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Économie Publié le lundi 4 mai 2009 | Fraternité Matin

Investissement / Victor Nembéléssini (Pdg de la Banque nationale d’investissement) : “400 milliards injectés dans l’économie nationale depuis 2002

La Bni, anciennement Caisse autonome d’amortissement (Caa) s’apprête à fêter ses 50 ans d’existence. Occasion pour son Pdg de faire le bilan à mi-parcours.

La Bni a 50 ans cette année, M. le Pdg comment se porte-t-elle?

La Bni a procédé à une grande mutation. De la Caisse autonome d’amortissement (Caa), elle est devenue une banque au sens plein du terme. Aujourd’hui, nous sommes heureux de dire que la Bni se porte beaucoup mieux. Du point de vue de ses missions, elle est la seule banque de la place à exercer trois métiers. En ce cens qu’elle est une banque d’affaires, une banque commerciale ou de détails, enfin une banque conseil. Je pense qu’avec l’extension de son réseau que nous sommes en train de mettre en place, la Bni sera une banque encore plus proche de sa clientèle.

En 2001, lorsque nous prenions sa tête, la Bni, avec seulement 3 agences. Après les évènements malheureux de septembre 2002, nous avons été réduit à 2 agences. Aujourd’hui, nous avons plus d’une vingtaine d’agences. D’ici à la fin de l’année 2009, la Bni aura étendu son réseau à travers 30 agences. Au regard de l’organisation et de l’offre des produits et services financiers que nous menons sur le marché, nous pensons que dans un contexte financier et économique difficile, il était important que la Côte d’Ivoire ait un tel instrument financier pour pouvoir non seulement résister à cette crise mais aussi créer de la richesse, envisager un avenir meilleur pour les Ivoiriens à travers une croissance soutenue.

Peut-on réellement soutenir que la Bni a créé de la richesse en Côte d’Ivoire?

C’est environ plus de 400 milliards de FCfa que nous avons injectés dans l’économie depuis 2002 et nous continuons à le faire. Nous avons créé de la richesse, oui ! Par exemple, dans le cadre du redéploiement de l’administration, la Bni a été la première banque à aller à Bouaké et Korhogo. Aujourd’hui tout le monde a suivi. Cela peut paraître anodin, mais il fallait le faire! Quelle que soit la région où vous êtes, les activités économiques ne peuvent prospérer efficacement tant qu’il n’existe pas de banques, tant qu’il n’y a pas de fluidité dans les échanges monétaires. Voyez Bouaké avant et après l’arrivée des banques.

Nous avons aussi joué un important rôle d’appui auprès de certaines structures comme la Sir, la Sotra, sans oublier les levées de ressources que nous avons effectuées pour le compte de l’Etat lors des opérations telles que les Emprunts obligataires. Les succès enregistrés par ce type d’opération ont permis de financer l’économie.

Quelle est la crédibilité de la Bni auprès de ses partenaires extérieurs, quand on sait qu’il fut une époque où l’on considérait la Bni comme une caisse noire de l’Etat?

Dans les années 70, le secteur bancaire n’avait pas cet organisme important de contrôle et de régulation qu’est la Commission bancaire. Aujourd’hui le suivi, le contrôle se font de manière plus effective et efficace.

La crédibilité de la Bni s’est améliorée, son image a changé. Au niveau de la communauté internationale, nos correspondants nous font confiance. Les correspondants de la Bni que sont la Commerz Bank, Standard Chatered Bank à Londres, HSBC, etc. figurent parmi les plus grandes banques du monde.

Pour nouer des relations de correspondance avec ces institutions, il faut avoir une éthique, une notoriété et même une crédibilité reconnue, parce que ces géants de la finance internationale ont des critères de sélection très rigoureux, qui tiennent compte des règles prudentielles et de bonne gouvernance. Et, si vous opérez en marge de certaines règles, vous êtes rejetés. C’est vous dire que la Bni ne peut pas être une «Caisse noire».

Ce sont des faits qui parlent d’eux-mêmes. La Bni est également en rapport avec des institutions comme EximBank de l’Inde, Industrial Development Corporation (IDC) d’Afrique du Sud, Standard Bank d’Afrique du Sud. Notre réseau est en pleine extension.

50 ans d’existence, cela représente quoi pour la Bni et son Pdg?

50 ans, c’est important dans la vie d’un homme. C’est aussi important dans la vie d’une banque. C’est un bon départ et ce n’est pas donné à tout le monde. C’est un gage de longévité. Mais il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Je pense surtout qu’il faut regarder l’avenir avec optimisme; parce que nous sommes dans un pays où le taux de bancarisation est de moins de 8%. C’est-à-dire que nous sommes dans un pays jeune où la marge de progression est immense. Nous voulons, à la Bni, faire la différence. Notre objectif est d’être la première banque de ce pays et nous travaillons dans l’atteinte de cet objectif.

