Le député de Duékoué, Bonhon Diet Joseph, sort de la salle des flagrants délits la tête baissée. Une foule compacte chauffée à blanc se rue vers lui. Et elle scande trompette à la bouche: « C'est honteux pour un député de se conduire de la sorte. Tu n'as pas honte ! Tu n'es pas au-dessus de la loi. C'est nous qui t'avons élu. Tu n'a pas honte !». Le parlementaire est accompagné jusqu'à sa voiture par cette foule qui ne cesse de le huer. Hier, dans la salle des flagrants délits du tribunal de première instance d'Abidjan Plateau, le député Fpi de Duékoué a comparu à la barre pour justifier sa plainte contre sa servante pour vol. A la demande du président du tribunal, l'audience se déroule à huis clos. Les débats tournent très vite autour de l’accusation de viol portée par la fille contre son ancien patron. Au bout de trente minutes d'audition, le président prononce la relaxe de la prévenue. Mais, Germaine quitte la salle en larmes. Elle est marquée à vie par les viols qu'elle a subi. Elle retrouve la liberté mais n'oubliera pas de sitôt l'enfer sexuel dans lequel elle a vécu en silence pendant des mois. « Il m'a constamment violée. J'ai perdu ma dignité de femme. Mais, durant tout le procès, il n'a rien regretté de son acte. Pis, il a indiqué que c'est parce qu'il ne m'a pas bien violée que je me tiens à la barre », raconte-t-elle la voix nouée par la colère et la frustration,depuis le violon du palais. Le président du tribunal marque sa désapprobation face à l'attitude indécente du plaigant. L'amertume se lit aussi sur les visages dans la foule massée devant les portes de la salle des flagrants délits. Yao Guéhi Firmin, agent régulateur à la Sotra qui est un cousin à Germaine contient mal sa colère. « Je suis indigné par ce qui s'est passé. Un député n'est pas au-dessus de la loi. On ne peut pas nous mettre dehors pour tenir une justice équitable », proteste-t-il. Pour Athanase Ikpo la justice n'a pas été rendue comme il se doit. Il estime que cette affaire n'a pas encore révélé tous ses secrets. « Nous sommes restés sur notre faim. La justice n'a pas été rendue. Mais, nous on ira jusqu'au bout dans cette affaire. Il faut que le député nous dise les motivations de sa perversion sexuelle », insiste-t-il. Pour Yogouet Serge, le frère ainé de la victime, une sanction exemplaire doit être infligée au député Bonhon Diet Joseph. « Il faut que la complaisance cesse. C'est un acte criminel qui doit être sévèrement puni par la loi. On ne doit pas se prévaloir de l’immunité parlementaire pour fouler au pied le droit des autres », grogne-t-il. Nous avons tenté de recueillir la réaction du député Bonhon. Il a tout bonnement indiqué : « Je n'ai rien à dire. Mais, je vais porter plainte contre Nord-Sud Quotidien ».
OM
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