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Sport Publié le vendredi 15 mai 2009 | Notre Voie

Me Yai Vincent, président de la FIKDA, après le TIKA ZONE 3: “Les jeunes athlètes qui ont honoré la Côte d’Ivoire méritent d’être encouragés”

Du 3 au 9 mai 2009, la Côte d’Ivoire a abrité la première édition du Tournoi international de karaté de la zone 3 réservé aux cadets, juniors et moins de 21 ans. Me Yai Vincent, président de la Fédération ivoirienne de karaté et disciplines associées, fait le point de ce rendez- vous qui a rassemblé, outre le pays organisateur, le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et le Togo.

Notre Voie : En votre qualité de président de la fédération nationale du pays, vous avez été l’un des principaux acteurs de cet évènement sportif qui a rassemblé la jeunesse sous-régionale. Quelles en sont, selon vous, les principales leçons ?

Me Yai Vincent : Je voudrais, avant de répondre à votre question, remercier le ministère des Sports, les membres du comité d’organisation, le Comité national de soutien aux Eléphants et tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite du Tournoi international de karaté de la zone 3 réservé aux cadets, juniors et moins de 21 ans. Je tiens à leur dire que la victoire de notre équipe nationale est également la leur. Quelles leçons peut-on tirer de ce tournoi ? La première, c’est qu’on peut être pays organisateur et gagner des médailles.


N.V. : Parce qu’il vous est déjà arrivé de penser tout à fait le contraire ?

Y.V. : Il y a des faits qui ont donné la preuve contraire. Nous ne sommes pas les premiers à organiser une compétition d’envergure. Des fédérations l’ont fait avant nous. Je ne voudrais pas les citer, mais elles sont je crois trois. Même si elles ont gagné le pari de l’organisation, au plan purement sportif, elles n’ont pas eu les résultats escomptés. La seconde leçon, c’est que l’on peut promouvoir l’intégration sous-régionale à travers le sport. Nous avons eu la chance de voir sur un même site (Centre des métiers de l’électricité de Bingerville) vivre des athlètes de pays différents, tisser des liens de fraternité et d’amitié très forts.


N.V. : Il n’y a rien de particulier car il s’agit d’une des missions essentielles du sport…
Y.V. : C’est vrai qu’il s’agit effectivement d’une mission du sport, mais vous savez très bien que l’intégration sous-régionale est conditionnée par la réussite du brassage des cultures et des hommes. Et ce que nous avons vécu au Centre des métiers de l’électricité de Bingerville était tellement fort qu’à la fin de la compétition, malgré les résultats des uns et des autres, les jeunes sont repartis très heureux.

N.V. : Sans doute pour s’être enrichis de leurs différences…
Y.V : Oui et il faut en être heureux et fier car ces jeunes sont les cadres de demain. Ce sont eux qui vont bâtir l’Afrique de demain. Si à leur âge, ils apprennent déjà à se connaître, à se pratiquer et à se tolérer, je vous assure que l’intégration que recherchent nos Etats sera facilement réalisée. Nous voudrions donc utiliser le sport pour promouvoir l’intégration sous-régionale.

N.V. : S’agissant des Eléphanteaux qui ont glané beaucoup de lauriers, certains observateurs ont noté que globalement ils n’ont pas été à la hauteur en kumite. Partagez-vous cet avis ?
Y.V. : Je ne veux pas tomber dans l’auto- satisfaction, mais moi j’ai été satisfait de tous les athlètes.

N.V : Et pourquoi ? Est-ce à dire que la critique est infondée ?
Y.V : Parce que concernant les athlètes dont vous parlez, les filles ne s’entraînent à la compétition que depuis seulement trois mois. Elles n’ont pas vraiment un passé d’athlète de haut niveau. Et puis, sachez qu’en Côte d’Ivoire, le nombre de femmes dans les dojos a baissé. Nous avons donc travaillé avec la population que nous avions sous la main. Ces jeunes filles n’ont jamais fait de compétition. Nous ne les y avons mises qu’à la faveur du regroupement effectué avant le tournoi, c’est-à-dire lors de la préparation. Pour le peu qu’elles ont fait, je pense qu’elles méritent d’être encouragées. Ce d’autant plus qu’elles n’ont pas eu peur de se présenter à une compétition internationale en sachant même qu’au plan national elles n’ont participé à rien du tout. Il ne faut pas que les gens oublient que certaines de leurs adversaires ont déjà pris part à des championnats du monde en Turquie et au Maroc.

N.V. : Toujours en kumite, le coaching des techniciens a été également mis en cause par moments. Qu’en dites-vous ?
Y.V. : Je ne sais pas qui a dit cela. Je ne sais pas les griefs formulés à l’encontre des coaches qui ont été choisis parmi les meilleurs. Je les ai vus travailler aux différentes séances d’entraînement et ils m’ont donné satisfaction par la qualité de ce qu’ils ont fait. Maintenant, si pendant la compétition ils ont manqué de punch et de flair… Tout cela est tellement subjectif. En tout cas, il m’est difficile de me prononcer sur cette question.

