers la chanson ‘’SMS’’, ce n’est qu’une goutte d’eau parmi tant d’autres. Dans mon bâtiment à Paris, il y a une compatriote illettrée qui est tombée amoureuse d’un monsieur qui vivait en Afrique. Pour la cause, elle a acheté un ordinateur pour apprendre à tchatcher. Chaque fois, elle montait à mon appartement voir ma fille pour que cette dernière lui lise ses mails. Ma fille lui faisait le compte rendu et la dame lui disait : « réponds au mail ». Mais à la fin, ce n’est pas de l’amour parce que le monsieur lui a demandé de le faire venir en France. Et après quoi, il va l’épouser. Pauvre de la dame ! Elle est venue chercher le monsieur dans son pays. Arrivé à Paris (France), le monsieur l’a épousée et dès qu’il est devenu Français, il s’est taillé. Elle est restée toute seule dans la misère. Les hommes, arrêtez de nous faire perdre la tête avec vos SMS. C’est dangereux !

Est-ce que Dothy Z a déjà fait des featuring avec d’autres artistes ?
On me sollicite pour faire des featuring. Mais, je ne veux pas trop en faire parce que je suis parolière. Souvent, on vous appelle en studio. Voilà tu vas faire ceci, tu vas faire cela. Si je ne suis pas inspirée quelquefois je n’y arrive pas. Ce que vous devez savoir dans la chanson, c’est qu’il y a plusieurs registres. Il y a des chanteurs, des choristes, des paroliers, etc. Chacun a son rôle. L’artiste Any Flore m’avait appelée pour participer à son dernier album. Je devais passer un message. Ce jour-là, j’étais malade. Du coup, elle a appelé quelqu’un d’autre. Mais, on peut accepter ou on peut refuser. Moi, je ne suis pas là forcément pour faire des featuring. Mais, j’assiste beaucoup le travail des autres. Quand je sais que quelqu’un a un studio, si j’ai le temps et qu’on m’invite, j’y vais. Je suis ouverte mais je choisis aussi.

Sur la pochette du best of ‘’H20’’, on peut lire distribution ‘’Showbiz’’. Cette entreprise a mis la clé sous le paillasson. Comment sera distribué le best of dans ce cas ?
Je pense que la première des choses, quand une maison doit fermer, c’est de prévenir ses actionnaires, les personnes avec qui elle travaille. Mais jamais je n’ai été prévenue de quoi que ce soit. Et je ne suis pas la seule, il y a beaucoup de personnes qui sont chez Showbiz qui ne savent rien du tout. Alors moi j’arrive avec mon manager et on apprend que Showbiz a disparu. Bon, je me mets quand même en contact avec les responsables ; on ne me répond pas. Donc je menace, en disant que je ferai une conférence de presse pour en parler. Et du coup, on me rappelle pour me dire : « Tu sais, on n’existe plus». Or, entre temps, j’avais monté des spots que j’ai payés. Admettons que c’était la télévision ou Rti-music que j’avais payée, ou bien les 1.500.000 francs CFA qu’on demandait. Mais, c’était de l’argent perdu. Voilà comment les maisons de disques travaillent ici (nldr : en Côte d’Ivoire). Et souvent on est malheureux. Ce n’est pas gâté ! Showbiz ne peut pas sortir l’album. Moi, je sors chez Aketon Studio à Paris – France – cette semaine. La promotion suit son cours. Je trouverai peut-être une autre maison de distribution. C’est ça aussi la réalité. Souvent, je vois qu’on tape beaucoup sur les artistes mais nous ne sommes que les seules victimes. Mais, ceux qui nous dirigent ne sont pas souvent professionnels ou sont inconscients.

Comment jugez-vous l’émergence des nouveaux genres musicaux en Côte d’Ivoire ?
Je suis entourée des dinosaures de la musique ivoirienne à savoir, Valen Guédé, Wedji Ped, Noël Dourey, Aïcha Koné et autres. J’aurai voulu me joindre à l’action du Burida pour avoir rendu un si bel hommage à Monsieur François Lougah. Pour vous dire que les artistes ne sont pas finis. En Côte d’Ivoire, on nous prend pour des « has been » parce qu’aujourd’hui, il y a le Coupé-décallé et d’autres genres. Mais, je vous assure qu’actuellement Charles Aznavour remplit encore le Zénith de Paris et tout le monde va l’applaudir. Pourquoi ne serait-on pas toujours d’actualité ? Si vous ne nous rangez pas au placard.

