Par afrik.com
Le premier roman du journaliste ivoirien est paru aux éditions Socef
Alafé Wakili, journaliste et directeur du groupe de presse L’Intelligent d’Abidjan, vient de publier son premier roman, Instants de vies (Socef Editions, 179p). Après avoir longtemps griffonné en secret des mots dans lesquels il disait combien il souffrait de voir l’Afrique à la traîne, il a décidé de partager le contenu de son manuscrit avec le grand public. Une œuvre inclassable, dans laquelle s’entremêlent les destins de personnages hauts en couleur.
De 1991 à 2009, dans la plus grande discrétion, l’écrivain s’est substitué au journaliste pour recoudre les Instants de vies de l’Afrique tout entière. Cette œuvre de facture très naïve sur le plan artistique- l’auteur s’en excuse d’ailleurs dans l’avant propos – n’en est pas moins fortement critique.
Alafé Wakili, contrairement à ce que le public attendait de découvrir, ne parle pas directement de lui dans son premier roman. Encore moins de sa brève incarcération, fin 2008, à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), d’où il est sorti après avoir été gracié par le Président de la République, Laurent Gbagbo, après un mois et demi de détention. L’ouvrage retrace plutôt les bouts de vie de trois amis. Le journaliste Ozizio, le philosophe Méra, et Loso, l’inconditionnel homme d’affaire. Les personnages se racontent par eux-mêmes. Et leur entourage – Adama, le petit frère de Loso et fidèle disciple de Méra, Mâ la méchante belle-mère, coépouse de Massaran et Salimata – relatent également, à travers leurs élucubrations, les péripéties qu’ils traversent.
La fiction et la réalité, dans Instants de vies, sont indissociables. Le livre ramène le lecteur sans cesse à des thèmes d’une actualité vérifiable dans le quotidien de tout africain. Famille, religion, cupidité, sorcellerie, jalousie… y sont les maîtres mots.
Un roman inclassable
Dans ce récit difracté, cette sorte de puzzle littéraire à plusieurs pièces manquantes, Alafé Wakili foule de plein pied certaines exigences des sociétés africaines. Il touche par son incroyable universalité les réalités humaines d’un continent qu’il veut unir. La Religion et différentes pensées philosophiques – cartésienne, marxiste, traditionnelles… – s’entrechoquent et avec elles les réalités du continent. Dans cet amoncèlement de styles et de pensées, le genre de l’écrivain reste inclassable. Il vogue, à contre courant des œuvres standardisées, entre le roman, la poésie et la nouvelle. Sorte de voyage dans un labyrinthe qui reflète la pensée de l’auteur, l’œuvre remue le passé, se rapproche du présent et scrute le futur d’une Afrique jugée trop « individualiste » par l’auteur.
Au-delà des dénonciations, humour et jeux de mots sont très présents dans Instants de vies. Ainsi, il ne faut pas confondre « religion et religiosité », « vie sociale et vice-ossiale », « gouvernement et goût-vert-ne-ment »... Les clins d’œil sont nombreux. Qui aux philosophes, qui aux régimes africains d’après les indépendances, qui aux régimes actuels qui peinent à relever le défi d’une Afrique unie et debout.
Alafé Wakili, en s’inscrivant dans ce genre différent de ses écrits de journaliste, pourrait dérouter ses lecteurs habituels. Mais dans Instants de vies, il renaît, et avec lui ses personnages.
Alafé Wakili, Instants de Vies, Socef Editions, 179 pages, 2009
par Jocelyne Ballot correspondante en Côte d’Ivoire
Le premier roman du journaliste ivoirien est paru aux éditions Socef
Alafé Wakili, journaliste et directeur du groupe de presse L’Intelligent d’Abidjan, vient de publier son premier roman, Instants de vies (Socef Editions, 179p). Après avoir longtemps griffonné en secret des mots dans lesquels il disait combien il souffrait de voir l’Afrique à la traîne, il a décidé de partager le contenu de son manuscrit avec le grand public. Une œuvre inclassable, dans laquelle s’entremêlent les destins de personnages hauts en couleur.
De 1991 à 2009, dans la plus grande discrétion, l’écrivain s’est substitué au journaliste pour recoudre les Instants de vies de l’Afrique tout entière. Cette œuvre de facture très naïve sur le plan artistique- l’auteur s’en excuse d’ailleurs dans l’avant propos – n’en est pas moins fortement critique.
Alafé Wakili, contrairement à ce que le public attendait de découvrir, ne parle pas directement de lui dans son premier roman. Encore moins de sa brève incarcération, fin 2008, à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), d’où il est sorti après avoir été gracié par le Président de la République, Laurent Gbagbo, après un mois et demi de détention. L’ouvrage retrace plutôt les bouts de vie de trois amis. Le journaliste Ozizio, le philosophe Méra, et Loso, l’inconditionnel homme d’affaire. Les personnages se racontent par eux-mêmes. Et leur entourage – Adama, le petit frère de Loso et fidèle disciple de Méra, Mâ la méchante belle-mère, coépouse de Massaran et Salimata – relatent également, à travers leurs élucubrations, les péripéties qu’ils traversent.
La fiction et la réalité, dans Instants de vies, sont indissociables. Le livre ramène le lecteur sans cesse à des thèmes d’une actualité vérifiable dans le quotidien de tout africain. Famille, religion, cupidité, sorcellerie, jalousie… y sont les maîtres mots.
Un roman inclassable
Dans ce récit difracté, cette sorte de puzzle littéraire à plusieurs pièces manquantes, Alafé Wakili foule de plein pied certaines exigences des sociétés africaines. Il touche par son incroyable universalité les réalités humaines d’un continent qu’il veut unir. La Religion et différentes pensées philosophiques – cartésienne, marxiste, traditionnelles… – s’entrechoquent et avec elles les réalités du continent. Dans cet amoncèlement de styles et de pensées, le genre de l’écrivain reste inclassable. Il vogue, à contre courant des œuvres standardisées, entre le roman, la poésie et la nouvelle. Sorte de voyage dans un labyrinthe qui reflète la pensée de l’auteur, l’œuvre remue le passé, se rapproche du présent et scrute le futur d’une Afrique jugée trop « individualiste » par l’auteur.
Au-delà des dénonciations, humour et jeux de mots sont très présents dans Instants de vies. Ainsi, il ne faut pas confondre « religion et religiosité », « vie sociale et vice-ossiale », « gouvernement et goût-vert-ne-ment »... Les clins d’œil sont nombreux. Qui aux philosophes, qui aux régimes africains d’après les indépendances, qui aux régimes actuels qui peinent à relever le défi d’une Afrique unie et debout.
Alafé Wakili, en s’inscrivant dans ce genre différent de ses écrits de journaliste, pourrait dérouter ses lecteurs habituels. Mais dans Instants de vies, il renaît, et avec lui ses personnages.
Alafé Wakili, Instants de Vies, Socef Editions, 179 pages, 2009
par Jocelyne Ballot correspondante en Côte d’Ivoire