Vérité première: les centres de formation professionnelle (Cfp) de la Côte d’Ivoire sont, pour la plupart, en piteux état. Ils ne disposent que d’équipements obsolètes, qui amènent bien souvent à s’interroger sur la qualité de la formation que ces Cfp dispensent à leurs apprenants. Tout au long de la visite que le ministre Dosso Moussa a entreprise du 8 au 13 mai dernier dans les centres de Ferké, Korhogo, Katiola, Bouaké, Mankono,Gagnoa, Man et Touba, cette question a sans cesse hanté les esprits des uns et des autres. Notamment ceux des ambassadeurs du royaume d’Espagne, Mme Christina Diaz, de la Norvège, Mme Merete Lundemo, du Japon, M. Okamura, du directeur des opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire, Madani Tall, du chef de mission de l’Onudi, Alessandro Parlatore, du représentant du Pnud, Broux Michel Armand du représentant de l’Onuci, Mme Léa Koudjou. Des bailleurs de fonds et agences d’exécution du système des Nations Unies pour qui, cette visite a justement été organisée. Afin qu’ils évaluent sur le terrain les besoins réels du pays en terme de formation professionnelle et se fassent ainsi une idée des appuis financiers et autres qu’il lui faut, pour mieux assurer la formation des jeunes à risques et des ex-combattants, en vue de leur réinsertion sociale, dans le cadre de la sortie de crise. Tous se sont aperçus que les machines et outils de travail des différentes filières de formation, notamment de la mécanique auto, de la construction métallique et de l’ébénisterie sont d’un autre âge et non fonctionnels. Surtout à Ferké, Korhogo, Katiola, Bouaké où les ateliers de mécanique affichent de véritables allures de musées, avec des machines et moteurs de travail qui datent des années 1950 et 60, dont on ne trouve plus aucune pièce de rechange. Au collège d’enseignement technique de Bouaké, ce sont deux vieilles Renault 16 et 4, des voitures qu’on ne fabrique plus, qui servent aux démonstrations pratiques .Certains de ces centres ont également été pillés. A Man, toutes les machines de l’atelier de mécanique ont été emportées à la faveur de la guerre, même une partie de sa toiture n’a pas été épargnée. Et on dénombre une douzaine de machines hors d’usage dans l’atelier de construction métallique. Le lycée professionnel de cette ville a aussi reçu la visite des pillards qui ont tout emporté.
Les technologies pour lesquelles l’ensemble de ces équipements ont été conçus, ne sont plus de mise dans bien des cas. Un fait qui justifie leur renouvellement intégral de sorte à les adapter aux exigences technologiques du moment. C’est du reste là, un besoin des plus évidents, que les enseignants desdits centres expriment sans euphémisme aucun. «Il nous faut un atelier moderne de mécanique, avec un laboratoire électronique de diesel. Nous formons les élèves sur des moteurs dépassés», explique Obrou Alain, responsable de la filière mécanique auto au Cfp de Katiola. Cela est d’autant plus vrai qu’au Cfp 1 de Ferké, le directeur des opérations de la Banque mondiale n’a pu s’empêcher d’exprimer toute son indignation, de voir que la mécanique auto est encore enseignée avec des moteurs à carburateur. «Vous ne trouverez plus au monde un seul constructeur auto, qui fabrique encore des moteurs à carburateur. Il est absolument nécessaire de procéder à une reconversion des programmes et un changement des outils d’enseignement, conformément aux technologies et exigences actuelles des entreprises privées», a soutenu avec force conviction Madani Tall. Une nécessité à laquelle souscrivent pleinement les responsables et animateurs de ces différents établissements et qui l’ont révélé à leurs hôtes. Les propos du porte-parole des enseignants du Cfp de Mankono, M. N’Gbesso Marc et du directeur régional de l’enseignement technique et de la formation professionnelle de ladite localité, le traduisent assez bien: «Le degré de vétusté des outils fait qu’une formation de qualité ne peut plus être dispensée aux élèves. De leur côté, les formateurs n’ont jamais bénéficié de stages de recyclage ou de perfectionnement…».
