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Société Publié le mardi 5 mai 2009 | Le Nouveau Réveil

Denis Kah Zion (Président du GEPCI) : "Ni nos entreprises de presse, ni nos journalistes ne travaillent dans un environnement sécurisé"

En cette journée internationale de la liberté de la presse du lundi 4 mai 2009, l'Union internationale de la Presse francophone, section Côte d'Ivoire a choisi de réfléchir, d'une part, sur "La sécurité des acteurs et observateurs en période électorale et post-électorale dans les pays francophones" et, d'autre part, de jeter un regard sur " Le financement des organisations professionnelles ou la sécurité économique des organisations professionnelles et des entreprises de presse ".

Le GEPCI voudrait remercier l'UPF, section Côte d'Ivoire, et son président Alfred Dan Moussa qui fait la fierté de la Côte d'Ivoire depuis sa brillante élection à la tête de la prestigieuse Union de la presse francophone pour l'avoir associé à cette journée.

Mesdames et messieurs,

Que dire du premier thème centré sur la sécurité ?

Mon intervention se bornera tout simplement à une espèce de témoignages sur les rapports conflictuels entre les pouvoirs publics et la presse. Publiquement, devant cette auguste assemblée, je puis affirmer que (1) les patrons des entreprises de presse ne travaillent pas dans un environnement qu'on peut qualifier de sécurisé qui peut favoriser la prospérité de leurs affaires ; (2) les journalistes vivent un véritable calvaire si nous voulons parler des conditions de sécurité dans l'exercice de leur métier.

Concernant ces derniers, c'est plus d'une fois que les forces de l'ordre leur ont fermé au nez les portes des cérémonies officielles qui se déroulent dans des institutions de la République même quand ils présentent les attributs de leur profession. Et parfois, tenez-vous bien, après avoir été invités. Plus d'une fois, nos journalistes, ont été malmenés par les Forces de défense et de sécurité (FDS) si elles ne menacent pas de les envoyer dans l'au-delà. C'est donc souvent la peur au ventre que les journalistes descendent sur le terrain pour couvrir les évènements. Rien que le vendredi 24 avril 2009, juste pour vous donner une idée des conditions peu sécuritaires dans lesquelles travaille le journaliste. Le journaliste Joseph Tual et son cameraman de la télévision France 3 ont été arrêtés lors de l'audition de Michel LEGRE dans l'affaire Guy André Kieffer, du nom de ce journaliste franco-canadien, disparu en Abidjan, le 16 avril 2004. Un autre reporter ivoirien, à défaut d'être mis aux arrêts, a failli passer de vie à trépas, menacé qu'il fut.
En ce qui concerne les entreprises de presse, c'est régulièrement qu'elles sont victimes de la barbarie des ennemis de la liberté de la presse, ennemis de la pluralité d'opinions encagoulés ou agissant à visage découvert. Rédactions saccagées, journaux déchirés ou interdits de vente sont le lot quotidien des Editeurs ivoiriens qui ne bénéficient hélas pas, jusqu'à ce jour, de la protection de l'Etat parce que considérés comme des opérateurs économiques privés, alors qu'ils assurent un service public.


Dans ces conditions, quelle sécurité pour la presse ? En d'autres termes, peut-on imaginer que la sécurité puisse exister pour la presse, et in extenso, pour tout autre citoyen ?

Nous répondrons à cette interrogation par l'affirmative. Pourvu que chacun fasse son travail dans le respect de l'autre.

Mesdames et Messieurs,

La sécurité pour les entreprises n'est pas que physique. Elle a une autre dimension que le deuxième thème de cette Journée de la liberté de la presse souligne si éloquemment : " Le financement des organisations professionnelles ou la sécurité économique des organisations professionnelles et des entreprises de presse ".

La presse, chacun le sait sous nos tropiques, est dans une situation controversée.

La presse, on le sait aussi, s'adresse à la multitude comme les élections. Quand tout va bien, et ici nous prenons l'exemple de notre pays, vous ne verrez personne, tant au niveau des partis politiques que de la société civile, prendre la parole pour dire un mot gentil à l'endroit de cette presse. Mais, que survienne le moindre problème, c'est la presse qu'on voue aux gémonies. Dans notre société ivoirienne, on demande à la presse d'être tout à la fois : le porte-voix des faibles et des opprimés, ce qui est normal et indiqué ; le sofa des partis politiques, ce qui est contraire à sa déontologie ; le juge qui tranche entre la vérité et le mensonge, le redresseur des torts, etc. Mais, en retour, que fait-on pour la presse, pour assurer comme l'indique le thème, sa " sécurité économique " ?

Je n'irai pas loin pour chercher un exemple et pour illustrer mes propos.

Depuis qu'on a entamé le processus de sortie de crise, en quoi se chiffre son financement ?

Chaque jour, on apprend : il faut des milliards pour le désarmement des ex-rebelles et des miliciens ; on a dégagé tant de milliards pour la Commission Electorale Indépendante (CEI) et ses démembrements que sont l'INS, la SAGEM, l'ONI, la CNSI ; les forces de l'ordre sont prises en compte autant que des ONG, et tout ceci se chiffre en milliards. Tout le monde est pris en compte, sauf la presse. Nous mettons quiconque au défi, preuves à l'appui, de nous indiquer le chapitre concernant la presse où des milliards ou même que quelques millions de francs CFA ont été dégagés pour lui permettre de faire son travail dans cette période de sortie de crise. C'est de l'injustice qui ne dit pas son nom et qui a besoin d'être réparée.

Aussi, parler de sécurité économique ou de financement des organisations professionnelles et des entreprises de presse, c'est de nous tourner vers l'Etat pour lui demander de jouer son rôle régalien en mettant à notre disposition effectivement le fonds de développement et d'aide à la presse dont le comité de gestion a été mis en place avec à sa tête un Président assisté des Conseillers et d'un Directeur Exécutif. Il y a plusieurs mois déjà que le comité de gestion est mis en place et aucune bonne nouvelle ne nous parvient. Les Editeurs de presse commencent à douter et à désespérer. Et l'application de la Convention Collective se trouve elle aussi hélas, compromise. Nous invitons ici solennellement l'Etat ivoirien et la communauté internationale, si d'aventure c'était un oubli, de remédier rapidement à cette injustice en trouvant un chapitre pour le financement de la presse dans le programme de sortie de crise. Pour terminer, nous voudrions souligner que la sécurité économique des organisations professionnelles et des entreprises de presse toutes lignes éditoriales confondues fait partie des options et des préoccupations fondamentales du Groupement des Editeurs de Presse de Côte d'Ivoire (GEPCI).

Et pour évaluer tous les besoins, il faut des états généraux de la presse ivoirienne. Nos félicitations anticipées au Ministre de la Communication M. Ibrahim SY SAVANE qui a déjà mis en place un groupe de travail et dont les résultats des réflexions sont attendus par les Editeurs de presse. Nous attendons et nous attendons parce que pour le GEPCI, il y va de la vie de milliers de personnes (éditeurs de presse, journalistes professionnels et professionnels de la communication). Ainsi, au nom du GEPCI je dirais au nom des patrons de presse de Côte d'Ivoire, j'ai plaidé et je vous remercie.

Je vous remercie
Fait à Abidjan, le 4 Mai 2009

PRESIDENT DU GEPCI
Denis KAH ZION
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