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Politique Publié le samedi 16 mai 2009 | Nord-Sud

Akoupé - La réunion de paix tourne court : Le député et le maire pris en otage

A Akoupé, la réunion de réconciliation initiée hier par les élus locaux pour tenter de rapprocher autochtones et allochtones s'est achevée dans une débande générale.

Akoupé, salle de conférence de la sous-préfecture. La réunion de réconciliation convoquée par les élus locaux pour tenter de ramener le calme dans la ville se déroule dans une bonne ambiance. Selon plusieurs témoins, les échanges ont pourtant lieu en l'absence des dignitaires religieux musulmans et les autorités coutumières allochtones. Ceux-ci craignant pour leur sécurité - quelques foyers de tension existaient toujours en ville - ont choisi de rester à la maison. Ils sont toutefois bien représentés aux côtés de leurs « tuteurs » par plusieurs responsables de jeunesse, dont ceux du « Quartier Dioulakro ». Tour à tour, le maire et le député de la ville prononcent des discours d'apaisement. Ils invitent les deux parties à la retenue expliquant qu'Akoupé devrait plutôt s'enrichir du brassage multiethnique qui le caractérise. Soudain, des bruits se font entendre dehors. Une horde de jeunes autochtones dont l'un tenait dans les bras un bébé dans un état critique, font irruption dans la salle. Ils en veulent à la police et à la gendarmerie qu'ils accusent d'être à la base du mauvais état de l'enfant. «Ils ont gazé les populations innocentes aux alentours du marché et ils ont failli tuer ce bébé», lance l'un d'eux en colère. Que s'est-il donc passé aux alentours du marché pour que les Fds (Forces de défense et de sécurité) fassent usage des grenades lacrymogènes ? Nos informateurs sont restés évasifs sur la situation évoquant tantôt une volonté des agents de repousser des pillards, tantôt une action visant à disperser des Attiés décidés à en découdre avec les Dioulas. Les éclats de voix ont totalement perturbé la réunion. C'est le froufrou dans la salle. Les élus compatissent. Ils tentent de calmer les esprits promettant qu'ils vont demander des comptes aux Fds. Sur leurs instructions, le bébé est aussitôt transporté à l'hôpital pour y recevoir des soins appropriés. Malgré ce geste, la tension ne baisse pas. C'est qu'au fil de leurs démarches, les élus rencontrent un mur d'incompréhension. Ils découvriront un peu plus tard qu'en fait, une grosse part de la colère des jeunes Attiés se dirige contre eux aussi. «Ils y avait de nombreux jeunes qui accusaient le maire, mais surtout le député d'être des traîtres. Selon eux, au lendemain des violentes manifestations de mercredi, alors que les populations étaient attaquées par les Dioulas, le député Mollé Mollé s'est rendu à sa plantation. Le maire, Paul Adouan Atsé, lui, n'aurait pas pris fait et cause pour les autochtones», raconte un participant à la rencontre. Pour étayer leurs propos, les manifestants évoquent les discours qui venaient d'être tenus par ces deux élus. Ceux-ci avaient effectivement défendu aux populations de tenter de se faire justice devant des situations similaires, même s'il s'avère qu'elles ont effectivement raison. Ils leur avaient également demandé de faire confiance aux forces de l'ordre et en la justice. Ces propos en rajoutent à la colère des jeunes qui dégonflent les pneus des véhicules du député et du maire dehors. Les deux personnalités privées de moyens de locomotion se retrouvent coincées à l'intérieur. La foule se fait de plus en plus menaçante obligeant les Fds à réagir à coups de matraque et de grenades lacrymogènes. C'est finalement dans une débandade générale que s'achève la réunion. Les élus locaux sont exfiltrés par les agents qui continueront d'essuyer la colère des jeunes Attiés jusqu'en fin d'après-midi. En début de soirée, le préfet de la région, Dosso Adama a rencontré les jeunes et leurs parents pour tenter à son tour d'arracher le retour au calme. Visiblement avec succès puisque selon plusieurs sources, le calme régnait dans la ville au moment où se tenait cette rencontre. Arrivé dans la ville, le ministre Patrick Achi, fils de la région, a lui aussi échangé avec les autochtones et les allochtones. Toutes nos tentatives pour arracher des réactions au maire et au député sont restées vaines. Rappelons qu'un conflit interethnique né de la mort par arme à feu d'un lycéen a mis Akoupé à feu et à sang depuis mercredi.

Djama Stanislas
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