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Politique Publié le vendredi 22 mai 2009 | Le Nouveau Réveil

Lettre ouverte de Kah Zion au président Blaise Compaoré, Président du Burkina-Faso

Excellence Monsieur le Président du Faso, et Facilitateur
Au regard de ce qui vient de se passer dans votre dynamique pays dont la capitale Ouagadougou ne m`est pas étrangère, le lundi 18 mai 2009, qui succède à d`autres rencontres des frères venus de la Côte d`Ivoire, depuis la signature de l`Accord politique du 4 mars 2007, vous permettrez de vous saluer avec la chaleur d`un cœur qui respire l`espoir et l`espérance.
La présence des présidents Henri Konan Bédié et Laurent Koudou Gbagbo, des Premiers ministres Alassane Dramane Ouattara et Soro Guillaume à Ouagadougou a une histoire et est une histoire. En effet, l`Histoire retiendra pour la postérité et les générations futures que la Côte d`Ivoire, le pays de Félix Houphouët-Boigny, Apôtre de la Paix, va se réveiller un matin du 19 septembre 2002, secouée, assurément, par la plus grave crise de son épopée de pays en voie de développement : des janissaires venus du Nord (n`avez pas, vous-même, signalé leur présence sur votre sol ?) ont porté l`épée dans la chair de la mère-patrie. Bien évidemment, des regards accusateurs ont porté sur vous comme, à défaut d`être le commanditaire, l`un des soutiens d`une rébellion aux multiples facettes.

La guerre était là. Il fallait la gérer. Il fallait trouver des solutions. Le président Henri Konan Bédié et le PDCI-RDA, dès les premiers jours, exactement le 22 septembre 2002, ont proposé au président Laurent Koudou Gbagbo la voie du dialogue avec les rebelles pour résoudre cette crise. Ils ne seront pas suivis, hélas !

Ainsi va débuter pour la Côte d`Ivoire toute une série de rencontres pour résorber cette page noire de son histoire. D`abord, les frères ivoiriens se sont retrouvés au Togo. A défaut de parler d`échec, cette rencontre n`a rien donné. La communauté ouest-africaine dont vous étiez le président en exercice a apporté son grain de sel dans la résolution du conflit. Elle a même obtenu un cessez-le-feu. Mais, quel cessez-le-feu ? Puisque dans le même temps, quatre-vingt (80) gendarmes tombaient sous les balles assassines de l`ennemi qu`était le Mouvement Patriotique de Côte d`Ivoirien (MPCI). Et que dans le même temps, naissaient deux autres mouvements rebelles, à savoir, le Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest (MPIGO) et le Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP) qui sévissaient dans l`extrême Ouest.

La France, partenaire tutélaire de la Côte d`Ivoire, est présente sur le terrain, dès le 22 septembre 2002, par un renfort des éléments du 43ème Bima, baptisé " Opération Licorne " pour assurer la sécurité des étrangers. Et ce, à la demande du chef de l`Etat.

Au regard de la réalité de belligérance sur le terrain, la France convoque les partis politiques ayant des représentants dans les institutions ivoiriennes à un sommet de la paix à Linas-Marcoussis, dans la banlieue parisienne, en France. Le 24 janvier 2003, est signé l`Accord de Linas-Marcoussis des forces politiques qui conserve les prérogatives du chef de l`Etat donne à la Côte d`Ivoire un Premier ministre de consensus et recommande la formation d`union. A Abidjan, les partisans du camp présidentiel violemment contre cet accord. Et c`est à partir de cette date que la Côte d`Ivoire va vivre au rythme des résolutions onusiennes : 1464 du 14 février 2003 ; 1479 du 13 mai 2003 ; 1498 2003) ; 1514 du 13 novembre 2003 :1524 du 4 février 2004 ; 1528 du 27 février 2004 ; 1633 du 21 octobre 2005 et 1721 du 5 novembre 2006, entre autres. Nous oublierons d`ajouter les nombreux accords (Lomé I et II) ; Accra I, II et III ; Prétoria I, II et III). Malgré toutes ces résolutions et tous ces accords, la Côte d`Ivoire va s`installer dans une situation de ni guerre ni paix. Deux Premiers ministres, Seydou Elimane Diarra (janvier 2003-octobre 2005) et Charles Konan Banny (décembre 2005-mas 2007) qui n`ont " ni armes, ni territoire ", auront, entre-temps, fait les frais de l`intransigeance du chef de l`Etat ivoirien. On se rappelle que la Résolution 1721 décidait " pour une nouvelle période finale de transition n`excédant pas 12 mois, à partir du 1er novembre 2006 ". Cette clause ne sera pas respectée comme toutes les autres, d`ailleurs, concernant, par exemple, le désarmement des milices pro-gouvernementales et des rebelles. Et, la Côte d`Ivoire au rythme des déchets toxiques dont les responsables ne sont pas sanctionnés, des " jeunes patriotes " qui barricadent les voies, cassent, volent, violent, tuent quand ils veulent et, surtout, au rythme de " il n`y a rien, il n`y aura rien ; je tiens la barre " ! Sans oublier leur lot de morts.

