En tant que vitrine du pays, l'aéroport ne saurait être le lieu d'ancrage de certaines dérives. C'est le sentiment qu'a exprimé le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo hier lors de la visite des nouvelles installations de l'Aéroport international Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan. Si le locataire du palais présidentiel a salué les progrès réalisés par les responsables d'Aeria, le gestionnaire du site, à travers la modernisation des installations de la plateforme aéroportuaire, il a fustigé le comportement belliqueux des forces de l'ordre qui est de nature à entraver les activités économiques. «Depuis la concession, Aeria (Aéroport international d’Abidjan) a fait des progrès immenses. C'est le rapport entre les forces de l'ordre et les passagers qui me préoccupent. Il y a quelques années nous négocions avec la Banque islamique de développement (Bid) de l'argent que nous voulions pour continuer la construction de l'autoroute. Un membre du conseil d'administration de la Bid envoyé en Côte d'Ivoire, a été brutalisé sans raison dans cet aéroport par les forces de l'ordre. Et cela nous a valu des retards à l'allumage dans notre négociation », a rappelé Laurent Gbagbo, estimant que les agents n'ont pas conscience de l'impact négatif de leurs mauvaises actions sur le développement économique du pays. «On peut être rigoureux sans être brutal. Pendant ma visite, au moment où je m'arrête pour saluer une dame du conseil d'administration d'Aeria, les gens viennent et la poussent. Je leur ai demandé mais pourquoi vous la poussez. Cela ne résout aucun problème parce qu'elle peut être plus loin, et puis tirer sur moi. Celui qui a tiré sur Kennedy n'était pas à deux mètres de lui. Celui qui a tiré sur Regan n'était pas à deux mètres de lui», a rappelé le président Laurent Gbagbo. Selon lui, assurer la sécurité, ce n'est pas faire la brutalité mais, c'est veiller à ce que personne ni de près ni de loin ne puisse atteindre celui qu'on protège. Pour le ministre des Infrastructures économiques, Patrick Achi, Abidjan dispose d'une des meilleures infrastructures aéroportuaires de la sous-région. «Pendant les périodes difficiles, on a connu des moments de doute où le trafic des passagers avait baissé à un niveau tel qu'on se posait la question s'il fallait déposer les clefs ou continuer. Cela tenait à une seule chose, l'augmentation des tarifs afin de permettre un compte équilibré malgré la baisse des trafics. Cette décision ne fut pas facile», a indiqué le ministre. Pour Patrick Achi, le trafic passager a baissé, de très grandes compagnies ont quitté l'aéroport et cela a favorisé la perte d'une partie du trafic vers les aéroports voisins. Malgré «ces menaces économiques réelles ou supposées », Abidjan possède son potentiel et sa capacité de relever les grands défis de la concurrence aéronautique. Mais à condition que les options du plan stratégique du gouvernement pour le développement des différentes infrastructures de cet aéroport soient rapidement mises en œuvre. «L'inauguration de ces infrastructures que nous venons de faire, s'inscrivent dans la logique de cette stratégie et consiste à résister à la concurrence», a souligné le ministre. Il a cité le cas de l'aérogare fret pour lequel des hangars d'entreposage seront construits pour un montant de plus de 20 milliards de Fcfa financés par la Banque islamique de développement et le fonds de l'Opep. «La synergie entre l'aéroport, le port et le rail concrétisera le caractère sous-régional de cet aérogare fret prévu pour accueillir jusqu'à 50 mille tonnes de fret par an », a renchérit Patrick Achi. C'est dans ce même cadre que sera construite la nouvelle aérogare charter et pèlerins et l'académie des métiers aéroportuaires de l'aviation civile. Aeria a investi 26 milliards Fcfa pour moderniser ces installations. Rappelons que Laurent Gbagbo a procédé à la pose de la première pierre de l'aérogare charter.
C.C.E
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