La Bni continue d’être regardée comme une banque d’élites. Qu’en dites-vous?

Nous avons déjà commencé à y remédier à partir de cette année. Nous faisons en sorte que nos prestations soient à la portée de tous les opérateurs économiques et des populations vivant en Côte d’Ivoire. Du point de vue managérial, nous mettons l’accent sur l’assistance de nos clients. A la Bni, le banquier est un véritable partenaire pour son client. Ceci nous amène à chercher à comprendre le client et son activité, à comprendre ses ambitions.

Quand vous comprenez, alors, vous pouvez structurer. Nous comptons toucher à tous les secteurs d’activité : primaire, secondaire, tertiaire.

C’est donc dire que cette perception évolue et continue à se modifier dans le bon sens.

Une autre image colle aussi à la Bni depuis la Caa: c’est celle du prêt politique.

C’est une vraie légende! Honnêtement, si la Bni faisait des prêts politiques, cela se serait fait ressentir sur la qualité de son portefeuille. Je vous parlais tantôt de la Commission bancaire. On ne peut pas faire telles opérations dans un tel contexte sans risquer de mettre en cause notre capital crédibilité et confiance. Nous avons un cadre d’échanges au niveau du Comité de Direction, un cadre de décision pour les prêts : le Comité de crédit qui est totalement indépendant etc.

En outre, nous avons mis en place des procédures de Know Your Customer (KYC: Connaître son client) Know Your Client’s Customer (KYCC: Connaître le client de ton client) Know Your Employee (KYE: Connaître son employé).

Le respect de ces règles de gestion oblige la Bni à traiter avec rigueur et transparence les dossiers des personnes politiquement exposées.

A notre arrivée, on disait que le Pdg ou le Dg avait pouvoir discrétionnaire de crédit. J’ai immédiatement mis fin à cette pratique en créant un Comité de crédit.

Pour illustrer ce changement: avant, quand vous veniez à la Caa, la salle de réception du Pdg ou du Dg était toujours pleine de clients. Mais quand les pouvoirs ont été transmis au Comité de crédit, les salles d’attente se sont totalement vidées. Les gens sont étonnés que des pouvoirs aussi importants aient été transférés au Comité de crédit. En tant que banque et conformément aux règles de bonne gouvernance, c’était une décision toute naturelle.

L’actualité, c’est l’affaire Kieffer. Lors de l’audition du ministre Bohoun Bouabré, le juge Ramaël aurait interrogé votre ancien patron sur un compte que vous détiendrez en Belgique.

Il m’est difficile de m’exprimer sur un tel sujet parce que je respecte le secret de l’instruction. Tout citoyen doit se soumettre à certaines règles.

Je pense qu’il s’agit d’un cas très grave, en l’occurrence, la disparition d’un être humain, d’un journaliste surtout. C’est une affaire pénale à laquelle il faut accorder tout le sérieux qui lui sied. En ce qui concerne le compte que j’aurais ouvert en Belgique, je tiens très clairement à vous affirmer que je n’ai pas de compte en Belgique.

Et je précise que je fais confiance en la justice. Laissez la justice poursuivre ses investigations. Depuis mon retour en Côte d’Ivoire, j’ai subi tant de choses difficiles et incompréhensibles que plus rien ne peut m’étonner.

Ces expériences difficiles ne peuvent que vous enseigner. En effet, quand on vous dit de façon répétée, en présence de témoins ou en public, que vous êtes la «cible parfaite», dans un environnement politique et économique en crise, seule la foi en Dieu peut permettre de surmonter pareilles épreuves. Je retiens de ces épreuves qu’il faut, dans la vie, toujours savoir rester humble et que l’arrogance précède toujours la chute.

Je crois savoir qu’on a aussi attenté à votre vie?

C’est un fait, un de mes gardes de corps y a même trouvé la mort. Cela s’est produit le 12 octobre 2004 lorsque j’allais me faire entendre en qualité de témoin par le juge Ramaël dans le cadre de l’affaire KIEFFER.

Ou est-ce une coïncidence?

Je ne saurais le dire.

En tout état de cause, les résultats des investigations liées à la mort de mon garde du corps ne sont toujours pas connus.

Avec du recul, il m’est donné d’apprécier à sa juste valeur pourquoi même en public, j’ai été présenté comme étant «la cible parfaite».

Je continue à me demander encore aujourd’hui pourquoi cette qualification. En tout état de cause également, je place toute ma confiance et ma foi en Dieu. Avec lui, je ne peux avoir peur des hommes.



Propos recueillis par Alakagni Hala
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