Interrogé le jeudi dernier, dans le cadre de l’affaire de la disparition du journaliste Guy André Kieffer, sur les importantes sommes d’argent qu’il remettait souvent à Guédé Pépé alias James Cenach, le ministre Paul Antoine Bohoun Bouabré ne s’est pas embarrassé de fioritures, pour jeter cette réponse à la face des enquêteurs français : « cet argent sert à corrompre les journalistes, surtout les journalistes français. C’est chez vous que. J’ai découvert que ce milieu était très corrompu. Je voudrais vous faire remarquer qu’une fois Le Figaro a publié une interview de moi. Pour cette interview, le journaliste avait demandé 10000 euros. Mais Guédé Pépé avait négocié et nous avons payé 5000 euros. C’est parce que je refusais de faire cela avec RFI que cette radio me massacrait. Maintenant, j’ai décidé de faire comme les autres. Donc l’argent que je remets à Guédé Pépé sert à corrompre vos journalistes ». Au-delà de la bravade, Bohoun Bouabré affirme clairement qu’il est un corrupteur, qu’il a usé et abusé de corruption pour obtenir gain de cause. Pour le rang qu’il occupe dans la hiérarchie de l’Etat, ces propos de Bouabré lancent le discrédit sur le gouvernement et bien plus sur la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, le Chef de l’Etat, le président Laurent Gbagbo ne doit pas rester sans réaction. Il doit démettre son ministre si bavard si tant est que sa dernière croisade contre la corruption, le racket, en somme, pour la moralisation de la vie publique, n’est pas un effet d’annonce. Si Laurent Gbagbo a mis en prison les barons de la filière café cacao, a fait écrouer sa secrétaire particulière qui a trempé dans une escroquerie contre une société de téléphonie mobile, il doit, tout au moins, démettre le ministre Paul Antoine Bohoun Bouabré, qui a avoué publiquement avoir corrompu des personnes. A moins que l’opération de moralisation de la vie publique ne soit seulement qu’une politique de diversion, un effet d’annonce uniquement à but électoraliste.
BN
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