Quel est votre coup de gueule après 25 ans de carrière ?
Je voudrais rappeler aux journalistes que je viens de célébrer mes 25 ans de carrière et de 50 ans d’âge. Donc, je ne tolérerai plus des écarts de langage précisément du côté de la Presse ‘’People’’ me concernant particulièrement. Parce que nous sommes des personnalités de ce pays et il y a des gens qui nous adorent. Tout ce que vous dites nous suit obligatoirement. Nous sommes une famille, respectons-nous. Dans la musique, il y a trois (3) paramètres : le talent, la chance et l’argent. Tu peux avoir le talent et les deux autres ne suivent pas, alors, tu restes dans le noir. Mais, pour activer ce talent, ce sont les journalistes qui doivent apporter les deux aspects manquants. Si les journalistes se mettent dans les rumeurs et les humeurs, alors, on ne s’en sortira pas.

25 ans dans la carrière d’un artiste supposent que Dothy Z a soufflé le chaud et le froid. Pouvez-vous nous faire savoir les déboires que vous avez connus durant le quart de siècle de votre vie mis au service de la musique ivoirienne ?
Il y a beaucoup de déboires. 70% de déconvenues et 30% de bonnes choses. Ce n’est pas parce qu’on a eu 70% de désenchantement qu’on doit baisser les bras. Moi, je suis une battante, je suis du signe astrologique Bélier. Donc, je vais de l’avant sans regarder derrière. J’ai par ailleurs reçu beaucoup de frustrations dans le milieu du show-biz. En vérité, personne ne croyait en moi mais je n’ai jamais couru après la gloire. Je suis tout doucement mon chemin.

Vous parliez tantôt de projet. Pouvez-vous enfin dégrafer l’enveloppe portant cette action communautaire ?
J’ai fait trente-deux (32) ans en France. Ce qui m’a marqué dans l’Hexagone, ce sont les restaurants du cœur. Pourquoi ? Parce que vous me voyez en bonne santé aujourd’hui. Entre 1992 et 1998, j’avais perdu complètement l’usage de mes jambes. En France, ces personnes impotentes sont considérées comme des personnes en difficulté. Ceux-ci bénéficient de tout ce qui est social. C’est-à-dire d’un peu d’argent, de la gratuité des médicaments, de très beaux appartements ; en un mot, ils sont prioritaires. Parmi ces priorités, la carte du restau du cœur. Un moment donné de ma vie, je me suis retrouvée démunie à 70% de mes facultés. C’était la souffrance physique et morale. Sur les conseils de mon assistance sociale, je me suis inscrite au restau du cœur pour aller manger. Quand je m’alignais, je voyais des Ivoiriens. On se chuchotait voire on se critiquait dans les rangs. Ça m’a permis d’économiser 20 euros (nldr : environ 13.000 FCFA) par semaine. Deux fois par semaine, je faisais mon panier. La première année, je trouvais ça bizarre. Quand j’arrive, je suis bien mise. Je gardais ma dignité. Je viens avec mon panier et je me sers. La deuxième année, à ma grande surprise, les rangs augmentaient. Ce n’était plus les miséreux. Mais, des gens qui arrivaient dans leurs Mercedes et qui faisaient la queue. La troisième année, je voyais des chefs d’entreprise avec cravates faire le rang. C’est pour vous dire qu’il y a la faim en France. S’il y a la faim en France, ce n’est pas en Afrique que cela n’existera pas. Quand je suis à Abidjan, j’observe la rue. Figurez-vous que je n’ai jamais vu quelqu’un qui a mis une marmite au feu à midi. Qui attend vers 17h ou 18h pour manger. C’est pareil quand je passe au Plateau, il y a des jeunes qui y sont depuis plus de 20 ans. Je distribue entre dix et vingt mille francs CFA de passage dans cette commune. C’est pour la plupart des diplômés qui viennent là pour gagner leur vie. Tout cela m’a marquée. Beaucoup sont dans la lutte contre le Sida et autres. C’est bien ! Mais, je pense qu’il y a beaucoup de choses à faire dans le domaine de la faim. Moi aussi, j’ai créé quelque chose comme la Coluche et j’ai appelé cela « Manger à sa faim pour un week-end ». C’est-à-dire, tous les samedis et dimanches, je vais donner à manger à cinq cents (500) enfants dans le district d’Abidjan. Le top départ de ce projet sera un grand concert live que je donnerai au Palais des Congrès de l’hôtel Ivoire.

Est-ce que vous avez la politique de vos moyens ?
Le projet sera réalisé en collaboration avec les différents maires des dix (10) communes et avec le soutien de l’entreprise de téléphonie mobile Koz. 80% des recettes de ce concert vont servir à financer les cinq cents (500) premiers plats, qui seront offerts à cinq cents (500) enfants de la commune d’Abobo. Par ailleurs, ce sera donner du travail aux femmes qui viendront concocter et distribuer ces repas. Je parle de repas décent à savoir, entrée, plat de résistance et dessert.


Réalisé par KDM
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Showbizz

Toutes les vidéos Showbizz à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