Les rares équipements modernes qui fonctionnent encore dans certains de ces centres, ne bénéficient pas non plus d’une maintenance appropriée. Ce qui a suscité au Cfp de Gagnoa, l’abandon de plusieurs machines aussi bien en mécanique générale qu’en menuiserie. Et quelquefois pour seulement une petite défaillance dans un accessoire dont la réparation coûte très peu. Bohoussou Célestin, Kouakou Ferdinand, tous deux professeurs de menuiserie et Yao René, chef d’atelier, révèlent que «la structure qui s’occupait de la maintenance de ces machines, acquises en 2000 seulement et qui était basée à Abidjan a arrêté ses activités depuis 2003. Et depuis, plus rien, personne ne peut toucher aux engins.» Ils souhaiteraient que dorénavant, les spécialistes qu’ils sont, soient associés au choix des machines susceptibles de répondre à leurs besoins. Car certaines qui ont été livrées pour la menuiserie, ne supportent pas l’ampleur du travail qui se déroule dans l’atelier.
Dans le même cas de figure, c’est plutôt une autre attitude qui est observée par les enseignants du centre de formation professionnelle de Touba, qui dispose, lui, d’équipements modernes récents et en bon état de marche pour la plupart. En effet, révèlent Brou Faustin et Assandi Kouamé, enseignants de mécanique auto, «ici, les réparations sont faites par les professeurs eux-mêmes. Quand il s’agit d’une panne mécanique sur un quelconque appareil, c’est nous qui intervenons. Lorsque la panne est d’ordre électrique, ce sont les profs en électricité qui s’en chargent et ainsi de suite.»
Moussa Touré
Les technologies pour lesquelles l’ensemble de ces équipements ont été conçus, ne sont plus de mise dans bien des cas. Un fait qui justifie leur renouvellement intégral de sorte à les adapter aux exigences technologiques du moment. C’est du reste là, un besoin des plus évidents, que les enseignants desdits centres expriment sans euphémisme aucun. «Il nous faut un atelier moderne de mécanique, avec un laboratoire électronique de diesel. Nous formons les élèves sur des moteurs dépassés», explique Obrou Alain, responsable de la filière mécanique auto au Cfp de Katiola. Cela est d’autant plus vrai qu’au Cfp 1 de Ferké, le directeur des opérations de la Banque mondiale n’a pu s’empêcher d’exprimer toute son indignation, de voir que la mécanique auto est encore enseignée avec des moteurs à carburateur. «Vous ne trouverez plus au monde un seul constructeur auto, qui fabrique encore des moteurs à carburateur. Il est absolument nécessaire de procéder à une reconversion des programmes et un changement des outils d’enseignement, conformément aux technologies et exigences actuelles des entreprises privées», a soutenu avec force conviction Madani Tall. Une nécessité à laquelle souscrivent pleinement les responsables et animateurs de ces différents établissements et qui l’ont révélé à leurs hôtes. Les propos du porte-parole des enseignants du Cfp de Mankono, M. N’Gbesso Marc et du directeur régional de l’enseignement technique et de la formation professionnelle de ladite localité, le traduisent assez bien: «Le degré de vétusté des outils fait qu’une formation de qualité ne peut plus être dispensée aux élèves. De leur côté, les formateurs n’ont jamais bénéficié de stages de recyclage ou de perfectionnement…».
Les rares équipements modernes qui fonctionnent encore dans certains de ces centres, ne bénéficient pas non plus d’une maintenance appropriée. Ce qui a suscité au Cfp de Gagnoa, l’abandon de plusieurs machines aussi bien en mécanique générale qu’en menuiserie. Et quelquefois pour seulement une petite défaillance dans un accessoire dont la réparation coûte très peu. Bohoussou Célestin, Kouakou Ferdinand, tous deux professeurs de menuiserie et Yao René, chef d’atelier, révèlent que «la structure qui s’occupait de la maintenance de ces machines, acquises en 2000 seulement et qui était basée à Abidjan a arrêté ses activités depuis 2003. Et depuis, plus rien, personne ne peut toucher aux engins.» Ils souhaiteraient que dorénavant, les spécialistes qu’ils sont, soient associés au choix des machines susceptibles de répondre à leurs besoins. Car certaines qui ont été livrées pour la menuiserie, ne supportent pas l’ampleur du travail qui se déroule dans l’atelier.
Dans le même cas de figure, c’est plutôt une autre attitude qui est observée par les enseignants du centre de formation professionnelle de Touba, qui dispose, lui, d’équipements modernes récents et en bon état de marche pour la plupart. En effet, révèlent Brou Faustin et Assandi Kouamé, enseignants de mécanique auto, «ici, les réparations sont faites par les professeurs eux-mêmes. Quand il s’agit d’une panne mécanique sur un quelconque appareil, c’est nous qui intervenons. Lorsque la panne est d’ordre électrique, ce sont les profs en électricité qui s’en chargent et ainsi de suite.»
Moussa Touré