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Politique Publié le mercredi 20 mai 2009 | L’intelligent d’Abidjan

A propos des obstacles aux échanges commerciaux - Kalilou Traoré précise : «Il y a effectivement des entraves à la libre circulation »

Kalilou Traoré est directeur de Cabinet du ministre de l’Intégration africaine, Amadou Koné. A l’heure du bilan de l’Intégration africaine, il fait ici des précisions. Tout en saluant les avancées notables enregistrées, M. Kalilou Traoré souhaite que les chefs d’Etat respectent les textes qui réagissent la CEDEAO et l’UEMOA en terme de liberté de circulation des biens et des personnes. Concernant les échanges commerciaux, il déplore le protectionnisme du marché par certains pays développés.



Quel bilan faites-vous de l’intégration africaine plus de dix ans après la mise en œuvre des dispositions de l’UEMOA?

Le bilan est globalement positif. L’UEMOA constitue un ensemble de solidarité à travers la Zone Franc et l’union douanière. Elle a développé une grande expérience de gestion des problèmes communautaires.



Techniquement, pensez-vous vraiment que tout a marché pour le continent ?

Il faut comprendre qu’il ne suffit pas de claquer le doigt pour que l’intégration se fasse toute seule. L’intégration est une entreprise complexe qui demande une vision, une volonté politique, une capacité de trouver le consensus sur les problèmes importants et qui demandent des moyens importants dont nos Etats ne disposent pas. L’intégration s’inscrit dans la durée et doit aller au rythme que les pays peuvent supporter. L’intégration africaine se construit petit à petit sur la base des communautés régionales. Il reste beaucoup à faire mais des pas importants ont été franchis notamment en Afrique de l’ouest avec la Cedeao et l’Uemoa.



Que dites-vous de ceux qui estiment que l’intégration sous régionale tant souhaitée par les chefs d’Etat n’a pas profité aux économies, eu égard à certaines entraves liées à la libre circulation des biens et des personnes?

L’intégration a eu des effets positifs sur nos Etats au plan politique, social et économique. Ces effets vont aller en grandissant au fil des ans. Parmi les principaux obstacles actuels il y a effectivement les entraves à la libre circulation qui ont pour conséquence directe de grever le coût de ces échanges, de freiner le niveau des échanges et de favoriser l’informel. C’est un véritable fléau dans la région que l’on doit traiter avec énergie. Cela dit, la circulation des biens et des personnes est quand même bien avancée par rapport à beaucoup d’autres régions.

Ne pensez-vous pas que ces difficultés sont le fait de manque de cohésion entre les différents Etats membres de la CEDEAO?

D’une certaine façon, oui ; cette cohésion se construit en adoptant des règles communes. A cet égard, les textes communautaires adoptés par les Etats membres dans tous les domaines, vont dans ce sens, mais c’est dans la mise en œuvre et l’application de ces textes que des efforts doivent être faits.



N’est-ce pas ces mêmes divergences qui ont conduit certains chefs d’Etat à contester les APE (Accords de partenariat économique) ?

Le sujet des APE a souvent suscité la polémique, mais plus pour des raisons liées au manque ou à l’insuffisance d’informations de ceux qui suscitent ces polémiques, que pour des raisons de divergences de fond. Ainsi, pour l’Accord Intérimaire signé par la Côte d’Ivoire et l’Union Européenne, les attaques et accusations de toutes natures ont fait place au sein de la CEDEAO à l’apaisement et à une étroite collaboration entre notre pays et tous les autres Etats membres. A tel point que la Commission de la CEDEAO s’appuie sur l’expérience de la Côte d’Ivoire pour les négociations en cours pour l’Accord de Partenariat Economique Régional avec l’Union Européenne.



N’est-ce pas aussi là, la preuve que les Etats membres de la CEDEAO ne sont pas homogènes sur les questions concernant leur propre avenir?

Vous trouverez difficilement deux Etats totalement homogènes en cette matière. De plus, il s’agit ici d’un ensemble d’Etats qui cherchent à construire un destin commun. Cela passe nécessairement par des concessions mutuelles pour réaliser des compromis fédérateurs.



Selon vous, qu’est-ce qu’il faut pour que l’intégration africaine soit effective dans tous ses compartiments (Politique, économie, social, culturel..)?

En plus de l’engagement résolu des Chefs d’Etat, il est nécessaire de faire partager le projet de l’intégration régionale par les peuples de nos Etats. L’appropriation de l’intégration par nos administrations, les Forces de l’ordre, les acteurs sociaux économiques et toutes nos populations, sera le meilleur gage de la réussite.



De plus en plus, des spécialistes parlent de protectionnisme du marché européen par certains membres de l’OMC. Qu’en pensez-vous?

L’ouverture des marchés, le libre échange est la règle à l’OMC avec des exceptions et des traitements différenciés pour les pays en développement. Il faut donc veiller à ce que ses Etats Membres respectent les engagements qu’ils ont pris. Toutefois, la crise financière et économique actuelle a poussé les pays les plus puissants à prendre des mesures de protection de leur économie avec le risque de perturber le commerce international.



Si tel est le cas, ne craignez-vous pas un frein à la progression des pays émergeants?

C’est une situation regrettable qui a été fortement dénoncée dans les tribunes internationales telles que la réunion du G20 et à l’OMC. Des dispositions sont prises pour réduire ces phénomènes et les faire disparaître.


Ne pensez-vous pas que cela puisse constituer une entrave à la concurrence?

Une fois de plus, je pense que la raison l’emportera, pour éviter les réactions en chaîne qui nuiront à l’économie mondiale.


Entretien réalisé par Honoré Kouassi
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