Pendant 40 ans, le Pdci, parti de l’indépendance, avait occupé les médias d’Etat en Côte d’Ivoire. A observer à l’époque, la gestion de la télévision, la radio, ou Fraternité-Matin, on avait du mal à donner un sens à l’information. Aujourd’hui, je comprends difficilement, le reproche du Pdci, aux mêmes médias d’Etat, de participer à ‘’l’affaiblissement’’ de sa campagne de mobilisation des militants. Cela voudrait dire que le Pdci, parti de l’indépendance, hier très puissant, aujourd’hui dans l’opposition - supporte mal la règle qu’il avait appliquée de 1960 à 1999. Mais le réflexe du Pdci voudrait dire aussi qu’il est rattrapé par sa propre gestion historique des médias d’Etat. Aujourd’hui, le Pdci est dans un paysage de renouveau politique où il doit accepter aussi le même style de gestion des médias d’Etat, qu’il administrait au Fpi ou au Rdr. Pour nous, il n’y a pas de malaise au Pdci, il n’est pas aussi défavorisé par le traitement de l’information. Il y a 40 ans, le Pdci se souvient tout simplement de sa gestion traditionnelle des médias d’Etat, marquée par un réflexe communiste qui avait ‘’interdit’’ à l’époque, une interview télévisée de Laurent Gbagbo, principal opposant à Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire. C’est bien cette même façon de gérer les médias d’Etat sur l’échiquier politique en Côte d’Ivoire, en 1999, qui a creusé dans la culture politique profonde du Rdr, un sillon de mécontentement. Une histoire de marche de protestation qui se termine à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, appuyée d’un mandat d’arrêt international contre Alassane Ouattara. Tout cela parce que le Pdci avait revendiqué une mainmise sur les médias d’Etat. Aujourd’hui le retour du ‘’couteau’’ fait mal dans la plaie. Le Pdci est rattrapé par l’histoire de la gestion des médias d’Etat, là où le parti de l’indépendance s’éloignait de ceux qui ne partageaient pas son opinion, affectionnait « l’interdit » et ‘’sanctionnait’’ ceux qui se rapprochaient entre eux. Le Fpi a souffert avec Félix Houphouët-Boigny, de cette nuance significative. Laurent Gbagbo interdit d’antenne, lors d’un débat à la télévision ivoirienne, était-il une grande signification démocratique ? C’est bien cette force’’ bonapartiste’’, qui a été la force de frappe du Pdci, qui se plaint à son tour aujourd’hui de son mauvais traitement dans les médias d’Etat. Du coup, le parti de l’indépendance reconnaît maintenant que l’égalité de l’information et l’utilisation de production des médias d’Etat sont faits pour structurer démocratiquement le champ politique, tout comme les activités de la société civile. C’est bien cette référence principale qui a manqué au Pdci quant à l’utilisation des médias d’Etat durant 40 ans. L’histoire des médias d’Etat commence par Félix Houphouët-Boigny et se termine par Henri Konan Bédié. L’année Robert Guéi qui fait partie des évènements explicatifs, a obéi à un coup d’Etat militaire en 1999. Ce qui a fait beaucoup ‘’d’exceptions’’ dans la gestion des médias d’Etat, où Robert Guéi refusait d’être appelé « chef de la junte » et aussi par l’impact des médias d’Etat voulait légitimer ‘’son pouvoir’’. Pour dire que les médias d’Etat, tant en Europe qu’en Afrique ont été toujours gérés par le pouvoir… au pouvoir. Mais le Pdci n’avait pas compris que le pouvoir est une période transitoire, peut-être longue ou courte. Et, l’effondrement de 40 ans de manipulation des médias d’Etat, devrait servir au Pdci une expérience de modestie. Mais si le parti de l’indépendance refuse de faire le bilan de ses 40 ans de gestion des médias d’Etat, il ‘’s’affaiblira’’ davantage devant sa ‘’revendication’’ d’égalité de traitement à la télévision et à la radio. Mais, moi, je comprends bien le Pdci et ses structures politiques. Ils sont toujours pleins de conservatisme. Eux qui refusent le front de classe d’opposition. Ils se croient toujours au pouvoir et s’épuisent en pure perte à courir après la télévision et la radio, et veulent se rassurer face à une population, qu’ils ont encore des projets de société pour ‘’une Côte d’Ivoire active’’ capable de changer la société ivoirienne. En réalité, il n’y a guère de débat, surtout en Afrique, en matière institutionnelle des médias d’Etat. Le Pdci le sait très bien, lui qui s’est servi de toutes les subtiles nuances pendant 40 ans. Voilà pourquoi le Pdci ne doit pas se lamenter, aujourd’hui, noyé dans la zone grise de l’opposition et avec cette tentative de se croire toujours au pouvoir, n’explique plus rien. Mais le Pdci pourrait revenir à sa référence nationale à condition qu’il protège les institutions républicaines tout en reconnaissant les valeurs de ses adversaires. Le Pdci a du beau rôle, mais le discours de renouveau et la gestuelle du président Henri Konan Bédié à chaque sortie, ayant trait à des règlements de comptes, ou la politique du pire, et le refus de l’autre, peuvent encore faire reculer le Pdci sur le terrain politique. Tout ce constat fait croire que le parti de l’indépendance ne sait plus parler à ses militants. C’est peut-être cela qui gêne ceux qui ont la gestion des médias d’Etat, dont le code d’honneur est aujourd’hui axé sur le ‘’bon ton’’. Et, l’appel du Pdci que les médias d’Etat prennent en compte en ce qui concerne l’égalité du traitement de l’information, suscite une autre réflexion. Surtout venant du Pdci, se lamentant avec nostalgie.
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël