“L`adversaire d`une vraie liberté est un désir excessif de sécurité », a dit Jean de la Fontaine. A la lumière de l’opinion de ce poète, nous sommes conforté que le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo n’est pas un démocrate. Samedi, à l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest il a exprimé une telle passion pour les armes ! Au point même d’en faire la première priorité pour une grande nation. « Demain, l’une de nos tâches prioritaires sera de construire une armée à la dimension de nos ambitions économiques. Je n’ai jamais vu au monde un pays économiquement développé sans une grande armée pour défendre sa richesse, sa culture et sa civilisation », est persuadé le Chef de l’Etat. Et d’ajouter qu’on « n’économise pas l’argent des armes pour construire des écoles, des dispensaires. C’est parce qu’on a voulu le faire que nous avons été surpris. Et que notre armée a reculé ». Le disant, on comprend tout son mépris pour la démocratie dont le rang est après les armes. Certes, une nation a le devoir d’avoir une armée pour sa défense. Mais cela ne saurait être prioritaire à la démocratie. C’est prouvé à travers le monde que ce n’est pas la démocratie qui engendre la violence mais l’absence de liberté qui engendre la violence. Et le cas de la Côte d’Ivoire l’atteste. Contrairement à ce que dit le Chef de l’Etat, la Côte d’Ivoire aurait eu l’arme atomique que cela n’aurait pas empêché Guillaume Soro et les siens de se rebeller. On les aurait matés qu’ils reviendraient. On les aurait tués que d’autres prendraient leur place. C’est vrai que les grandes puissances ont une armée puissante. Mais, il s’agit également de nations bâties sur le triptyque démocratie, prospérité et sécurité. Si une nation ne cumule que la prospérité et la démocratie, il est certain que sa prospérité et sa tranquillité ne sont pas pérennes. Le Chef de l’Etat ne peut pas prétendre que la sécurité, c’est uniquement une grande armée. La sécurité, c’est d’abord la démocratie. Par ailleurs, le parallèle qu’il fait entre les armes, les dispensaires et les écoles est malsain. Il ferait mieux de s’inspirer de Victor Hugo qui dit : « Celui qui ouvre une porte d`école, ferme une prison ». Sans doute, préfère-t-il une nation remplie d’invalides et d’ignares à la disposition d’une puissance de feu lorsqu’ils oseront réclamer plus de liberté.
KIGBAFORY Inza
KIGBAFORY Inza