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Région Publié le mardi 26 mai 2009 | Fraternité Matin

Daloa : Des journalistes formés à la lutte contre la fistule obstétricale

Un atelier de formation sur la “maladie du pipi” s’est tenu, récemment.

On la prenait pour une maladie mystique sans solution. Gninin et les autres ex-malades de la fistule obstétricale ou encore «la maladie du pipi» se sont rendus compte du contraire depuis leur prise en charge gratuite, initiée grâce à un projet du ministère de la Santé, avec l’appui de l’Unfpa. Ainsi, au cours de l’atelier de formation initié les 19 et 20 mai derniers à Daloa, à l’intention d’une trentaine de journalistes et d’hommes de médias, elles ont partagé leurs expériences. «Mes parents et moi pensions qu’on m’avait lancé un sort, après l’accouchement. Parce que, quelques jours après la césarienne, je faisais pipi sur moi». Propos de Gninin à l’assistance. Deux ans durant, elle a porté des pagnes et évité le regard des autres, en raison de cette maladie qui l’obligeait à se changer presque toutes les deux heures. Son époux a fini par la congédier. Son témoignage est aussi poignant que celui de Bérénice, victime de la maladie pendant deux ans également. Pour cette jeune femme, la trentaine passée, le calvaire a commencé depuis sa césarienne. Ses dessous et même ses tenues vestimentaires étaient constamment humides, du fait d’une incontinence urinaire. Laquelle l’obligeait à porter constamment de vieux pagnes, puis à déchirer ses propres vêtements pour en faire des couches.

La fistule obstétricale est une maladie de la femme. Elle se caractérise par «une perforation entre le vagin et la vessie. Il s’ensuit une perte incontrôlée des urines», selon les formateurs, au nombre desquels, Dr Bilé Kouamé, chef du «projet fistules» à l’Unfpa et Ahiba Aké Léon, chargé de communication au Programme de la Santé de la reproduction. Ils ont appris en outre aux participants venus de plusieurs grandes villes du pays, que de nombreuses femmes en sont atteintes. Après «un accouchement difficile, avant l’âge de 18 ans, l’accouchement effectué par un personnel non qualifié, les excisions, les pratiques traditionnelles néfastes ». La longueur et l’âpreté du travail provoquent une perforation entre la vessie et le vagin, occasionnant l’évacuation des urines non pas par le méat, mais plutôt par le vagin. En clair, «la femme fait pipi sur elle». Elle est qualifiée en outre de maladie de la pauvreté, parce qu’elle touche généralement des femmes de milieux défavorisés ou ruraux qui ne fréquentent pas les centres de santé durant leur grossesse. La maladie étant perçue comme honteuse, les victimes souffrent le martyre pendant deux, quatre, voire trente ans. Et pourtant, la fistule se guérit après une intervention chirurgicale. La prise en charge se fait à plus de 350.000FCFA. En ce qui concerne le projet initié par le ministère de la Santé et l’Unfpa, il a démarré à Man avec Médecins sans Frontières, au début de la crise, toujours selon Dr Bilé.

La relève a été assurée par le ministère de la Santé et de l’Hygiène publique et l’Unfpa. Depuis le démarrage, 254 patientes de divers horizons ont été opérées gratuitement. De même que le personnel médical, à savoir, 12 médecins gynécologues et chirurgiens, 42 sages-femmes et infirmiers ont été formés. Le passage à échelle a débuté avec la création de sept centres régionaux de prise en charge dans le pays, dont deux sont déjà fonctionnels à Man et Korhogo. Les autres centres sont Bouna, Bondoukou, Séguela, Gagnoa et San Pedro et un centre national à Bouaké. Le projet se déroule sur trois axes, à savoir la prévention, la prise en charge des cas dépistés et la réinsertion sociale et économique des patientes dans leurs communautés.



Marcelline Gneproust
Envoyée spéciale à Daloa
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