N.V. : Au plan organisationnel, quels sont les obstacles qui ont jalonné le parcours de la Fédération ivoirienne de karaté et disciplines associées parce que l’on a vu par moments transpirer le président que vous êtes. Tout n’a pas été facile n’est-ce pas ?
Y.V. : Je vous le concède, tout n’a pas été facile. Nous avons été confrontés à des problèmes financiers et d’infrastructures. Au plan financier, nous n’avons obtenu que le cinquième de ce que nous avons demandé et il fallait faire avec. Malgré l’implication du ministère du Sport, la moisson a été maigre. Au niveau des infrastructures, nous comptions sur le Palais des sports de Treichville. Malheureusement, il est resté fermé.

N.V. : Aviez-vous entrepris des démarches pour la réouverture de cet espace fermé depuis longtemps ? D’ailleurs, comment avez-vous pensé un seul instant que le Palais des sports vous serait cédé à l’occasion du Tika zone alors même que les travaux de sa réhabilitation n’ont pas commencé ?
Y.V. : Les actions pour la réouverture du Palais des sports relèvent- elles de la compétence de la fédération de karaté ? Nous n’avons fait qu’exprimer un besoin auprès de l’Etat qui a en charge la gestion des infrastructures. On a répondu que le palais ne pouvait pas s’ouvrir pour notre compétition. Que voulez-vous que nous fassions ? Nous étions alors obligés de solliciter d’autres sites susceptibles d’accueillir notre compétition. Et en dehors du Palais des sports, en Côte d’Ivoire, il n’existe aucun site vraiment adapté aux compétitions de karaté. Nous avons été contraints de nous rabattre sur le Forum de l’Université qu’il a fallu réhabiliter. Vous y étiez et vous avez vu les conditions dans lesquelles la compétition s’est déroulée.

N.V. : Parlez-en alors…
Y.V. : C’est vrai que le Forum a fait peau neuve, c’est une infrastructure inadaptée à la pratique du karaté. Cela a été pour nous un véritable problème. Vous comprenez pourquoi la cérémonie d’ouverture du TIKA ZONE s’est déroulée au Palais de la culture et la compétition au Forum. Cela ne se fait jamais. Dans les autres pays qui ont déjà abrité le TIKA ZONE, tout se passe sur le même site. Nous avons bénéficié de la dérogation de l’Union des fédérations africaines de karaté pour que les choses se passent en deux endroits différents.

N.V. : L’UFAK a été très clémente. N’est-ce pas ?
Y.V. : Elle n’avait pas le choix car elle tenait à ce que la compétition se déroule ici à Abidjan.

N.V. : Lors du TIKA ZONE, on n’a pas senti, sauf erreur de notre part, la présence et le soutien des fédérations nationales sœurs. A quoi cela est-il dû ? Répondez très franchement.
Y.V. : Silence…

N.V. : Vous n’êtes pas obligé de répondre à la question. Joker alors ?
Y.V : Non, je vais répondre à votre question. D’abord, je voudrais remercier les fédérations de handball et de volley-ball qui ont donné leur accord pour que le Forum soit réhabilité. Elles se sont vraiment impliquées dans la réhabilitation de ce site que nous utilisons en commun. L’absence des fédérations sœurs est de notre fait. Nous avons omis de les inviter…

N.V. : La FIKDA est difficilement pardonnable…
Y.V. : Pourquoi voulez-vous que la FIKDA soit difficilement pardonnable ? Nous sommes en sport. Si elles avaient été invitées, les fédérations en question seraient présentes. Parce que la Conférence des présidents de fédération présidée par Georges N’Goan est en train d’être redynamisée. La solidarité est au cœur de nos actions. Prochainement, nous ferons en sorte que ces fédérations soient là.

N.V. : Quelles sont les voies à explorer pour rendre les catégories des jeunes présentes au TIKA ZONE 2009 beaucoup plus compétitives ?
Y.V. : Les cadets, juniors et - 21 ans sont des catégories très difficiles à gérer parce que ce sont des élèves et des étudiants. Leur disponibilité n’est pas aussi évidente que celle des équipes seniors. Nous devons donc travailler de concert avec les chefs d’établissements. C’est le lieu ici de remercier ceux d’entre eux qui ont accepté de mettre à notre disposition leurs élèves pour qu’ils participent au TIKA Zone. Nous devons impérativement les convaincre de la nécessité de mettre à disposition à temps leurs élèves en vue de participer aux entraînements et aux compétitions des sélections nationales. Nous avons également pour mission d’amener leurs instructeurs à intégrer dans leurs entraînements les nouvelles méthodes instaurées en janvier 2009 qui devraient permettre aux cadets, juniors et moins de 21 ans d’être plus performants. C’est pourquoi il sera organisé au début du mois de juin un grand stage pour les coaches officiant sur l’étendue du territoire national. L’objectif est d’harmoniser les techniques d’entraînement. Maintenant que certaines choses ont été faites, il va falloir que…

N.V. : Faire quoi ?
Y.V. : Maintenant que nous avons tenu le pari de l’organisation, de la mobilisation et des résultats sportifs…

N.V. : C’est l’occasion de remercier ce chaud public qui a porté à bout de bras les Eléphanteaux karatékas…
Y.V. : Effectivement, ce public qui a été extraordinaire a démontré que le karaté, contrairement à ce qu’affirment certains, n’est pas un sport dérisoire. Je dirais pour finir que les jeunes athlètes qui ont honoré la Côte d’Ivoire méritent d’être encouragés. La balle est dans le camp des autorités politiques et sportives du pays.





Propos recueillis par Roger Okou Vabé: rogerokou@yahoo.fr




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