La nuit de retrouvailles de l'ancien cercle de Man qui s'est tenue dans la soirée du vendredi 1er mai dernier à la Caistab a mis au grand jour le profond malaise qui persiste encore dans l'ouest montagneux. Une soirée pour laquelle de grands moyens ont dû être dégagés au regard du lieu de la manifestation (CAISTAB), du déplacement depuis l'ouest de la chefferie traditionnelle et d'un groupe de danse (Kwadeba) et surtout de la ripaille et la beuverie auxquelles organisateurs et convives se sont adonnés. Le premier couac est venu du président du comité d'organisation, le Général de police Gontro Tro Emile. Qui, invitant à une minute de silence "en la mémoire des cadres et élus arrachés tristement et criminellement à l'affection de tout l'ouest" a quasiment oublié, sinon banalisé la mémoire du Général Robert Guéi. Il a cité toute une panoplie de cadres disparus, connus, moins connus et même des anonymes, avant de se rattraper au dernier moment alors même que tout le monde observait déjà le silence imposé. Après ça, on n'entendit plus rien du Général Guéi, haut cadre de la région, ancien chef d'état major de l'armée, ancien président de la République de Côte d'Ivoire, tué aux premières heures de la guerre, dans les différentes allocutions (près d'une dizaine). Alors que son ombre planait sur la cérémonie dont l'objectif, selon le président du comité de pilotage de la nuit de retrouvailles, Tiabas Houlaï Bernard, était de "fermer définitivement la douloureuse parenthèse" entre Wê et Dan qui "s'étant mépris sur l'identité de l'assaillant se sont accusés mutuellement d'être la cause du malheur de l'autre". Et donc "ont connu l'horreur le plus sanglant". Deuxième couac, l'absence retentissante de hauts cadres de la région tel le président de la Cour suprême Tia Koné qui devait pourtant prendre la parole pour inviter à la cohésion et au pardon. Il a même été plusieurs fois annoncé. Le représentant de Gossio Marcel (DG du Port), Bah Zéphyrin, dans le message écrit de son mandant, s'est adressé à Tia Koné comme s'il était présent. Finalement, c'est à leur corps défendant que les organisateurs ont dû se passer du message de Tia Koné qu'ils n'ont pas réussi à déplacer. "Il ne peut pas venir, c'est trop compliqué pour lui" a reconnu un organisateur en privé. Le ministre Mabri Toikeusse n'était pas non plus présent. D’ailleurs, on se demande ce qui a pu bien motiver déminents cadres tels des ministres encore en fonction à briller de leur absence à une telle cérémonie de leur région. Et pourquoi de hauts cadres du grand ouest tels marcel Gossio ont-ils choisi de se faire représenter? C'est dans cette atmosphère tendue, malgré le spectacle offert par des artistes et groupes de danse de la région (personne ne s'est levé pour danser), que le doyen Emile Kéi Boguinard (qui a annoncé avec fierté dès sa prise de parole avoir le 1er mai 2009, son jour d'anniversaire, 81 ans) a pris la parole pour donner plutôt des conseils aux organisateurs et surtout à l'ONG ODAHROM (initiatrice de la nuit de retrouvailles de l'ancien cercle de Man) : "Pour que ODAHROM vive, il faut que cette organisation n'adhère à aucun parti politique" a-t-il recommandé. Un film sur la purification des lieux et des valeurs sacrées de la région profanés durant la guerre a été projeté. Un appel à l'endroit de la diaspora a été lu par le conseillé technique au cabinet du 1er ministre, Dr. Ba Ibrahima. Le président du Conseil d'administration de l'ONG ODAHROM, Christian Brouoh, quant à lui, a fait le bilan des activités de son ONG en faveur de la population du grand ouest. Enfin, une somme de deux cent mille (200000) Fcfa collectée sur place a été remise par l'épouse du ministre Hubert Oulye au groupe Kwadeba, une troupe d'anciens miliciens reconvertis. Il faut noter que le ministre Hubert Oulaye, parrain de la cérémonie, les ministres Emile Constant Bombet, et Angèle Gnonsoa, le DG du groupe "Le Réveil", Denis Kah Zion, et bien d'autres cadres de la région étaient présents.
François Konan
François Konan