Et, divine sagesse ! Il n`est jamais trop tard pour bien faire ! Et surtout qu` " on ne sort d`une guerre comme on sort d`un dîner de gala ", le chef de l`Etat va revenir, 5 ans plus tard, à ce que le président Henri Konan Bédié proposait le 22 septembre 2002. Et, ce 19 décembre 2006, lors d`une allocution télévisée, le président Laurent Koudou Gbagbo propose " un dialogue direct " avec les rebelles, devenus, entre-temps, les Forces nouvelles.


Monsieur le Président du Faso,

Ce " dialogue direct " ivoiro-ivoirien va conduire les deux belligérants sur vos genoux pour être le facilitateur.

Le 4 mars 2007, les Ivoiriens, en toutes leurs composantes, saluaient l`Accord politique de Ouagadougou (APO). Cet accord donnait 10 mois aux Ivoiriens pour les mener à des élections transparentes, démocratiques et ouvertes à tous. Pour les signataires, surtout pour le chef de l`Etat, c`était l`accord parfait puisqu`ils ont parafé le document sans le diktat de la France, pour ne pas dire, sans ingérence extérieure.

Et puis, les 10 mois sont passés. Les ivoiriens n`ont rien vu pointer à l`horizon comme élections. Pour justifier ce premier échec, on a multiplié les symboles comme cette cérémonie de destruction d`armes détenues par les groupes d`autodéfense (milices) dans l`Ouest de la Côte d`Ivoire, le 19 mai 2007, ou celle de " la Flamme de la Paix ", le 30 juillet 2007, à Bouaké. Pendant ce temps, on demandait aux Ivoiriens, épuisés par cette crise de " sortir du fétichisme des dates. " Le tout couronné par des accords complémentaires à l`Accord Politique de Ouagadougou, dans un cadre baptisé " Cadre Permanent de Concertation " (CPC) entre les 4 majeurs : Bédié, Gbagbo, Ouattara et Soro. La dernière concertation du CPC a eu lieu à Ouagadougou, le lundi 18 mai 2009. Le Cadre Permanent de Concertation, faut-il le rappeler, a vu le jour pour lever les obstacles qui pourraient se dresser dans l`application de l`Accord Politique de Ouagadougou. Si on s`en tient aux déclarations des participants, et, surtout, au communiqué final sanctionnant cette rencontre, la fumée blanche est sortie à cette 5ème concertation du CPC. En effet, il est clairement indiqué au point 10 de ce communiqué final : " Prenant acte du programme détaillé du processus électoral proposé par la Cei au Gouvernement en vue de la convocation du corps électoral, le CPC endosse la décision du Gouvernement, sur proposition de la Cei, de fixer la date du premier tour de l`élection présidentielle au 20 novembre 2009. " Et, pour exprimer votre contentement à l`issue de ce sommet, vous donniez rendez-vous à Bédié, Gbagbo, Ouattara et Soro, le 1er décembre 2009, pour, assurément, sabler le champagne de notre victoire commune.


Monsieur le Président du Faso,

C`est à ce stade crucial de la sortie que tous les regards, aussi bien des Ivoiriens que ceux de la communauté internationale et même de vos propres concitoyens, sont tournés vers vous.
Ce n`est pas à vous que je dirais que votre responsabilité est engagée. Le Burkina-Faso, votre pays, on le sait, va entrer en année électorale. Quelle image la postérité devra-t-elle garder de celui qui est passé du rôle de l`accusé d`être le parrain de la rébellion à celui de réconciliateur des belligérants ?

Vous avez déjà répondu à cette interrogation par ce que vous avez posé comme actes. Il ne reste que le dernier virage ! d`où cette lancinante question que les Ivoiriens et beaucoup d`amis de la Côte d`Ivoire se posent depuis la dernière réunion du Cpc : si le 29 novembre 2009, le premier tour de la présidentielle n`avait pas lieu, on fait quoi ? Le "on" ici, c`est vous, le Facilitateur, nous les Ivoiriens et enfin toute la communauté internationale qui nous assiste, nous appuie et nous accompagne depuis près de 10 ans. Ou pouvez-vous encore nous rassurer par un message sans code diplomatique sur la tenue effective de cette présidentielle le 29 novembre ? Je vous remercie Excellence Monsieur le Président du Faso

Par Denis KAH ZION
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